L'Alternative Citoyenne de la Manche s'inscrit dans une démarche politique nouvelle. Elle se fixe comme objectif de faire en sorte que la Gauche gagne et réussisse
Publié le 29 Mars 2018
par Alternative Citoyenne de la Manche
dansLuttes
Aux côtés et avec les cheminots, les éboueurs et les pilotes d’Air France seront en grève le 3 avril
Du haut de la planète Jupiter, Macron y croyait dur comme fer. Il suffisait d’attaquer le statut des nouveaux embauchés puis de sortir la rengaine des « privilégiés » pour gagner l’opinion publique et isoler les cheminots du reste du monde du travail. Pourtant, il semble que tout ne se déroule pas comme prévu pour le « dieu des dieux ». Après un premier camouflet ce 22 mars, sur fond de réactivation des luttes étudiantes, et de grève à Air France, un nouveau secteur entre dans la bagarre avec les cheminots, les travailleurs de la collecte et traitement des déchets avec un appel à une grève nationale illimitée à partir du 3 avril.
Attaque après attaque, Macron comptait sur un enchaînement des coups pour étourdir l’ennemi afin de lui imposer une première défaite de taille. Défaire les cheminots pour effacer le spectre de 1995 vise en définitive à faire un saut dans ses attaques, avec, entre autre, la casse du système de retraite. Cependant, la mobilisation réussie ce 22 mars a démontré, si cela était nécessaire, que le monde du travail et la jeunesse ne sont pas prêts à se laisser endormir et sont prêts au combat. Effectivement, cette première journée de mobilisation du 22 mars a été un premier tour de chauffe, notamment pour les cheminots, avec une présence massive et en grève, malgré le seul préavis déposé par Sud-Rail, puis par l’UNSA. En un certain sens, cette journée de grève et de manifestation, la plus massive depuis le début du quinquennat Macron, a permis de réchauffer les esprits et a permis de montrer que Jupiter a, certes, les pleins pouvoir mais n’est pas invincible, et loin de là. Malgré ces pleins pouvoirs, il est en train de dévoiler ses faiblesses , comme l’illustre les derniers chiffres de popularité de Macron, publiés le lendemain du 22 mars, au plus bas niveau depuis le début quinquennat
Ainsi, c’est sur fond de colère profonde, avec une base sociale qui s’effrite de plus en plus, que Macron compte infliger une défaite aux cheminots, et derrière à l’ensemble du monde du travail. Face à cette offensive globale d’un Jupiter qui pourrait s’avérer être aux pieds d’argiles, il y a bien une fenêtre de tir pour une riposte générale. D’autant que les raisons de la colère ne manquent pas. D’abord les ordonnances travail et ses plans de licenciements low cost, les conditions terribles de travail des employés dans les maisons de retraites et de soins, les attaques contre les fonctionnaires sur la journée de carence, le gel du point d’indice, les réformes dans l’Education, la mobilisation étudiante contre la Loi Vidal qui se réactive, notamment contre la répression, les attaques contre les retraités. Face à Macron qui est notre ennemi commun, il ne s’agit pas de « concerter », ni même de « négocier » comme l’affirment ouvertement les directions syndicales, y compris la CGT, mais il d’opposer une stratégie consciente et préparée pour commencer à faire converger autour d’une bataille commune contre Macron et ses contre-réformes.
C’est en ce sens que vont l’appel à une grève illimitée de la CGT du secteur de la collecte et du traitement des déchets à partir du 3 avril, date qui coïncide avec le début de la grève des syndicats de la SNCF, ou de l’intersyndicale d’Air France qui appelle à deux jours supplémentaires de grève, les 3 et 7 avril, en plus de celle du 30 mars, pour réclamer une hausse de salaires, face à la répression syndicale contre les militants combatifs comme c’est le cas de Gaël Quirante dont le licenciement a été autorisé par la ministre du Travail, ou encore la réactivation des luttes étudiantes notamment face à la répression, qu’elle soit de la police ou de l’extrême droite. L’ensemble de ces foyers de lutte sont des points d’appui qu’il s’agit d’organiser en une lutte commune, notamment au travers d’Assemblées Générales et de ses déclinaisons comme les AG interprofessionnelles ou des comités de grève, en œuvrant à construire des outils comme des caisses de grève pour donner aux travailleurs les moyens de prendre en main leur grève, et d’imposer leur stratégie, par la pression à la base, aux directions syndicales. En somme, c’est la seule façon de voir le vent tourner.
Publié le 28 Mars 2018
par Alternative Citoyenne de la Manche
dansLuttes, Santé
COLLECTIF DE MEDECINS
27 mars 2018 — A cette heure, aucun rdv n'a été proposé par le ministère pour garder cette dernière ligne de SMUR secondaire départementale malgré la question écrite déposée par Bertrand Sorre. Nous avons sollicité par oral et écrit, Mr Philippe BAS, sénateur et ancien ministre de la Santé, qui n'a pas répondu à notre requête pour l'instant. La communauté de communes de Granville et la mairie de Granville se sont engagées à voter une motion. Auront elles des effets sur le maintien de la sécurité sanitaire départementale ? Un rassemblement est prévu jeudi prochain à 15h à l'hôpital de Granville car le conseil de surveillance se réunit pour débattre entre autres de la question (composés de médecins, personnel paramédical,député, élus départementaux, maires, associations ufc que choisir, france alzheimer, ligue contre le cancer). Alors que la pétition ne fait que recueillir des signataires (plus de 2200 personnes du territoire), il semblerait que petit à petit, les gestionnaires de l'ARS et les élus se résolvent à prendre le risque du retard de la prise en charge des patients en cas d'urgence. Nous souhaitons que les élus du département unissent leur force pour arrêter cette décision arbitraire mettant en danger la population. L'association du comité des usagers devra elle encore, et ce, sans soutien financier, faire un recours devant le tribunal administratif ?
Publié le 28 Mars 2018
par Alternative Citoyenne de la Manche
dansPolitique
Se macroniser. Def : se rallier au futur gagnant. Ex : début 44, pétainistes et indécis se macronisent pour de Gaulle.
Se rallient à Macron : centristes de gauche, socialistes de droite, radicaux du centre, écolos de travers, hollandais de guingois... vallsistes déboussolés, chevènementistes égarés, gaullistes congelés, et autres girouettes scrofuleuses , une sorte de Cour des miracles, quoi !
Publié le 27 Mars 2018
par Alternative Citoyenne de la Manche
dansLuttes, Services publics
Le 21 Mars 2018 Madame, Monsieur,
Nous sommes à un tournant décisif concernant l'avenir de la SNCF comme service public intégré. En effet, après deux rapports qui s'inscrivent dans la réduction de l'offre ferroviaire et qui ont suivi un simulacre de concertation avec les assises de la mobilité, aujourd'hui, nous voilà confrontés à une volonté politique de passage en force par le gouvernement, en ayant recours aux ordonnances, pour décider de l'avenir d'une entreprise nationale. Cette entreprise, propriété de la nation, ne peut pas voir son avenir remis en cause par la volonté de quelques-uns. Elle mérite un tout autre débat, qui doit s’appuyer sur les progrès technologiques et une logique de réponse aux besoins de transport Fret et voyageurs. Preuve s'il en est, de ne pas donner à la communauté des élus et des citoyens le temps nécessaire pour établir un véritable projet qui intègre les enjeux de société en lien avec les besoins de déplacements des populations, l'attractivité des territoires, les conditions d'accès au transport pour tous et la dimension environnementale. Aspects que notre collectif citoyen a placés au cœur de ses actions. Mais il nous faut bien constater que depuis l'arrivée de Mr Morin à la Région de Normandie, de nombreuses décisions ont été prises sans consultation, telles les suppressions de trains TER, de personnel dans les gares et des guichets. En fait, une anticipation de la politique actuelle qui ne peut avoir que des conséquences fâcheuses pour les usagers et le développement des territoires.
Tout cela n'a été possible qu’avec le consentement de la direction de la SNCF qui préfère soutenir et renflouer le déficit annuel de 150 millions des cars OUIBUS depuis 3 ans plutôt que de développer de nouvelles offres tarifaires et de nouvelles circulations. Ce ne sont pas les seules conséquences des choix opérés par Mr Pépy depuis plus d'une décennie. Il a procédé à la séparation des activités au sein de la SNCF et le recours massif à la sous-traitance, conduisant ainsi à de nombreux dysfonctionnements comme à la gare de Paris-Montparnasse, entre autres. En rentrant dans la logique de gestion libérale lors de l'ouverture à la concurrence du FRET par la création de filiales concurrentes de FRET SNCF, il a précipité le déclin de cette activité. Mesures qui étaient censées relancer cette activité et dont le résultat, tous opérateurs confondus, s’est traduit par une chute de plus de 50 % du volume transporté. Depuis, ce sont près de 4 millions de camions supplémentaires qui ont envahi les routes. Et cela, malgré le Grenelle de l'environnement et les différentes COP qui ont fixé aux états de réaliser une baisse de 40% des gaz à effets de serre d’ici 2030. C’est plutôt mal parti ! Faut-il rappeler que Véolia faute de rentabilité a décidé du jour au lendemain d'abandonner son activité Fret et a laissé ses clients sans solution.
C'est dans la même logique du marché que le gouvernement envisage la transformation de la SNCF en société anonyme. Cela au moment où la SNCF affiche des résultats très positifs, 1,2 milliard et de 2,7 milliards pour SNCF Mobilités. Il s’agit de définir des secteurs très profitables pour ensuite attirer les actionnaires des multinationales du transport en vue de substantiels profits que financeront les usagers devenus ainsi des clients Malgré les propos rassurants du 1er ministre sur l'avenir des lignes, la logique comptable risque de l'emporter sur les besoins des populations.
On a déjà donné par le passé. Hier, les services qui étaient gratuits pour d'autres entreprises publiques sont devenus payants. Et dans tous les domaines, cela a entraîné des hausses exponentielles des tarifs et des suppressions massives d'effectifs. L'accès aux différents services est devenu plus difficile par le recours à la dématérialisation des documents. Que deviennent les 30 à 40 % de citoyens touchés par la fracture numérique ? Il en sera de même avec la fermeture des guichets dans nos gares. L'ouverture à la concurrence n'est pas une obligation en soi, comme le montre une lecture attentive du règlement européen : l’article 5, paragraphe 4, stipule que tout État peut confier et déléguer la gestion des transports ferroviaires à l'entreprise nationale de référence s'il en fait une priorité. Cette exception a d’ailleurs prévalu en ce sens lors de l'interdiction des OGM sur le territoire français. Comme on peut le constater, en ce qui concerne le réseau ferré, il s'agit bien d'une démarche dogmatique et idéologique de démanteler un service public pour le livrer aux appétits des multinationales du transport.
D'ailleurs dans une note interne, la société TRANSDEV ne cache pas ses vues pour capter des lignes ou des trains sur certaines régions. Elle ne cache pas que des contacts ont été établis avec la Normandie, et l’on comprend mieux la volonté de Mr Morin de vouloir vendre les trains Régiolis qui circulent sur Paris Granville tout en laissant d'autres possibilités pour les autres axes qui traversent notre région. Que deviendront alors l’atelier de Granville, les salariés et les dizaines de millions d’euros investis avec de l’argent public ?
Les suppressions de trains, de guichets et de postes dans les gares ne sont qu'une anticipation d'un projet beaucoup plus funeste pour brader certaines relations à l’exemple de la Relation Caen-Rennes qui va laisser de nombreux usagers à quai. Sa mise en cause impactera notamment les étudiants qui l’utilisent régulièrement alors même que des partenariats ont été signés entres les universités de Caen et de Rennes. Qui peut penser que les entreprises privées ne sont pas là pour faire du profit ? Ce qui signifie que les choix seront uniquement dictés en fonction de leurs intérêts économiques et non en fonction des besoins des usagers, et encore moins de l'aménagement du territoire. A moins que l'état et les régions soient prêts à les financer. De fait, c’est donner au privé ce qu'ils refusent à l'entreprise publique, comme cela s'est passé au Royaume Uni, pour un résultat aléatoire et très coûteux pour les deniers publics.
En réalité, aujourd'hui, la dette n'est pas un obstacle insurmontable, il s’agit d’un choix qui peut trouver une solution dans le temps, si la volonté politique est de s'en donner les moyens. Pour autant, de nombreux investissements doivent être réalisés, notamment l’électrification sur les lignes du sud Normandie. Mettre le réseau à niveau, cela commence par la remise en double voie sur Paris-Granville, et la mise à 160km/h des trois axes. Cela permettrait d’envisager des TGV vers Lyon au départ de Caen, une meilleure desserte du Mont St Michel, de gagner 30 minutes sur Paris-Granville et sur les relations connexes. De plus, la continuité de traction électrique permettrait de relancer l’Arc Atlantique en reliant les ports de la façade maritime pour le développement du FRET avec la possibilité du contournement par l’Ouest de Paris. Ainsi, le réseau sud Normandie retrouverait une réelle attractivité pour les voyageurs et les entreprises.
Face aux investissements routiers de ces 20 dernières années qui totalisent plusieurs dizaines de milliards, l’amélioration de ce réseau doit devenir une priorité au moment où les enjeux environnementaux obligent à avoir recours aux modes de déplacements les moins polluants. Les financements doivent être recherchés du côté européen. Il est nécessaire d'avoir recours à l'établissement d'un contrat de plan état/régions réellement dynamisant pour les territoires afin de construire des partenariats avec d'autres entreprises ayant une participation publique telle EDF, comme cela s'est fait pour la ligne Paris-Strasbourg. Comme de nombreuses grandes entreprises, la SNCF a bénéficié de 600 millions d’€ du CICE en trois ans tout en liquidant 6000 emplois. En ajoutant les 450 millions d’€ pour renflouer OUIBUS, c’est plus d’un milliard qui aurait pu être consacré à moderniser le réseau et réellement créer de l’emploi. Question de stratégie et de volonté politique ! Plutôt que de financer par le CICE les entreprises qui licencient, un plan d’investissements dans les infrastructures du même ordre (plus de 50 milliards) créerait de nombreux emplois et faciliterait le développement des territoires.
Dans le domaine des déplacements, il faut renforcer les relations avec le réseau TGV par Le Mans et Rennes pour donner accès aux usagers de notre région aux destinations sur toute la France et en partie au réseau européen sans passer par Paris. Cela nécessite de sortir des logiques d'axes et de reconstruire un véritable maillage de correspondances pour faciliter les déplacements à l'intérieur des régions, vers les régions limitrophes et les destinations nationales et européennes.
La question tarifaire doit être un enjeu clef de la reconquête du service public, car elle doit être placée au centre de toutes les mobilités et s'inspirer de la tarification pratiquée pour les TER en favorisant les modes les moins polluants. N'est-ce pas cette logique qui prévaut pour de nombreuses capitales régionales, de nombreuses agglomérations et départements ? Il faut aussi, trouver d’autres modes de financement et impliquer les bénéficiaires de ces investissements publics. Cela aurait aussi pour conséquence de limiter la consommation des terres et de rationaliser la gestion des espaces publics.
Tout cela n'est envisageable qu'avec la reconstruction d’une entreprise publique unique de transport qui gère l'organisation des circulations et administre l'ensemble du réseau. C’est la seule possibilité pour en revenir à la logique de la péréquation qui permet aux lignes excédentaires de couvrir les lignes à faible intensité et ainsi maintenir un maillage équilibré des territoires. Dans ce contexte, il faut également que les métiers de cheminots restent au cœur de la sûreté et la sécurité des circulations et des usagers. Aussi dans la période qui s'annonce particulièrement importante où des menaces pèsent sur l'avenir du service public, ce qui ne sera pas sans impacter l'avenir de nos villes et de nos basins de vie, nous vous appelons à réagir et à soutenir toutes les actions que nous allons mener pour défendre un outil ferroviaire garant de l'accès à tous et en tout lieu du territoire, qu’il s’agisse du sud Normandie ou du territoire national dans son ensemble
Pour le collectif citoyen des axes sud Normandie Philippe Denolle
Collectif citoyen de défense des axes ferroviaires du sud-Normandie defenseaxessudnormandie@gmail.com
Publié le 26 Mars 2018
par Alternative Citoyenne de la Manche
dansSociété
Les nouvelles méthodes de management se prétendent au service de l’épanouissement des salariés, de leur « savoir être » et de la « réalisation de soi » en entreprise. Danièle Linhart, spécialiste de l’évolution du travail et de l’emploi, démonte ces impostures et montre comment le management moderne s’inscrit dans la lignée du travail à la chaîne théorisé par Taylor et Ford pour toujours mieux asservir les salariés. Objectif : déposséder les travailleurs de leurs savoirs et de toute forme de pouvoir dans l’entreprise. « Le patronat ne veut surtout pas que la contestation massive qui s’est exprimée en 1968 ne se reproduise », explique-t-elle. Entretien.
Basta ! : L’histoire du travail salarié est celle, dîtes-vous, d’une dé-professionnalisation systématique des travailleurs. Taylor a initié cette dynamique avec son « organisation scientifique du travail » au 19ème siècle qui, loin d’être neutre, visait à contrôler les ouvriers. Comment cette dé-professionnalisation a-t-elle été imposée ?
Danièle Linhart [1] : Taylor avait identifié le fait qu’au sein des entreprises, le savoir, c’est aussi le pouvoir. Sa théorie : si on laisse entièrement le savoir aux ouvriers dans les ateliers, alors les employeurs sont privés du pouvoir. Ce qui, bien entendu, serait dommageable à la profitabilité des entreprises. A l’époque, c’est à dire à la fin du 19ème siècle, lorsqu’un capitaliste décide de monter une entreprise, il possède l’argent, mais pas la connaissance ni les savoir-faire. Pour produire, il fait donc appel à des ouvriers et des compagnons qui organisent eux mêmes le travail.
La grande invention organisationnelle de Taylor consiste à ce que la direction puisse réunir – et s’approprier – l’ensemble des connaissances détenues par les ouvriers, les classer, en faire la synthèse, puis en tirer des règles, des process, des prescriptions, des feuilles de route. Bref, in fine, à ce que la direction puisse dire aux ouvriers en quoi consiste leur travail. Il s’agit d’un transfert des savoirs et du pouvoir, des ateliers vers l’employeur, et d’une attaque en règle visant la professionnalisation des métiers.
Quelles sont les conséquences de ce processus ?
Cette réorganisation fait émerger de nouveaux professionnels, des ingénieurs et des techniciens. Ceux-ci ont une masse de connaissances et d’informations à gérer et à organiser, afin de mettre en place des prescriptions de travail, à partir des connaissances scientifiques de l’époque. On a donc pris l’habitude de présenter le taylorisme comme une organisation « scientifique » du travail, sachant qu’à partir du moment où la science décide, ce qui en ressort est nécessairement impartial et neutre.
C’est évidemment faux : l’organisation du travail proposée par Taylor, qui était consultant au service des directions d’entreprises, est profondément idéologique. Elle a systématiquement et sciemment dépossédé les ouvriers de ce qui fonde leur force, leur identité, et leur pouvoir : le métier et ses connaissances. L’objectif est d’installer une emprise sur les ouvriers, de façon à ce qu’ils ne travaillent pas en fonction de leurs valeurs et de leurs intérêts, mais en fonction de ce qui est bon pour les profits de l’entreprise et l’enrichissement de leur employeur.
Il semble pourtant décisif pour Taylor de faire apparaître cette dépossession comme juste et honnête. Henry Ford, qui instaure le travail à la chaîne quelques années plus tard, se présente lui aussi comme un bienfaiteur de l’humanité. Quels arguments avancent-ils pour convaincre l’opinion publique ?
Taylor a toujours prétendu se situer du côté du bien commun : il affirme avoir permis une augmentation de la productivité dont toute la nation américaine a profité, alors même qu’il préconise de répartir les énormes gains de productivité obtenus grâce à son organisation du travail de manière très inégalitaire : 70 % pour l’entreprise – c’est à dire pour les actionnaires – et 30 % pour les salariés. Il dit aussi avoir « démocratisé » le travail, en l’éloignant des syndicats de métiers. Selon lui, grâce aux prescriptions définies par la hiérarchie, n’importe quel paysan pourrait désormais devenir ouvrier. Il assume totalement le fait d’avoir dépossédé les ouvriers de leur travail. Et donc, d’une partie de leur dignité.
Quelques années plus tard, Ford se présente aussi comme un bienfaiteur de l’humanité, alors qu’il propose un système technique et organisationnel encore plus contraignant. Le travail à la chaîne, c’est un pas supplémentaire vers l’asservissement. Les salariés sont non seulement tenus par des prescriptions et feuilles de route produites par la direction et sur lesquelles ils n’ont pas de prise. Ils sont désormais tenus par le rythme – infernal – imposé par la chaîne. Ford disait : « Grâce à moi, tout le monde pourra avoir sa voiture. Je participe à la cohésion sociale, et c’est un progrès formidable. »
Pourtant, chez Ford, les ouvriers étaient exploités encore plus durement qu’au sein des autres usines...
Effectivement. Le rythme y était tel qu’ils étaient très nombreux à jeter leurs outils sur la chaîne, en assurant qu’il était impossible de travailler à de telles cadences. En 1913, plus de 1300 personnes par jour doivent être remplacées ! Le taux de rotation avoisine les 380 %, ce qui est trop élevé pour assurer la production et tirer les profits escomptés. Pour fixer les ouvriers, il décide alors d’augmenter les salaires, jusqu’à ce qu’ils restent. Résultat : les paies sont multipliées par 2,5. Ce qui est énorme pour l’époque, évidemment. Ford présente cette augmentation de salaire, mise en place pour faire supporter des conditions insupportables, comme un véritable progrès social. Il fait croire à un scénario « win win », comme disent les managers aujourd’hui : tout le monde serait gagnant, l’employeur comme les salariés.
Ford pousse la logique d’exploitation plus loin que Taylor. Y compris à l’extérieur de l’atelier. Il se préoccupe d’entretenir et de reproduire « la force de travail » jusque dans la vie quotidienne des ouvriers. Quelle forme cette stratégie prend-t-elle ?
Pour tenir le coup lorsqu’ils travaillent à la chaîne, les ouvriers doivent littéralement mener une vie d’ascète. Henry Ford créé un corps d’inspecteurs chargés d’aller vérifier qu’ils se nourrissent bien, qu’ils dorment correctement, qu’ils ne se dépensent pas inutilement, qu’ils ont un appartement bien aéré... Ford, qui était végétarien, propose même des menus à ses ouvriers. Il exerce une véritable intrusion dans la vie privée, officiellement pour le bien des salariés.
On retrouve le même discours dans le management du 21ème siècle, qui prétend répondre aux aspirations les plus profondes des salariés : « Vous allez être contents de travailler chez nous. Vous verrez, nous allons vous faire grandir. » Il faut avoir du courage, être audacieux. Entretenir son corps. Dans certains bureaux, on peut désormais travailler sur ordinateur tout en marchant, grâce à des tapis roulant ! Les DRH parlent de bienveillance et de bonheur, comme Ford le faisait avec ses inspecteurs. La volonté de prise en charge de la vie des salariés perdure.
Comment se manifeste cette intrusion, dans l’entreprise du 21ème siècle ?
On leur propose par exemple des massages, de la méditation, des activités destinées à créer des relations avec leurs collègues. Certaines entreprises distribuent des bracelets pour que les salariés puissent comptabiliser leurs heures de sommeil. C’est très intrusif. L’organisation moderne du travail est un perfectionnement des méthodes de Taylor et de Ford : les directions s’occupent de tout, tandis que les salariés s’engagent totalement pour leur entreprise, avec l’esprit « libéré ».
Il s’agit toujours de faire croire aux salariés que cela est réalisé l’est pour leur bien. La logique du profit, la rationalité capitaliste deviennent l’opportunité pour les salariés de faire l’expérience de leur dimension spécifiquement humaine. D’ailleurs, les qualités qui leur sont demandées relèvent de dimensions qui vont au delà du professionnel : il s’agit de l’aptitude au bonheur, du besoin de se découvrir, de la capacité à faire confiance, à mobiliser son intuition, son sens de l’adaptation, à faire preuve de caractère, d’audace et de flexibilité…. La notion de « savoir être » est d’ailleurs devenue l’un des axes forts de la nouvelle gestion des salariés préconisée par le Medef.
La dépossession professionnelle mise en place par Taylor plonge les salariés dans un état de soumission et de dépendance hiérarchique inouï pour l’époque, dîtes-vous. Le management contemporain impose-t-il la même chose ?
Avec le taylorisme, les salariés ne peuvent plus travailler sans les préconisations de leurs supérieurs, comme les gammes opératoires, les délais alloués... On retrouve cela dans le management actuel, bien entendu, puisque le travail reste défini par les directions, assistées de cabinet de conseils qui élaborent des procédures, des protocoles, des « bonnes pratiques », des méthodologies, des process… Les salariés n’ont aucune prise sur cette définition. La dictature du changement perpétuel accentue même cette dépendance. Dans toutes les entreprises – que ce soit dans l’industrie ou dans les services – on change régulièrement les logiciels, on recompose les services et départements, on redéfinit les métiers , on organise des déménagements, on externalise, puis on ré-internalise... Ce faisant on rend les connaissances et l’expérience obsolètes. On arrive même à transformer de bons professionnels en apprentis à vie ! Les gens sont perdus.
Les salariés le disent d’ailleurs de manière très explicite : « Je ne sais plus où je suis dans l’organigramme. Je ne sais pas de qui je dépends. » Ils sont totalement déstabilisés, se sentent en permanence sur le fil du rasoir et se rabattent sur les procédures et les méthodes standard, comme sur une bouée de sauvetage. Mais ces procédures et méthodes standard ne sont définies et maîtrisées que par les directions… Les salariés se retrouvent en proie à des doutes terribles. Ils se sentent impuissants, incompétents. Ils sont obligés de mendier des aides techniques. Leur image de soi est altérée. Ils ont peur de la faute, de faire courir des risques à autrui. Ces méthodes les jettent dans une profond sentiment d’insécurité.
Face à cette exigence du changement permanent, les anciens apparaissent comme embarrassants. Vous expliquez que leur expérience est disqualifiée et leur expertise oubliée. Comment cette disqualification se met-elle en place ?
Il faut éviter, quand on est manager, d’avoir des gens capables d’opposer un autre point de vue en s’appuyant sur les connaissances issues d’un métier ou de leur expérience. Si un salarié revendique des connaissances et exige qu’on le laisse faire, c’est un cauchemar pour une direction. Or, les seniors sont les gardiens de l’expérience, ils sont la mémoire du passé. Ça ne colle pas avec l’obligation d’oublier et de changer sans cesse. Il y a donc une véritable disqualification des anciens. On véhicule l’idée qu’ils sont dépassés, et qu’il faut les remplacer.
Il s’agit en fait de déposséder les salariés de leur légitimité à contester et à vouloir peser sur leur travail, sa définition et son organisation. L’attaque contre les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) se situe dans cette même idéologie de dépossession. Ils constituaient en effet des lieux de constitution de savoirs experts opposables au savoir des directions. Les seuls savoirs experts qui doivent désormais « légitimement » exister sont ceux portés par les équipes dirigeantes où se trouvent des gens issus des grandes écoles, secondés par des cabinets de consulting internationaux.
La destruction des collectifs de travail, et le développement de l’individualisation dans la gestion des « ressources humaines », s’inscrivent-ils dans cette même ligne idéologique ?
Évidemment. C’est particulièrement vrai en France où l’individualisation systématique de la gestion des salariés a été enclenchée par le patronat au milieu des années 1970, avec toujours cette excuse officielle de la prise en compte des aspirations profondes des salariés et de leur besoin d’autonomie. Cela s’est fait en réaction aux mobilisations de 1968. Il y a eu du côté du patronat une peur très forte de la capacité de contestation massive qui s’est exprimée en 1968, sous la forme de trois semaines de grève générale avec une occupation des usines. Ce moment a été d’une violence inouï pour les chefs d’entreprise qui ne veulent surtout pas que cela se reproduise.
Depuis, tout a été mis en place pour individualiser la relation entre les entreprises et les salariés, et la relation de chacun à son travail. On a instauré des primes et des augmentations de salaire individualisées, ainsi que des entretiens individuels qui mettent le salarié seul face à son employeur pour définir des objectifs individuels – assiduité, disponibilité, qualité de la coopération avec les autres, attention aux ordres, implication, augmentation de la productivité, et j’en passe...
Il y a une mise en concurrence systématique des salariés entre eux, qui auront en retour tendance à se méfier des autres, considérés comme responsables d’une situation générale défavorable. Sans le recours possible aux autres, sans leur complicité et leur aide, voire en concurrence avec eux, les salariés auront à affronter seuls les pénibilités, la dureté de ce qui se joue au travail. Le travail n’est plus une expérience socialisatrice, il devient une expérience solitaire. L’équation « à travail égal salaire égal » est terminée. À des postes semblables, on retrouve désormais des gens qui ont des formations différentes, des statuts différents, des salaires différents. Il n’y a plus cette logique collective reliée au fait que l’on subit les mêmes conditions.
Vous ajoutez que, en mettant en avant les « aspirations » profondes des salariés, qui iraient supposément dans le même sens que les besoins de l’entreprise, on met de côté l’enjeu politique que recèle le travail. En quoi cette mise de côté, qui a commencé avec l’avènement du taylorisme, persiste-elle aujourd’hui ?
Avec son organisation « scientifique » du travail, Taylor prétendait éradiquer toute une partie de la réalité, à savoir l’existence d’intérêts divergents entre salariés et patrons, l’existence de rapports de force, et la nécessité pour les ouvriers de disposer de contre-pouvoirs afin d’échapper à la domination et de faire valoir leurs intérêts. « Mon but unique, disait-il, est d’en finir avec la lutte stérile qui oppose patron et ouvriers, d’essayer d’en faire des alliés. » On est dans la dictature du consensus.
En France, à partir des années 1980, on s’est mis à parler de consensus dans l’entreprise, avec l’idée de la « pacifier ». Il faut « créer une communauté » et que tout le monde se sente solidaire, rame dans le même sens. Il s’agit là d’une escroquerie idéologique, puisqu’il est évident que les salariés ont des intérêts à défendre, qui divergent de ceux des employeurs : la prise en compte de leur santé, la préservation de leur temps de vie privée, le fait de travailler dans des conditions qui correspondent à leurs valeurs et à leur éthique. Aujourd’hui, on tente d’effacer l’idée même du conflit. Toute idée de controverse, de contradiction, d’ambivalence est désormais disqualifiée. Il s’agit, là encore, de discréditer l’idée même de contestation et d’opposition, voire de la supprimer.
Les nouvelles méthodes de management qui se déversent dans les entreprises ne se fondent pas sur une logique innovante, mais sur une application stricte et exacerbées du taylorisme. Chacun doit faire usage de lui-même selon des prescriptions édictées par les directions. Le « Lean management » [littéralement gestion « maigre », souvent traduit par gestion « au plus juste », ndlr], qui sévit de l’hôpital aux usines, a cette ambition : faire toujours mieux avec moins en utilisant des procédures et des protocoles pensés en dehors de la réalité du travail. On demande un engagement personnel maximal, avec la menace permanente de l’évaluation, dans un contexte où la peur du chômage pèse lourd. Tout cela crée beaucoup de souffrances. Qui persistent durant la vie hors travail, entravant le repos, la détente, les loisirs, en occupant sans cesse l’esprit.
Cet « enfer », dîtes vous, est très difficile à critiquer, notamment à cause de la théorie du changement incessant, pourquoi ?
Dans le management moderne, la critique est par définition archaïque. On vous oppose le fait que vous ne comprenez pas, que tout change sans cesse. Les gens qui n’adhèrent pas sont considérés comme étant dépassés. Ou bien comme des lâches qui n’acceptent pas de se remettre en question, de prendre des risques. D’ailleurs, le modèle militaire est très inspirant pour les managers. Des hauts gradés sont régulièrement invités dans leurs colloques et formations.
Mais l’archaïsme aujourd’hui, à mon sens, réside au contraire dans le modèle de subordination du salariat. Les citoyens ont une ouverture d’esprit, des compétences et un niveau d’information qui se sont démultipliés ces dernières années. Pourtant, aujourd’hui comme hier, dès que vous mettez les pieds dans l’entreprise, vous devenez assujetti d’office à la direction. Les syndicats ne semblent pas vouloir se risquer à remettre en question ce rapport de subordination, parce qu’ils ont intériorisé l’idée que c’est lui qui oblige les employeurs à respecter les droits, les protections et les garanties arrachés au cours des luttes. Mais, devrait-on objecter, si les salariés ont des droits c’est parce qu’ils travaillent, et que cela présente des risques. Il y a là une déconstruction à faire : il ne s’agit pas de remettre en cause le salariat, bien au contraire, mais d’exiger des droits et protections plus forts encore tout en revendiquant la suppression du lien de subordination qui est une entrave insupportable et injustifiée, qui étouffe la qualité, l’efficacité et la créativité du travail.
Publié le 26 Mars 2018
par Alternative Citoyenne de la Manche
dansLuttes, Services publics
Déclaration unitaire
Alternative Libertaire (AL) ; EELV ; Ensemble ; Gauche Démocratique et sociale (GDS) ; Géneration.s, ;Groupe Parlementaire FI, NPA ; Nouvelle Donne, PCF ; PCOF ; Parti de Gauche (PG), République et socialisme
Voilà des années que les gouvernements successifs ont fait le choix de la privatisation des transports contre le climat, l'égalité et le social : sous-investissent dans le rail et investissement massif vers autoroutes et autocars, privatisés qui favorisent notamment l’explosion du trafic de marchandises par poids lourds.
Depuis 1997 et la création de RFF, la SNCF est toujours plus segmentée, pour casser le corps social cheminot et poursuivre les privatisations préconisées par les « directives » européennes. Aujourd’hui Macron pousse au bout la logique, de l’éclatement de la SNCF. Partout en Europe, les recettes qu’il veut appliquer produisent la disparition de lignes, l’explosion des prix, la vétusté des installations et des trains, la disparition du fret. C'est toute la population qui paie triplement l'addition : financièrement, par l'inégalité territoriale induite et par sa santé altérée par la pollution générée.
Après 20 ans d'une libéralisation amplifiée, l'empilement des directives européennes poussant dans ce sens, Macron propose d’achever le service public ferroviaire par ordonnances avec des conséquences dramatiques pour les usagers et l’aménagement des territoires. Pour y arriver, Il accable les cheminot•tes, les faisant passer pour des privilégié.es qui, comme les retraité.es, les étudiant.es ou les chômeurs.ses, ruineraient la France. La réalité est tout autre : ils et elles se battent pour sauver l'emploi des générations qui viennent.
Le train n’est pas qu’un moyen de locomotion, c’est un service public, un outil essentiel à la transition écologique et il est insupportable qu’il puisse s’arrêter aux portes des grandes métropoles. La bataille du service public ferroviaire est d’abord une bataille pour l’égalité.
Face à ce gouvernement, qui veut parachever la transformation d’un service public censé être guidé par l’intérêt général en une entreprise du CAC 40, , les cheminots et les cheminotes ne sont comptables de rien. Pas plus que les étudiant.es qui perdent une partie de leurs APL, les retraité.es qui voient la CSG augmenter, les personnels de soins, les enseignant.es, les chômeurs.ses ou l'ensemble des fonctionnaires. Pas plus que les migrant.es qui subissent une politique indigne.
Macron et Philippe veulent en faire des bouc-émissaire ? Nous affirmons collectivement qu’ils et elles sont les victimes des politiques libérales menées depuis tant d’années, qui expliquent la montée de l'extrême droite partout en Europe.
Ils nous veulent désunis ? Nous répondons que nous serons dans la rue le 22 mars pour défendre l’accès au service public, à commencer par le ferroviaire, les cheminot-e-s, mais aussi l’ensemble des fonctionnaires et l’intérêt des usager-e-s.
Publié le 23 Mars 2018
par Alternative Citoyenne de la Manche
dansLuttes, Santé
Le député Sébastien Jumel est venu écouter les Granvillais. | Fabien Jouatel
Le député de la Seine-Maritime, Sébastien Jumel, est venu écouter les doléances des Granvillais sur les problématiques de santé, ce jeudi 22 mars 2018. L’avenir de l’hôpital de Granville (Manche) était bien sûr au centre des préoccupations.
Avec plusieurs de ses collègues députés, Sébastien Jumel, rattaché au groupe de la gauche démocrate et républicaine, a entreprisun tour de France des hôpitaux, avec un passage par celui de Granville (Manche), jeudi 22 mars 2018.
L’ancien maire de Dieppe a ensuite rencontré les habitants pour évoquer les questions de santé, et notamment l’avenir de l’hôpital de Granville, dont la direction a annoncé la fermeture de la ligne secondaire du Service mobile d’urgence et de réanimation (Smur) à compter de début avril. Une centaine de personnes a répondu à l’appel, salle Saint-Nicolas, ce jeudi matin.
Rapidement, les inquiétudes se sont fait entendre. « Le problème, c’est qu’on considère l’hôpital public comme une entreprise », explique Anny, dans le public. « Énormément de médecins généralistes préconisent un recours aux cliniques privées. » Un hôpital n’a pas « à faire de bénéfice », de même que « l’Éducation nationale ». Il en va ainsi « pour tous les services publics, qui doivent être défendus ».
À terme, deux grands hôpitaux dans la Manche ?
Yannick, ancien salarié de l’hôpital, explique qu’on ne doit pas « se focaliser uniquement sur l’aspect financier ». Il rappelle qu’au début des années 90, « on avait deux hôpitaux déficitaires, Avranches et Granville. On a pensé qu’en les fusionnant, on allait sortir la tête de l’eau. On voit ce qu’il en est, aujourd’hui… »
Pour cet ancien syndicaliste, qui se base sur plusieurs rapports de la Cour régionale des comptes, les responsables successifs « ont organisé la pénurie de praticiens », obligeant ainsi les services à fermer. L’avenir n’augure rien de bon pour Yannick, qui voit à terme « deux grands hôpitaux dans la Manche, Cherbourg et Saint-Lô. Le privé n’aura aucun mal à venir s’implanter. »
Frédérique Sarazin, médecin libérale, a rappelé les contraintes du département de 500 000 habitants et son sous-équipement, « avec aucun plateau de coronarographie dans la Manche et bientôt sans Smur secondaire ». Une disparité des soins « qui n’est pas équitable selon elle ».
Redonner la parole aux soignants
« On a donné un pouvoir énorme aux technocrates », explique Thierry Pontais. Ce médecin hospitalier aimerait « un retour à la parole des soignants. Les problématiques existent, comme celle du Smur secondaire. Elles sont balayées d’un revers de main. On est dans l’arbitraire total, qui mène à une maltraitance des soignants, puis des patients. »
Sébastien Jumel, à l’écoute, préconise plusieurs pistes comme « former plus de médecins et les mettre là où il y a des besoins sur le territoire ».
« L’Agence régionale de santé doit établir prochainement son schéma régional de santé », poursuit le député, qui, après avoir écouté Dominique Baudry, maire de Granville, souhaite bâtir un projet médical partagé avec les élus sur le territoire. « Il faut être force de proposition, venir avec vos revendications. » Si rien n’est fait, « assurément, l’hôpital de Granville pourrait être transformé en Ehpad » (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes).
C’est la photo de famille que toute la gauche attendait. Certes, il y avait de notables absents — Jean-Luc Mélenchon a fait savoir qu’il était « soumis à son agenda parlementaire » et Benoît Hamon assistait à un hommage à Henri Emmanuelli, un an après sa mort —, mais toutes les formations à gauche du Parti socialiste (qui n’a pas été convié) étaient représentées, mercredi 21 mars lors d’une conférence de presse en soutien à la mobilisation des cheminots et de la fonction publique du 22 mars. Ce rendez-vous faisait suite à la « déclaration unitaire »contre les réformes d’Emmanuel Macron,réunissant douze formations (d’Alternative libertaire à Génération·s en passant, entre autres, par le groupe parlementaire de La France insoumise, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), le Parti communiste français (PCF) et Europe Ecologie-Les Verts (EELV)).
Lancé par Olivier Besancenot il y a une dizaine de jours, ce « front commun » se veut une « étape » pour dire aux salariés mobilisés qu’ils ne sont « pas seuls ». « Ce qui nous rassemble, ce sont nos positions communes pour la défense des services publics. Nous devons déjouer tous les mensonges, notamment sur le coup du statut des cheminots », a ainsi lancé M. Besancenot. Qui ajoute : « Nous avons besoin de ce sursaut. Ça fait du bien de se retrouver. »
Tous les représentants des formations politiques étaient d’accord pour louer cette initiative. Pour Pierre Laurent, secrétaire national du PCF : « L’unité montre que l’on s’engage dans une bataille contre la politique d’inégalités de Macron, qui est le président des riches et un président autoritaire. »
« Il veut nous isoler »
Si M. Mélenchon était absent, La France insoumise (LFI) était à la fois représentée dans sa composante parlementaire par Ugo Bernalicis, député du Nord, et pour le Parti de gauche, par Sarah Legrain. Mme Legrain en a profité pour rappeler que le 22 mars était une « bataille d’intérêt général contre une offensive contre tous les secteurs garantissant l’égalité dans la société ». M. Bernalicis, quant à lui, a affirmé qu’il était « évident » que toute la gauche fût réunie pour le 22 mars. Il a aussi rappelé la proposition de Jean-Luc Mélenchon de prévoir une journée d’action plus large, « un week-end, pour que tous ceux qui ont des difficultés pour se mobiliser, puissent dire haut et fort qu’ils défendent les services publics. »
L’initiative de M. Besancenot a été diversement appréciée chez les « insoumis ». Nombreux sont ceux qui considèrent cela comme une manœuvre de la part du communiste révolutionnaire, à la fois pour remettre en avant un NPA en perte de vitesse, mais aussi pour « cornérisé » M. Mélenchon, l’obligeant à souscrire à une stratégie de front commun qu’il estime dépassée. « Ils veulent nous isoler », résume un cadre du mouvement. Certains y voient également une manœuvre de la part de Benoît Hamon pour reprendre le commandement à gauche.
« Coalition de projets »
L’ancien socialiste et son mouvement, Génération·s, sont, en effet, les premiers à louer l’unité retrouvée de la gauche. « On peut avoir des débats, des divergences, mais face [au gouvernement], il faut l’unité. C’est ce qui nous a manqué lors du mouvement contre les ordonnances Macron », a ainsi déclaré Pascal Cherki, un proche de M. Hamon, mercredi matin. Il ajoute : « Je tiens à remercier Olivier Besancenot, qui a été notre lanceur d’alerte et qui a permis que nous soyons rassemblés. »
Des félicitations répétées par David Cormand, secrétaire national d’EELV. Ce dernier souhaite par ailleurs que « cette coalition de rejet » devienne une « coalition de projets », autour notamment de la sanctuarisation des petites lignes ferroviaires, de la réouverture des trains de nuit ou encore de la renationalisation des autoroutes.
Contrairement à ce qui a été énoncé par la direction du centre hospitalier AVRANCHES GRANVILLE, nous confirmons que le transport infirmier inter hospitalier dit TTIH n'existe toujours pas à l'hôpital d'Avranches-Granville. Il existe par contre dans les autres hôpitaux (Saint lLô et Cherbourg où un poste infirmier des urgences a été détourné vers cette mission ce qui par ailleurs, déshabille le service des urgences de Cherbourg qui est débordé ces derniers temps (cf reportage France 3)). N'ayant pas de plateaux techniques dans le département, cette solution dégradée ne résout bien sûr toujours pas le problème des patients nécessitant une médicalisation avec réanimation en chemin. Nous nous demandons comment l'administration compte faire pour emmener les patients dans les CHU si cette ligne de SMUR est supprimée, à moins de déshabiller pendant 3 à 4 heures un territoire de son service SMUR de garde...
Hier, la mobilisation au CHAG a rassemblé élus, citoyens, usagers, médecins. Malgré cela, l'administration fait sourde oreille. Cet évènement mobilise et il existe déjà une vingtaine d'articles de journaux dont des journaux nationaux médicaux. Le directeur ne venant pas à l'encontre des manifestants, les 150 citoyens sont allés directement s'exprimer en réunion de CTE (comité technique d’établissement). De plus, une pétition en ligne a réuni plus de 2000 signatures du territoire :pétition en ligne
Les médias ont été sensibles aux arguments d'indisponibilité de smur de parfois 4h mais aussi au fait que nous sommes le seul département de cette taille (500 000 hbts) dans ce cas (pas de plateaux de coronarographie (nb : 2 plateaux de coro en Charente maritime, 5 dans le calvados pour 650 000 hbts), pas de neurochirurgie, pas de chirurgie infantile, pas de smur 2 dans 10 jours si rien ne s'y oppose). Nous sommes également une des seules unités urbaines de France de cette taille (la 2 ème du département de la Manche, 60 000 hbts de Bréhal à Carolles) bientôt sans hôpital ni clinique ni urgences la nuit, mettant en danger les populations et notamment, les plus précaires. En effet, lors de leur rencontre à l'ARS avec le député Bertrand Sorre, le directeur du CHAG a clairement énoncé qu'il souhaitait fermer les urgences de Granville la nuit alors que la population vieillit, grossit notamment lors des périodes de vacances scolaires et qu'il s'agit d'une population semi-urbaine sans moyens de locomotion systématiques. Si le SMUR disparait, Il va falloir "bidouiller" des formules insatisfaisantes en terme de soins qui ne sont pas du tout attractives pour les jeunes médecins qui souhaiteraient venir travailler ici ! On constate ainsi une médecine à 2 vitesses (et en terme d'urgence, ce peut être fatal) qui s'installe progressivement et inexorablement sur le territoire.. Le ministère sera t'il à l'écoute de ses élus ? Le député Bertrand SORRE a demandé un rdv au ministère de la Santé et a écrit une question à l'assemblée nationale. .avis B.Sorre
Concernant les surcouts :
Des raisons financières ont été principalement évoquées par Mr LEROUGE, directeur des soins. La rapidité d'exécution des soins urgents n'est donc plus une priorité. Cependant, l'hôpital en faisant appel de la décision du tribunal administratif a déboursé une somme conséquente. Appel onéreux en frais d'avocat notamment en appel mais qui ne sert strictement à rien puisqu'il souhaite reprendre la même décision qui sera à nouveau de la même façon contestée par l'association..De plus, il est quasiment sur de perdre en appel puisqu'il n'a pas respecté les formes de procédure administrative et que le tribunal administratif n'a pas statué sur le fond puisque la forme n'y était pas. Que doit on penser de l'argent public ainsi dépensé ? Enfin, le 19 mars, il semblerait qu'une ambulance privée (avec les surcouts que ça implique) ait été utilisée pour transporter un secondaire d'Avranches alors que le smur secondaire n'est pas fermé. La raison invoquée était que le smur secondaire refusait de faire ce transport ce qui était faux (d’après l'urgentiste de garde). Que doit on encore en conclure ?
Concernant le manque de recrutement médical :
Hier, le personnel des urgences a fait remarquer que l'équipe d'urgentistes d'Avranches était désormais au complet même dans les SMUR. Celle de Granville n'est toujours pas aux normes..(il faudrait un médecin un ide un chauffeur)qu'en penser ? pourquoi les citoyens de Granville n'ont pas le droit d'être soignés avec la même qualité ?...Le directeur du CHAG évoque des problèmes de recrutement médical mais il n'y a toujours pas de poste d'urgentiste à Granville proposé sur le site de la FHF....Un médecin urgentiste qui habite st pair sur mer, travaillant à St Lô a postulé pour les urgences de Granville mais n'a toujours pas été contacté depuis 2 mois par la direction du CHAG. Que doit on en conclure ? Doit il faire de l’intérim pour y travailler ?
Hier, le comité technique d'établissement a émis un avis défavorable à la fermeture de ce service indispensable à des soins urgents médicaux de qualité répondant au progrès médical exigibles en 2018. Souhaitons qu'il en soit de même pour les autres avis (CME fin mars, COPS ?).
La décision finale se fera par le directoire, après examen démocratique des avis des différents commissions consultatives. composition du directoire du CHAG :.
Bien cordialement,
Le collectif de médecins de la Manche
ci joint le lien vers la vidéo de France 3 à partir de 4mn (avant, il s'agit de l’hôpital de Cherbourg, 1ère unité urbaine en "tension " aussi) :journal 19-20 20 mars