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3 décembre 2023 7 03 /12 /décembre /2023 08:30

Une pluie de bombes sur le sud de Gaza, où l’armée israélienne étend désormais son offensive

Après une semaine de trêve, les zones de Khan Younès et de Rafah ont été bombardées. Au moins 200 Palestiniens ont été tués depuis la reprise des combats, selon le ministère de la santé local.

Par Clothilde Mraffko (Jérusalem, correspondance) et Ghazal Golshiri Publié le 2 décembre 2023

Devant les ruines d’un immeuble détruit par une frappe israélienne, dans le camp de réfugiés de Rafah, le1erdécembre. MOHAMMED ABED / AFP

Quelques secondes après 7heures, vendredi 1erdécembre, les explosions ont à nouveau déchiré le ciel bleu de Gaza. La fragile trêve négociée de haute lutte entre Israël et le Hamas a pris fin au bout d’une semaine, les deux parties se rejetant la responsabilité de sa rupture. L’armée israélienne a assuré samedi mener des bombardements «à travers l’ensemble de la bande de Gaza». Les Gazaouis, déjà largement épuisés par les quarante-huit jours de la première phase de l’offensive, survivent dans des conditions chaotiques. Deux tiers des quelque 2,3millions d’habitants de l’enclave ont déjà été déplacés – la plupart ont vu leur maison bombardée, n’emportant que de rares affaires avec eux.«Je n’ai aucune idée de ce que nous allons faire, confiait sur Instagram la journaliste Youmna El Sayed vendredi en fin d’après-midi.Mais la peine que nous ressentons depuis quelques heures est immense.» Depuis l’attaque du Hamas en Israël le 7octobre, plus de 15000Palestiniens ont été tués, dont au moins 200lors de ces vingt-quatre dernières heures, selon le ministère de la santé local. Le Comité pour la protection des journalistes a recensé la mort de trois nouveaux confrères, le 1erdécembre à Gaza, ce qui porte à 61le nombre de professionnels des médias tués depuis l’attaque du Hamas du 7octobre(54Palestiniens, 4Israéliens et 3Libanais). Bombardements et combats ont fait rage dans le nord de l’enclave, sur lequel s’était concentrée l’offensive israélienne jusqu’alors, dans le quartier de Cheikh Redouane de la ville de Gaza ou sur le camp de réfugiés de Jabaliya. L’armée israélienne a cette fois aussi pilonné le sud, faisant plus d’une quarantaine de victimes à Rafah selon le ministère de la santé local. Elle a également tracé une ceinture de feu à l’est de Khan Younès où des affrontements avec les combattants palestiniens ont eu lieu dans la nuit.

«Il y a des explosions partout»

Quelques heures plus tôt, les habitants avaient reçu l’ordre d’évacuer cette zone et de se diriger vers Rafah, à l’extrémité sud de la bande côtière. Une consigne qui a plongé dans la confusion Murad Abed, jeune médecin et référent de l’ONG Médecins du Monde pour les questions de santé mental à Gaza. Avant de lancer son offensive, en novembre,l’armée israélienne avait contraint les habitants du nord de l’enclave à partir vers le sud, ce qui avait déclenché un immense mouvement de population, de près d’un million de personnes. Faudrait-il que ces déplacés s’entassent tous à Rafah, le cul-de-sac de Gaza,lui-même bombardé? «Il y a des explosions partout», constate le médecin, contacté par WhatsApp, qui vit à Khan Younès et travaille à Deir Al-Balah, une localité voisine.Selon Murad, les appels de l’armée n’ont pas suscité, pour l’instant, de nouvel exode.«Les centres d’accueil pour les déplacés [les écoles et les hôpitaux] sont surpeuplés. Il n’y a plus de place et les gens le savent. De plus, la route qui mène de Khan Younès à Rafah est jonchée de débris», observe le médecin. Lors de la première phase de son offensive, l’armée israélienne a mené des bombardements indiscriminés, qui ont tué plus de 6000 mineurs palestiniens, selon les chiffres du ministère de la santé local.Confrontée aux images de ce carnage, l’administration américaine a demandé à son allié israélien, en échange de son appui diplomatique, de procéder avec davantage de précaution.«J’ai clairement indiqué qu’après la pause, il était impératif qu’Israël mette en place des protections claires pour les civils et pérennise l’assistance humanitaire. Comme nous l’avons vu aujourd’hui même, Israël a déjà pris des mesures à cet égard, notamment en diffusant des informations», s’est félicité vendredi Antony Blinken, le secrétaire d’État américain, en visite dans la région pour la troisième fois depuis le 7octobre.Sur le nouvel ordre d’évacuation largué par l’armée israélienne depuis le ciel sous forme de prospectus vendredi matin figure un QR code. Ce dernier ouvre l’accès à une carte découpant Gaza en plusieurs centaines de petits cantons. A chacun d’eux, un numéro a été assigné et l’armée israélienne a appelé«les résidents à localiser la zone pertinente pour eux et à agir si on leur demande de l’évacuer». Sans plus de précisions et de garanties...«On ne comprend rien à ces cartes!, s’agace Samir Zaqout, directeur de l’ONG palestinienne de défense des droits humains Al-Mezan, originaire de la ville de Gaza, mais qui s’est réfugié à Rafah depuis le début de la guerre.

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