L'Alternative Citoyenne de la Manche s'inscrit dans une démarche politique nouvelle. Elle se fixe comme objectif de faire en sorte que la Gauche gagne et réussisse
Publié le 26 Février 2021
par Alternative Citoyenne de la Manche
dansSanté, Pétition
Bonjour,
L’étau se resserre autour de la publicité et du marketing de la malbouffe qui prennent pour cible les enfants, à la télé comme sur internet, mais la bataille est rude et loin d’être gagnée.
La Convention citoyenne pour le climat a mis sur la table à son tour le besoin d’interdire ces pratiques. Mais cette proposition a été retirée du projet de loi du gouvernement « Climat et résilience ». Pourquoi ? Tout simplement à cause du travail de sape des lobbies et du manque de courage politique du gouvernement qui préfère laisser le champ libre à l’industrie agroalimentaire plutôt que protéger la santé des enfants.
Tous les experts sont pourtant unanimes, y compris la Cour des comptes et Santé publique France : compter sur le seul bon vouloir des entreprises avec des engagements « volontaires », sans contrôles ni sanctions, est complètement inefficace. Il faut une loi pour protéger enfin les enfants et leur santé de la surexposition au marketing de la malbouffe, à la télé et sur internet. Avec les mêmes règles pour tous.
Mais c’était sans compter sur la coalition d’acteurs qui veut à tout prix bloquer une telle loi : les industriels de la malbouffe évidemment – rappelez-vous, nous avons révélé en novembre une lettre secrète de lobbying envoyée à 4 ministres par l’ANIA, l’association des industries de l’agroalimentaire-, mais aussi certains médias qui tirent leurs ressources de ces publicités. Dans une réunion de concertation ministérielle en septembre dernier à laquelle foodwatch a participé, ces derniers cherchaient même à faire croire que des restrictions de ces publicités pour les produits trop gras, trop sucrés, trop salés seraient des « baillons » à la liberté d’expression. Sic.
Une mesure de santé publique et de résilience face aux crises
Avec 1 enfant sur 6 et 1 adolescent sur 5 en surpoids ou obèse en France, il est de la responsabilité de l’Etat de porter une attention toute particulière à la santé des plus jeunes et d’enfin privilégier des mesures de prévention pour leur santé plutôt que de laisser faire et d’attendre qu’il soit trop tard.
La bonne santé globale des populations est essentielle pour pouvoir traverser les crises et y résister. Celle que nous vivons depuis plus d’un an en est une triste démonstration. Les conséquences de la malbouffe – surpoids, obésité, diabète, maladies chroniques – sont des facteurs aggravants dans des crises comme celles de la Covid-19.
Avec vous, face au lobbying décomplexé des industriels et à la complaisance du gouvernement notre ténacité ne faiblira pas.
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L’école maternelle représente un échelon fondamental pour favoriser l’« égalité des chances », pour que l’école publique, l’école de toutes et tous repose sur le principe du « tous et toutes capables ». Une politique scolaire qui se fixe pour objectif de combattre les inégalités, de favoriser la réussite de toutes et tous est beaucoup plus efficace quand elle est menée dès le plus jeune âge. Prendre des mesures plus tard, à la fin de l’élémentaire ou au collège, est souvent inopérant et, dans tous les cas, beaucoup plus lourd en termes d’investissement humain pour des résultats trop souvent peu concluants. La dernière note du CSP commandée par le ministre tourne le dos à ces objectifs tout en détournant l’école maternelle de ses missions spécifiques et en faisant un appendice de l’école élémentaire.
Les objectifs prioritaires des débuts de la scolarité sont de donner envie aux enfants de fréquenter l’école, d’assurer leur épanouissement, de créer les conditions afin qu’ils adoptent les attitudes qui leur permettent de devenir des élèves et de leur apprendre à parler en utilisant une syntaxe complexe.
Scolarité obligatoire dès 3 ans : une décision qui masque un recul de ce qui fait ou faisait l’excellence de l’école maternelle française mondialement reconnue
À partir d’une décision qui marque un progrès à relativiser puisque déjà 97 % d’une classe d’âge fréquentait l’école maternelle, le ministre Jean-Michel Blanquer en profite pour imposer une régression et dans le domaine pédagogique et sur la question des finalités de cette école. En instituant une sorte de conseil réduit à quelques neuroscientifiques et experts par lui désignés donc proches de ses convictions excluant les professionnels que sont les enseignants et enseignantes en exercice, il démolit ce qui longtemps a fait la fierté de notre école hors des frontières. Ajoutons à cela que cette mesure d’instruction obligatoire dès 3 ans renforce l’école privée que les collectivités territoriales seront obligées de financer favorisant ainsi le séparatisme scolaire, l’entre-soi des catégories les plus aisées de la population et la concurrence aux dépens de l’école publique.
Une obsession régressive des évaluations-tests aux dépens de la culture générale
L’orientation que le ministre tente de mettre en œuvre est de transformer l’école maternelle en une école préparant aux tests mathématiques-français et de pratiquer du bachotage pour obtenir de bons résultats aux évaluations des performances ciblées. Ce faisant, ils poussent les acteurs éducatifs à abandonner ou tout au moins à consacrer moins de temps aux autres apprentissages tout aussi importants.
l'école vue par Blanquer
L’expérience du Royaume-Uni devrait nous interpeller. Il y a quelques années des évaluations dans quelques domaines jugés essentiels étaient imposées. En fonction des résultats, les écoles percevaient plus ou moins de subventions. Le résultat, au bout de quelques temps, a été que si les élèves parvenaient à des niveaux corrects dans les domaines évalués, ils étaient d’un niveau faible dans les domaines comme la littérature, l’histoire, la culture en général… Depuis, les responsables britanniques ont fait machine arrière faisant le constat de l’inefficacité d’une telle politique car les enfants et l’éducation ne peuvent être réduits à des machines, à un produit marchand.
L’école maternelle : une école à part entière avec des pédagogies adaptées
L’école maternelle, de même que les premières années de l’école élémentaire, est un moment crucial pour aplanir les inégalités sociales qui entraînent de fortes inégalités scolaires. Pour cela, l’école maternelle ne doit pas se limiter aux « fondamentaux » et se contenter d’être l’antichambre de l’école élémentaire.
Dès 1881, l’inspectrice générale Pauline Kergomard définissait l’école maternelle comme n’étant « ni caserne, ni petite Sorbonne, ni garderie, ni école élémentaire » et sur le plan pédagogique avançait l’idée que « le jeu c’est le travail de l’enfant, c’est son métier, c’est sa vie ». Depuis le débat fait « rage » entre les partisans qui considèrent la maternelle comme une simple garderie et ceux la voyant comme préparant aux apprentissages de l’école élémentaire.
En 2008 sont promulgués des programmes directifs tournant le dos à la prise en compte des spécificités dues à l’âge des élèves accueillis. En 2015, les programmes permettent de penser l’école maternelle comme une école qui s’adapte aux jeunes enfants et organisent des modalités spécifiques d’apprentissage :
apprendre en jouant, en réfléchissant,
apprendre en résolvant des problèmes,
apprendre en s’exerçant,
apprendre en se remémorant et en mémorisant,
apprendre en parlant pour aller vers un langage de plus en plus complexe, complexité indispensable pour appréhender dans de bonnes conditions l’acquisition d’une lecture aisée et efficace.
Mettre en contact avec un langage adulte élaboré et faire parler
Les dédoublements se font trop souvent au détriment des autres classes. Cette réduction des effectifs doit permettre aux enseignantes et enseignants mais aussi aux ATSEM d’échanger avec chaque élève pour le mettre au contact d’un langage adulte élaboré employant ce que Laurence Lentin appelle des introducteurs de complexité tels que « qui », « que », « car », « parce que », « puisque »… Ceci est quasi impossible avec des effectifs de 30 et plus par classe. De tels effectifs, s’ils sont « indolores » pour des enfants qui entendent à la maison un langage élaboré, sont rédhibitoires pour ceux qui n’ont pas l’occasion d’entendre et d’utiliser un tel langage. Une telle situation entache l’avenir scolaire des élèves et ne peut qu’aggraver les inégalités pour parvenir à un bon niveau scolaire.
Des moyens insuffisants à l’heure actuelle
Une telle pédagogie et de telles finalités exigent des moyens matériels certes mais aussi et surtout des moyens humains : réseaux d’aide spécialisée dans chaque école pour assurer une
bonne mise en œuvre de la prévention, des ATSEM en nombre suffisant, une réelle réduction des effectifs par classe, dédoublement des classes, des effectifs par classe revus à la
baisse, des enseignants reconnus avec un salaire suffisant (les professeurs des écoles français effectuent dans l’année plus d’heures en présence des élèves que leurs homologues allemands et
perçoivent un salaire très inférieur)…
Une composition du CSP éloignée des réalités du terrain
En 2015, la composition du CSP (Conseil supérieur des programmes) comprenait des personnalités qui connaissaient l’école, le collège et le lycée. Avec Jean-Michel Blanquer, les membres du CSP connaissent le lycée et les classes préparatoires. En 2015, le CSP avait constitué un groupe de travail auquel participaient des directeurs d’école et des CPC. Avec Jean-Michel Blanquer, il n’y a pas d’acteurs de terrain et le ministre a choisi lui-même les experts du Conseil scientifique. Cela a pour conséquence de penser la maternelle sur le modèle de l’école élémentaire.
Une préconisation pédagogique inadaptée
Tournant le dos à la nécessité de faire parler les enfants, il est préconisé des cahiers de mots et la reformulation hors contexte de phrases. Est tenté de mettre en œuvre un formatage ou caporalisation réduisant les enseignants à de simples exécutants.
À côté de cela, il est constaté une baisse de la scolarisation des moins de 3 ans (3 6% entre 1990 et 2000, 12 % en 2011). Cette scolarisation, si les effectifs sont adaptés, permet aux enfants de développer des compétences langagières et sociales. Même si cette scolarisation ne doit pas être obligatoire, elle doit pouvoir être proposée dans les quartiers sensibles concentrant les plus grandes difficultés.
Sous des aspects qui paraissent relever du bon sens, le CSP définit l’objectif principal qui est « d’assurer à tous les enfants des acquisitions qui leur seront nécessaires pour aborder avec confiance le cours préparatoire ». Ce faisant, est préconisé une conception de développement de l’enfant qui consisterait à l’aide de « fondamentaux, de remplir un petit vide pour le faire grandir ». Il suffirait ainsi, selon le CSP, de le baigner dans des « jeux » de langage ou de mathématiques, selon Mireille Brigaudot (maîtresse de conférences en science du langage) qui reproche à ces préconisations une conception mécaniste des apprentissages scolaires. À la construction des concepts de nombre par exemple, le CSP oppose les exercices de répétitions, le recentrage sur l’utilisation et la connaissance qui devrait être postérieure à la compréhension profonde de ce qu’est le nombre. Le tropisme du résultat, d’où la multiplication des tests dès la petite section, devient le souci premier et formalise d’en haut les pédagogies en imposant l’utilisation des outils proposés par l’institution. Cela éloigne de la prise en compte de la réalité de la classe et des élèves, de l’observation concrète des élèves et de l’analyse de leurs besoins.
Piloter chaque niveau en fonction du niveau suivant est contre-productif et réducteur
Le CSP, à la demande du ministre, préconise des évaluations dès la petite section avec pour seul objectif de préparer les élèves à réussir les tests du CP. À piloter chaque étape du cursus scolaire par les seules exigences du niveau suivant, la maternelle par le primaire, le primaire par le collège, le collège par le lycée etc., est mis de côté la spécificité de chaque tranche d’âge et ainsi l’efficacité dans les apprentissages attendus.
Grande est ainsi la tentation de renoncer au « tous et toutes capables » en risquant de culpabiliser les familles en les rendant responsables de l’éventuel échec scolaire puisque ce qui est jugé dans les tests de la petite section c’est le niveau familial.
L’école maternelle, un moment essentiel pour devenir un élève
La mission de l’école maternelle est certes de préparer à l’entrée au CP, selon Christine Passerieux (conseillère pédagogique et membre du GFEN/Groupe Français d’Éducation Nouvelle) mais ce n’est pas la seule. L’école maternelle est une école à part entière et, à ce titre, un espace d’ouverture au monde. On ne naît pas élève, on le devient :
en rencontrant l’autre,
en s’appropriant des outils, des modes de faire et de dire,
en découvrant et en interagissant des œuvres patrimoniales et contemporaines dans tous les domaines,
en s’engageant au quotidien dans le plaisir d’apprendre.
Pour devenir un élève, il est indispensable de créer les conditions pour que enfant s’engage dans un processus d’ « acculturation » ou d’émancipation qui permettra une attitude ou posture de réflexion, de questionnement, de compréhension progressive du monde et de développement de l’imagination.
Tous ces aspects fondamentaux pour l’avenir des enfants et de la société sont absents de la note du CSP qui pratique, selon le désir conscient ou inconscient du ministre, plus les injonctions que les propositions à débattre et discuter.
Évaluer fait partie de l’acte d’enseignement pour prendre en compte l’état des connaissances des enfants et aussi et surtout, ce qui ne figure pas dans la note du CSP, de ce qu’ils comprennent des attendus de l’école et de la manière avec laquelle ils se les approprient.
L’école publique, une école pour toutes et tous
L’évaluation dès la petite section, c’est prendre le risque d’étiqueter les enfants et, indirectement, de les détourner du désir d’apprendre. L’évaluation à l’école ne peut se faire que sur les acquisitions de la scolarité. Il s’agit de distinguer l’évaluation contrôle de l’évaluation formative essentielle. Ne pas se préoccuper des conditions d’entrée de tous et toutes dans les apprentissages c’est empêcher tout ce qui fait que l’école maternelle de qualité peut réussir pour l’épanouissement présent et futur des enfants et pour lutter contre les inégalités. Le risque est grand de condamner les enfants à une assignation à résidence de leurs origines en limitant leur capacité à s’émanciper.
Serait ainsi acté la fin « de l’école publique, une école pour tous » et d’avaliser la ségrégation culturelle et sociale.
NDLA :
Article qui repose en partie sur les analyses du dossier de la revue n°230 de février 2021 Pour de la FSU, dossier consacré à la maternelle sous le titre « Maternelle, le consensus brisé ».
Retrouvez toutes les informations de circulation dans la Lettre d'information n°13 avec les autres lignes pour ceux d'entre vous qui ont des correspondances.
N'oublions pas que notre collectif, qui s'est créé pour la défense du service public, réunit des usagers et des cheminots. Nous avons reçu des cheminots d'Argentan le tract en pièce jointe concernant leurs conditions de vie au travail. Soutenons-les.
ACTION POUR LE RETOUR DES TRAINS SUR L'AXE CAEN RENNES
Par ailleurs, nous serons en action sur Pontorson mercredi 24 février pour le retour des trains sur Caen Rennes. Voir le visuel.
Le rendez-vous est donné à 9h.30 à la gare de Pontorson.
Une action aura lieu également samedi prochain à Flers, le matin.
Continuez à partager la pétition. Nous approchons les 1500 signatures d'après mes dernières informations (en comptant les pétition papier).
Nous tiendrons un conseil d'Administration samedi 27 février.
Nous avions cru pouvoir organiser l'Assemblée Générale de l'association. Malheureusement, entre les contraintes dues à la situation sanitaire et le manque de circulations ferroviaires, cela est compromis.
Nous sommes donc contraints à organiser l'Assemblée Générale à une date plus propice permettant le présentiel de tous les adhérents à jour de leur cotisation.
Depuis le début de l’année, le gouvernement a supprimé toute délibération citoyenne utile, pertinente et nécessaire pour faire face à la covid-19. Les citoyens, « enfants dociles » à qui on ment impunément, doivent obéir ou être punis. Voilà un autre symptôme d’un régime autoritaire qui n’entend pas en rester là : en effet, le président Macron a trouvé dans Conseil de défense, dont les délibérations sont secrètes, l’outil idoine pour exercer « en toute liberté » son sens de gouvernement vertical et solitaire (article d’Évelyne Vanderheym, directrice d’hôpital en retraite, est membre de la commission Santé et Protection sociale du PCF, initialement publié dans la Revue Progressistes).
Depuis plusieurs décennies, nous assistons à un processus continu de dépossession, d’instrumentalisation, d’étatisation, de soumission aux objectifs de régression, tout en donnant pleins pouvoirs aux « experts » en tout genre. Ce sont les conditions pour imposer les politiques d’austérité à l’hôpital public en muselant toutes les expressions, protestations et interventions des salariés, des citoyens et des élus.
Les techniques de management font des ravages dans l’hôpital-entreprise.
La situation actuelle des hôpitaux publics
Elle est caractérisée par une logique cohérente, guidée par l’objectif unique de baisse des dépenses de l’Assurance maladie, institué par les ordonnances Juppé de 1996. La mainmise de l’État sur les finances de la Sécurité sociale avec les lois de financement de la Sécurité sociale a ouvert une nouvelle ère de transformation globale de l’hôpital. Nous assistons, depuis lors, dans un processus pensé, à une véritable entreprise de dénaturation de l’hôpital public, de dévitalisation de l’intérieur, de rétrécissement de son périmètre d’action : mise sous tutelle budgétaire et financière, remise en cause des prérogatives des uns et des autres, mise en concurrence et système généralisé de sanctions. Ce sont les valeurs de l’hôpital-entreprise, où des techniques de management issues du secteur privé dominent.
Un encadrement autoritaire et technocratique
Les dispositifs d’agences – ARH (agence régionale de l’hospitalisation) en 1996 puis ARS (agence régionale de santé) en 2009 –, censées territorialiser la politique hospitalière, représentent en fait une forme d’exercice de pouvoir de police sanitaire pour le compte du ministère de la Santé. Des dispositifs de contractualisation constituent de vrais outils de contrôle. Et pour être sûr que les établissements publics atteindront les objectifs qui leur sont fixés, des agences nationales sont là pour imposer une diminution des dépenses remboursées par la Sécurité sociale. Loin des réalités du terrain, les évaluations qui portent sur des critères et référentiels et sur des indicateurs éloignés du travail réel portant plus sur les procédures que sur l’efficacité clinique sont aussi des méthodes inspirées de l’industrie.
La fermeture des lits à l’hôpital en France rapportée à la population (1974-2013)
Une gouvernance téléguidée
Le directeur d’un hôpital concentre la majeure partie des pouvoirs de gouvernance dans son établissement, mais il est choisi et évalué par l’ARS, ou le ministère de tutelle lorsqu’il s’agit des directeurs des CHU. Il devient ainsi l’agent de la mise en place de la politique de santé gouvernementale au sein de son établissement. Adieu la loi du 31 décembre 1970 qui avait institué un conseil d’administration votant le budget. Le but officiel affiché par ces réformes est d’équilibrer la représentation médecins/administratifs au sein de la gouvernance, d’associer les médecins à la décision, de leur déléguer des pouvoirs de gestion. En fait, il s’agit de faire des médecins les gestionnaires de la pénurie des moyens alloués à l’hôpital en assurant des recettes afin d’équilibrer les dépenses. C’est la mise en application forcée pour les soignants de l’EPRD (état prévisionnel des recettes et des dépenses) et de la T2A tout en restant dans le cadre d’une enveloppe fermée en constante diminution.
Aujourd’hui, l’organisation des hôpitaux publics est centrée sur le directeur d’établissement, assisté d’un directoire (chargé de la gestion) et d’un conseil de surveillance (chargé du contrôle). Notons la diminution de la place des élus et des représentants du personnel, noyés dans un océan de personnes « qualifiées désignées ». Le directeur, lui, est sur un siège éjectable : il peut être mis sous tutelle ou en recherche d’affectation.
Les groupements hospitaliers de territoire (GHT) : un cran de plus…
Les directeurs d’ARS décrètent, au mépris des avis des équipes médicales et des cohérences territoriales, le regroupement de plusieurs milliers d’hôpitaux et d’établissements médico-sociaux en 135 GHT sur l’ensemble du territoire. Dans un premier temps, la loi de 2016 délègue au directeur de l’établissement support du GHT quatre fonctions qui sont habituellement gérées par les différentes directions fonctionnelles de chacun des établissements parties du GHT (direction du système d’information, direction des achats, direction des ressources humaines…). Nous assistons à une fusion de fait des établissements au sein des GHT. Quant à la stratégie Ma santé 2022 d’Agnès Buzyn, la labellisation d’environ 500 établissements va accentuer la fusion d’établissements, et par conséquent celle de leur gouvernance. La boucle est bouclée…
Les représentations des personnels détournées… ou intégrées
Autre instance censée participer à la gestion et à l’organisation de l’hôpital est la commission médicale d’établissement (CME), organe consultatif de la représentation médicale. Le comité technique d’établissement (CTE) est une instance représentative du personnel non médical dotée de compétences consultatives sur les sujets ayant une incidence sur le fonctionnement et l’organisation de l’établissement. En conclusion, on voit que le processus consistant à rechercher la performance économique et la maîtrise des dépenses de santé s’est doté en plusieurs étapes de puissants leviers de pilotage des hôpitaux publics, extrêmement autoritaires et antidémocratiques, que nous dénonçons.
Repenser l’hôpital public
De vrais pouvoirs aux personnels
Il faut repenser l’organisation de l’hôpital sur un mode démocratique. La meilleure organisation est celle décidée localement : les GHT doivent être supprimés ; et les coopérations volontaires entre les établissements, favorisées. Des droits nouveaux doivent être donnés aux représentants syndicaux des personnels médicaux et paramédicaux. La fusion CTE-CHSCT voulue serait une hérésie : il faut, au contraire, élargir les prérogatives des CHSCT également aux personnels médicaux. Il faut noter que dans ses conclusions le Ségur de la santé est particulièrement muet quant aux moyens accrus à octroyer aux représentants des personnels non médicaux, alors qu’il était censé « donner plus de voix aux soignants dans la gouvernance »… Par ailleurs, des liens plus étroits entre CTE et CME seraient intéressants pour mettre fin à la rupture entre médecins et autres soignants. Il faut en finir avec le simple pouvoir consultatif et donner le pouvoir de codécision. Il demeure que faire reconnaître le rôle et la place des personnels hospitaliers est une bataille incessante : le gouvernement vient de faire passer, dans le cadre de la loi d’urgence sanitaire, des dispositions pour « mettre en veilleuse » toutes les instances consultatives, sous couvert de préserver les capacités soignantes des équipes.
De nouveaux conseils d’administration
Le conseil de surveillance doit redevenir un conseil d’administration, avec des prérogatives renforcées : c’est le lieu de rencontre par excellence entre les représentants des personnels et ceux des usagers et de leurs élus, entre l’expression des besoins et la manière d’y répondre, à l’opposé de la gouvernance actuelle des GHT, qui isole médecins, personnels non médicaux, usagers et élus dans des structures différentes. Le maire de la commune principale doit retrouver sa fonction de présidence pleine et entière.
Pour une citoyenneté en santé
Le droit des personnes dans le système de santé est une occurrence finalement récente. Il est facteur de progrès parce que la bonne santé ne peut être atteinte que si les individus eux-mêmes en font leur affaire. Il va dans le sens de la démocratie générale, qui est une des aspirations majeures en ce début de siècle. Les différents gouvernements successifs se sont faits les promoteurs de la « démocratie sanitaire » sous réserve de la participation des associations desdits « usagers » à la stratégie nationale de santé. Pour des raisons que l’on peut comprendre, nombre de ces associations privilégient le partenariat avec les services de l’État, qui en retour insistent sur leurs compétences et les déclarent interlocuteurs privilégiés. Parallèlement, une autre conception de mouvement citoyen en santé voit le jour avec les comités de défense qui, en riposte aux déserts médicaux qui s’installent dans nombre de régions, se créent autour d’une maternité, d’un hôpital de proximité, d’un service d’urgences… Nous abordons là la dimension pleine et entière de la citoyenneté, où chaque individu revendique une intervention de coconstruction.
La démocratie dans toutes les instances de décision et de régulation de la santé
A contrario du processus antidémocratique et de dépossession actuel, une bataille frontale doit s’engager, pied à pied. Seule une démarche politique offensive, enracinée dans les besoins de santé et de bien-être, peut opposer une cohérence de progrès et démocratique à cette « grande lessive » de nos droits sociaux et démocratiques. Cela suppose de réinvestir des terrains quelque peu abandonnés,de créer les conditions de la mobilisation la plus large par la convergence de toutes les forces progressistes.
La Sécurité sociale, re-démocratisée, doit retrouver ses missions et ses pouvoirs originels en matière de réponse aux besoins de santé de qualité. Le retour à l’élection des conseils d’administration de la Sécurité sociale est un passage obligé.
Après une âpre bataille, la Coordination des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité a obtenu l’agrément de représentation des usagers pour ses comités locaux ; bien évidemment, il faut relativiser, compte tenu de son faible pouvoir, qui se limite à l’information. Mais nous aurions tout à gagner dans la rencontre des associations d’usagers et des comités de défense des hôpitaux et maternités.
Du local au national, en passant parle niveau régional, l’évaluation des besoins de santé, soins et prévention ainsi que l’organisation du système de santé doivent retrouver le chemin de la participation la plus large de citoyens. La région est devenue, par la force des choses, le périmètre privilégié pour la planification hospitalière et l’organisation des soins. Le concept de territoire deviendrait la variable primordiale de la recherche d’efficience des dépenses de santé.
Pour les communistes, l’organisation administrative régionale de la santé doit reposer sur une organisation politique et citoyenne de la région,redonnant tout pouvoir aux élus, aux usagers et aux professionnels du champ de la santé. La démocratie sanitaire régionale prendrait sa source dans les conseils territoriaux de santé, implantés et organisés à l’échelle de bassins de vie. Nous privilégions une approche de proximité comme niveau et levier principal de l’élaboration. Dans les bassins de vie qui seraient de dimension de 50000à 70000 habitants, nous proposons que se mette en place un lieu de concertation associant élus, professionnels de santé,syndicalistes et associations pour travailler à la formulation des besoins de santé débouchant sur un projet de santé partagé. Le niveau régional doit permettre une cohérence inter-territoire par un développement de l’organisation en réseaux entre hôpitaux, médecine ambulatoire, maternités, EHPAD et services à la personne à domicile. Ainsi les projets médicaux des hôpitaux publics retrouveraient-ils toute leur importance et leur efficacité, au service des besoins démocratiquement définis.
Publié le 9 Février 2021
par Alternative Citoyenne de la Manche
dansPolitique, Santé
Début janvier, le Canard enchaîné et le site Politico.eu, spécialiste des institutions européennes, révèlent que la France a fait appel à plusieurs consultants privés et notamment au cabinet de conseil américain McKinsey pour l'aider à mettre en place la stratégie nationale de vaccination contre le covid-19. Une annonce qui provoque une pluie de critiques de la part de l'opposition.
Jusque-là, le montant de ces prestations des cabinets de conseil n'avait pas été dévoilé. Ce lundi, dans une nouvelle publication, Politico.eu annonce cependant que ces contrats ont coûté 11,2 millions d'euros à la France, dont 4 millions pour le seul McKinsey. Dans le détail, depuis mars dernier, 26 contrats avec des cabinets de conseil ont été signés par le gouvernement pour 11,2 millions d’euros (soit près de 250.000 euros par semaine), d’après la députée Véronique Louwagie, rapporteure budgétaire sur plusieurs dossiers de santé qui a obtenu le détail des missions.
"De manière générale, l'embauche de cabinets de conseil ne me choque pas trop", explique t-elle. Mais "la fréquence me dérange, l'accélération [ces derniers mois] aussi", a-t-elle ajouté. "La question aujourd'hui est: est-il normal qu'une administration comme celle de la santé ne puisse pas remplir un certain nombre de missions?".
Outre la gestion du Covid-19, Politico.eu note par ailleurs que la France fait appel à des cabinets de conseil pour des missions de plus en plus diverses. Depuis octobre 2018, l'administration française a ainsi signé 575 contrats avec des cabinets de conseils sur des sujets allant de la lutte contre le réchauffement climatique ou encore la reprise économique.
J'avais initialement modifié certaines grilles dans la lettre n° 11 pour les mettre à jour au fur et à mesure.
Je ferai de même pour cette lettre concernant les modifications dues aux travaux, sauf si ça devient trop compliqué. Dans ce cas, je publierai une nouvelle lettre.
Publié le 4 Février 2021
par Alternative Citoyenne de la Manche
dansJustice, Environnement
La condamnation de l'État "pour inaction climatique" marque "une première victoire historique pour le climat et une avancée majeure du droit français", salue le collectif "l'Affaire du siècle" dans un communiqué diffusé mercredi 3 février. Il rappelle avoir lancé cette action en justice il y a plus de deux ans avec le soutien de "2,3 millions de personnes". Pour le collectif qui exulte d'avoir "gagné" sur les réseaux sociaux, "ce jugement marque aussi une victoire de la vérité : jusqu’ici, l’État niait l’insuffisance de ses politiques climatiques, en dépit de l’accumulation de preuves : dépassement systématique des plafonds carbone, rapports du Haut Conseil pour le Climat, etc."
Les ONG requérantes dans "l'Affaire du siècle" "espèrent un jugement plus historique encore au printemps : l'État pourrait être condamné à prendre des mesures supplémentaires sur le climat", ajoute le communiqué. "C’est une grande victoire", salue de son côté la directrice générale d’Oxfam Cécile Duflot sur franceinfo mercredi. "Le jugement est d’une grande qualité, il montre la réalité de la crise climatique et les manquements de l’État", apprécie l'ancienne ministre. "On espère gagner sur les injonctions à agir", ajoute-t-elle. Le tribunal a en effet accordé deux mois au gouvernement avant de se prononcer sur l’injonction à agir qu’avaient demandé les associations. Les juges attendent les observations des ministres compétents avant de décider.
“L’État est au pied du mur, il a deux mois pour prouver qu’il faut replacer la France sur une bonne trajectoire”, souligne le directeur général de Greenpeace, appelant à “tirer vers le haut” le projet de loi issu de la convention citoyenne pour le climat, qui sera présenté en mars à l’Assemblée.
"Si la justice peut imposer, y compris pour les quelques mois qui restent à Emmanuel Macron, d’en faire beaucoup plus, c’est une bonne nouvelle", a également réagi Yannick Jadot, ce mercredi au micro de franceinfo. L'eurodéputé Europe Écologie Les Verts a salué "une très belle nouvelle, parce que c’est une mobilisation citoyenne, parce que des associations ont porté ça avec force". Yannick Jadot y voit aussi, cependant, "une très triste nouvelle, parce que ça veut dire que des associations, des citoyens sont obligés d’imposer par la justice l’action climatique. Alors qu’on devrait, au regard des alertes scientifiques, avoir des gouvernements mobilisés autour de la question climatique". "Ce n’est jamais une bonne nouvelle quand les citoyens rappellent les États à leurs responsabilités", conclut-il.
À l’initiative de l’Humanité, élus, syndicalistes et intellectuels interpellent le président de a République afin que le bâtisseur de la Sécurité sociale et ministre du Travail à la Libération, Ambroise Croizat, entre au Panthéon.