Les impôts, voilà un sujet qui intéresse tout le monde ! En France particulièrement où les libéraux de tous bords nous rappellent en permanence que nous sommes les champions du monde des prélèvements obligatoires. Et on ne peut leur donner tort : les dernières statistiques de l’OCDE parues il y a quelques semaines confirment le diagnostic. Alors, augmenter les impôts pour répondre à la situation dramatique de nos finances publiques que vient de décrire la Cour des comptes, n’y pensez même pas ! Ce serait la meilleure façon de tuer la croissance et notre compétitivité.
Pourtant, à observer le sujet d’un peu plus près, l’image change. Lorsque l’on reprend les statistiques de l’OCDE sur le total des prélèvements obligatoires et qu’on le rapporte à la population totale ou à la population active, la France se situe aux alentours de la dixième place. Finalement, nous ne serions pas si taxés que cela. Ou alors de manière inégalitaire, certains paieraient bien plus que d’autres en proportion de leurs revenus et de leur patrimoine.
C’est bien ce que montre la direction générale des finances publiques (DGFIP) : le taux d’imposition moyen du top 0,1 % des plus hauts revenus a baissé entre 2003 et 2022, passant de 29,3 % à 25,7 % alors que leurs revenus ont progressé de 119 % sur la même période. Quant aux inégalités de patrimoine en faveur des très aisés, elles sont criantes, a démontré l’Insee. Et non, taxer le patrimoine ne rapporte pas rien mais plusieurs dizaines de milliards d’euros : imposer un taux minimum de 2 % sur les 0,1 % les plus riches rapporte de l’ordre de 20 milliards d’euros, une source encore plus cruciale dans le contexte budgétaire actuel. Et non, tous les riches ne fuient pas quand leurs impôts augmentent, la très vaste majorité l’accepte, les fuyards antidémocrates existent mais sont marginaux.
Christian Chavagneux Editorialiste