Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Recherche

10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 09:19

tribune_libre.jpgLe renversement de régimes dictatoriaux du Maghreb longtemps soutenus par les démocraties occidentales au prétexte de la lutte contre l’islamisme apparaît maintenant, pour nombre d’éditorialistes,  comme autant de victoires de l’Occident  ainsi confirmé dans « ses » valeurs. L’indifférence complice  à l’égard de la persécution de tant d’opposants serait donc sauvegardée si « l’ordre public » n’avait pas été ébranlé par un battement d’aile : l’immolation de Mohamed Bouazizi. Ben Ali, Moubarak et Kadhafi pourraient continuer d’être reçus avec tous les honneurs…

Mais voilà qu’on  s’émerveille  de ces « révolutions »  pour mieux esquiver les évidences qu’elles nous jettent au visage. On honore aujourd’hui ce qui, hier  encore, était  méprisé, ce qui était l’objet de tous les honneurs devient l’objet des sarcasmes. Tenterait-on  ainsi de  dissoudre le trouble que ces évidences devraient susciter  pour  un peuple dont  un ex-ministre des affaires étrangères vient de déclarer que « ‘ nous ‘ avons tellement cru qu’il y avait chez eux (les peuples arabes) quelque chose qui aspirait à la servitude » (B. Kouchner, le 4.02.2011)

Voilà que l’apologie de l’insurrection est soudain décernée à des peuples qui mettent le feu aux commissariats et contraignent les nouveaux pouvoirs à poursuivre et juger  chefs de la police, ministres de l’intérieur et de la  sécurité  de l’ancien régime. Les misérables mensonges de MAM  évoquant une situation sécuritaire là où se levaient  des émeutes populaires qualifiées par l’ami Ben Ali « d’impardonnables actes terroristes perpétrés par des voyous cagoulés  » ont révélé la continuité (et la solidarité) policière des régimes censés garantir « l’ordre public » (En France, l’acharnement de la machine policière et judiciaire sur un groupe de jeunes gens dans l’affaire de Tarnac montre à quel degré de démence  et d’aveuglement peut parvenir l’obsession sécuritaire  au nom de l’antiterrorisme* ou de la lutte contre l’islamisme)

Les tyrans et, à un moindre degré, les oligarchies des démocraties représentatives devraient se rappeler  que si, « ce n’est pas la rue qui gouverne » les effets d’un battement d’aile d’un papillon à l’autre bout du monde ou de l’autre coté de la Méditerranée peut les mettre à bas et les balayer. Qui règne par la terreur, à un moindre degré, par la peur s’expose à la fureur.  Nul ne sait quand, libérée par l’indignation et la révolte,  l’étincelle foudroyante de la souveraineté populaire  embrase et découvre  le gouffre au bord duquel tout pouvoir oublie qu’il est assis.

 

                                                                                                Yann Le Pennec

*CF. Le Monde, 25 février « Paris-Texas, une proposition politique des mis en examen de Tarnac »

Partager cet article
Repost0

commentaires