L'Alternative Citoyenne de la Manche s'inscrit dans une démarche politique nouvelle. Elle se fixe comme objectif de faire en sorte que la Gauche gagne et réussisse
Publié le 29 Mai 2014 par Alternative Citoyenne de la Manche dans Santé
Publié le 24 Mai 2014 par Alternative Citoyenne de la Manche dans Europe
Publié le 22 Mai 2014 par Alternative Citoyenne de la Manche dans Austérité et dictature financière
Infographie. Chômage, pauvreté, économie en berne, dépression(s)… Dans quel état est la Grèce après le passage du tsunami de l’austérité ? Réponse en quelques données qui donnent une idée de ses ravages, mais aussi de qui en fait les frais.
"Un pays qui vient de sortir d’une guerre destructrice ou d’un grand krach économique" : c’est en ces termes que le site francophone d’actualités grecques okeanews.fr, qui les a compilés, qualifie les indicateurs économiques du pays. Nous avons retenu quelques-unes de ces données pour les rassembler dans ce résumé de la situation économique et sociale, c’est-à-dire des effets de la purge imposée par la Troïka Commission européenne-Banque centrale européenne-Fonds monétaire international. Des institutions férues de chiffres, mais qui préféreraient probablement ne pas considérer ceux-ci – sans même parler de leur capacité à imaginer la façon dont ils affectent des millions de vies humaines.
Alors que les sondages anticipent une poussée de la gauche radicale dans les pays les plus en crise, les élections locales en Grèce ont été marquées par une forte progression de Syriza. Enfin une évolution politique obéissant à quelque logique.
Publié le 16 Mai 2014 par Alternative Citoyenne de la Manche dans Europe
Portrait. Jeune, souriant, Alexis Tsipras incarne déjà pour les Grecs l’alternative à la Troïka qui les étreint. Il porte les couleurs de la gauche européenne pour l’élection du président de la Commission européenne. Le parcours d’un homme radical aux portes du pouvoir dans son pays.
3 février. Siège du Parti communiste français. La coupole dessinée par Oscar Niemeyer est comble. Ce soir on joue à guichets fermés et un écran de retransmission a même été installé dans le hall pour que tous puissent voir la star. Alexis Tsipras, vient de terminer son discours de candidat à la présidence de la commission européenne. Parmi ceux qui se pressent pour l’applaudir, on croise Susan George, Étienne Balibar, Bernard Thibault… Et Jacqueline Tesson. Ivryenne, elle a eu envie de « mettre un visage et une voix sur celui qui a réussi à faire en Grèce ce que nous ne parvenons pas à faire en France ». « Vous imaginez ? poursuit Jacqueline les yeux brillants, un peu comme si le Front de gauche était devant le PS et l’UMP ! » Comment est-il parvenu à rassembler un camp tout aussi dispersé que la gauche française ? Comment a-t-il pu gagner la confiance de suffisamment de ses concitoyens pour qu’ils voient en lui une alternative crédible aux pressions de la Commission européenne ou du FMI venus mettre son pays en coupe réglée ?
Ce soir, une fois encore, Alexis Tsipras argumente avec méthode. D’une éloquence sans emphase, il n’a pas la faconde d’un Jean-Luc Mélenchon. Exit les poncifs journalistiques qui appellent abusivement Tsipras le "Mélenchon grec". Son style ? Celui d’un mec normal. D’ailleurs même son apparence est ordinaire. Il ressemble à beaucoup des jeunes hommes d’aujourd’hui, cheveux courts, allure sportive, sourire un peu timide. Il circule en moto et ne porte pas de cravate. Malgré l’affluence des grands jours, celle des militants et des journalistes, le leader de la gauche radicale est d’un calme olympien, un calme dont il a su faire une marque de fabrique. Ton neutre, maîtrise de soi et amabilité courtoise font désormais partie du personnage. Égal à lui-même en toutes circonstances, la forêt de micros et caméras qu’il ne manque pas de provoquer à chacun de ses déplacements en France ne semble pas vraiment l’impressionner. Il maintient d’ailleurs ses distances avec les médias, triant sur le volet et selon des critères mystérieux les deux ou trois journalistes qui pourront lui parler lors de son passage à Paris.
En plus d’être normal Alexis Tsipras serait sympa. C’est en tout cas ainsi que le voit Philippe Marlière auteur de La Gauche radicale en Europe (éd. du Croquant) : « Il est authentiquement chaleureux et sympathique. » « Tsipras ? You get what you see, anglicise Stathis Kouvelakis, enseignant chercheur en philosophie politique et proche d’Alexis Tsipras. Il a l’air simple et gentil ? Il est simple et gentil. Il n’est pas pompeux comme bien d’autres dans la vie politique grecque et française où le moindre dirigeant, fût-il de la gauche radicale, se comporte parfois comme un petit marquis. Il possède des qualités humaines très inhabituelles pour un homme politique. Il est facile d’accès et il a une grande capacité d’écoute qui tranche avec nombre de représentants politiques. Certains lui en font même parfois le reproche arguant qu’il est trop souple ou trop influençable. »
Résumons. Sympa, normal, gentil. Le gendre idéal en quelque sorte. Mais comment est-il parvenu à se faire un nom qui claque comme une menace pour les argentiers européens ? Il ne porte pourtant pas un patronyme célèbre qui ouvre les portes. Il n’est pas issu d’une dynastie politique comme la Grèce aime à en assurer la pérennité. Il tranche même avec la vieille classe politique, bien loin des caciques dinosoresques du Pasok, à côté desquels Hollande est un symbole de modernité. « Le Pasok apparaît aujourd’hui complètement hors-sol, confirme Philippe Marlière. C’est un parti de notables coupés des réalités. » Lui ne vient pas de ce milieu fermé. Son père est un entrepreneur du bâtiment et il mène une jeunesse athénienne ni cossue ni pauvre. Il fait des études d’ingénieur et commence sa vie professionnelle dans l’entreprise de papa. Mais il avait déjà bu le calice de la passion politique. Né quatre jours après la chute des colonels, en juillet 1974, il grandit dans le chaudron des débats politiques. Comme beaucoup de jeunes grecs c’est au lycée qu’il se pique de combat d’idées. Il adhère à la jeunesse communiste. « Il est à l’image de son parcours, analyse Philippe Marlière. La matrice est communiste, à laquelle il a ajouté des problématiques contemporaines telles que le féminisme et l’environnement. »
Quand la crise a commencé à frapper durement son pays, il s’est investi dans le mouvement des Places. Avec toute une génération il a occupé Syntagma, la grande place centrale d’Athènes face au parlement grec pour s’opposer à la purge d’austérité et exiger une démocratie directe. « Aujourd’hui, c’est toute une population qui se radicalise et se trouve séduite par Alexis Tsipras. En un mot, il est moderne. Ne serait-ce que par son très jeune âge. Accéder à de telles responsabilités si jeune est impensable », poursuite Philippe Marlière. Il prend la tête de Syriza à 37 ans et devient le plus jeune dirigeant de parti jamais désigné en Grèce. « Syriza a longtemps été un parti de jeunes, plutôt urbains, analyse Stathis Kouvelakis. La nouveauté, c’est que les actifs des villes ont déserté le Pasok pour se tourner vers Syriza. Hier encore dominant, le Pasok est aujourd’hui réduit à l’état de groupuscule. »
Alexis Tsipras était là au bon moment. Il lui fallait une qualité en plus. Une qualité en or : la ténacité. « Elle est remarquable », assure Pierre Laurent, président du Parti de la gauche européenne, et hôte d’Alexis Tsipras au siège du Parti communiste. Il lui en fallait pour unir la grande diversité des forces en présence. Syriza est bâti sur une coalition de traditions politiques différentes, du trotskysme au centre-gauche. Entre la ligne dite réaliste, représentée principalement par les économistes de Syriza et la ligne la plus radicale, Alexis Tsipras marche sur un fil. Mais l’équilibre fonctionne. Encore marginal il y a cinq ans, il est aujourd’hui aux portes du pouvoir. En octobre 2009, Syriza ne réunit que 4,6 % des électeurs et 13 députés à la Vouli, le parlement grec. Le 6 mai 2012, lors des législatives anticipées, Syriza fait une percée et rafle 16,8 % des suffrages et 52 sièges à la Vouli jusqu’à atteindre en juin dernier 26,9 % et 71 députés.
À un peuple à genoux, il promet un coup d’arrêt aux politiques d’austérité, un changement de statut de la Banque centrale européenne et une annulation partielle de la dette. En d’autres termes, on rebat les cartes et on propose un « New deal » à l’échelle européenne permettant de faire redémarrer la croissance. Son ennemi principal est aussi devenu celui d’une majorité de Grecs. Il porte le nom de Memorandum, cet accord passé entre le gouvernement grec et ses créanciers de l’Union européenne et du FMI. En échange d’un prêt de 130 milliards d’euros, la Grèce s’engage à réduire ses dépenses. À Bruxelles, on appelle ça un assainissement de la situation financière, dans la vie quotidienne grecque, une asphyxie organisée. Et si la Grèce se voyait refuser un allégement de la dette ? « Nous n’hésiterions pas à interrompre les remboursements du pays, si c’est nécessaire pour assurer les besoins de l’économie et de la société grecque », répond Tsipras. Mais je ne pense pas que cela arrivera. » Espoir et fermeté, telles semblent être les bases de son succès. « Les Grecs n’attendent pas d’Alexis Tsipras une révolution, expose Vangelis Goulas, responsable de Syriza France. Mais ils savent qu’il est le seul capable de changer la donne concrètement pour eux. Nous vivons en Grèce dans un climat terrible. En l’espace de trois ans, nous avons reculé de plusieurs décennies, en termes de droits sociaux, de libertés syndicales, de droits de l’Homme ou encore de liberté de la presse. » Alexis Tsipras donne confiance : « Il n’est pas là pour faire de la figuration et entend prendre le pouvoir », aime à répéter ce militant de Syriza.
C’est donc Alexis Tsipras, 39 ans, à la tête d’un parti en pleine croissance, Syriza, que la gauche radicale européenne a choisi pour porter ses couleurs au printemps prochain. Il sera candidat au poste de président de la Commission européenne. Pour Pierre Laurent, « cette candidature marque une maturité de la gauche européenne et signe la prise de conscience que le combat pour la transformation se joue à l’échelon européen ». Pour Martine Billard, coprésidente du Parti de gauche, « cette candidature est un événement important. Elle peut produire un appel d’air. C’est un espoir pour la Grèce, mais aussi pour l’Europe entière. L’objectif est de créer une dynamique de résistance ».
Cette fois encore le timing est bon. Alexis Tsipras a besoin d’entremêler le combat européen et le combat grec. La tenue en mai des élections européennes coïncidera en Grèce avec celles des municipales et des régionales. Elles auront valeur de test. Alexis Tsipras y voit « un véritable référendum contre le gouvernement du memorandum et de la subordination ». C’est pour lui une étape vers l’obtention d’élections législatives anticipées en mai 2015 où il compte bien que Syriza sorte en tête. Alors, son leader entrerait à la Villa Maximos,
Cette candidature à la Commission européenne lui permettra de gagner les galons internationaux qui lui font encore défaut pour gravir les marches de Maximos. Depuis sa tournée européenne, Alexis Tsipras lance aussi un message à ses compatriotes : l’échelle internationale ne l’impressionne pas. Il n’hésite pas à sortir du débat grec et à entrer dans l’arène européenne. Profitant de son séjour en France, il décoche quelques flèches à François Hollande : « Les socialistes rejettent leurs mandats progressistes et sont avec Madame Merkel les “co-managers” du consensus néolibéral. » François Hollande n’apprécie pas. Il n’a pas daigné le recevoir. « Pour les socialistes français voir le Pasok mourir et voir une gauche radicale prendre sa relève doit être très déstabilisant. Je crois qu’Alexis Tsipras gêne les socialistes français, commente Stathis Kouvelakis. Ce qui se passe en Grèce pourrait se passer en France. »
La dialectique entre le niveau national et européen, Alexis Tsipras commence à bien la manier. Européen convaincu, il écarte une possible sortie de l’euro et affirme que seul le refus de l’austérité permettrait à l’Europe de rester soudée. Angela Merkel est, dit-il en substance, dans le camp des anti-européens. Ce point de vue pro-européen, il l’articule avec la défense de son peuple à qui il propose de retrouver sa part de souveraineté, d’être à nouveau acteur du destin du pays et pas seulement de le subir. « Le pays est pris dans l’étau de la Troïka, décrit Stathis Kouvelakis. C’est maintenant un pays sous surveillance. » « Se dégager de la pression de la Troïka permettra d’aider vraiment la population qui doit aujourd’hui faire face à une crise humanitaire, affirme Vangelis Goulas. Dans l’approche de Syriza, la dette n’est pas simplement un problème grec. La solution ne peut qu’être solidaire et la renégociation l’objet d’une conférence pan-européenne. »
Mais en faisant quel compromis ? La question agite la gauche radicale grecque. Philippe Marlière se souvient de son passage à Londres, il y a un an. Alexis Tsipras faisait alors un discours devant un parterre de décideurs à la London Shools of economics : « Selon moi, il a opéré un recentrage à ce moment-là, précise Philippe Marlière. J’ai trouvé qu’il avait lissé son discours et s’écartait du lexique traditionnel de la gauche radicale. » À l’annulation pure et simple de la dette, il substitue la « renégociation de la dette ». Peu après, Alexis Tsipras s’envole pour Washington. Il fait un discours devant la Brooking Institution, un think tank libéral : « J’espère vous avoir convaincu que je ne suis pas aussi dangereux que certains ne le pensent », dit-il en conclusion. La phrase reste en travers de la gorge des plus à gauche de la coalition qui justement, entend bien être dangereuse pour le capitalisme.
« La partie est tendue, estime Stathis Kouvelakis, car Alexis Tsipras doit montrer qu’il est prêt à prendre le pouvoir tout en n’abandonnant pas le créneau de la radicalité. Il ne doit pas oublier que c’est ce créneau-là qui a permis son succès. » Tout en sachant que, si les électeurs attendent un changement, souhaitent-ils pour autant une rupture ? Un récent sondage publié en Grèce révèle que 75 % des électeurs de la gauche radicale pensent que Tsipras ne reviendra pas sur le Memorandum. « On n’est pas aujourd’hui en Grèce dans le romantisme des lendemains qui chantent, explique Stathis Kouvelaki. C’est un peuple à genoux chez qui l’idée prévaut aujourd’hui qu’il faut essayer la gauche radicale de Syriza. »
Si le succès politique est l’affaire d’une rencontre réussie entre un homme, un peuple et une époque, Alexis Tsipras a toutes les chances d’être au rendez-vous.
Publié le 8 Mai 2014 par Alternative Citoyenne de la Manche dans Enfumage
La TTF adoptée hier n’est que l’ombre de la taxe Tobin, elle est même moins ambitieuse que le projet initial de Bruxelles. S’ils nient ce nouveau reniement, François Hollande et Michel Sapin ne sont pas étrangers à un rétrécissement qui fait le bonheur des banques françaises.
Comme pour marquer l’anniversaire de l’élection de François Hollande, c’est ce 6 mai que plusieurs ministres européens des Finances se sont mis d’accord sur une taxation des transactions financières (TTF) a minima. Le rétrécissement, en regard des enjeux et des bénéfices attendus, est bien tout ce qu’il y a de spectaculaire dans une taxe qui ne concernera qu’une dizaine de pays [Autriche, Belgique, Estonie, France, Allemagne, Grèce, Italie, Portugal, Slovaquie et Espagne], et ne s’appliquera aux actions qu’en 2016 tout en épargnant la plupart des produits financiers dérivés – un marché presque exclusivement spéculatif et qui alimente les risques d’un nouveau désastre.
Thomas Coutrot, porte-parole d’Attac, y voit « l’aboutissement d’une année de manœuvres de la France pour saboter le projet proposé par la Commission européenne en mars 2013. Au lieu de freiner fortement la spéculation et de rapporter 35 milliards d’euros, la TTF européenne n’aura quasiment aucun effet et rapportera dix fois moins. » De son côté, l’ONG Oxfam rappelle qu’elle devait financer la solidarité internationale, qui fera donc aussi les frais de cette « taxe en trompe-l’œil ».
Bien qu’il ne s’agisse que de taxer à 0,1% les échanges d’actions et d’obligations et à 0,01% ceux des produits dérivés, le projet suscite l’opposition de plusieurs gouvernements, dont celui du Royaume-Uni qui s’en était exclu et menace de le contester à nouveau devant les juridictions européennes (un premier recours a échoué en avril). Le ministre des Finances luxembourgeois, Pierre Gramegna, a pour sa part regretté que la TTF ne soit « pas bonne pour les marchés de capitaux en Europe », tandis que la Fédération européenne des banques (FBE) déplorait une « taxe sur la croissance ». Mettre en scène leurs victoires comme des défaites, une stratégie ordinaire pour les représentants des intérêts financiers. Faute de connaître le périmètre de la taxe, sur les gigantesques volumes de produits dérivés (estimés à 260 milliards d’euros en Europe au premier trimestre 2014), il ne s’agit que de récriminations préventives.
Il faut voir dans cet aboutissement à la fois l’action de la France, qui s’est opposée sur ce dossier à l’Allemagne, favorable à une TTF plus ambitieuse, et l’effet d’un lobbying intensif de l’industrie bancaire et financière (dont la puissance de feu est connue), nos fleurons nationaux étant particulièrement engagés sur les produits dérivés. À l’échelle continentale, ce sont le Medef et son homologue allemand qui ont poussé pour un rétrécissement du projet de directive préconisé il y a deux ans par la Commission. Comme l’écrit Le Monde, « Bercy a tenté, et visiblement réussi, à vider le projet de la Commission de son contenu : Pierre Moscovici n’a pas hésité, dès l’été dernier, à parler d’une "proposition excessive" de la Commission européenne ». Une nouvelle fois, le gouvernement déborde Bruxelles… sur sa droite.
Le plus consternant dans ce constat d’échec est probablement que François Hollande comme Michel Sapin trouvent de quoi s’en féliciter. Le premier avait déclaré le matin même que « la finance [avait] été maîtrisée » en évoquant aussi bien la taxe européenne que l’union bancaire ou la séparation des activités bancaires – toutes réformes rendues aussi inoffensives que possible (lire l’interview de Dominique Plihon d’Attac). Le second juge « important de montrer que l’Europe est capable d’avancer et de transformer des idées qui sont là depuis longtemps en actes ». Assumer à ce point ses propres renoncements, en les accompagnant d’un discours mensonger, en dit assez long à la fois sur le positionnement et la volonté politiques du gouvernement, qui font de Bercy une succursale des banques françaises.
Sur ce dossier comme sur tous ceux qui devraient engager des choix forts (aussi forts que ceux martelés durant la campagne de 2012), on assiste à un véritable refus de gouverner, au profit d’une simple gestion des intérêts privés.
Publié le 7 Mai 2014 par Alternative Citoyenne de la Manche dans Austérité et dictature financière
Quel actionnariat, et surtout quelle stratégie industrielle pour Alstom, placé devant l’alternative General Electric/Siemens ? Les réponses de Bernard Devert, responsable des questions industrielles pour la fédération CGT de la métallurgie.
Quand les salariés d’Alstom ont ils été informés des projets de démantèlement de leur entreprise et de vente à General Electric ?
Comme tout le monde, le jeudi 28 avril, en lisant la presse et en écoutant les radios. Pourtant les discussions entre le patron de Alstom, Patrick Kron, et les dirigeants de Général Electric remonte à plus de trois mois. Lorsque Arnaud Montebourg s’est rendu en février aux États-Unis au coté de François Hollande, General Electric refuse pourtant de le rencontrer. Patrick Kron a mené seul ces discussions avec GE. Même son directeur financier n’était pas dans le coup.
Vous tombez donc de l’armoire ?
Pas tout a fait. Cela fait des années que nous alertons sur la situation d’Alstom, notamment sur ses difficultés de trésorerie. Les salariés étaient déjà inquiets. Il y a trois semaines un vaste plan de restructuration était lancé pour réduire les emplois et déménager le siège de Alstom-transport vers la Hollande, fiscalement moins contraignante…
Comment est-on arrivé à la situation actuelle ?
Quand en 2006, l’État se retire d’Alstom après y être rentré en 2004, on se souvient que sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, le groupe Bouygues devient l’actionnaire de référence avec une participation au capital du groupe de 30%. Patrick Kron mène alors une politique active de cession d’actifs et de croissance externe. Il rachète des usines en Russie, au Kazakhstan, aux États-Unis. Il achète également une filiale d’Areva qui apportait beaucoup de cash à Areva. Pour toutes ces acquisitions, Alstom débourse des sommes considérables au détriment des investissements au sein de l’entreprise. Pour donner un exemple, le TGV ou les trains RER se fabriquent dans des hangars non chauffés, les ouvriers travaillent avec gants et bonnets en hiver. Pas l’idéal pour préparer le TGV du futur, qui doit s’accompagner de nouveaux sauts technologiques. Pendant cette période, Alstom engrange des commandes pour un montant de 53 milliards, mais ces défauts d’investissement se traduisent par une baisse de la qualité de la production, un retard dans les délais de fabrication. L’entreprise paye des pénalités de retard de près de 300 millions. En quelques années, l’entreprise est passée de réserves de 2 milliards à un déficit de 4 milliards. Ce qui n’a pas empêché de verser des dividendes de 1,4 milliards à Bouygues… et Patrick Kron.
Qu’est-ce qui a déclenché, finalement, le processus de cession ?
Ce qui précipite la situation est l’arrivée du mur de dettes avec des remboursements d’emprunts qui se montent à 700 millions par an. C’est alors que Bouygues prend la décision de se retirer. Et c’est dans ce contexte que s’amorcent les négociations entre Kron et GE. L’offre de l’américain, "l’OPA amicale" est rassemblée dans un document de 120 pages dont l’existence est révélée jeudi 28. Dans la journée, l’action d’Alstom gagne 20% et la valeur des actions de Bouygues grimpe de 400 millions.
Comment les syndicats et les salariés ont-ils été informés ?
Vendredi, un comité de groupe européen se tient comme prévu en Allemagne. Patrick Kron y fait un court passage et annonce qu’il donnera toutes les informations aux salariés en temps utile… Et l’on découvre que le conseil d’administration devait se prononcer dès le dimanche soir sur la vente à GE ! Finalement la réunion est reportée de 48 heures. Le ministère met tout en œuvre pour que Siemens fasse une offre. Mercredi soir donc, le CA accepte de ne pas décider mais confirme le choix privilégié de GE. La décision définitive est reportée à fin mai.
Les syndicats ont-il exprimé une préférence entre les options GE et Siemens ?
Dans une déclaration commune, l’ensemble des syndicats s’est positionné pour une troisième voie, celle d’une participation publique avec rachat par des fonds publics du capital détenu par Bouygues. Le ministre de l’Économie envisage cette prise de participation et une recapitalisation d’Alstom par la vente d’une partie du capital d’EDF (on parle de 10%), ce que la CGT refuse. On ne va pas déshabiller Paul pour habiller Patrick. Ce qui est en jeu, c’est le démantèlement du groupe par la vente la filiale Alstom Power, qui représente 63% de l’activité du groupe. Nous faisons remarquer que Siemens est par ailleurs engagé dans une restructuration qui se traduit par la fermeture de deux usines ferroviaires, et que GE cherche avant à acquérir le marché des éoliennes en mer et du réseau super Grid… Autant dire que ces options ne sont pas bonnes pour l’emploi.
Vous avez été reçus ce mercredi par Arnaud Montebourg. Quelles sont les propositions de la CGT ?
Nous voulons informer les salariés. Nous sommes à l’initiative d’assemblées générales sur tous les sites du groupe. Si nous ne l’avions pas fait, les salariés ne seraient informés de rien directement. C’est franchement très moyen en matière de démocratie et de dialogue social. Et c’est contradiction avec les exigences en matière d’information des salariés, selon le droit européen. Nous envisageons de porter plainte au niveau européen contre la direction d’Alstom pour délit d’entrave. Nous souhaitons une table ronde avec la direction d’Alstom.
Au-delà, que préconisez-vous pour l’avenir d’Alstom, en termes d’actionnariat et de stratégie industrielle ?
Voici, en trois points, ce que nous défendons comme propositions auprès du ministre, puisqu’il ne nous est pas donné de rencontrer la direction du groupe.
1. Pas de démantèlement du groupe Alstom. Nous savons ce qu’il advient des groupes découpés. Il n’y a plus rien de Pechiney. La sidérurgie française est fragilisée et n’est plus en capacité de répondre aux besoins. Nous avons d’ailleurs toutes les peines à connaître le contenu du rapport remis au ministre sur le sujet, dont nous disposons seulement des conclusions : selon ses auteurs, GE ne serait intéressé que par la partie électrique (qui représente 70% du groupe, 30% revenant à la partie transport). Ce qui intéresse GE, ce sont les technologies de l’éolien et celles des réseaux. L’État français va dépenser 7 milliards pour l’éolien : on comprend que GE soit attiré par les techniques et par ce marché. Ils sont également intéressés par les turbines des EPR, les centrales de gaz en lien avec l’exploitation du gaz de schiste aux États-Unis. Sous l’impulsion d’Obama, GE rapatrie sur le territoire américain ses outils de production. Le gouvernement américain vient de décider de taxer de 35% les entreprises qui ne feraient pas revenir sur le sol américain les moyens de production.
2. Nous demandons une participation publique pour faire face aux échéances financières d’Alstom. Il ne faut pas céder au chantage ni aux sirènes de GE. Et il faut bien reconnaître que leur appel est puissant. GE met 10 milliards sur la table. Cela intéresse bougrement le premier actionnaire, Martin Bouygues, et tous les actionnaires d’Alstom.
3. Il est nécessaire de prendre le temps pour définir un changement de stratégie industrielle. Nous demandons que cessent les croissances externes au détriment des investissements dans le matériel et dans la formation, les compétences des salariés. Cela ne signifie pas que nous sommes opposés à toute coopération avec d’autres entreprises, sur des projets précis. Par exemple, nous pensons que des projets devraient être conduit avec EDF, la SNCF, la RATP, la région Ile-de-France pour développer les transports qui correspondent aux besoins d’une société mobile et qui doit opérer une bascule énergétique et environnementale.
Nos idées commencent à être entendues. Nous sommes au tout début d’une course de vitesse.
Publié le 3 Mai 2014 par Alternative Citoyenne de la Manche dans Annonces
Très vite, dans cette nouvelle vie, Chérif étouffe. Mais toutes les nuits, des graffeurs uvrent sur les murs de la ville. Un nouveau monde s'offre à lui.
Avec la participation (sous réserve) de LOKIS, graffeur dont on voit les oeuvres dans le film et d'artistes graffeurs régionaux
Publié le 2 Mai 2014 par Alternative Citoyenne de la Manche dans Front de gauche