L'Alternative Citoyenne de la Manche s'inscrit dans une démarche politique nouvelle. Elle se fixe comme objectif de faire en sorte que la Gauche gagne et réussisse
Publié le 29 Juin 2018
par Alternative Citoyenne de la Manche
collecte de fonds / rassemblement demain midi avec le Dr PELLOUX Patrick
A ce jour, le résultat de la collecte, envoyée aux 2500 pétitionnaires pour continuer les démarches devant le tribunal administratif pour sauver le dernier SMUR departemental de la Manche est de 180 euros. Nous vous rappelons que les dons sont déductibles des impots à 66%. Même une petite somme est utile à l'association. Nous vous laisserons en fin de message l'adresse du trésorier de l'association si vous préférez adresser un chèque (à l'ordre du comité des usagers). Il sera compliqué de continuer les démarches si la collecte n'est pas plus importante, d'autant que le conseil municipal de Granville n'a pas souhaité pour l'instant donner de subventions à l'association. Le conseil communautaire Granville Terre Mer n'a pas encore répondu à la demande de subvention. Il s'agit pourtant bien de problématique d'attractivité du territoire si le SMUR devient de plus en plus absent et le service des urgences fermés (ce qui risque d'arriver si nous n'avons pas de geste politique fort).
D'autre part, le Dr Patrick PELLOUX de l'association de médecins urgentistes de France a annoncé qu'il viendrait soutenir demain nos rassemblements. Il sera à Granville à midi cours Jonville. Nous vous attendons nombreux !
Le conseil régional a voté CONTRE le dernier plan régional santé (PRS 2018-2023) prévu par l'ARS (qui supprime 4 SMUR et 3 services des urgences sur 7 dans le département). Nous vous faisons suivre l'intervention de Celine BRULIN, conseillère haute-normande qui était venue visiter les différents hôpitaux de la Manche, auprès de la directrice de l'ARS. Elle parle du SMUR secondaire de la Manche à partir de 9 minutes, et valognes à 11 minutes.
Projet portuaire concocté par la Municipalité et le Département. Voici le nouveau projet portuaire de la ville de Granville.
Il est tout sauf portuaire, il oublie les pêcheurs, il détruit le fret, il vide la ville de son casino, de son cinéma, de ses commerces et il oublie les vents d'ouest... Quand le département a refusé de laisser la gestion des ports à la Région nous ne savions pas pourquoi. Désormais nous savons : le Département est un promoteur immobilier que le développement des activités portuaires laisse totalement indifférent.
Après son discours aux évêques de France, en avril, le président de la République est reçu aujourd’hui au Vatican. Cette rencontre prend un relief particulier pour le chef de l’État, soucieux de nouer un lien fort avec l’électorat catholique.
La rencontre ce mardi entre le pape et Emmanuel Macron, officialisée la semaine dernière, sera doublée d’un épisode peut-être moins médiatique que l’audience papale, mais tout aussi important aux yeux du chef de l’État, qui n’a de cesse de renouer avec les catholiques. Le président de la République sera fait premier et unique chanoine honoraire de la basilique Saint-Jean-de-Latran, cette « cathédrale du pape » qui marque pour les chrétiens la France comme « fille aînée de l’Église ». La tradition commencée depuis Louis XI sied parfaitement à un Macron soucieux d’inscrire le pays dans cette longue histoire – et de s’en faire l’héritier naturel. Ce matin, il assistera à une célébration liturgique, comprenant une prière et la lecture d’un texte biblique, avant de prendre possession de sa stalle (virtuelle) dans la chapelle Colonna. Il rencontrera ensuite la communauté catholique française réunie dans le palais attenant à Latran.
Si son prédécesseur François Hollande n’avait pas formellement refusé le titre, proposé à chaque président de la République, il n’en avait pas formellement pris possession, tout comme Georges Pompidou et François Mitterrand.
Sollicité par le chapitre de Latran en novembre 2017, Emmanuel Macron avait répondu par la positive dans une lettre, en laissant entendre qu’il viendrait prendre possession de son titre lors d’un prochain déplacement à Rome. Le président a cependant attendu un an avant de sacrifier à la tradition, tandis que Nicolas Sarkozy, catholique revendiqué, l’avait fait six mois après son entrée en fonction. C’est à cette occasion d’ailleurs que l’ancien président de la République avait suscité la polémique en tenant des propos très peu laïcs, exprimant entre autres que « un homme qui croit, c’est un homme qui espère. Et l’intérêt de la République, c’est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent », ou que « dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur ». Pour Emmanuel Macron, après son discours appuyé envers les catholiques devant les évêques de France réunis le 9 avril dernier, nul doute que le décorum et la solennité de la basilique romaine, siège de l’évêché de Rome, servent son dessein de resserrer le « lien abîmé » entre l’Église et l’État, selon lui, et « qu’il nous importe à vous comme à moi de le réparer », avait-il lâché, suscitant la polémique.
le titre de chanoine rompt avec la neutralité du statut de président
Ce souci est évident sur les questions sociétales. Le chef d’État s’est ainsi fait plus conservateur que le candidat. Emmanuel Macron, qui durant la campagne avait qualifié de « discrimination intolérable » l’interdiction faite aux couples lesbiens et aux femmes célibataires d’accéder à la PMA, s’est fait depuis muet en public sur la question, demandant au préalable de disposer du rapport du Comité national d’éthique avant toute décision politique. C’est chose faite depuis un an tout juste, quand le CCNE rendait le 27 juin 2017 un avis prudemment positif sur la PMA, tout en soulignant qu’il avait été acquis par les deux tiers des membres, au terme d’un débat difficile. Le rapport de synthèse publié début juin nuance toutefois cet avis. Reste qu’une cinquantaine de députés de sa majorité ont publié fin mai une tribune pour lui rappeler que la PMA est « un acte d’égalité ». Le Défenseur des droits et le Haut Conseil à l’égalité sont sur la même ligne, l’opinion également. Pourtant, Emmanuel Macron évite encore le sujet, et fera face à un pape François qui, dans la lignée de ses prédécesseurs, proscrit l’insémination artificielle, même intraconjugale, et toute forme de fécondation in vitro, tandis que la GPA est vue par les évêques français comme « une forme de traite d’êtres humains ».
Si lui-même considère la foi comme devant relever de l’intime, il n’oublie pas sa période « mystique », comme il l’affirmait dans un entretien à l’Obs en février 2017, racontant avoir demandé, à l’âge de 12 ans, à être baptisé. Il parle volontiers de la « transcendance » du pouvoir, ainsi qu’il l’écrivait dans son livre Révolution en 2016 : « Un président (…) porte aussi, de manière moins visible, tout ce qui dans l’État transcende la politique. » Anticipant les potentielles critiques sur une nouvelle atteinte à la laïcité, l’Élysée a insisté sur le fait que cette cérémonie n’aurait « aucune dimension spirituelle mais une signification honorifique et historique ». « Chanoine n’est pas un titre religieux mais laïc (...) il n’y a pas d’enjeu de laïcité », explique son entourage. Pourtant, accepter le titre de chanoine rompt avec la neutralité que devrait s’imposer un président de la République française, estime au contraire François Cocq, coauteur du livre la Laïcité pour 2017 et au-delà, de l’insoumission à l’émancipation. Pour le président de l’Association pour la gauche républicaine et sociale, « si la France n’a pas à renoncer à son Histoire, la République n’a pas à endosser les héritages qui entrent en contradiction avec son principe d’organisation politique et sociale que représente la laïcité ».
Macron tient à flatter l’Église et l’électorat catholique
Or, Emmanuel Macron se situe aux antipodes d’une telle conception. Devant les évêques, il avait tenu à flatter l’Église de deux manières. D’abord, en se dissociant de Hollande, accusé d’avoir réduit, avec les débats sur le mariage pour tous, la communauté des chrétiens « au rang de minorité militante contrariant l’unanimité républicaine ». Puis en se distinguant d’une droite qui aurait selon lui « surjoué l’attachement aux catholiques, pour des raisons qui n’étaient souvent que trop évidemment électoralistes ». Échappe-t-il lui-même au reproche électoraliste avec cette visite à Rome surchargée de spiritualité ? Surtout quand son ministre de l’Intérieur – et des Cultes –, Gérard Collomb, ne trace pas un trait d’égalité entre les religions quand il affirme, comme en novembre 2017, « nous voulons que les musulmans se sentent fiers d’être français, fiers d’appartenir à la nation », plaçant sur le même plan la foi, qui relève de l’intime, et la nationalité, qui relève de la construction d’un peuple.
La ville de Coutances recevait samedi l’assemblée générale des maires de la Manche, avec un invité de marque le président du Sénat, en personne, y assistait également quelques députés.
La ville de Coutances recevait samedi l’assemblée générale des maires de la Manche, avec un invité de marque le président du Sénat, en personne, y assistait également quelques députés.
La lecture du compte rendu de cette réunion dans Ouest France de ce jour, qui ne manque pas d’humour, par moments, volontairement ou pas, vaut néanmoins le détour de lecture.
Bien évidemment ils se sont plaint des restrictions budgétaires décidées unilatéralement par l’empereur Macaron 1er.
Mais c’est dans leurs réactions que le papier devient par moments succulent.
L’un d’eux dit: « Nous sommes l’expression de la démocratie la plus avancée car nous sommes interpellés directement » Fichtre, mais tenez vous compte de ces interpellations ? À défaut point de démocratie, et quid justement de la mise en place de la démocratie participative dans vos communes ?
A propos du manque de formation, ce constat de la maire de Granville « nous devons faire un budget, répondre à tout et sur tout à nos concitoyens sans avoir appris ». Quel moment de lucidité soudain. Mais quand on ne sait pas il faut avoir l’humilité de le dire et ne pas risquer de dire une ânerie ! Mais cela en dit long sur l’incompétence des élus (quels qu’ils soient).
Quant à la maire de Torigny les Villes « Oui la nuit je dors comme un bébé… je me réveille toutes les heures et je pleure » sûrement sur les arbres abattus sur sa commune ?
Quant au président de l’union des maires du Calvados il a un problème avec les décisions intercommunales, ah cette formation des élus, notamment sur la démocratie et son exercice !
Quant au président du Sénat il a souligné trois points :
- Assouplir les règles de la coopération intercommunale.
- réajuster lesreprésentations des communes déléguées.
- revitaliser les centres villes et les centres bourgs.
J’aime bien la dernière proposition, car elle est tout à fait dans l’esprit des SCOT, qui comprend aussi la densification y compris en hauteur des centres bourgs, ce qui est le contraire de remplir les dents dites creuses qui en fait accentueraient encore un peu plus le mitage désastreux du territoire depuis des décennies.
Enfin cette assemblée n’a pu éluder la question de la loi Littoral.
Le pompon revient au maire de Gouville, inévitable interlocuteur de la presse locale quant il s’agit de la loi littoral qui déclare tout de go « Nous ne sommes pas pour bétonner, ni pour scléroser » ou l’inverse et son contraire en quelques mots.
Quant au président de la commission des lois au Sénat il affirme : « je pense qu’on va desserrer l’étau de cette loi, mais sans remettre en cause la protection du littoral ». Je pense qu’il va plutôt (le sénat) approuver avec délectation l’amendement dits « dents creuses » qu’il attend depuis longtemps et après le dépôt de deux projets de lois, non retenus.
Et la cerise sur la dune revient au député du Sud Manche qui ajoute : »il faut juste pouvoir bâtir dans les dents creuses à 4 ou 5 km du rivage ». C’est n’importe quoi, il suffit de regarder la carte de la côte, repérer les dénivelés pour savoir où il faut construire, mais sûrement pas dans les pseudos dents creuses issus de cet amendement, légèrement allégé, par l’assemblée, mais qui ne peut et doit en aucun cas être approuvé même sous cette forme.
Tout cela manque un peu de discernement et de réflexion, notamment sur les effets du réchauffement climatique, donc de l’élévation du niveau de la mer (entre 50 cm et 1 m d’ici la fin du siècle), donc de recul du trait de côte.
Et bien évidemment en tenant compte des Plans de préventions des risques Inondations, submersion marine, et des risques littoraux.
Monsieur le député, il serait opportun, d’organiser une réunion publique et contradictoire sur ce thème ? Allez Chiche !
Vendredi matin, l’édition du journal Ouest France, nous apprenait, que les producteurs de carottes de Créances, ne participeraient pas à la fête de la carotte cette année !
Mais pourquoi donc ? Eh bien le ministre de l’agriculture Travert n’a toujours pas signé la dérogation d’utilisation du « Dichloropropène » produit interdit par l’Union Européenne depuis 2009 permettant de lutter contre un ver, nommé « nématode » qui provoque des malformations, rendant ladite carotte invendable !
Sauf que le docteur Joël Spiroux, président du CRIIGEN (Comité de recherches et d’informations indépendantes sur le génie génétique) voit « ce produit possiblement cancérigène, pouvant provoquer une toxicité rénale hépatique, des troubles cutanés, pulmonaires » et il rajoute « utiliser ce produit c’est qu’on privilégie l’économie sur la santé ».
Un rapport de l’EFSA (Agence européenne de sécurité des aliments) de septembre 2017 a soulevé pour ce produit des risques de toxicité, de mutagenèse, de cancer, de perturbateur endocrinien . De ce fait Patrick Dehaumont, directeur de la direction générale de l’alimentation, a dit ne pouvoir accorder la dérogation.
Pourtant comme le déclare Céline Gentil, de l’association des producteurs de carottes de France, le produit est « utilisé dans des conditions strictes, afin de protéger les producteurs et les consommateurs » et elle rajoute « la carotte de Créances a le label rouge ce qui est une preuve de qualité ».
la seul carotte label rouge, elle sur le rond point !!
Bon sang mais c’est bien sûr, le label rouge signe de qualité, certes, mais aspergé de dichloropropène, il est bon de se demander pourquoi ce label a été décerné pour la carotte de Créances.
Petite question insidieuse, il y a d’autres produits phytosanitaires et engrais chimiques d’utiliser ?
Si oui merci de nous en communiquer rapidement la liste.
Les organisations professionnelles prétendent qu’on ne retrouve pas la molécule dudit produit dans la nappe phréatique, dans ce cas il faut sortir les analyses pratiquées par des laboratoires indépendants de la société fabricante.
Les mêmes affirment ne pas disposer de produit alternatif pour nettoyer les sols, mais alors très naïvement comment font les maraichers bio qui n’utilisent aucun produit chimique.
Il y a aussi le problème de la fréquence de culture, au lieu de pratiquer des rotations de cultures et des amendements afin de régénérer des sols appauvris par la monoculture permanente.
« Les nématodes se sont installés du fait d’une fréquence trop répétée des cultures de carottes » déclare Jean Santerre de la Chambre d’Agriculture de la Manche.
Eric Andrieu, président de la commission spéciale sur les pesticides au parlement européen, déclare que la France est championne d’Europe des dérogations d’utilisation de pesticides au nombre de 58 pour l’année 2016.
Qu’attends donc sur cette lancée le ministère de l’agriculture pour lancer une campagne d’envergure pour lancer la transition de l’agriculture productiviste et pesticidée vers l’agriculture biologique ?
Malgré tout le maire de Créances, Monsieur Lemoigne précise « Nous allons tout de même organiser un rendez vous autour des produits du terroir (sigle propre à la FDSEA) à la même date.
Le gouvernement Philippe, naufrageur de l’intérêt général, a capitulé sans combattre devant une vieille exigence de la Commission européenne. La France sera le seul pays européen à affaiblir un secteur vital en pleine phase de transition vers un nouveau modèle énergétique. Un crime irrémissible contre l’avenir. Mediapart 16 juin 2018 par BERTRAND ROUZIEScBLOG : LE BLOG DE BERTRAND ROUZIES
Il fallait s’y attendre. Confier la clef des communs à un transfuge de la banque Rothschild et à un ancien directeur des affaires publiques (autrement dit lobbyiste) d’Areva pour contrer une idéologie d’extrême droite dont on voit bien qu’elle infuse bien au-delà du parti qui l’incarne et s’accommode volontiers du régime néolibéral, sinon l’étaye, c’est comme affecter Renard le goupil et Grimbert le blaireau à la garde de la bergerie pour décourager les entreprises d’Ysengrin le loup : la tentation est trop forte, pour chaque prédateur, de se payer sur l’agneau, en bonne entente avec les autres.
Histoire d’une forfaiture politique
Le 7 février dernier, le gouvernement Philippe, après avoir fait savoir en automne 2017 qu’il ne trouvait rien à redire au principe, a donc acté la privatisation du secteur hydroélectrique français. D’ici 2022, 150 des plus grands barrages (plus de 20 mètres de haut) devraient être vendus, pour une puissance totale de 4,3 GW équivalant à celle de trois réacteurs nucléaires de nouvelle génération. Le reliquat du parc public, sauf effondrement global, sera mis à l’encan avant 2050. EDF, société détenue à 83,5 % par l’État, gère 85 % des 433 concessions du pays (une concession représente un ou plusieurs barrages raccordés à une même centrale électrique). Engie et des structures régionales comme la Compagnie nationale du Rhône ou la Société hydroélectrique du Midi se partagent les 15 % restants.
Cela faisait dix ans que la Commission européenne réclamait cette privatisation, avec un acharnement spécial et suspect de la part de la commissaire à la concurrence Margrethe Vestager depuis sa nomination en 2014. Macron et Philippe l’ont signée, sans l’ombre d’une hésitation. Il s’agit de mettre fin à l’abus de « position dominante » d’EDF. Non sans quelques incohérences flagrantes. Le secteur nucléaire, réputé stratégique mais en faillite, on n’y touche pas ; en revanche, le secteur hydroélectrique, très profitable mais réputé non stratégique par notre tandem, on peut le vendre à la découpe. Sous la mandature présidentielle précédente, certains avaient au moins fait mine de résister. Les ministres socialistes Delphine Batho et Ségolène Royal, par exemple, avaient tenté de trouver un moyen terme en proposant de créer des sociétés d’économie mixte pour opérer les petits barrages : la puissance publique y aurait conservé une minorité de blocage de 34 % pour encadrer les éventuels repreneurs privés. Le 16 mai 2014, un décret, le no 2014-479, avait même étendu à de nouveaux secteurs de l’énergie, de l’eau, des transports, des télécommunications et de la santé publique les pouvoirs du décret no 2005-1739, qui portent sur la possibilité donnée au gouvernement de mettre un veto sur des investissements étrangers qui portent atteintes aux intérêts stratégiques. Vains atermoiements. En juin 2015, la Commission européenne, pas dupe de ces manœuvres, a estimé qu’elles contrevenaient à son credo de la concurrence « libre et non faussée » et a sommé Paris « d’accélérer l’ouverture à la concurrence des concessions hydroélectriques ». Notons au passage que, dans la phraséologie néolibérale, la concurrence « libre et non faussée » ne s’applique qu’au secteur économique – avec les nombreuses exceptions que l’on sait – et pas à la compétition électorale, où les rabais arrangeants sont tolérés.Le gouvernement Philippe avait une arme pour s’opposer à la Commission, ce décret n° 2014-479. Il n’en a pas usé et a même appuyé sur l’accélérateur. Le scandale n’est pas tant que la France soit le seul pays d’Europe auquel on ait demandé de privatiser ses barrages, mais qu’un gouvernement français ait accédé à cette demande le plus servilement du monde, comme si le secteur hydroélectrique n’était pas lui aussi stratégique, ne fût-ce que pour honorer les engagements de la COP21. En Allemagne, les concessions sont déléguées aux Länder et la Slovénie a constitutionnalisé un « grand service public de l’eau ». Hors UE, en Norvège, qui tire 99 % de son électricité des barrages, les licences hydroélectriques ne sont accordées qu’à des opérateurs publics.
Poule aux œufs d’or et indispensable force d’appoint
Il faut dire que pour la concurrence si chère à Margrethe Vestager, les barrages français, avec leur excédent brut de 2,5 milliards d’euros par an, dont la moitié revient aux collectivités locales, leur masse salariale faible (21 000 salariés) et leurs installations amorties depuis des lustres, sont une proie de choix. La bête, de surcroît, a été techniquement affaiblie dès avant que la Commission ne revînt à la charge, par un certain… Emmanuel Macron : une de ses premières grandes décisions et son premier grand acte de trahison comme ministre de l’économie aura été d’autoriser l’investissement de l’Américain General Electric dans Alstom. General Electric est à présent actionnaire à 50 % de la branche énergie d’Alstom, qui ravitaille en pièces essentielles les centrales nucléaires (turbines Arabelle de Belfort) et les barrages… Dans l’usine GE-hydro de Grenoble, un plan social de 345 postes (sur 800) assombrit l’avenir du site. Depuis plus d’un siècle, forte d’un savoir-faire unique et mondialement reconnu, cette usine fabriquait sur mesure les turbines des grands barrages français et en assurait la maintenance. En plus d’avoir fourni 25 % de la puissance hydraulique installée dans le monde (dont le barrage des Trois gorges en Chine, qui n’est sans doute pas son meilleur motif de gloire) et permis l’essor industriel des Alpes françaises, ses carnets de commandes sont pleins. Oui, pleins ! La décision de GE et le silence du gouvernement sur ce dossier, Nicolas Hulot inclus (les couleuvres, à force, lui sortent par la bouche), sont incompréhensibles, à moins d’y voir une volonté délibérée, d’abord subreptice, désormais frontale, de saborder un secteur vital, de la manufacture aux usages.
Car le secteur hydroélectrique est vital, comme le rappelait Martine Orange en novembre 2015. Il représente 12,5 % de la production d’électricité française, 70 % des énergies renouvelables. C’est l’électricité la moins onéreuse : de 20 à 30 euros le MWh. Les centrales hydroélectriques fournissent 66 % de la capacité d’appoint rapide lors des pics de consommation (le reste est assuré par les centrales thermiques). Les barrages, par leurs réserves d’eau, compensent l’intermittence des autres énergies renouvelables et, inversement, en cas de surplus de production de ces dernières, reconstituent leurs stocks par pompage. Par ailleurs, certaines installations complexes, avec conduite forcée et vastes lacs de retenue, nécessitent des compétences particulières et un sens avisé de la coordination avec les collectivités locales bénéficiaires, et ne supportent pas l’amateurisme. Enfin, la bonne gestion du niveau des fleuves et rivières est essentielle pour le refroidissement des centrales nucléaires, implantées majoritairement sur des cours d’eau jalonnés de barrages. On ne peut « arrêter le nucléaire » comme on mouche une chandelle. On peut (on doit) geler la construction de nouvelles centrales, on peut (on doit) les faire démanteler par les nucléocrates, qui seraient malvenus de nous accuser de les envoyer à une mort certaine sans se récuser, mais on a l’obligation vis-à-vis des générations futures d’entretenir et de surveiller sur une échelle de temps inédite les sites de production et de stockage. Nous sommes condamnés à accompagner l’interminable agonie de l’industrie nucléaire et le secteur hydroélectrique est partie prenante de cette veillée cauchemardesque. Les deux secteurs sont donc liés stratégiquement et, en l’occurrence, puisqu’il y va de la sécurité collective et même globale, puisque les pollutions nucléaires ignorent les frontières, affaiblir le secteur des barrages est un crime contre l’avenir et contre les nations.
Philippe comme Macron ne peuvent ignorer les méfaits et les dangers mortels de l’immixtion de la concurrence dans les secteurs vitaux. Nous ne citerons que l’inquiétant précédent de la grève de la maintenance organisée par General Electric, justement, dans les centrales nucléaires françaises. C’était en février 2016. General Electric, par le moyen d’une grève « prenant en otage » (salauds de patrons !) toute une industrie sensible, sans que BFMTV ait daigné faire un micro-trottoir auprès des usagers et éventuels riverains que nous sommes, a cherché à obtenir et a obtenu d’EDF, après plusieurs centaines d’incidents, des conditions plus avantageuses (en termes de responsabilité financière en cas… d’incident). La course à la défausse était lancée. La « libre » concurrence libère en premier lieu ses adeptes du scrupule.
On imagine fort bien à quels types de chantage les nouveaux propriétaires de barrages pourraient se livrer pour augmenter leurs gains au détriment des communs et de la sécurité : rétention jusqu’au seuil de la pénurie pendant les pics de consommation pour faire monter les prix (rien ne l’empêche juridiquement), fin des lâchers d’eau gratuits en fonction des besoins des vallées (loisirs, agriculture), entre autres exemples. Un opérateur privé va-t-il anticiper les sécheresses en réfléchissant à des plans de stockage sur le long terme ? Et quid de la maintenance ? EDF investit 400 millions d’euros par an dans l’entretien et le renforcement de ses barrages, dont certains ne sont plus tout jeunes et risqueraient, en cas d’économies de bouts de chandelle, de provoquer des catastrophes. Jean-Bernard Lévy, PDG d’EDF, a déjà prévenu que certains investissements étaient obérés par l’incertitude pesant sur le destin des barrages français. Hors de question pour l’entreprise de lancer des travaux qui profiteraient à de futurs acquéreurs privés. Sauf que certains travaux sont, pour le dire sèchement, urgents. Voilà le genre de petit jeu malsain qu’alimente la concurrence « libre et non faussée ». Le témoignage de Jean-Louis Chauz, président du Conseil économique, social et environnemental d’Occitanie, illustre bien l’appréhension qui gagne peu à peu les collectivités : « En 2035, le déficit de stockage d’eau pour la nouvelle démographie de la région et les besoins de l’agriculture, des écosystèmes, de la préservation de la biodiversité, sera de 1 milliard de m3. EDF et Engie ont provisionné les budgets nécessaires pour engager les travaux pour le stockage d’eau. À l’heure où l’Occitanie est confrontée à un problème majeur de ressources en eau dans les années à venir, à même de compromettre son développement, voire sa sécurité sanitaire, il est incompréhensible et dangereux de chercher à complexifier une organisation de la gestion de l’eau… »
Et s’il ne fallait retenir de cette privatisation que le gain pour les caisses de l’État, là encore les comptables qui nous gouvernent seraient bien en peine de lui trouver quelque avantage. La Cour des comptes a calculé que si l’État en retirait 520 millions d’euros par an de redevances, ce serait Byzance. 520 millions d’euros, ce n’est jamais que cinq fois moins que l’excédent brut actuel…
Instruire le procès en haute trahison
Dans l’article 68 (révisé en 2007) de la Constitution, il est dit que « le président de la République ne peut être destitué qu’en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat ». Pour un président de la République, la haute trahison, au sens de l’article 68 avant révision, se définit comme l’action volontaire d’aller contre les principes que la Constitution le charge de défendre ès qualités. Parmi ces principes, l’article 5 par exemple : « Le président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État. Il est le garant de l’indépendance nationale et de l’intégrité du territoire. » Il me semble que cet article 5 englobe la question de l’approvisionnement énergétique. Le président Macron est donc coupable, sur ce dossier, de « manquement », conjointement avec le premier ministre. Le 6 décembre 2017, des députés et élus territoriaux de La France insoumise publiaient une tribune de protestation sur le site Reporterre. Il fallait aller plus loin, frapper plus fort, car un tel « manquement » déchire notre horizon et foule ostensiblement aux pieds la Constitution.
La privatisation des barrages apporte une énième fois la preuve que nous sommes dirigés soit par des aliénés en plein délire paranoïde[*], soit par des naufrageurs embarqués qui, après avoir ôté les derniers rivets de la carène, sabotent les pompes de secours. Eu égard à la Constitution et à ma conception de l’intérêt général, de même que le renoncement politique sur le glyphosate et plus globalement sur l’addiction française aux produits phytosanitaires, cette décision m’apparaît comme un crime contre les intérêts vitaux de la France et des pays voisins, et contre les générations futures, en tant qu’elle fait obstacle à la transition vers une économie décarbonnée, ajoutant une complexité inutile à une complexité déjà mortifère. Tout crime contre l’avenir relève de la haute trahison. Si un certain monde doit disparaître à l’issue des bouleversements climatiques et énergétiques qui ont commencé, il me semble essentiel d’identifier dès maintenant les saccageurs de ce qu’il reste des sociétés humaines, afin que la colère civique ne se déchaîne pas tous azimuts, qu’elle aille frapper au cœur de l’hydre, plutôt que d’en trancher sottement les têtes sans cesse renaissantes.
Damnatio memoriæ pour MM. Macron et Philippe, ainsi que pour leurs comparses, dès après leur mort politique.