PARIS (Reuters) le 29-08-2012 par Gérard Bon
Bernard Thibault appelle à des manifestations le 9 octobre pour obtenir des mesures d'urgence en faveur de l'industrie et de l'emploi et somme le gouvernement français de choisir entre les revendications du patronat et celles des salariés.
Dans une interview à Reuters, le secrétaire général de la CGT estime qu'il "y a une forme d'alarme sur la situation économique et sociale" et déplore que la conférence sociale de juillet dernier n'ait pas débouché sur des mesures d'urgence.
Il note que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault s'est efforcé mercredi à l'université d'été du Medef "de convaincre l'ensemble des acteurs sociaux de trouver un consensus sur les négociations à venir concernant l'emploi".
"Mais il faut dire la vérité: entre ce que revendique le Medef, plus de flexibilité sur le marché du travail, un allègement du coût du travail, et ce qu'attendent les salariés qui ont majoritairement contribué à un changement de majorité politique, il y a des attentes contradictoires", dit-il.
"De ce point de vue-à, le gouvernement va devoir faire des arbitrages, il ne pourra pas nier des revendications qui s'opposent, celles des employeurs et les nôtres", ajoute-t-il.
Le "patron" de la CGT estime que la flexibilité du travail, "est déjà énorme en France" et que le chômage augmente "dans les pays comme l'Espagne, l'Italie ou l'Allemagne qui ont plus encore flexibilisé leur marché du travail".
"Donc, ça n'est vraiment pas un bon exemple. Ça serait plutôt un argument pour résister à toute velléité de déréglementer encore davantage le marché du travail", dit-il.
Le nombre de chômeurs en Allemagne a augmenté en juillet pour le quatrième mois de suite, signe que la crise de la zone euro n'épargne plus la première économie européenne même si le chômage y reste à un niveau beaucoup plus bas qu'en France.
Face à la multiplication des plans sociaux, Bernard Thibault appelle le gouvernement à prendre des mesures concrètes, comme un "droit suspensif permettant d'examiner des alternatives".
CONTRE LA RATIFICATION DU TRAITÉ EUROPÉEN
"On a trop de cas où des directions d'entreprises nous annoncent, ou sont susceptibles d'annoncer dans les prochains jours, d'autres plans de restructuration massifs, sans que les représentants des salariés n'aient la possibilité de proposer jusqu'à présent des plans alternatifs", explique-t-il.
Pour le dirigeant de la CGT, qui cite les cas d'ArcelorMittal, d'Unilever et de PSA, "l'urgence est manifeste, singulièrement dans le secteur industriel".
"Des entreprises qui ne sont pas toujours en situation financière justifiant des restructurations se permettent des réorganisations très lourdes, à la fois économiquement et socialement", déplore-t-il.
Outre Paris, des manifestations pour défendre l'emploi sont prévues par la CGT le 9 octobre dans une demi-douzaine de grandes villes dans le cadre d'une semaine de mobilisation décidée par la Fédération européenne de l'industrie.
Parallèlement, la CGT prévoit une campagne de pétition contre la ratification du traité budgétaire européen, précise Bernard Thibault.
La centrale va relayer en France la position de la Confédération européenne des syndicats (CES), qui rejette le traité européen.
"Nous allons militer pour une non-ratification par la France de ce traité, quelle que soit la procédure utilisée", explique le dirigeant syndical.
Le gouvernement entend faire ratifier le texte par le Parlement au début du mois d'octobre.
Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche, qui réclament pour leur part un référendum, ont prévu le 30 septembre une marche à Paris dont l'ampleur doit être du type de celle de la Bastille en mars dernier, soit plus de 80.000 personnes.
Edité par Yves Clarisse