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21 novembre 2023 2 21 /11 /novembre /2023 09:19
13 novembre 2023
Les voitures électriques assoiffent les pays du Sud

Pour extraire des métaux destinés aux voitures électriques des pays les plus riches, il faut de l’eau. Au Maroc, au Chili, en Argentine… les mines engloutissent la ressource de pays souffrant déjà de la sécheresse.

Vous lisez la seconde partie de l’enquête « L’exploitation minière assèche les pays pauvres ». Retrouvez ici la première partie sur l’implication des constructeurs BMW et Renault dans ce scandale écologique.


• Cette enquête est diffusée en partenariat avec l’émission La Terre au carré, de Mathieu Vidard, sur France Inter.

© France Inter

 
Bou Azzer (Maroc), reportage

Batteries, moteurs… Les voitures électriques nécessitent des quantités de métaux considérables. Si rien n’est fait pour limiter leur nombre et leur poids, on estime qu’elles pourraient engloutir plusieurs dizaines de fois les quantités de cobalt, de lithium ou de graphite que l’on extrait aujourd’hui.

Démultiplier la production minière dans des proportions aussi vertigineuses a une conséquence directe : elle pompe des ressources en eau de plus en plus rares. Car produire des métaux exige beaucoup d’eau. Il en faut pour concentrer le métal, pour alimenter les usines d’hydrométallurgie, pour les procédés ultérieurs d’affinage ; il en faut aussi pour obtenir les solvants et les acides utilisés à chacun de ces stades, et encore pour simplement limiter l’envol de poussières dans les mines. Produire 1 kilogramme de cuivre peut nécessiter 130 à 270 litres d’eau, 1 kg de nickel 100 à 1 700 l, et 1 kg de lithium 2 000 l [1].

Selon une enquête de l’agence de notation étatsunienne Fitch Ratings, les investisseurs considèrent désormais les pénuries d’eau comme la principale menace pesant sur le secteur des mines et de la métallurgie. Elle estime que « les pressions sur la ressource, comme les pénuries d’eau localisées et les conflits d’usage, vont probablement augmenter dans les décennies à venir, mettant de plus en plus en difficulté la production de batteries et de technologies bas carbone ». Et pour cause : les deux tiers des mines industrielles sont aujourd’hui situées dans des régions menacées de sécheresse [2].

L’entreprise anglaise Anglo American, cinquième groupe minier au monde, admet que « 75 % de ses mines sont situées dans des zones à haut risque » du point de vue de la disponibilité en eau. La voiture électrique devait servir à lutter contre le réchauffement climatique. Le paradoxe est qu’elle nécessite de telles quantités de métaux que, dans bien des régions du monde, elle en aggrave les effets : la sécheresse et la pénurie d’eau.

 

Au Maroc, la mine de cobalt de Bou Azzer exploitée par la Managem, qui alimente la production de batteries de BMW et qui doit fournir Renault à partir de 2025, prélèverait chaque année l’équivalent de la consommation d’eau de 50 000 habitants. À quelques kilomètres du site se trouvent la mine de manganèse d’Imini et la mine de cuivre de Bleida, tout aussi voraces en eau, qui pourraient bientôt alimenter les batteries de Renault. Le groupe a en effet annoncé vouloir élargir son partenariat avec Managem « à l’approvisionnement de sulfate de manganèse et de cuivre ».

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