Dimanche 22 septembre 2024
Reportage dans les coulisses d’Internet et de nos vies toujours plus connectées, à la découverte de ces datacenters, qui stockent, reçoivent, envoient les milliards de données et, surtout, poussent comme des champignons. Indispensables à notre monde virtuel, ils sont aussi terriblement énergivores.
Envoyer un courriel, consulter un site internet, stocker une photo de vacances, regardez un film en streaming, participer à une réunion de travail à distance, utiliser son GPS en voiture… rien de cela n’est possible sans les datacenters. Si Internet est un réseau mondial qui transporte les données de nos vies quotidiennes hyperconnectées, les antennes et les câbles fibre-optique en sont les routes et les Centre données en sont les carrefours, les ronds-points, les péages, les entrepôts de stockage de cette toile mondiale.
La France en compte 250, c’est le 8eme parc mondial, avec une croissance exponentielle liée à l’augmentation permanente de la production de données, de leurs stockages, de leurs échanges, ainsi qu’au développement de l’intelligence artificielle. Encouragée par l’Etat, la filière s’est considérablement développée en France et attire les grands groupes. En Ile de France et à Mulhouse, Microsoft vient d’annoncer 4 milliards d’euros d’investissement. A Marseille, la multiplication des câbles sous-marins et des datacenters fait désormais de la cité phocéenne la 5ème plateforme mondiale d’interconnexion. Les chiffres donnent le vertige : dans 10 ans, l’humanité produira presque 50 fois plus de données qu’aujourd’hui.
Revers de la médaille : la consommation électrique des Datacenters. Aux Etats unis et en Chine, là où les datacenters s’étendent souvent sur 300, 500 ou 700.000 m2, on atteint des consommations de 15 à 20.000 mégawatts - 25 fois plus que la France dont le parc avoisine les 650 mégawatts. Consommateur d’énergie pour fonctionner en permanence, les serveurs abrités dans les datacenters doivent aussi être refroidis constamment. La facture climatique est donc salée, car ce sont aussi des millions de mètres cubes d’air ou d’eau brassés et réchauffés par leur passage au milieu des circuits informatiques qui sont rejetés.
Cette réalité mal connue pose la question de notre production effrénée de données, qui va de pair avec la numérisation de nos vies et de nos économies. Elle interroge aussi nos usages d’Internet -personnels et professionnels- et l’enjeu d’une forme de sobriété énergétique à développer. Elle pose un défi majeur à la filière qui multiplient les innovations pour améliorer son bilan carbone.
Écouter 46mn https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/interception/interception-du-dimanche-22-septembre-2024-8847789