Le 22 Mai doit être un succès.
Le rouleau compresseur du libéralisme met un ultime coupe de butoir à la protection sociale dont les fondements remontent au Conseil National de la résistance :
_ Marchandisation de l’accès à la santé avec le déremboursement accéléré des médicaments et le rapport LARCHER, avatar ajouté à la déconstruction du système hospitalier qui trouve son origine avec la création de l’ARH, puis la mise en place des « plans hôpital 2007 puis 20012 ».
_Remise en cause de l’assurance chômage depuis plus de 15 ans. Plus de la moitié des chômeurs ne perçoit plus d’indemnités. Bientôt les demandeurs d’emploi perdront leurs maigres droits s’ils refusent un emploi à moins de 80% de leurs rémunérations antérieures ou bien situé à moins de deux heures de transport.
_Réécriture du Droit du Travail. Moins de droits, y compris de représentation. L’accord collectif, que ce soit sur les salaires, le temps de travail, laisse la place au contrat individuel. La hiérarchie des textes avec le principe de faveur (c’est à dire que s’applique le texte qui est le plus favorable au salarié ) est remis en cause C’est plus d’un siècle de luttes qui est mis en cause. Le Marché du Travail devient ainsi un véritable marché où les parties ne sont pas égales dans leurs capacité à négocier.
_Les « 35 heures » sont devenues, de fait, des emplois à temps partiels imposés. L’annualisation et la flexibilité sont maintenant la norme.
_Le service public, lui aussi, est mis sous l’aune du marché. La fonction publique n’est plus garante de la redistribution des richesses et du pacte social, mais coûterait trop cher. Pour rééquilibrer la balance des paiements, on fait des cadeaux fiscaux aux riches et on diminue drastiquement le nombre de fonctionnaires. Alors que leurs activités sont des investissements au service de la population et du pays.
Le droit à la retraite qui faisait partie du pacte social est mis à mal depuis 1993. Avant cette date, quel que soit le mode de calcul des pensions, privé, fonctions publiques ou régimes spéciaux, l’équité existait. Réforme après réforme, le déséquilibre entre régimes s’est installé. Et c’est sur le moins disant que l’on s’aligne. Aujourd’hui les tenants du Marché veulent encore rogner les droits en voulant imposer les 41 puis les 42 années de cotisations, pour aller encore au delà, avec pour objectif de maintenir au travail les salariés jusqu'à 65 ans, enfin pour ceux qui le pourront. Pour les autres ce sera le RMI, s’il existe encore.
Face à ces attaques qui durent depuis plus de vingt ans, l’attaque sur les retraites fait figure de point d’orgue. Si elle passe, le nœud coulant qui enserre les droits sociaux risque d’étouffer toute velléité de révolte pour une longue période.
Le mot d’ordre « pas touche à ma retraite », retour aux textes de 1993 devrait être partagé et porté par l’ensemble des organisations syndicales et l’appel au 22 Mai unanime.
Or que voit-on? certaines directions d’organisations n’appellent pas sous prétexte d’avoir peur que la mobilisation ne soit pas à la hauteur… Ne voient-elles donc pas que ne pas appeler c’est donner le signe aux pourfendeurs des droits sociaux que leur victoire est proche. En persistant, au nom de je ne sais quelle stratégie, elles trahissent leur mandat qui est, pour le minimum, de témoigner qu’une bataille non engagée est une bataille perdue.
D’autres acceptent que la durée de cotisation à 41 ans et au delà soit irréversible et appellent à la journée d’action le 22 Mai pour négocier… 1) la pénibilité au travail, - Concept fumeux servis par des zélateurs zélés qui veulent ainsi casser encore un peu plus le droit collectif. Quel est le baromètre de la pénibilité au travail ? – 2) et le maintien dans l’emploi au delà de 55 ans. Sont-ils à ce point naïfs, pour croire que le patronat abandonnerait sans arrière pensée sa politique du citron pressé puis jeté ?
Non, non et non, tous ensemble le 22 Mai derrière nos organisations syndicales ou en contournant leur direction, pour demander le retour aux règles d’avant 1993 pour les retraites et en définitive une meilleure répartition des richesses.
Et tous ensemble, c’est tous en grève.
Le 19 Mai 2008-05-19 Alain MILLIEN