conférence-débat
par
NICOLAS BENIES
Economiste, chargé de cours à
A l'invitation des associations signataires du
PACTE POUR LES DROITS ET LA CITOYENNETE
(Ligue des Droits de l'Homme,Attac, CGT,
FSU50,MRAP50, Confédération paysanne
FCPE, Amicale Laïque, Association
Théâtre municipal d'Avranches entrée gratuite
Et si la crise structurelle actuelle qui met en jeu toutes les dimensions du fonctionnement du
capitalisme : financière,économique, sociale, politique, idéologique, écologique... était une chance
pour jeter les bases d'une société qui se pose la question de l'émancipation des individus ? Les
réponses logiques à cette crise structurelle qui ressemble à celle des années 1930, ne peuvent se
trouver que du côté de la socialisation, des services publics, de la réduction du temps de travail... Il
est un scandale dont il faut prendre la dimension : une société qui n'est pas capable d'offrir des
emplois à ses jeunes insulte l'avenir. La précarité qui s'élargit déstabilise l'ensemble des salariés,
broie le futur en enfermant toute la société dans un passé dépassé.
Les politiques d'austérité n'ont pas de légitimité. Posons la simple question aux gouvernants en
place des raisons de la baisse des dépenses publiques, ils répondront lutter contre la hausse des
déficits pour comprimer l'endettement. Mais cet endettement est-il d'un niveau tel qu'il exige des
politiques de réduction des services publics ? Leur volonté se trouve ailleurs, dans la volonté de
privatiser et de marchandiser toutes les relations sociales pour individualiser les populations et
rompre avec le combat collectif et détruire toutes les solidarités collectives. La conséquence, c'est la
répression comme seul moyen de maintenir l'ordre social actuel et c'est la porte ouverte aux reculs
de tous les droits démocratiques, citoyens.
La logique économique se heurte à cette logique sociale. En termes économiques, il faudrait
augmenter les salaires, les pensions de retraites, augmenter l'emploi public, réduire le temps de
travail pour offrir un emploi à toutes et à tous, seule façon de valoriser les richesses existantes et
créer des richesses nouvelles. Paul Krugman économiste américain et prix Nobel note avec raison
que la lutte contre les déficits publics est devenue la priorité au lieu du combat contre le chômage,
alors que menace une dépression.
L'être humain ne peut se réduire à un ensemble de performances quantitatives. Cette culture
du résultat qui touche tous les secteurs de la vie économique, sociale et politique ne peut que se
traduire par une atteinte profonde à notre dignité individuelle et collective. Le stress au travail, la
souffrance, le harcèlement en résultent se traduisant par la montée du nombre des suicides.
Il faut rompre avec cette société qui marche sur la tête, trouver les voies et les moyens pour
que la sortie de la crise puisse se traduire par une amélioration des conditions de vie du plus grand
nombre.
En toute bonne logique, pour trouver les moyens de lutte contre la crise financière, il faudrait
nationaliser les grandes banques et créer un pôle public financier permettant d'orienter les crédits
vers le développement économique et les investissement productifs ; contre la crise économique,
augmenter le marché final (voir ci-dessus) et maintenir et développer les services publics ; contre la
crise écologique, créer un service public de l'environnement...
Et planifier démocratiquement pour dessiner un futur...
L'émancipation des individus devrait être à l'ordre du jour...
Nicolas Béniès,
économiste, chargé de cours à l'Université Populaire de CAEN
auteur du Petit manuel de la crise financière et des autres (Syllepse, 2009)
et de : Marx, le capitalisme et les crises (Editions La Ville Brûle,