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L'Alternative Citoyenne de la Manche s'inscrit dans une démarche politique nouvelle. Elle se fixe comme objectif de faire en sorte que la Gauche gagne et réussisse

COP21 ou FLOP 21

Publié le 31 Décembre 2015 par Alternative Citoyenne de la Manche dans Enfumage

COP21 ou FLOP 21

Le 12 décembre était signé avec la force d'un petit marteau vert actionné par FABIUS l'accord de la COP21 qui allait enrayer le réchauffement climatique en dessous de 2°, et si possible 1,5 ° signalé comme « historique » « texte universel dans l'histoire des négociations climatiques (Hollande).

La version française de 39 pages, comporte déjà 22 page de rappel des COP précédentes, Rio, Kyoto, Copenhague....

Chose pour le moins curieuse c'est « en annexe » que l'on trouve « l'accord de Paris » contraignant a rappelé à satiété le grand maître des cérémonies Laurent FABIUS.

Dans ce long préambule on trouve par exemple, à la page 16 :

106. Décide de faire en sorte que les efforts d’atténuation soient portés au plus haut niveau possible avant 2020, notamment en :

a) Demandant instamment à toutes les Parties au Protocole de Kyoto qui ne l’ont pas encore fait de ratifier et d’appliquer l’Amendement de Doha au Protocole de Kyoto;

Il faut quand même rappeler que les Etats Unis ne l'ont jamais signé, par ailleurs sous menace de sanctions le CANADA en est sorti en 2011, suivi par la Russie, le Japon et l'Australie.

Dans Ouest France du 26 décembre 2015, l'Australie justement vient d'accorder l'agrandissement du port d'Abbot Point, l'un des plus grands du monde, d'une capacité d'exportation de 120 millions de tonnes de Charbon. Signalant que ce port est situé à proximité de la Grande Barrière de Corail inscrite au patrimoine mondial de l'humanité.

Cela commence fort, et CONTRAIGNANT qu'il a dit le GMC !

Certes dans ce préambule on trouve beaucoup de « décide » mais point de « CONTRAINTES » car aucun moyen de coercition n'est mis en place ni aucune sanction.

Mais voyons ce que contient cet accord « HISTORIQUE » « CONTRAIGNANT » :

Comme vous le constaterez dans cet accord on est « soucieux, on reconnaît, on tient compte, on souligne, on est conscient, on affirme, les parties devraient... » oui mais après on fait quoi et comment car il n'y a ni obligation, ni sanction, ni contrainte !

Allez c'est parti pour examiner l'accord de Paris :

Page 23 :

Reconnaissant la priorité fondamentale consistant à protéger la sécurité alimentaire et à venir à bout de la faim, et la vulnérabilité particulière des systèmes de production alimentaire aux effets néfastes des changements climatiques,

C'est bien de reconnaître mais on fait quoi concrètement, notamment changer de système agricole en instaurant l'agriculture biologique et ses déclinaisons, en déclarant que les semences et le vivant sont le patrimoine de l'humanité et non la propriété exclusive et mortifère à terme que quelques multinationales. J'ai les noms mais vous aussi...

Conscientes que les changements climatiques sont un sujet de préoccupation pour l’humanité toute entière et que, lorsqu’elles prennent des mesures face à ces changements, les Parties devraient respecter, promouvoir et prendre en considération leurs obligations respectives concernant les droits de l’homme, le droit à la santé, les droits des peuples autochtones, des communautés locales, des migrants, des enfants, des personnes handicapées et des personnes en situation vulnérable et le droit au développement, ainsi que l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et l’équité entre les générations,

« Les parties devraient... » on connait les paroles, mais il manque la partition et surtout la volonté de faire et toujours aucune contrainte.

Notant qu’il importe de veiller à l’intégrité de tous les écosystèmes, y compris les océans, et à la protection de la biodiversité, reconnue par certaines cultures comme la Terre nourricière, et notant l’importance pour certaines de la notion de « justice climatique », dans l’action menée face aux changements climatiques,

Il faut plus que veiller, il faut d'emblée interdire par exemple la déforestation de la forêt amazonienne, des forêts primaires africaines, de laisser piller les richesses minières des pays « pauvres » par quelques multinationales, de laisser d'autres multinationales par exemple en Afrique de centre Ouest abattre les forêts primaires pour par exemple cultiver des palmiers et des hévéas, au détriment des paysans chassés de leurs terres, les privant de cultures vivrières en les chassant vers des mégapoles surpeuplées. J'ai les noms des salopards.

A la page 24 :

Affirmant l’importance de l’éducation, de la formation, de la sensibilisation, de la participation du public, de l’accès de la population à l’information et de la coopération à tous les niveaux sur les questions traitées dans le présent Accord,

Vu déjà comment cela se passe dans un pays « démocratique » comme la France, on peut être inquiet car quid par exemple de la mise en application de la démocratie participative, de l'information accessible de plus en plus certes, mais à condition d'être connecté ?

A l'article deux page 24 on lit ceci :

Le présent Accord, en contribuant à la mise en œuvre de la Convention, notamment de son objectif, vise à renforcer la riposte mondiale à la menace des changements climatiques, dans le contexte du développement durable et de la lutte contre la pauvreté, notamment en :

a) Contenant l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, étant entendu que cela réduirait sensiblement les risques et les effets des changements climatiques;

b) Renforçant les capacités d’adaptation aux effets néfastes des changements climatiques et en promouvant la résilience à ces changements et un développement à faible émission de gaz à effet de serre, d’une manière qui ne menace pas la production alimentaire;

  1. Rendant les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques.

Le présent Accord sera appliqué conformément à l’équité et au principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives, eu égard aux contextes nationaux différents.

C'est beau, mais dans les faits, c'est tout de suite et maintenant qu'il faut se mettre au travail, pourquoi attendre 2020, pourquoi attendre la ratification par les Etats (ah bon ils n'étaient pas là, mais qui a signé) et pourquoi autoriser la sortie de l'accord, où est la contrainte ?

A l'article 4 page 25 :

En vue d’atteindre l’objectif de température à long terme énoncé à l’article 2, les Parties cherchent à parvenir au plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre dans les meilleurs délais, étant entendu que le plafonnement prendra davantage de temps pour les pays en développement parties, et à opérer des réductions rapidement par la suite conformément aux meilleures données scientifiques disponibles de façon à parvenir à un équilibre entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre au cours de la deuxième moitié du siècle, sur la base de l’équité, et dans le contexte du développement durable et de la lutte contre la pauvreté.

Ben c'est pas gagné « les parties cherchent à parvenir... dans les meilleurs délais » et ce on le rappelle à partir de 2020, mais on rêve ou quoi, de nombreux experts compétents (y compris du GIEC) hormis quelques climatos septiques (comme les fosses) le disent et le répètent IL Y A URGENCE.

Les pays développés parties continuent de montrer la voie en assumant des objectifs de réduction des émissions en chiffres absolus à l’échelle de l’économie. Les pays en développement parties devraient continuer d’accroître leurs efforts d’atténuation, et sont encouragés à passer progressivement à des objectifs de réduction ou de limitation des émissions à l’échelle de l’économie eu égard aux contextes nationaux différents.

Les pays développés parties continuent de montrer … Ah bon ils ont commencé ?

A l'article 4 page 26 :

11.Une Partie peut à tout moment modifier sa contribution déterminée au niveau national afin d’en relever le niveau d’ambition, conformément aux directives adoptées par la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris.

  1. Les contributions déterminées au niveau national communiquées par les Parties sont consignées dans un registre public tenu par le secrétariat.

  2. Les Parties rendent compte de leurs contributions déterminées au niveau national. Dans la comptabilisation des émissions et des absorptions anthropiques correspondant à leurs contributions déterminées au niveau national, les Parties promeuvent l’intégrité environnementale, la transparence, l’exactitude, l’exhaustivité, la comparabilité et la cohérence, et veillent à ce qu’un double comptage soit évité, conformément aux directives adoptées par la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris.

Une partie peut à tout moment modifier sa contribution... afin d'en relever le niveau, mais elle peut aussi sortir de l'accord, donc ni obligation, ni sanction, ni contrainte.

Au paragraphe 13, j'aime beaucoup les mots « les parties rendent compte... promeuvent » tout un programme !

A l'article 5 page 26 :

Les Parties devraient prendre des mesures pour conserver et, le cas échéant, renforcer les puits et réservoirs de gaz à effet de serre comme le prévoit l’alinéa d) du paragraphe 1 de l’article 4 de la Convention, notamment les forêts.

Ben, c'est pas gagné puisque toujours ni obligation, ni contrainte, alors que d'aucuns continuent à massacrer la forêt amazonienne, les forêts primaires africaines, mais ici dans notre pays à abattre sans replanter, à arracher des haies plates et talutaires sans autorisation ?

Toujours au même article pages 26-27 :

Les Parties sont invitées à prendre des mesures pour appliquer et étayer, notamment par des versements liés aux résultats, le cadre existant défini dans les directives et les décisions pertinentes déjà adoptées en vertu de la Convention pour : les démarches générales et les mesures d’incitation positive concernant les activités liées à la réduction des émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts, et le rôle de la conservation, de la gestion durable des forêts et de l’accroissement des stocks de carbone forestiers dans les pays en développement; et d’autres démarches générales, notamment des démarches conjointes en matière d’atténuation et d’adaptation pour la gestion intégrale et durable des forêts, tout en réaffirmant qu’il importe de promouvoir, selon qu’il convient, les avantages non liés au carbone associés à de telles démarches.

C'est en clair se foutre du monde en appliquant la politique chère à la société capitaliste à savoir la carotte sans le bâton !

A l'article 7 page 28 :

Les parties « reconnaissent » mais toujours en devant sans aucune contrainte.

Toujours à l'article 7 mais page 29 :

Les Parties devraient intensifier leur coopération en vue d’améliorer l’action pour l’adaptation, compte tenu du Cadre de l’adaptation de Cancún, notamment afin :

a) D’échanger des renseignements, des bonnes pratiques, des expériences et des enseignements, y compris, selon qu’il convient, pour ce qui est des connaissances scientifiques, de la planification, des politiques et de la mise en oeuvre relatives aux mesures d’adaptation;

b) De renforcer les dispositifs institutionnels, notamment ceux relevant de la Convention qui concourent à l’application du présent Accord, pour faciliter la synthèse des informations et des connaissances pertinentes et la fourniture d’un appui et de conseils techniques aux Parties;

c) D’améliorer les connaissances scientifiques sur le climat, y compris la recherche, l’observation systématique du système climatique et les systèmes d’alerte précoce, d’une manière qui soutienne les services climatiques et appuie la prise de décisions;

d) D’aider les pays en développement parties à recenser les pratiques efficaces et les besoins en matière d’adaptation, les priorités, l’appui fourni et l’appui reçu aux mesures et efforts d’adaptation, ainsi que les problèmes et les lacunes selon des modalités qui promeuvent les bonnes pratiques;

e) D’accroître l’efficacité et la pérennité des mesures d’adaptation.

Que c'est beau ce texte tout un programme, mais il manque le mode d'emploi. Par ailleurs beaucoup de pays du Sud vont se montrer circonspects sur le mot « coopération » qui trop longtemps à autoriser quelques uns à les piller, au détriment des populations appauvries, mais au grand bénéfice des « bourgeoisies » locales mises en place.

A l'article 8 page 30 :

Les Parties reconnaissent la nécessité d’éviter et de réduire au minimum les pertes et préjudices liés aux effets néfastes des changements climatiques, notamment les phénomènes météorologiques extrêmes et les phénomènes qui se manifestent lentement, et d’y remédier, ainsi que le rôle joué par le développement durable dans la réduction du risque de pertes et préjudices.

Fichtre, comme s'est bien dit. Donc si j'ai bien compris en France on va renforcer par exemple la loi littoral (et non la défaire comme le voudraient certains j'ai aussi les noms) renforcer les PLU, PLUi, SCOT et autres documents d'urbanismes, afin d'éviter à des élus incompétents mais calculateurs de faire n'importe quoi, sachant que c'est in fine le contribuable qui paiera (La Faute sur Mer, l'Aiguillon sur Mer, le Signal...)

Toujours à l'article 8 pages 28-29 :

En conséquence, les domaines de coopération et de facilitation visant à améliorer la compréhension, l’action et l’appui sont notamment les suivants :

a) Les systèmes d’alerte précoce;

b) La préparation aux situations d’urgence;

c) Les phénomènes qui se manifestent lentement;

d) Les phénomènes susceptibles de causer des pertes et préjudices irréversibles et permanents;

e) L’évaluation et la gestion complètes des risques;

f) Les dispositifs d’assurance dommages, la mutualisation des risques climatiques et les autres solutions en matière d’assurance;

g) Les pertes autres que économiques;

h) La résilience des communautés, des moyens de subsistance et des écosystèmes.

Tout un programme auquel on peut ajouter, formation, information, responsabilisation, démocratie participative, contrôle des élus.

A l'article 9 page 31 :

Les pays développés parties fournissent des ressources financières pour venir en aide aux pays en développement parties aux fins tant de l’atténuation que de l’adaptation dans la continuité de leurs obligations au titre de la Convention.

Du lourd, du très lourd, après avoir laissé des malfaisants avides d'argent les coloniser, les piller, c'est un moindre mal et que justice de les aider, non !

Puis au même article, même page on lit un peut plus loin « Les pays développés parties communiquent tous les deux ans ... » ben on verra ?

A l'article 10 page 32 :

Les Parties partagent une vision à long terme de l’importance qu’il y a à donner pleinement effet à la mise au point et au transfert de technologies de façon à accroître la résilience aux changements climatiques et à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Ben, heureusement, mais après ?

Au même article même page :

Il est essentiel d’accélérer, d’encourager et de permettre l’innovation pour une riposte mondiale efficace à long terme face aux changements climatiques et au service de la croissance économique et du développement durable. Cet effort sera appuyé, selon qu’il convient, y compris par le Mécanisme technologique et, sous la forme de moyens financiers, par le Mécanisme financier de la Convention, afin de mettre en place des démarches concertées en matière de recherche-développement et de faciliter l’accès des pays en développement parties à la technologie, en particulier aux premiers stades du cycle technologique.

Je me disais qu'ils n'avaient pas encore utilisé de gros mots, et bien si, et en plus contradictoires :

« riposte mondiale efficace... au service de la croissance économique et du développement durable »

Pour l'instant on a eu droit qu'à la croissance économique, effrénée, au service de la consommation à tout va, au plus grand mépris justement du développement durable. Ces expressions « croissance économique et développement durable » sont parfaitement contradictoires et incompatibles !

A l'article 11 pages 32 et 33 :

Le renforcement des capacités au titre du présent Accord devrait contribuer à améliorer les aptitudes et les capacités des pays en développement parties, en particulier ceux qui ont les plus faibles capacités, tels que les pays les moins avancés, et ceux qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes des changements climatiques comme les petits États insulaires en développement, afin qu’ils puissent lutter efficacement contre les changements climatiques, notamment mettre en oeuvre des mesures d’adaptation et d’atténuation, et devrait faciliter la mise au point, la diffusion et le déploiement de technologies, l’accès à des moyens de financement de l’action climatique, les aspects pertinents de l’éducation, de la formation et de la sensibilisation de la population, et la communication transparente et précise d’informations en temps voulu.

Le renforcement des capacités devrait être impulsé par les pays, prendre en compte et satisfaire les besoins nationaux et favoriser l’appropriation par les Parties, en particulier pour les pays en développement parties, notamment aux niveaux national, infranational et local. Il devrait s’inspirer des enseignements tirés de l’expérience, notamment des activités de renforcement des capacités menées dans le cadre de la Convention, et représenter un processus efficace, itératif, participatif, transversal et sensible à l’égalité des sexes.

Comme c'est bien dit, mais si je comprends bien il s'agit d'assurer une certaine souveraineté des pays parties, à commencer bien sûr par la souveraineté alimentaire.

Cela permettra d'éradiquer, dès demain, ces sociétés financières, fonds de pensions, mais aussi Etats qui achètent ou louent des terres dans les pays du Sud, pour leur seul intérêt au détriment des populations locales.

A l'article 12 page 33 :

Les Parties coopèrent en prenant, selon qu’il convient, des mesures pour améliorer l’éducation, la formation, la sensibilisation, la participation du public et l’accès de la population à l’information dans le domaine des changements climatiques, compte tenu de l’importance que revêtent de telles mesures pour renforcer l’action engagée au titre du présent Accord.

Cela a déjà été dit, mais il n'est pas inutile de le rappeler afin de les inciter à ne pas l'oublier.

A l'article 13, page 33 :

Afin de renforcer la confiance mutuelle et de promouvoir une mise en oeuvre efficace, il est créé un cadre de transparence renforcé des mesures et de l’appui, assorti d’une certaine flexibilité, qui tient compte des capacités différentes des Parties et qui s’appuie sur l’expérience collective.

La confiance mutuelle est un minimum, bien que pour certains pays du Sud, cela va être dur vis à vis de pays antérieurement « exploiteurs ». J'ai aussi les noms.

Toujours au même article page 34 :

Chaque Partie fournit régulièrement les informations ci-après :

a) Un rapport national d’inventaire des émissions anthropiques par les sources et des absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre, établi selon les méthodes constituant de bonnes pratiques adoptées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et convenues par la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris;

b) Les informations nécessaires au suivi des progrès accomplis par chaque Partie dans la mise en oeuvre et la réalisation de sa contribution déterminée au niveau national au titre de l’article 4.

Cela aurait pu commencer par un état des lieux, et pourquoi « régulièrement » pas de date, pas de contrainte.

A l'article 14 page 35 :

1.La Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris fait périodiquement le bilan de la mise en oeuvre du présent Accord afin d’évaluer les progrès collectifs accomplis dans la réalisation de l’objet du présent Accord et de ses buts à long terme (ci-après dénommé « bilan mondial »). Elle s’y emploie d’une manière globale, axée sur la facilitation, en prenant en considération l’atténuation, l’adaptation, les moyens de mise en oeuvre et l’appui et en tenant compte de l’équité et des meilleures données scientifiques disponibles.

  1. La Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris procède à son premier bilan mondial en 2023 et tous les cinq ans par la suite sauf si elle adopte une décision contraire.

Sachant que l'accord doit être signé par les 195 pays et l'UE entre 2016 et 2017, que l'application est prévue en 2020, que la COP fera un bilan périodiquement, le premier en 2023, puis tous les cinq ans

sauf décision contraire, on peut se demander si vraiment le temps presse et si il y a urgence.

A l'article 15 page 35 :

Le mécanisme visé au paragraphe 1 est constitué d’un comité d’experts et axé sur la facilitation, et fonctionne d’une manière qui est transparente, non accusatoire et non punitive. Le comité accorde une attention particulière à la situation et aux capacités nationales respectives des Parties.

Non accusatoire et non punitive, ben voyons, donc pas de contrainte !

A l'article 20 page 37 :

Le présent Accord est ouvert à la signature et soumis à la ratification, l’acceptation ou l’approbation des États et des organisations d’intégration économique régionale qui sont parties à la Convention. Il sera ouvert à la signature au Siège de l’Organisation des Nations Unies à New York du 22 avril 2016 au 21 avril 2017 et sera ouvert à l’adhésion dès le lendemain du jour où il cessera d’être ouvert à la signature. Les instruments de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion sont déposés auprès du Dépositaire.

A l'article 21 page 38 :

Le présent Accord entre en vigueur le trentième jour qui suit la date du dépôt de leurs instruments de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion par 55 Parties à la Convention qui représentent au total au moins un pourcentage estimé à 55 % du total des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Tout ceci compte tenu du système constitutionnel de chaque pays, et du parlement concernant l'Union Européenne.

Les calculettes vont chauffer et augmenter l'effet de serre !

Enfin à l'article 28 page 39 :

1. À l’expiration d’un délai de trois ans à compter de la date d’entrée en vigueur du présent Accord à l’égard d’une Partie, cette Partie peut, à tout moment, le dénoncer par notification écrite adressée au Dépositaire.

  1. Cette dénonciation prend effet à l’expiration d’un délai d’un an à compter de la date à laquelle le Dépositaire en reçoit notification, ou à toute date ultérieure pouvant être spécifiée dans ladite notification.

  2. Toute Partie qui aura dénoncé la Convention sera réputée avoir dénoncé également le présent Accord.

Ce que l'on appelle la cerise sur le gâteau, à savoir un accord « JURIDIQUEMENT CONTRAIGNANT ».

Et pourtant il y a urgence disent les environnementalistes, les ONG, les experts, et ce depuis un certain temps.

Rien sur les méfaits de l'agriculture industrielle productiviste émettrice de près d'un tiers des GES, de la production industrielle inconsidérée et inutile de bagnoles consommatrices d'énergies fossiles et parmi celles-ci signalons les 4 X 4, les campings cars, les camions, les voitures de sports.

Il faudrait tout de suite et maintenant supprimer tous ces évènements inutiles tels par exemple le « Paris-Dakar » qui se déroule en Amérique Latine, les vols dans l'espace surtout par des sociétés privées, on a l'impression de marcher sur la tête en observant ces pratiques d'enfants gâtés, parfaitement abjectes.

Dans notre pays on aurait pu penser qu'à l'occasion de cette conférence, l'Etat aurait fait quelques annonces, comme par exemple l'arrêt définitif :

  • de la construction de l'EPR de Flamanville,

  • de l'aménagement de l'Aéroport de Notre Dame des Landes,

    De favoriser le développement et le réaménagement du réseau ferroviaire plutôt que d'ériger des lignes à grande vitesse au détriment de l'espace agricole.

Dans notre département, les nouveaux élus au conseil régional, pourraient aussi prendre des décisions d'importance comme :

  • Rendre les documents d'urbanisme plus ambitieux en matière de protection du littoral, des espaces agricoles et forestiers.

  • Stopper définitivement l'aménagement des 2X2 voies comme celle de Granville Avranches en améliorant l'existant par des voies de doublement. Que d'espaces bocagers perdus par ces lubies d'élus irresponsables autant qu'incompétents.

  • Stopper les grands projets régionaux comme le port de Granville, dont la voie ferrée est fermée, dont le réseau routier d'accès est inadapté aux poids lourds.

  • Pérenniser le développement des services hospitaliers existants.

  • Généraliser les régies communautaires de gestion de l'eau qui est un bien public, à utiliser parcimonieusement.

  • Développer une politique d'aménagement responsable et économe en espaces agricoles.

Dans tout cela on comprend et on doit admettre que ce ne sera possible qu'avec le soutien et la participation active de la société civile, c'est à dire chacun d'entre nous, en commençant par respecter l'environnement, déjà en consommant moins et mieux.

Joël BELLENFANT

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QUE DIRE , QUE FAIRE ? RESISTONS CIVILEMENT ET ACTIVEMENT

Publié le 31 Décembre 2015 par Alternative Citoyenne de la Manche dans Tribune libre

QUE DIRE , QUE FAIRE ? RESISTONS CIVILEMENT ET ACTIVEMENT

Quelques réflexions à l'issue des élections régionales ou les déclarations d'un soir risquent à nouveau de tomber dans les poubelles de l'histoire.

Avant c'est le rassemblement et l'appel républicain pour barrer la route au Front National (l'Affront National) qui a produit ses effets en permettant toutefois à la droite de reconquérir 6 régions et d'en conserver une, mais pourquoi ?

Après nous avons les déclarations des élus de droite qui reconnaissent (Nord-Pas de Calais – Picardie et Paca) que sans l'apport des voix de gauche ils n'auraient pas été élus. Il y a aussi les déclarations vociférantes du nouveau président de la région Rhône Alpes Auvergne contre la gauche battue mais ménageant le Front National.

En Normandie la bataille fut âpre, les propos du vainqueur, quelque peu humbles, environ 4000 voix d'écart avec la liste de gauche unie (ou presque et la différence est peut être là). Inquiétant le score du FN qui a conquit l'électorat rural et améliorer ses résultats du premier tour.

Résultats dès le lendemain sur Granville les responsables de l'UDI remettent sur le tapis l'instauration d'un grand port Normand à Granville et la réalisation de la 2X2 voies Granville Avranches (projet dé financé part l'équipe précédente) avec les conséquences que l'on sait sur la circulation accrue de poids lourds dans Granville et la disparition de centaines d'hectares de terres agricoles, haies bocagères....

Pourquoi ? D'aucuns, presse en tête, mettent en avant le chômage, la précarité, la sécurité, certes mais pourquoi ce vote rural. Il faut quand même regretter ces heures d'antennes accordées à ce parti de la haine, à la dramatisation des évènements par les médias à force de sur information poussant inexorablement une partie de la population vers ce vote extrême. Certains n'hésitant pas déclarer vouloir essayer en raison de la carence des autres structures, ben voyons. Ils devraient relire l'histoire au moins du 20ème siècle, même si celle-ci ne se répète jamais.

Que constate-t-on à l'issue de ce second tour, le vieillissement inexorable de ces partis de gauche ou de droite qui portent tous la responsabilité de la montée de l'extrême droite pour s'être au fil des ans coupés de la population qu'ils sont censés représenter.

Ces partis sont constitués principalement de professionnels de la politique, occupant des mandats multiples (il n'y a qu'à regarder les mandats et représentations de certains élus manchots qui semblent disposer d'une santé à toute épreuve, sachant que les journées ne font toujours que 24 h) malgré la règle de non cumul (texte mal rédigé comme beaucoup).

Il faut aussi mettre le doigt sur la formation disparue pour certains d'entre eux et inexistante pour d'autres. Il faut relancer les débats y compris et surtout au cœur des villages et lieux de vie.

D'aucuns se souviennent de la parole retrouvée en ce mois de mai 1968 mais bien vite éteinte d'abord par le pouvoir en place, mais aussi par les partis politiques et les syndicats.

Le retour vers les électeurs jamais sauf en période électorale, le contact avec la société civile quasiment inexistant ou trop bien organisé de façon à ne pas remettre en cause le système capitaliste, le poids de la finance, l'accaparement des richesses par une minorité, le pillage des matières premières au détriment des pays pauvres ou émergents et des populations locales.

Cette fameuse loi sur la démocratie participative enterrée dans je ne sais quel tiroir aurait permis de redonner le sens de la citoyenneté au peuple qui en a bien besoin plutôt que de se réfugier dans un vote extrémiste et apparemment durable, qu'il va falloir combattre par les idées plutôt que par les armes.

Il est donc nécessaire que nos politiques « professionnels » redescendent de leur piédestal, retournent vers ce peuple qui les a élus et ce en toute humilité, ne conservent qu'un mandat (comme vient de le déclarer M. BERTRAND, maintenant il faut faire et le faire savoir). Mais il faut aussi aller plus loin, limiter les mandats et leur durée.

Mais il est aussi indispensable que le citoyen reprenne son destin en mains au lieu de signer un blanc seing en permanence. Il est nécessaire de redonner la parole aux citoyens de ce pays qui seul à la capacité d'engendrer un changement profond de notre système de société à commencer par le capitalisme néo libéral à bout de souffle, mais grand producteur de CO2.

Qu'ont ils fait du programme du conseil national de la résistance que certains osent encore évoquer parfois bien qu'en ayant perdu et l'esprit et la lettre.

L'historien Jacques SEMELIN, appelait dernièrement à la résistance civile, j'ajouterai active et si possible non violente.

Ce combat va être long, difficile, mais nécessaire pour permettre l'égalité, la fraternité et la solidarité entre les citoyens, mais aussi afin d'assurer la survie de la planète et retrouver la dignité des être humains.

Joël BELLENFANT (simple citoyen)

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Monsieur le Président, il est temps de renoncer !

Publié le 31 Décembre 2015 par Alternative Citoyenne de la Manche dans Liberté - Egalité - Fraternité

Monsieur le Président, il est temps de renoncer !

Monsieur le Président,

Vous n'avez plus rien à prouver pour ce qui est de votre habileté tacticienne, reconnue par tous. Vous en faites une nouvelle et éclatante démonstration avec la question de la déchéance de nationalité.

La mesure n'est d'aucune conséquence du point de vue de la sécurité et de la défense face à la menace terroriste. Chacun le sait et le dit. Il s'agit, comme le répète M. Valls, d'un symbole. Le symbole de votre fermeté. De la détermination du pouvoir que vos incarnez.

Un symbole qui, lancé lors de votre discours devant le Congrès réuni à Versailles, telle une boule poursuit sa course dévastatrice sans pouvoir être arrêtée (du fait du « respect de la parole donnée » !)...

Voici les socialistes qui se veulent toujours de gauche condamnés à ruminer leur indignation. Et les parlementaires de droite obligés de vous soutenir pour que soit adopté ce qu'ils défendent de longue date. Autant de divisions grosses d’une recomposition politique à laquelle on vous sait travailler. Manière aussi de rendre possible l'impossible : un nouveau mandat qui vous soit accordé malgré l’impopularité où vous a plongé la première partie du quinquennat.

Sans doute vos conseillers ne tarissent pas d'éloge pour saluer un tel talent. Ne vous répètent-ils pas que 90 % des Français, traumatisés par les attentats de novembre, approuvent une telle mesure ? Vont-ils jusqu'à vous suggérer que, dans ce conditions, en cas d'échec à réunir les trois cinquièmes des votes au Parlement, un recours est envisageable : le référendum ? Au moins d'en laisser planer la menace...

Là, Monsieur le Président, le vertige et l’effroi nous saisissent.

Ils valent invitation à comprendre que cette histoire n'est pas une simple question de symbole et de manœuvre politicienne.

De très nombreux compatriotes binationaux vivent la mesure envisagée comme une blessure infligée à leur conscience française. Beaucoup d'autres partagent ce sentiment. Fort nombreux sont ceux qui jugent qu'une atteinte en serait portée aux principes fondamentaux de la République telle qu'ils la conçoivent.

Il ne sert à rien de s'accrocher à l'idée que les personnes susceptibles d’être concernées par une telle sanction sont un nombre infime... Cela, c’est le leurre du prétendu symbole. La réalité, c'est le principe, avec le poison de la division et sa possible gangrène.
Dans peu de temps, vos vœux peuvent être le moment du ressaisissement.
Un recul plutôt qu'une erreur historique.

Monsieur le Président, dites que vous renoncez à persister jusqu'à la faute !

Francis Sitel

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Continuer, c’est renoncer… – « Le nouveau n’adviendra que des générations nouvelles »

Publié le 31 Décembre 2015 par Alternative Citoyenne de la Manche dans Gauche antilibérale

La gauche va mal. La gauche de gauche est dans le brouillard. Nous avons voulu disputer les classes populaires au Front national. Nous avons cherché à enrayer la dérive droitière du PS. Pour l’instant nous sommes battus sur les deux terrains. Nous espérions que la libéralisation du PS ouvrirait un espace à sa gauche. Elle l’a un peu plus refermé. Devons-nous toutefois être abasourdis par ce constat ?

Le temps de la critique

À mes yeux, tout a commencé en 1995. Cette année-là, la victoire de Jacques Chirac à l’élection présidentielle mettait un terme à quatorze ans d’hégémonie mitterrandienne. Quelques mois après, en novembre-décembre, la France connaissait le plus puissant mouvement populaire depuis 1968. Le « Tous ensemble » des manifestants disait à la fois le refus du tout libéral et le désir d’amorcer de nouvelles façons de faire société. Cette fin d’année 1995 prenait deux formes entremêlées : le sursaut du mouvement ouvrier classique qu’exprimait la forte présence syndicale (symbolisée par la figure nouvelle de Bernard Thibault) et l’émergence de ce que l’on a pris l’habitude d’appeler le « mouvement social », ce quelque chose encore incertain, juxtaposant militants, associations et intellectuels, qui prolongeait le mouvement ouvrier sans se réduire à lui.

Après « le grand cauchemar des années 1980 », le temps était venu d’un regain de combativité sociale et d’esprit critique. Encore fallait-il que s’affirme une perspective capable de l’exprimer dans l’espace proprement politique. Le PCF étant déjà cruellement affaibli, certains pensèrent que le mouvement pouvait se constituer lui-même en force politique, plus ou moins dans la lignée du syndicalisme révolutionnaire des débuts de siècle. Des « États généraux du mouvement social » tentèrent de s’y atteler, sans aller bien au-delà de l’intention affirmée.

À l’époque, avec les refondateurs communistes, je pensais qu’il fallait trouver une formule capable de réunir la diversité de ce nouvel esprit subversif. J’usais alors du « pôle de radicalité ». L’expression avait à mes yeux et à ceux de mes camarades une double dimension que nous ne voulions pas séparer : la convergence politique de toutes les sensibilités à la gauche du PS et l’esquisse de nouveaux rapports entre le politique, le syndical, l’associatif et le culturel. « Radicalité » disait l’ambition – une étape nouvelle de l’idée révolutionnaire ; « pôle » signifiait le désir d’un rassemblement au-delà de la subordination des uns par les autres, au-delà des cartels et des fronts d’autrefois. Le tout étant irrigué par le terme qui nous avait identifié au sein du PCF : « refondation ».

En 1997, dans la perspective d’élections législatives alors prévues officiellement en mars 1998, les refondateurs de Futurs ont été à l’initiative d’une pétition, signée par plusieurs dizaines de personnalités du « mouvement social » et d’intellectuels. Elle s’intitulait « Le mouvement social offre une chance à la gauche ». Le but était d’esquisser une synergie, de ne pas laisser dans l’ignorance réciproque le « mouvement » et la « gauche ». Cette initiative originale resta dans l’ombre la plus épaisse. L’extrême gauche campa sur ses positions, tandis que le monde syndical et associatif observait l’évolution politique de loin. Quant au Parti communiste, qui conservait l’espoir de retrouver un jour l’hégémonie d’antan, il profita des élections législatives anticipées du printemps 1997 pour s’engager dans la « gauche plurielle », un avatar de feue l’union de la gauche.

On sait quel fut, pour le PCF, le résultat désastreux de ce choix : il s’effondra à la présidentielle de 2002 et ses vieux concurrents de toujours, les héritiers du trotskysme historique, atteignirent la barre des 10 % quand le malheureux Président du PC se contentait d’un tout petit 3,4 %. Après 2002, l’émotion de l’imprévisible second tour – le face-à-face Chirac-Le Pen – provoqua un sursaut à gauche. Les appels et les rencontres se multiplièrent, pour demander un rassemblement des forces hostiles à la doxa libérale qui s’était imposée depuis 1982. Cette profusion d’initiatives – dont « l’appel Ramulaud » – donna corps à ce que nous avons nommé le « courant antilibéral ».

La phase antilibérale

Il connut son apogée en mai 2005, dans la bataille contre le projet constitutionnel européen. Pour la première fois, on se rapprochait de ce qui était attendu depuis si longtemps : un véritable mouvement de masse, « en bas » et « en haut », associant des politiques, des syndicalistes, des associatifs, des intellectuels dans une construction politique affirmée. Et, pour la première fois depuis longtemps, le mouvement déboucha sur un succès retentissant. Mais il s’avéra sans lendemain, se fracassant bien vite sur l’échéance présidentielle de 2007 : chacun retourna vers ses habitudes et ses objectifs partisans particuliers. La LCR décida qu’il était désormais nécessaire de séparer le bon grain de l’ivraie, les « antilibéraux » des véritables « anticapitalistes ». Quant au PCF, il considéra que sa place militante dans le mouvement lui permettait d’être en première ligne, derrière la candidature de sa secrétaire nationale. À l’arrivée, ce fut le fiasco : le PCF s’effondra un peu plus et, dans le désastre général de la gauche radicale (en net recul sur 2002), le maintien d’Olivier Besancenot à son score antérieur apparut comme un éclatant succès, et la preuve que l’intransigeance de la LCR était l’attitude la plus propulsive.

Les lendemains de 2007 rebattirent les cartes. La LCR tenta l’aventure du NPA, pensant pousser les feux de ses relatifs succès de 2002 et 2007. Quant au PCF, il tira sans le dire les leçons de son infortune. Il profita des avances de Jean-Luc Mélenchon, que son appartenance maintenue au Parti socialiste avait écarté de la course à la candidature de 2006-2007. En novembre 2008, il décida de franchir le Rubicon, de quitter le PS et de créer le Parti de Gauche. En même temps, il se rapprocha du PC de Marie-George Buffet pour lancer le Front de gauche dans la perspective des élections européennes à venir.

Dans l’esprit de ses promoteurs, le Front de gauche était à la fois l’occasion d’un rapprochement et une manière d’en finir avec la période jugée brouillonne du « mouvement social » et du « courant antilibéral ». La main allait revenir enfin aux organisations « sérieuses », solidement charpentées et ancrées dans l’espace militant et institutionnel. Le PC avait sa tradition et son corps militant encore fourni ; le PG avait sa fraîcheur et le charisme de son leader.

Incontestablement, la mayonnaise a pris. Le Front de gauche réussit honorablement ses premiers engagements électoraux et, surtout, il parvint à se mettre d’accord sur la candidature de Jean-Luc Mélenchon pour l’élection présidentielle de 2012. Et – talent et enthousiasme du candidat aidant - le résultat fut à nouveau au rendez-vous. Sans doute, du fait de l’épuisement rapide de la tentative NPA, la gauche radicale ne parvint-elle pas à retrouver ses niveaux électoraux du début de la décennie. Mais, pour la première fois depuis longtemps, les votes se concentrèrent sur un nom et portèrent le Front de gauche au-delà du seuil symbolique des 10 % d’exprimés. Or, trois ans plus tard, la pâte est retombée, et cette fois pour l’ensemble de la galaxie de la gauche de gauche.

Les limites du Front de gauche

Je n’aurai pas la prétention d’énoncer le diagnostic de ce qui conduisit le Front à l’essoufflement, au rétrécissement et à la déception qui est la sienne aujourd’hui. Et, a fortiori, je ne désignerai pas des responsables à la vindicte collective. Je me contenterai de suggérer des pistes, celles en tout cas que je retiens pour l’instant.

La première nous ramène au point de départ. Le Front de gauche fut à l’origine une reprise en charge de la dynamique politique antilibérale par les organisations « sérieuses ». Or ce que nous vivons de plus en plus est l’obsolescence du « sérieux » que veut incarner le modèle partisan de l’organisation politique. Nous sommes au cœur d’une crise de l’institution politique dans son ensemble et le dispositif partisan en fait partie. De ce point de vue, l’expérience du PCF eût pu faire réfléchir. Depuis le début des années 1980, il a essayé de réactiver ce qu’il avait été pendant de longues décennies. Ses militants ont tenté de retisser les pratiques militantes éprouvées, de refaire – si possible en mieux – ce qui avait réussi jadis, dans l’espoir que le balancier de l’histoire reviendrait du bon côté. Or, plus le PC essayait de revenir à ses « fondamentaux » et plus il s’enfonçait dans le déclin…

À la différence des communistes italiens, les militants français décidèrent de continuer ; mais, par peur du reniement, ils ne voulurent pas se « refonder ». Hélas, dans ce cadre, qu’on le veuille ou non, c’est la reproduction à l’identique qui a fini par l’emporter. Or la mésaventure du PCF ne fut pas la sienne seulement. Les traditions de la gauche critique, la partisane comme la mouvementiste, continuèrent sans se remettre vraiment en question. Chacun conserva ses références, Marx ou Proudhon, Jaurès ou Lénine, parfois accompagnés de Trotski, le tout relifté à l’occasion avec un zeste de Mauss, de Benjamin ou de Gramsci. On continua plus ou moins comme avant, cherchant où l’on pouvait des modèles de substitution (l’Amérique latine tenant longtemps la corde, des zapatistes aux bolivariens).

Ancré à ce point dans le passé, le Front de gauche ne tira guère de conséquence de la crise simultanée de « la » politique et « du » politique. Il garda ainsi sa forme de cartel de partis, d’autant plus inadaptée que le cartel resta pour l’essentiel dominé par le tête-à-tête du PCF et du PG. Le PG se polarisa sur la présidentielle ; quant au PC, il s’attacha surtout à préserver son capital d’élus nationaux et territoriaux. Aux législatives de 2012, aux municipales et aux européennes de 2014, puis aux territoriales de 2015, la masse des candidatures présentées revint au PC, avec une mise en valeur systématiques des sortants. Là encore, le Front de gauche apparut comme un attelage confus et, plus que tout, comme un continuateur plutôt frileux, comme une sorte de rentier des acquis et, au bout du compte, comme le seul prolongement électoral d’un vote communiste structurellement affaibli. Les premiers résultats du Front de gauche fonctionnèrent ainsi comme une sorte de rémission et, une fois passée l’exceptionnalité d’avril 2012, on en est revenu à la mécanique implacable du reflux communiste engagé depuis près de quatre décennies.

La forme du cartel fut ainsi en elle-même pénalisante. Elle empêcha par ailleurs de travailler à ce qui constitue aujourd’hui l’obstacle le plus grand à une sortie de crise : l’absence quasi-totale de porosité entre les « sphères » du politique, du syndical, de l’associatif et du culturel. Que ce cloisonnement soit difficile à dépasser va bien sûr de soi. Les préventions anciennes, le poids du modèle socialiste-communiste de subordination du social au partisan ont nourri les méfiances et les tentations de la séparation. En outre, que les frontières de l’économique, du social et du politique s’estompent dans les sociétés contemporaines ne signifie pas que les fonctions des différents types d’organisation sont désormais interchangeables. Partis, syndicats et associations ne se confondent pas. Mais que le refus de la subordination se soit traduit par une séparation de fait présente un double désavantage : il enferme le système partisan dans son extériorité relative et il empêche le « mouvement social » d’agir comme un acteur politique. Le cartel de partis, même élargi de façon conséquente (par exemple aux écologistes ou à la gauche socialiste), limite l’effet de la parcellisation antérieure ; il n’entame pas la coupure du social, du symbolique et du politique.

À tout cela s’ajoute une dernière lacune, que je crois liée aux précédentes : le Front de gauche a incarné un refus du tropisme libéral commun à la droite et à une partie de la gauche. Il n’a pas incarné pour autant une perspective novatrice : il a été « anti » plutôt que « post » ou « alter ». La référence antilibérale l’a ancré dans l’économico-social, ce qui est bien sûr nécessaire ; elle ne l’a pas rendu pertinent sur l’ensemble du champ social, jusque dans ses dimensions territoriales, mentales et symboliques. Dans ses pratiques, dans ses mots et ses symboles, le FDG continue la gauche et le mouvement ouvrier d’hier. Dans son souci légitime d’accabler les reniements socialistes de plus de trente ans, il apparaît comme la sensibilité politique qui pleure les « jours heureux » et qui, de ce fait, est identifiée à ceux qui veulent revenir en arrière. Quant aux visages qui apparaissent massivement, ils sont le plus souvent de génération ancienne, peu représentatifs du peuple d’aujourd’hui, dans sa diversité d’origine, de pratiques et de cultures. La « génération 68 » ou « post-68 » eut naguère l’avantage d’être jeune et remuante ; le poids des ans lui est tombé sur les épaules.

La fin d’un cycle

Nous sommes parvenus au bout de quelque chose, qui ne se résume pas à la forme que le Front de gauche a prise jusqu’à ce jour. En fait, nous sommes dans une autre époque. Le peuple n’est plus ce qu’il était, non seulement parce que ses composantes ont changé, mais parce que les procédures qui faisaient son unification sont inopérantes. Les catégories populaires sont là et bien là, mais le « peuple » est à construire. Or, pour une part, c’est la politique qui avait permis son unification relative : une politique où la sociabilité populaire et la sociabilité politique s’entremêlaient (le communisme français était une galaxie d’organisations et de pratiques davantage qu’un parti) et où la culture radicale plébéienne et démocratique donnait le ton à l’ensemble de la gauche.

Le clivage droite-gauche n’a pas disparu, mais il a perdu de sa vigueur dès l’instant où ce qui le fondait s’est estompé, avec le déclin des thématiques de l’égalité au profit de celles de l’identité. La gauche n’a pas disparu, mais l’appel incantatoire à son rassemblement ne résonne plus si massivement dans les consciences. C’est le champ politique qu’il s’agit désormais de reconstruire, dans ses dimensions institutionnelles et dans ses aspects organisationnels. Sans au départ se raconter d’histoire… Mieux vaut peut-être se convaincre que nous ne sommes plus dans le cycle de radicalisation ouvert dans les toutes premières années de la décennie 1990. Cela ne signifie ni que la radicalité est obsolète, ni qu’elle est assoupie, ni qu’elle a disparu du champ des pratiques sociales réelles. Mais elle n’a plus la texture globale qui était la sienne il y a peu. Il y a du trouble, de l’inquiétude, de la colère qui sourd de toute la société ; mais pour l’instant, elle provoque davantage de désengagement ou de ressentiment qu’elle ne nourrit de la combativité et de la radicalité. Il se peut que la vie démente cette impression et ce sera tant mieux. La concomitance d’un abstentionnisme persistant et d’une poussée du FN laisse hélas penser que nous n’en sommes pas là pour l’instant.

Dès lors, il ne nous suffira pas de dénoncer les méfaits du capitalisme mondialisé ou les défauts de l’Union européenne, en pensant qu’il est possible de s’en abstraire d’une façon ou d’une autre. Il ne suffira pas de dénoncer les reniements sociaux-libéraux ou de dénier au PS le droit de se réclamer de la gauche. Il ne sert en fait à rien d’attiser la colère si nous ne savons pas nourrir l’espérance, car la colère sans l’espérance pousse au ressentiment et celui-ci fait le jeu des repliements et de la droite extrême. Pour renverser la spirale du désengagement ou du vote pas désespoir, il ne faudra laisser passer aucune occasion d’affaiblir l’esprit de résignation, de nourrir la combativité, de permettre les rassemblements propulsifs. Et dans ce cadre, nous devrons nous efforcer de ne théoriser ni sur la nécessité de quelque traversée du désert que ce soit, ni sur l’obligation de se sortir du « système ». On ne s’abstrait pas d’un système quand l’objectif est de le subvertir. On peut certes s’appuyer sur tout ce qui nourrit une critique pratique de l’existant. Mais il n’y aura pas d’ilot de la transformation sociale, ni local ni national.

Même si l’histoire ne s’arrête pas, même si le mouvement populaire n’aura de cesse de nous surprendre, mieux vaut s’habituer à l’idée que, si la République, le mouvement social critique et la gauche sont à reconstruire, cela ne se fera pas d’un coup de baguette magique, d’un claquement de doigt ou d’une belle formule, pleine de « front », de « populaire » ou de « citoyen ». Quelle que soit la proposition pratique, elle vaudra si elle s’insère dans un travail de long souffle. Il y a des patients combats idéologico-culturels à reprendre, pour nous sortir de l’obsession de l’identité, du conflit des civilisations ou de l’état de guerre. Il y a du travail de reformulation à construire pour donner un sens nouveau à des valeurs fondamentales, comme l’égalité, la dignité, la citoyenneté, la solidarité. Car ces valeurs ne devraient pas nourrir la nostalgie d’hier mais l’envie d’inventer un demain. Il y a du retissage à faire à partir des sociabilités existantes, qu’il faut comprendre avant de prétendre à les infléchir. Il y a de la reconstruction politique à expérimenter, en ne nous contentant pas de juxtaposer nos histoires et nos cultures. Nous avons réduit des conflits, raccordé des pratiques qui s’ignoraient depuis des décennies ; nous avons peu métissé. C’est dommage.

Je n’irai pas au-delà et j’ai envie de dire : je m’interdis de le faire. J’ai eu le sentiment à plusieurs reprises de « voir » les impasses dans lesquelles le mouvement critique s’est engagé. J’ai longtemps expliqué à mes camarades communistes qu’ils ne servaient pas le communisme en ayant peur de se refonder. J’ai lutté contre l’éparpillement de la gauche de gauche et contre sa difficulté à se renouveler culturellement. J’ai soutenu sans faillir le Front de gauche, malgré les limites que je percevais dans la manière dont il s’est forgé. Le communisme ne s’est pas refondé ; le pôle de radicalité ne s’est pas déployé ; le Front de gauche s’est englué. Communiste indécrottable, je ne regrette rien. Je déplore seulement que n’existe pas, dans notre espace, de lieu qui permette de chercher, de formuler des hypothèses, d’évaluer les choix, sans être surdéterminé par des enjeux de pouvoir ou d’influence immédiats.

Là n’est pourtant pas l’essentiel. En fait, ma génération a perdu sa force propulsive, définitivement. C’est à d’autres d’inventer, de formuler, d’expérimenter. Des gens comme moi peuvent à la limite servir de passeurs, de transmetteurs, d’agents de mise en garde. Mais le nouveau n’adviendra que des générations nouvelles. À elles de prendre la main.
Il est plus que temps.

Roger Martelli

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Communiqué du MRAP

Publié le 2 Décembre 2015 par Alternative Citoyenne de la Manche dans Régionales 2015

Communiqué du MRAP

Mouvement contre le Racisme et

pour l’Amitié entre les Peuples

Comité de la Manche

L’extrême droite se retourne toujours contre les couches populaires.

Même en Normandie, la victoire du Front National aux élections régionales est possible, les listes de rassemblement du Parti Socialiste, des Républicains et du Front National étant au coude à coude. Les électeurs doivent être bien conscients que le Front National, camouflé derrière le Rassemblement Bleu Marine, a pour matrice la vielle extrême droite. Nicolas Bay, sa tête de liste, cite comme exemple d’insoumission des Normands : la Chouannerie ! Bon nombre de ses candidats aux élections se livrent aux pires débordements racistes, tout particulièrement islamophobes.

L’histoire humaine nous enseigne que, jamais et nulle part dans le monde, l’extrême droite n’a apporté aux peuples le progrès social et économique. Toujours, quand elle prend le pouvoir, elle se retourne contre les couches populaires. Derrière une démagogie vaguement sociale, le Front National cache l’ultralibéralisme et une société inégalitaire. Dans la tradition réactionnaire, il porterait atteinte aux droits des femmes : IVG, planning familial…

S’il parvenait à gouverner, sa xénophobie, sa politique économique, sa volonté d’étouffer les syndicats et les associations de défense des droits de l’homme, déboucheraient immanquablement sur une grave crise morale et sur la spirale d’affrontements menaçant les institutions et la paix sociale.

Parce que le Front National est et restera fidèle à l’héritage de l’extrême droite, le Mrap appelle à un sursaut républicain lors des élections régionales en votant massivement pour les listes enracinées dans la démocratie, la République et défendant le vivre ensemble. La colère est mauvaise conseillère. Avant de s’abstenir ou de mettre un bulletin Front National dans l’isoloir le dimanche 6 décembre, pensons aux conséquences catastrophiques pour notre vie et pour notre région, si elle devait passer sous sa coupe.

A Saint-Lô le 30 novembre 2015

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