Depuis la première vague, et malgré le Ségur, l’hôpital public n’a pas plus de moyens, pas plus de lits, pas plus de personnel... au contraire !
« Derrière chaque menteur, il y a un voleur. »
Ray, 2004
25 mars 2020. La France est confinée. Elle ne le sait pas encore, mais d’ici quelques semaines, le Covid-19 fera plus de 30.000 victimes dans le pays. Emmanuel Macron se rend alors à Mulhouse, en visite à l’hôpital de campagne déployé en soutien pour faire face à l’afflux de malades. L’hôpital public, lui, est sous l’eau. Le président de la République se veut intransigeant : quelques jours seulement après son fameux discours du « quoi qu’il en coûte », il annonce un « plan massif » pour l’hôpital :
« L’engagement que je prends ce soir pour eux et pour la nation toute entière c’est qu’à l’issue de cette crise un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital. C’est ce que nous leur devons, c’est ce que nous devons à la Nation. Cette réponse sera profonde et dans la durée. »
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À l’époque, peut-être étions-nous trop occupés à applaudir les soignants à 20h. Trop focalisés sur les manques criants de moyens – masques, tests, etc. – nous nous sommes retrouvés soudainement noyés sous les annonces qui suivirent cette crise : depuis, nous dit-on, on teste à grande échelle. Depuis, tout le monde porte un masque, presque partout, tout le temps. Depuis, on ferme des bars, des restaurants, des salles de sports ou des piscines. Il faut serrer la vis pour éviter la deuxième vague – enfin, pour faire en sorte que les services hospitaliers encaissent le choc.
Et nous avons détourné notre attention de l’hôpital public. Qu’en est-il six mois plus tard ? A-t-on retenu les leçons du printemps et fait en sorte que l’hôpital public soit mieux préparé à une situation si extrême ? La réponse est, sans équivoque possible, non. C’est même tout le contraire.
Comparé à la première vague, la situation n’est pas la même, en plusieurs points. Pour ce qui concerne les soignants, d’un côté, ils connaissent mieux le Covid-19, donc leurs soins sont plus efficaces. D’un autre côté, ils sont épuisés, malmenés, méprisés et nombre d’entre eux ont préféré partir que de revivre une telle situation. « La situation est alarmante. Les hôpitaux font face à une pénurie grave de personnels, au point qu’on voit des lits se fermer dans des services où ça n’était jamais arrivé avant, et ceci simplement par manque de personnels. Ce n’est pas une volonté des directions pour le coup, elles sont complètement démunies. C’est clairement pire qu’au moment de la première vague », constate Agnès Hartemann, cheffe du service diabétologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
Pour ce qui a trait à la situation sanitaire, si la crise n’est pas (encore ?) au niveau du mois d’avril, les hospitalisations s’intensifient – le 5 octobre nous comptions plus de 1400 patients Covid en réanimation ou en soins intensifs –, avec une nouveauté : un grand nombre de régions du territoire sont touchées par le Covid et non pas seulement l’Île-de-France et le Grand-Est. Conséquence : il y aura moins, voire pas de renfort possible d’une région à une autre. De plus, comme les gens ne sont pas confinés cette fois-ci, il faut également que l’hôpital soigne tout le monde – sans parler du retard à rattraper en terme de chimiothérapie, de greffe ou encore de chirurgie, causé par le confinement.
Nous avons donc aujourd’hui un hôpital avec moins de moyens et moins de personnels qui doit à la fois gérer les « affaires courantes » et une nouvelle vague de Covid. Tout va bien.