

Au vu des deux premiers tours, les 17 et 23 décembre, il était quasi-impossible que Dimas réunisse sur son nom les 180 voix nécessaires. Il en avait obtenu 160 au premier tour, et 168 au deuxième après que le Premier ministre Samaras eut promis d'avancer à fin 2015 les législatives programmées pour juin 2016. Dimas n'a à nouveau recueilli que 168 voix ce lundi. Des élections législatives auront bel et bien lieu, sans doute le 25 janvier.
Le parti de gauche anti-austérité Syriza reste en tête des intentions de vote. Autour de 30 %, il devance la coalition gouvernementale de 5 points environ. Dans une interview accordée au quotidien grec Avgi, traduit par le site syriza-fr.org, Alexis Tsipras se dit prêt, avec le soutien du peuple, à reconstruire le pays. « SYRIZA puise sa force du soutien d’une grande majorité sociale et politique qui lutte pour la dignité et la justice. Sa victoire électorale sera le début d’un grand effort national pour le salut de la société et la reconstruction du pays. Un effort national qui aura cependant un impact international, puisque notre responsabilité nationale est de frayer la voie d’une politique alternative en Europe, en transformant un pays de l’Eurozone en exemple de protection sociale et de croissance. » Pour le président de Syriza, « le premier pas sera la réalisation du « programme de Thessalonique » pour mettre de la crise humanitaire. Ceci n’est pas négociable. » C’est sur cette base que Tsipras veut rassembler et conquérir la majorité au futur parlement. « Sur la base de ce programme, nous nous efforcerons d’obtenir de larges consensus » explique Tsipras conscient qu’il lui faudra probablement trouver des alliés pour obtenir la majorité, sauf si Syriza dépasse la barre des 35 % aux législatives.
Comme le dit Tsipras, l’arrivée au pouvoir de Syriza serait un espoir autant qu’un choc dans toute l’Eurozone. Preuve en est, le monde de la finance panique, après avoir chuté de 20 %, la bourse d’Athènes poursuit sa chute à l’annonce des résultats du vote. C’est que Tsipras entend notamment lancer un moratoire sur les dettes privées aux banques, et annuler de près des deux tiers de la dette publique car illégitime.
L’absurdité de la dette grecque. Lorsque la Troïka a lancé la panique sur la dette souveraine grecque en 2008, celle-ci venait de dépasser le seuil des 200 milliards d’euros. La Commission Européenne et le FMI ont alors imposé au pays des cures d’austérité sur cure d’austérité, ce qui, plutôt que de réduire la dette, la fait exploser : baisse des recettes, hausse vertigineuses des dépenses sociales… Plutôt que de réduire les créances, l’austérité multiplie par 2 la dette en 3 ans.
Cette crise est doublement absurde du fait qu’au total, le FMI a accepté de prêter à la Grèce 240 milliards d’euros à titre d’aide, ce qui aurait été plus que suffisant pour solder l’intégralité de la dette de 2008… Le pays est aujourd’hui plus qu’exsangue, en crise humanitaire, et les grecs sont nombreux à estimer que cette dette, qui a explosée à cause de la Troïka, est illégitime.