Les représentants de la gauche aux élections cantonales n’ont pas manqué de propositions concernant l’agriculture qui représente 20% des emplois directs et dont l’activité recouvre 80% de la superficie du département
L’analyse de ces propositions recèle des nuances importantes qui ouvrent à débat et à des choix politiques. Ils concernent notamment la maîtrise du foncier et l’attribution sélective des aides si l’on souhaite voire de jeunes agriculteurs s’installer et procéder réellement à des changements d’orientations concernant les activités et les productions.
Parler de conversion écologique, de rupture avec le modèle dominant, de respect de l’environnement et de circuits courts nécessite de sérieux débats. Il s’agirait, en effet, de contester le productivisme dominant lié à la loi du marché, à la pression de l’industrie agro-alimentaire sur les agriculteurs entraînant érosion des sols, pollution des rivières jusqu’à prolifération des algues vertes…
L’agriculture et l’élevage, comme la pêche, nécessitent une rupture du mode de production qui n’ira pas sans rupture avec notre modèle de développement et avec nos comportements S’il s’agit, par exemple, de diminuer les transports et la pollution qu’ils occasionnent en relocalisant la production pour diversifier les activités et produire des aliments de meilleure qualité, il doit être clair que ce projet est économique et politique Il met en question le consumérisme propre à nos sociétés, le règne du jetable et du gaspillage, qui est lié aux besoins du capital de s’accroître sans limites dans sa dynamique d’accumulation sans fin.
On n’a bien du mal à envisager qu’une « conversion écologique » puisse être engagée sans critique radicale de la logique du capitalisme (en commençant par le nommer) à moins de penser à le peindre en vert dans le cadre d’un développement durable…
Yann Le Pennec