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29 janvier 2019 2 29 /01 /janvier /2019 08:50

 

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27 décembre 2018 4 27 /12 /décembre /2018 09:55

 par ELOISE BENHAMMOU
du 24 au 29 décembre 2018 :
article d'eloise benhammou On est à Paris au 9e étage du bâtiment « Colbert » à Bercy, dans la salle de marché animée par les traders de l'Agence France Trésor, chargés d'émettre les emprunts de l’Etat. La dette s’y vend aux enchères aux Spécialistes en Valeurs du Trésor. C'est de là que va se jouer la dette publique de la France pour 2019 avec le "placement" de 200 milliards de dettes d'euros pour boucler les fins de mois du pays.

A quelques pas de là, au 139 rue de Bercy, cette fois, c’est la célèbre « dette de la Sécu » qui se vend sur les marchés financiers. La Caisse d’Amortissement de la Dette Sociale (Cades) y émet des emprunts pour maintenir sous perfusion le système de Sécurité Sociale. Et sachez que les traders du Trésor et de la Cades ne traitent qu'avec les "Spécialistes en Valeurs du Trésor".

Traduction: on ne sait pas qui sont les investisseurs finaux.

Quant à ces intermédiaires, les "Spécialistes en Valeurs du Trésor" voici leurs identités: Bank of America - Merrill Lynch, Barclays, BNP Paribas, Crédit Agricole - CIB, Citigroup, Commerzbank, Deutsche Bank, Goldman Sachs, HSBC, JP Morgan, Morgan Stanley, Natixis, NatWest Markets, Nomura, Société Générale, etc.

Comme l’Etat fonctionne à crédit, plus il fait de crédits, plus il est contraint d’augmenter ses ressources. Les impôts, taxes et cotisations sociales qui servent à financer le service de la dette. Et il faut dire que tout dans l’Etat fonctionne à crédit.

La réelle menace pour les Français n’est pas Macron, mais les créanciers de l’Etat. Il faudrait moins d’une semaine aux créanciers de l’Etat pour créer le chaos en France.

Si l’Etat et le système de Sécurité Sociale ne disposent plus des avances des créanciers, les retraites ne seront plus payées.

Les fonctionnaires, l’armée, la justice, les hôpitaux ne fonctionneront plus. Les allocations familiales, le chômage ne seront plus versés. En clair, ce sera la fin de la paix sociale, mais par les banquiers cette fois, même pas par les Gilets Jaunes.

Espérons donc que le compte bancaire de l’Etat soit toujours plein !

Nous voici maintenant au Luxembourg. C’est dans ce petit paradis fiscal en plein cœur de l’Union Européenne que les comptes de l’Etat et de la Cades sont tenus depuis plusieurs années. Et pas dans n’importe quel établissement. Au sein de la banque des banques : Clearstream.

Clearstream avait été reconnue coupable d’avoir mis en place tout un commerce de comptes non-publiés pour permettre à ses clients internationaux d’effacer les traces des transactions dans ses livres. Clearstream est alors le centre de gravité du système bancaire et financier international et une plate-forme mondiale de l’évasion fiscale et du blanchiment d’argent. De quoi faire saliver les cartels de la drogue, les terroristes, les trafiquants en tout genre et, bien sûr, l’Etat.KKK Les comptes du Trésor Public et de la Cades y ont longtemps été ouverts jusqu’à ce que ses activités soient pilotées par le groupe KBL European Private Bankers toujours au… Luxembourg !

Sur l’hypocrisie du système, on pensait avoir atteint le comble du comble avec l’affaire « Cahuzac ». L'ancien Ministre du Budget qui pratiquait l’évasion fiscale pour dissimuler au fisc les pots de vin touchés de laboratoires pharmaceutiques. Et pourtant. L’Etat lui-même a ses comptes ouverts au Luxembourg.

La dette est un crédit doté d'un mouvement de va-et-vient, concédé par le maître, passant par l’État endetté, et revenant au maître sous forme de bénéfices accrus. Hegel dans sa Phénoménologie enseigne que tout ce que le maître possède est produit par l’esclave.

La dette est le talon d’Achille du système. Sans dette, pas d’esclave. Sans esclave, pas de maître. E.B.

Pourquoi les gilets jaunes : La Kleptocratie Française Une vidéo prémonitoire à voir absolument

 

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24 novembre 2018 6 24 /11 /novembre /2018 14:02
Coup de Gueule

Voire la Vidéo

 

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27 août 2018 1 27 /08 /août /2018 08:41
L'Humanité.fr Lundi, 27 Août, 2018

Le premier ministre a présenté les grandes orientations d’un futur budget 2019 marqué par l’austérité. Il s’en prend au pouvoir d’achat des familles et des retraités, attaque l’assurance-chômage et les emplois aidés.

On nous promettait un acte II plus social de la politique gouvernementale. Mais ce qu’a décrit longuement Édouard Philippe dans le Journal du dimanche, hier, en est l’opposé. Le budget 2019 s’annonce frappé du sceau de l’austérité. À l’exception notable des cadeaux faits aux entreprises, qui, à force de baisses de cotisations, vont sérieusement mettre à mal le financement de la solidarité nationale. Sous prétexte « de faire le choix du travail », le premier ministre s’en prend aux prestations sociales en les désindexant de l’inflation. Décryptage.

Le Pouvoir d’achat plombé pour deux ans

C’est l’attaque la plus franche et la plus antisociale annoncée dans le Journal du dimanche par le premier ministre. Si Édouard Philippe rejette tout « gel » des prestations sociales et familiales, les hausses seront plafonnées à 0,3 % en 2019 et 2020, alors que les prix s’envolent et que l’inflation s’élève à 1,7 % cette fin d’année, selon l’Insee. Ce qui équivaut dans les faits à une baisse nette du pouvoir d’achat qui se prolongera pendant deux ans. « À croire que ces gens se réveillent tous les matins en se demandant comment pourrir la vie des gens modestes… » a réagi Ian Brossat, chef de file du PCF pour les élections européennes de 2019. Les pensions des retraités sont à nouveau en première ligne. « La désindexation des retraites combinée à la hausse de la CSG représentent 578 euros de perte de pouvoir d’achat par an pour un retraité qui a 1 300 euros de retraite par mois », a calculé Valérie Rabault, députée PS. La perte nette s’élève à 888 euros pour une retraite de 2 000 euros. Les familles seront aussi lourdement touchées au portefeuille : les allocations familiales, de rentrée scolaire, primes de naissance, aides à la garde, comme les APL – déjà attaquées l’année dernière – sont impactées et n’augmenteront que de 0,3 %. Seul le RSA reste indexé à l’inflation.

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28 mai 2018 1 28 /05 /mai /2018 16:17

Fabrice AUBERT

1er Mai : c’est reparti comme en 1936 et 1968, les violences sont dues aux mouvements sociaux qui protestent contre les réformes « démocratiquement » votées donc légitimes. De ce fait, toute manifestation qui s’opposerait à ces projets de lois et lois seraient anti-démocratique et de ce fait … violentes. Et dans ce cadre, les « black-blocs » ne sont que les « théâtres d’ombre » d’un affrontement infiniment plus important, celui du Capital et du travail…matrice de l’Histoire humaine.

D’où vient la violence ? Telle est la vraie question. Oui, la démocratie organise la discussion politique. Mais faut-il rappeler à quel prix ce « succès » fut obtenu ??? 4 Révolutions furent nécessaires (1789,1830, 1848, 1871) et tant de victimes et de sang versé, pour arriver à institutionnaliser la République… sans que personne désormais ne se présente, ayant comme programme affiché, le retour au système féodal. Mais il fallu aussi les mouvements sociaux 1906 [1], 1936 [2], 1968 pour que les revendications sociales soient prises en compte et reconnus par les autorités politiques, générant ainsi du progrès social pour toutes et tous. Avant les accords de Grenelle ou de Matignon, la violence était celle du Capital, comme rapport d’exploitation du travail via le seul rapport de propriété, s’étant juste substitué à la violence de l’esclavage et de ses déclinaisons (servage, fermage, travail à façons). Jamais dans l’Histoire le Capital ne négocie, hormis sous contrainte du rapport de forces que Marx appelle « lutte des classes » Les dates de 1936, 1945 et 1968 en sont la matérialité. Les violences et l’affrontement ne viennent jamais du travail, mais du capital, obnubilé par son seul taux de profit obtenus contre la société et « l’intérêt général ».

Le libéralisme, derrière la douceur du mot, la violence des chiffres : Derrière le libéralisme se niche le piège des mots et la violence du réel. Comment imaginer que libéralisme renvoyant à la notion de liberté cache un système d’extorsion de richesses aussi performant ? C’est l’intelligence des capitalistes, d’avoir produit une « idéologie » morale, le libéralisme [3], qui justifie moralement, le système d’exploitation dénommé Capitalisme, car le capitalisme est un système d’exploitation violent, autant contre l’homme que la nature :
« Le Capital épuise deux choses : le travailleur et la nature » [4]. Le fondement d’une religion est, dans une situation de souffrance individuelle, de capter les sentiments, par « l’attractivité » des mots. Tel est le rôle et la mission du libéralisme, que d’offrir une « philosophie » à l’essence morale, permettant de masquer la réalité des rapports sociaux d’’exploitation, autrement dit d’extraction de richesses produites par autrui. C’est la raison qui fait que le « libéralisme », reste dans l’idéologie, refusant toute discussion sur le réel et pour cause … car le capitalisme concret, c’est :

  • 21 milliardaires possèdent autant que les 40 % les plus pauvres,
  • 1 % les plus riches détiennent 25 % des richesses nationales,
  • La fraude fiscale pèse plus de 60 Milliards d’euros par an,
  • Notre Pays abrite 9 millions de pauvres,
  • 3 millions de logements sont inoccupés, 600.000 logements indignes, 4 Millions de « mal-logés 
  • Les femmes ont en moyenne un salaire de 23 % inférieur à celui des hommes.
  • Le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans attient 40 % dans les quartiers défavorisés,
  • Plus d’un million de personnes en situation de handicap vivent sous le seuil de pauvreté,
  • 11,5 millions de personnes en situation de « précarité énergétique », mais E.D.F a été privatisé
  • 0n dénombre 52.000 décès prématurés du fait de la pollution de l’air,

Mais dans le même temps, la France est championne d’Europe de la distribution des dividendes.

Victor Hugo écrivait : « c’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches ». Jamais autant qu’aujourd’hui cette approche philosophique, n’a eu autant de matérialité, exprimant la violence d’un système, le capitalisme.

De l’intérêt général : Le fondement de la Révolution française, tient dans ce concept, qu’aucune autre révolution, de par le monde, (ni celle de l’Angleterre, ni celle des U.S.A) définit que la loi, voté par les députés, est porteuse de « l’intérêt général » et non « d’intérêts particuliers » transformés en lois. De fait aucune loi n’a de fondement en République Française, si elle ne vise pas « l’intérêt général », celui de la société dans son entier. C’est cet objectif qui « obligea », dans le cadre de la lutte des classes de 1944 à des décisions spécifiques à notre Pays :

  • L’impôt défini par assiette et taux selon le niveau de revenus (impôts progressifs) [5]
  • Rôle de l’Etat dans l’Economie (Nationalisations industrielles et planification)
  • Services publics et statuts, fondement de l’application de « l’intérêt général ».

L’Europe du marché unique, Europe des violences sociales du Capital : L’Europe présentée comme l’expression des libertés, n’a servi que de support à la libéralisation du Capital. Depuis l’origine, l’Europe n’a eu comme objectif que de faire du marché, le destin obligé de l’Europe auxquels au nom de la liberté individuelle, il fallait accepter les contraintes du marché, car toute liberté a ses contraintes. Voilà quelques dates qui révèlent les fondamentaux de l’Europe :

  • 1952 : création du CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) dont l’objectif est de définir une politique commune à 6 états (France, Allemagne, Italie, Belgique, Luxembourg, Pays-bas). En fait le C.E.C.A, initie « un marché commun du charbon et de l’acier »
  • 1958 : Le traité de Rome acte fondateur de l’Europe crée le marché commun européen
  • 1986 : Marché unique Européen
  • 1993 : Le traité de Maastricht développe la logique du marché européen en axant son développement sur « la libre circulation des capitaux, des marchandises et des hommes » au sein de la Communauté Européenne. Aucune politique sociale et fiscale d’harmonisation n’est élaborée. Seul compte le marché.
  • 1999 : création de la Zone Euro.
  • 2001 : Les monnaies nationales sont abandonnées, l’Euro devient la monnaie de la « zone euro » géré par une banque centrale indépendante et ayant comme seul objectif l’inflation.
  • 2005 : En mai 2005, le traité constitutionnel Européen est rejeté par référendum, mais il revient sous la forme du traité de Lisbonne, non adopté par les Peuples (pas de nouveau référendum) et institue le principe du « marché libre et non faussé ».

On le voit, la seule logique Européenne est celle de développer le « marché libre et non faussé » Et ceci n’est pas idéologique mais la réalité si l’on observe les privatisations effectuées dans notre Pays :

L’impuissance de l’Etat : Ces privatisations au-delà de la matérialisation de l’idéologie du marché, a des conséquences directes sur toute la société, du fait de l’affaiblissement de l’Etat conduisant à ce qu’on appelle désormais son « impuissance politique ». Là non plus, ce n’est pas de l’idéologie, mais la réalité des chiffres que personne ne peut contester et que visualise ce graphique :

Il faut bien se rendre compte qu’avec un secteur public industriel fort, la France en 1985 c’était 50 % des investissements industriels, 25 % de la valeur ajoutée, pour 20 % d’emplois. Désormais, c’est « l’Etat diminué », qui se limite à moins de 15 % des investissements, et 5 % de valeur ajoutée et d’emplois. Nous avons là la matérialité de ce qui est appelé « l’impuissance de l’Etat ». Quand De gaulle disait « Il nous faut une voiture populaire » deux ans après la R 4 sortait. La Puissance de l’Etat ne se discutait pas, du fait de sa maîtrise directe d’Entreprises industriels stratégiques. Désormais quand l’Etat demande quelque chose, il faut qu’il aille « négocier » avec le Patronat, comme n’importe quel syndicat. Qui peut s’étonner après de « l’impuissance de l’Etat » ???

La destruction de la France : Le discours de Yvon GATTAZ [6] à l’époque était : « il faut que l’Etat nous donne les entreprises industrielles pour que l’on puisse les moderniser et développer la compétitivité », d’où les privatisations et le transfert au privé. Et quel résultat ce transfert a-t-il donné au Pays ??? Ce fut le choix stratégique du Patronat français que de déserter le combat (comme en 40) et de se réfugier sur les activités financières lucratives. Là encore, ce n’est pas de l’idéologie, mais la matérialité des chiffres :

Où l’on observe que plus l’Etat transférait au secteur privé des activités industrielles stratégiques et plus celles-ci étaient abandonnées obligeant en fait les consommateurs à acheter des produits « made in ailleurs » (Frigidaires, télévisions, machines à laver etc.), aggravant la situation de l’emploi (chômage) et creusant les déficits (sécurité sociale, solde commercial). Voilà la violence du patronat en faits.

Et l’investissement ? Si l’on considère avec juste raison que ce sont les investissements en recherche développement qui déterminent la compétitivité de demain, il faut alors observer, là encore la trahison du patronat Français. Et là encore ce n’est pas de l’idéologie, juste l’analyse du graphique qui visualise les investissements faite en recherche-développement en comparaison avec l’Allemagne … dans la période des privatisations qui devaient permettre de développer la compétitivité. Ce sont ces choix de gestions qui entrainent les conséquences sur l’emploi.

Les violences sur l’emploi : En 1986, lors de ma période de fin d’études universitaires, mon avenir sur le marché de l’emploi se présentait ainsi :

  • 85 % des emplois créés étaient en C.D.I, c’est-à-dire stable, permettant ainsi d’envisager de dessiner un avenir humain.
  • Pour un étudiant aujourd’hui c’est l’inverse, 85 % des emplois créés sont hors C.D.I, donc pour l’essentiel précaires. Peut-on construire un avenir, dans le cadre de ce système fondé sur la précarité de masse ?

Il faut bien comprendre que cette évolution s’est faite au moment de la période des privatisations. Il y a donc bien un rapport direct entre privatisations et précarisations…Et la précarisation est « violence contre l’humain ».

Les violences du Gouvernement Macron : Après avoir cassé l’économie française dans sa base industrielle, et nous rendre ainsi « prisonnier » des aléas de la « mondialisation », il fallait aller plus loin pour répondre aux désirs du Patronat. Celui-ci depuis des années réclame l’assouplissement des règles de protection des salariés en vue de pouvoir imposer ce « marché unique pur et parfait » de « tube à essais » du laboratoire du libéralisme. Le principe est que toute entreprise doit passer sous les fourches caudines de la concurrence, concurrence qui se fabrique par la mise en concurrence systématique des sa
lariés entre eux. De fait, il ne peut y avoir de « marché pur et parfait », condition du « plein emploi libéral » qu’en réduisant ou supprimant leur protection collective. En France :

  • Les lois Macron sur l’ouverture des commerces le dimanche,
  • La « loi travail » de El Khomri…
  • L’inversion de la hiérarchie des normes du code du travail nous renvoie au XIXème siècle.

Les licenciements collectifs permanents, les menaces contre les délégués syndicaux, la réduction des représentants du personnel et la fusion des instances représentatives, où « les partenaires sociaux négocient », sont de la violence contre l’ensemble du monde du travail. Et toutes les lois actuelles ne nous y trompons pas, viennent du Capital, l’Etat n’étant que l’exécuteur des basses œuvres au service du Capital. Soulignons que derrière la modernité déclamée :

  • La mise en cause du code du travail nous renvoie à 1910,
  • La mise en cause du statut des cheminots nous renvoie à 1920
  • L’idée du second jour de travail gratuit, définition de la corvée, nous renvoie au système féodal.

A quoi il faut rajouter, souligner, alerter sur sa volonté de se rapprocher de l’Eglise : « Pour nous retrouver ici ce soir, Monseigneur, nous avons, sans doute, vous et moi bravé, les sceptiques de chaque bord. Et si nous l’avons fait, c’est sans doute que nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l’Église et l’État s’est abîmé, et qu’il nous importe à vous comme à moi de le réparer » nous renvoie ici avant la loi de 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat, créant la laïcité.

Le besoin de religion pour masquer les violences sociales : Cet appel aux religions est un appel de fait aux confrontations religieuses puisque sa déclaration choisit, de plus, une religion particulière :

  • « Ce dialogue est indispensable, et si je devais résumer mon point de vue, je dirais qu’une Église prétendant se désintéresser des questions temporelles n’irait pas au bout de sa vocation ; et qu’un président de la République prétendant se désintéresser de l’Église et des catholiques manquerait à son devoir  »

Cette déclaration vise à amplifier les mouvements religieux comme seuls à même de régler les problèmes de la société, au vu des démissions politiques et leur transfert au seul marché générant les violences sociales ici aperçues. Et cet appel aux conflits religieux est d’autant plus urgent que selon un sondage 72 % des Français considèrent que sa politique est socialement injuste.

De l’utilité de Marx : C’est à ce moment de l’analyse qu’il nous faut ressortir l’analyse que Marx dévoile du rôle de la religion dans le Capitalisme et dont les médias ne répètent que la fin « la religion est l’opium du peuple ». La vraie phrase dans son intégralité est la suivante : « « La misère religieuse est tout à la fois l’expression de la misère réelle et la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’un état de choses où il n’est point d’esprit. Elle est l’opium du peuple.”

Ce n’est donc point à la religion en tant que tel qu’il s’attaque mais beaucoup plus à la religion, utilisée comme expédiant, pour voiler les violences du Capital.

Le Président Macron dans une situation politique difficile, mal élu, et perçu comme un bourgeois (Président des riches), a besoin des religions pour faire oublier la violence de sa politique, d’où son appel à la religion soutenu par le Patronat qui préfère évidemment le retour de la « guerres des religions », qui jamais ne discuteront de la violence des profits, au retour de la « lutte des classes »..dont la question de la répartition des richesses matérielles et du « bien-être », est le fondement.

Macron ou la financiarisation de l’Etat : Après avoir été imposée aux entreprises, du secteur privé avec les résultats que l’on connait (chômage de masse, précarisations, suicides), la financiarisation s’applique désormais à l’Etat ce qui explique toutes les décisions financières budgétaires de baisse de l’imposition des entreprises et des plus riches financées par des hausses sur les familles (C.S.G, Taxe sur l’essence) et la baisse ou la suppression des services publics. La suppression de la taxe d’habitation au-delà du fait qu’il s’agit d’un impôt injuste, va surtout permettre de supprimer la commune, fondement de la démocratie depuis 1789. Tout doit aller au marché d’où l’objectif de supprimer le statut des cheminots et de privatiser le rail et les aérogares.

Le gouvernement des banquiers : Macron est l’expression de cette domination de la finance sur l’économie réelle et institue « le gouvernement des banquiers, par les banquiers ». Il faut savoir que cette période de domination des banquiers et de la bourgeoisie d’affaires sur le Pays a déjà eu lieu sous le règne de Louis-Philippe et que cette période a déjà développé la paupérisation des classes laborieuses, en installant au pouvoir une bourgeoisie d’affaire : « accession de la bourgeoisie aux affaires manufacturières et financières, permettant un essor économique de première importance en France (révolution industrielle). Cependant, la chute du régime qu’il a fait naître a pour principales causes d’une part la paupérisation des « classes laborieuses » (paysans et ouvriers) et d’autre part le manque de compréhension de la part des élites de la monarchie de Juillet pour les aspirations de l’ensemble de la société française. » [7]

K.MARX présent à Paris au moment de la Révolution de 1848 écrivit : « Après la révolution de Juillet, lorsque le banquier libéral Laffitte conduisit en triomphe son compère le duc d’Orléans à l’Hôtel de ville, il laissa échapper ces mots : « Maintenant, le règne des banquiers va commencer. » Laffitte venait de trahir le secret de la révolution. Ce n’est pas la bourgeoisie française qui régnait sous Louis-Philippe, mais une fraction de celle-ci : banquiers, rois de la Bourse, rois des chemins de fer, propriétaires de mines de charbon et de fer, propriétaires de forêts et la partie de la propriété foncière ralliée à eux, ce que l’on appelle l’aristocratie financière. Installée sur le trône, elle dictait les lois aux Chambres, distribuait les charges publiques, depuis les ministères jusqu’aux bureaux de tabac [8].

On voit à quel à quel point « celui qui ne connait pas l’Histoire est condamné à la revivre » / K. Marx

Le « guignol des marchés » : Toute la presse mainstream s’est précipité sur ce numéro de « Forbes » montrant le « Président  moderne » expliquer, qu’il était le leader du « marché libre ». En fait le « Leader-Président », surnommé « Jupiter » par les médias, n’est qu’un guignol. Il faut préciser que le marché dans la théorie libérale, n’a besoin pour fonctionner que de la rencontre entre une courbe d’offre et de demandes fixant un prix, tout ceci étant régulé par la « main invisible », chère à Adam SMITH. Et que dans ce cadre, le grand leader du « free market » est tout au plus un serviteur du marché, pas plus, et quand on ne fait que « servir » le croisement de deux courbes, le grand enfant que je reste, appelle cela un « guignol ». De Gaulle disait lui « La politique ne se décide pas à la corbeille » [9]. La grandeur était là.

Derrière la violence d’Etat, la violence du capital : Toutes les lois votées depuis une trentaine d’années sont des lois violentes contre la société, puisqu’elles s’attaquent à « l’intérêt général », fondement de la République, dont le service public est porteur, pour favoriser l’intérêt particulier, d’où les privatisations et « mises en concurrence ».

Chaque privatisation, dénommée idéologiquement « ouverture à la concurrence », est un viol de la République car seul le « service public », en tant qu’outil, matérialise la décision politique « d’intérêt général ». Le discours libéral sur la possibilité de faire exécuter par le privé des missions de service public, dénommé, « délégation de services public » est une privatisation de fait. Dans cette situation, du fait même de la définition du marché, les contraintes de services public (sécurité, qualité) et de tarifications sociales, sont abandonnées et s’y substitue celle du profit, première contrainte d’une entreprise dans le cadre du marché. Comment dans cers conditions peut-on encore oser prétendre que « déléguer » un service public au marché revient au même ??? Où a-t-on vu une « délégation de service public » rendre un service de qualité supérieure ??? ceci est un non-sens du fait de la contrainte de profit….

 

 
Pour cacher ses violences, qui paupérisent la société, l’Etat a aussi besoin de montrer de manière pornographique les « violences des manifestations », d’où le rôle très ambigu de la Police, qui sur ordre n’est pas intervenu en amont lors de la manifestation du 1er Mai, permettant aux « éditocrates du marché » de ne parler que des violences des « bris de magasin » omettant ainsi toutes les violences sociales de « casse industrielle » et de services publics opérés en catimini, à l’ombre des lois.

 

La violence d’Etat décrété par l’entremise des lois est celle du Capital qui, pour obtenir ce qu’il veut, n’a point besoin d’aller manifester. Jean-Jaurès expliquait déjà :

« Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! Quelques hommes se rassemblent, à huis clos, dans la sécurité, dans l’intimité d’un conseil d’administration, et à quelques-uns, sans violence, sans gestes désordonnés, sans éclats de voix, comme des diplomates causant autour du tapis vert, ils décident que le salaire raisonnable sera refusé aux ouvriers ;

ils décident que les ouvriers qui continuent la lutte seront exclus, seront chassés, seront désignés par des marques imperceptibles, mais connues des autres patrons, à l’universelle vindicte patronale »

Jean JAURES-1906.

Rien de nouveau sous le soleil de Satan. Tout est déjà parfaitement connu et l’on sait déjà qu’en cas de défaite sociale éventuelle des cheminots, l’irruption sociale reviendra encore plus forte. Dans l’Histoire l’insurrection de la Commune de 1871 vient après la Révolution inachevée de 1848. L’Histoire ne se répétant pas, elle ne pourra plus représenter un « nouveau jeune moderne ». Si comme le dit le proverbe, « Chat échaudé craint l’eau froide » alors « prolétaire violenté s’attaque au Maitre » et ceci vaut depuis Spartacus.

Que les « prolétaires modernes » du « nouveau monde » de la « Macron company » des « start-up de pacotille » et des « ubérisés du quotidien » comprennent que derrière les lois qui détruisent les « protections collectives » (code du travail statut, « services publics »), se trouve le Patronat qui dicte en permanence à Jupiter, les lois à faire adopter.

Oui, derrière la violence d’Etat, toujours, se trouve la violence du Capital.

« Précarisés et violentés de tous les Pays », unissez-vous.

Le 5 Mai 2018,

Fabrice

P.S / Je vous joins ici un article qui montre comment une entreprise du marché (ex entreprise publique privatisée GDF-SUEZ) va imposer à chaque usager de payer les prix de marché en passant par les tribunaux, sans que jamais les français n’aient eu le moyen démocratique de pouvoir se prononcer. Une violence de plus…du « marché libre et non faussé ». https://fr.news.yahoo.com/electricit%C3%A9-rapporteur-public-conseil-detat-lannulation-dun-tarif-170650976--finance.html

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29 avril 2018 7 29 /04 /avril /2018 15:14

 

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22 avril 2018 7 22 /04 /avril /2018 08:24
Ce « nouveau monde » … qui nous renvoie au passé
Fabrice AUBERT
image : "Old New World" de Alexey Zakharov

Révolution, c’était le livre d’Emmanuel Macron pour dévoiler ses analyses et son programme. Révolution oui, toutes les décisions prises par Jupiter, sont révolutionnaires… mais dans quel sens ??? Dans le sens de l’émancipation ou dans le sens inverse à l’évolution historique, telle est la question ???

Du code du travail : Le premier code du travail, en France date de 1910 et les députés sous contrainte des réalités, suite au rapport du docteur « Villermé » [1] et des 1.300 grèves de 1906, a généré le fondement du principe de la hiérarchie des lois. Toute entreprise avait l’obligation au minimum de respecter le code du travail enrichi par les luttes sociales (1936-1944-1968). Les accords de branche ou d’entreprise pouvaient aller au-delà, dans le sens d’un plus social. Que fait Macron dans son « nouveau monde », certes le « code du travail » existe toujours formellement, mais son principe d’inversion de la hiérarchie des normes (accord d’entreprise pouvant générer une dérogation au code du travail) signifie de fait la suppression des protections collectives, comme fondement de la protection de chacun. Or, depuis Neandertal, dans un environnement hostile, et la mondialisation fabrique un environnement hostile, la meilleure des sécurités individuelles, c’est la sécurité collective. Hier, c’était la tribu, aujourd’hui c’est la société et la sécurité sociale.

De fait la décision du gouvernement Macron nous renvoie donc à avant 1910…

Du statut des cheminots : Pour construire son « nouveau monde », en s’appuyant sur la dette des apparences, Macron veut imposer la suppression du statut, donc renvoyer le chemin de fer à l’époque où il n’y avait pas de statut. Et là surprise, le premier des statuts des cheminots ne date ni de 1945, ni de 1968, mais de 1920 alors que des sociétés privées existaient encore. L’objectif du statut, étant alors de fidéliser les catégories ouvrières à un métier pénible. Pense-t-on aujourd’hui que le métier n’est pas pénible ??? Pourquoi autant de démissions de cheminots dans une période de chômage élevé ??? Il reste cependant au-delà de la dette, avancée comme causalité expiatoire, que la suppression du statut nous renvoie à avant 1920…Telle est, là aussi, la réalité de l’Histoire.

L’Eglise et l’Etat : C’est en 1905, après tant de guerres de religion, tant de morts et de massacres, que sous l’impulsion d’un député [2], la loi visant définitivement la séparation de l’église et de l’Etat, fut votée, créant de fait la laïcité. La République se libère de toute religion visant à justifier par une croyance, quelle qu’elle soit, une politique publique, car tel est le soubassement de cette séparation. Auparavant, les lois devaient pour pouvoir s’appliquer convenir à Dieu, ou plus exactement à ses représentants sur terre…. Confronté aux grèves de « luttes de classe » renvoyant à l’hérétique « Karl Marx », voilà que de l’olympe, Jupiter nous fait une crise de religiosité : « Pour nous retrouver ici ce soir, Monseigneur, nous avons, sans doute, vous et moi bravé, les sceptiques de chaque bord. Et si nous l’avons fait, c’est sans doute que nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l’Église et l’État s’est abîmé, et qu’il nous importe à vous comme à moi de le réparer ». Ce constat établi signifie que dans son esprit la séparation de l’église et de l’Etat est une faute. Et que de fait, il s’agit de revenir au temps béni où le royaume de France était « la fille ainée de l’église » [3] …. Justifiant croisades en Galilée… D’où la modernité d’un retour à avant 1905… Soulignons que le propos de Jupiter va plus loin et qu’il s’agit pour Jupiter de se mettre sous l’autorité de l’Eglise : « Ce dialogue est indispensable, et si je devais résumer mon point de vue, je dirais qu’une Église prétendant se désintéresser des questions temporelles n’irait pas au bout de sa vocation ; et qu’un président de la République prétendant se désintéresser de l’Église et des catholiques manquerait à son devoir » [4]Soulignons que la seule église invoquée est celle des catholiques générant de fait un classement, support à toutes les exactions possibles conte les autres religions et je ne parle pas du mécréant athée que je suis…

Du retour des corvées : Voilà que dans les pistes envisagées pour financer la dépendance, un jour de repos de plus [5] serait mis à contribution, en vue de financer le vieillissement de la population [6]. Cette solution d’un « jour de travail gratuit » étant présentée comme la solution d’avenir. Pourtant donner une journée de congé obtenus par et dans le cadre de mouvements sociaux visant à faire du droit à congés payés, un droit inaliénable du travail vise bien à revenir en ces temps ancestraux, où pour réparer les douves du château du seigneur et saigneur, il fallait que les paysans qui cultivaient déjà la terre du domaine, donnent aussi du « temps gratuit » pour l’entretien de la propriété qui accueillait ripailles et orgies auxquelles, de plus, ils n’étaient, nullement conviés…Pour ces « modernes », le retour à la corvée du moyen-âge, imposé aux seuls prolétaires (journée de travail gratuit), leur semble préférable à la cotisation, car là, le Patronat serait obligé de cotiser…

Un nouveau monde ressurgi du passé : Décidément, ce jeune Président au sourire bon-enfant, aux tenues impeccables et au verbe sucré renvoie notre société dans un passé, dont l’Histoire nous apprends qu’il n’était doré que pour les possédants. La fin du code du travail nous renvoie à 1910, la fin du statut des cheminots nous renvoie à 1920, le « dialogue » avec la seule église catholique nous renvoie à 1905 et enfin le retour des corvées nous renvoie au moyen-âge…. Triste « nouveau monde » qui au-delà des mots nous renvoie au siècle passé… et ses violences guerrières et « révolutionnaires » (j’y reviendrais).

L’épisode Macron un resucée historique : On peut considérer que l’action politique du gouvernement Macron est moderne, tant que l’on n’est ignorant de l’Histoire, mais il suffit de connaitre notre histoire dans ses dramaturgies profondes, pour comprendre qu’il n’est que l’avatar d’un épisode déjà ancien. Karl Marx ne fut pas qu’économiste, philosophe et historien, il faut aussi journaliste, notamment à Paris au moment de la Révolution de 1848 et il nous a laissé un ouvrage « Les luttes de classes en France » qui sont cette trace du passé qui ressurgit sous l’ère Macron : « Après la révolution de Juillet, lorsque le banquier libéral Laffitte conduisit en triomphe son compère le duc d’Orléans à l’Hôtel de ville 1 , il laissa échapper ces mots : « Maintenant, le règne des banquiers va commencer. » [7] Faut-il ici rappeler l’origine professionnelle du Président Macron ??? au point que comme en 1848, il fait lui aussi appel à la dette, pour justifier la suppression du statut…

Du rôle de la dette : Il faut dénoncer cette phraséologie de la dette dite publique, non en soi, mais du fait qu’elle a toujours servi de paravent aux exactions financières du moment. Ce fut déjà le cas en 1789, mais plus encore en 1848, où déjà la dette dite publique devient le support à l’enrichissement de la bourgeoisie. Redonnons la parole à Karl Marx : « « L’endettement de l’État était d’un intérêt direct pour la fraction de la bourgeoisie qui gouvernait et légiférait au moyen des Chambres. C’était précisément le déficit de L’État qui était l’objet même de ses spéculations et la source principale de son enrichissement. A la fin de chaque année, nouveau déficit. Au bout de quatre ou cinq ans, nouvel emprunt. Or, chaque nouvel emprunt fournissait à l’aristocratie une nouvelle occasion de rançonner L’État, qui, maintenu artificiellement au bord de la banqueroute, était obligé de traiter avec les banquiers dans les conditions les plus défavorables. Chaque nouvel emprunt était une nouvelle occasion de dévaliser le public, qui place ses capitaux en rentes sur L’État, au moyen d’opérations de Bourse, au secret desquelles gouvernement et majorité de la Chambre étaient initiés. (...) » [8]L’on voit donc qu’en France, la dette « dite publique » est une caractéristique majeure de la « lutte des classes ».

Déjà les chemins de fer : L’histoire ne se répète, elle bégaie mais à ce point-là, c’est vraiment « pur et parfait », au sens du marché libéral, car déjà en 1848, les chemins de fer étaient l’objet d’un affrontement politique : « De même que les dépenses publiques en général et les emprunts publics, la classe dominante exploitait aussi les constructions de lignes de chemin de fer. Les Chambres en rejetaient sur l’État les principales charges et assuraient à l’aristocratie financière spéculatrice la manne dorée. On se souvient des scandales qui éclatèrent à la Chambre des députés lorsqu’on découvrit, par hasard, que tous les membres de la majorité, y compris une partie des ministres, étaient actionnaires des entreprises mêmes de voies ferrées, à qui ils confiaient ensuite, à titre de législateurs, l’exécution de lignes de chemins de fer pour le compte de l’État » [9]

La domination de la Finance : La financiarisation de l’économie et de la société est un concept nouveau et pourtant son mécanisme est aussi vieux que le capitalisme. Là encore, il faut lire ce qu’en écrivait Marx : « Pendant que l’aristocratie financière dictait les lois, dirigeait la gestion de l’État, disposait de tous les pouvoirs publics constitués, dominait l’opinion publique par la force des faits et par la presse, dans toutes les sphères, depuis la cour jusqu’au café borgne se reproduisait la même prostitution, la même tromperie éhontée, la même soif de s’enrichir, non point par la production, mais par l’escamotage de la richesse d’autrui déjà existante » / « Les luttes de classes en France ». L’on voit ici à quel point l’analyse est actuelle.

La violence révolutionnaire : Il est toujours dénoncé la violence révolutionnaire au sens où les Révolutionnaires seraient par nature violents. Renvoient à cette image d’Épinal, la guillotine et les massacres de 1793. A chaque Révolution le sang a coulé c’est vrai, mais jamais la question qui fâche n’a été posée : « Pourquoi ? ».

  • Jamais la jeune Révolution de 1789 ne voulait faire la guerre. Robespierre disait : « « La plus extravagante idée qui peut naître dans la tête d’un politique est de croire qu’il suffise à un peuple d’entrer à mains armées chez un peuple étranger, pour lui faire adopter ses lois et sa constitution. Personne n’aime les missionnaires armés… ». La guerre fut donc voulue et déclenchée par les autres royaumes qui ne voulaient surtout pas que les principes de la République s’étendent…
  • Jamais la Révolution de 1871 (La commune) ne voulut faire la guerre, préoccupé qu’elle était de construire l’émancipation. Ce fut Adolphe Thiers [10] qui décida du massacre des communards et il était déjà là en 1848 pour imposer la haute bourgeoisie dans le cadre de la Révolution.
  • La Révolution de 1917 [11] avait autre chose à faire que la guerre, elle qui est survenu derrière le S.M.S le plus performant au monde : « La paix, du pain ». Pourtant dès 1918, des contingents de soldats anglais et français furent envoyés pour soutenir les blancs de la contre révolution bolchévique…
  • La Révolution Chilienne fut aussi noyée dans le sang en 1973…sans oublier Cuba …

Les « violences révolutionnaires » n’existent que comme le seul moyen pour se protéger des retours en arrière possibles. Rappelons ici qu’après 1793, ce fut le retour de l’Empire (Napoléon) puis du Royaume (Louis XVIII) et il fallu trois autre révolutions sanglantes (1830, 1848 et 1871) pour qu’enfin plus personne ne demande le retour de la royauté… La matrice historique de l’évolution humaine n’est pas celle qui nous montre l’histoire comme une suite de quotidiens au jour le jour… car à la fin c’est l’homme qui fait l’histoire : « « L’histoire ne fait rien, c’est l’homme, réel et vivant, qui fait tout ». Karl Marx et il le fait dans des conditions historiques qu’il n’a pas choisies mais qui lui sont imposées : «  Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas de leur propre mouvement, ni dans des conditions choisies par eux seuls, mais bien dans les conditions qu’ils trouvent directement et qui leur sont données et transmises. » [12]. Les Révolutions sont donc violentes du fait des conditions qui leur sont imposées par ceux qui ont peur de tout perdre. Et pour revenir vers leur monde ancien, les « contre révolutions agissent de même, expliquant les violences des réformes actuelles (« code du travail », « statut », « laïcité » etc.).

Ce « nouveau monde » tellement ancien : La « Révolution » proposée par le Président Macron est donc bien un retour réactionnaire vers le passé. Aucun progrès social, aucune émancipation n’est à attendre de ce processus, bien au contraire. Toute son analyse est fondée sur la nécessité de revenir en arrière, car s’appuyant sur le dogmatisme du marché selon lequel l’équilibre économique et social d’une société dépends de forces naturelles dont la « loi de l’offre et de la demande » forme l’ossature et qu’aucune politique ne peut modifier. Aucune loi humaine venant modifier ces forces, pour les rendre plus humaines et plus sociales, ne peuvent fonctionner, car telles sont les « lois du marché », qu’il nous faut accepter d’en payer le prix (le prix de marché). Prix de marché régulé par la « main invisible » du dieu Marché, expliquant en retour pourquoi Jupiter a tellement besoin des religions pour justifier les souffrances sociales imposées : « ’La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit des conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple.’ [13] .

Dans ce cadre, la politique n’a plus de sens, ou plutôt si, un seul sens, configurer la société, tel que la théorie libérale le stipule, l’enseigne, le catéchise et le professe. La politique suivie depuis trente ans, et que le gouvernement Macron perpétue en l’amplifiant, ne vise qu’à forcer l’humanité à s’adapter aux forces naturelles du marché, là où depuis Spartacus, visant l’émancipation, il s’agit de briser les chaines de l’esclavage. Trente ans de politique qui vise à nous faire baisser les yeux pour regarder nos pieds de plus en plus enchainés…et nos cerveaux de plus en plus conditionnés par les écoles, les universités, et les médias dominants (compétitivité, concurrence, flexibilité, mobilité etc…).

Embraser l’avenir : L’illusion du système consiste à se persuader lui même, que les reculs sociaux successifs et cumulatifs de ce « capitalisme à cliquet » [14], est tellement puissant du fait de sa domination médiatique [15], que les soubresauts de résistance, ne peuvent que s’épuiser. Mais chaque défaite sociale effective, entraînant un recul social, s’accompagnant de l’affaiblissement des organisations de « lutte de classe » [16], rapprochent du moment, où ce système devenu insupportable, au commun des mortels, engendrera une réaction collective inarrêtable. A ce moment-là, la lame des révoltes accumulées, sortira de son lit et inondera le monde. C’est ce moment particulier qui porte le nom de Révolution. De ce fait, ce qui déclenche fondamentalement les Révolutions est plus à rechercher dans les situations historiques d’affrontement (« lutte des classes »), que dans les mouvements révolutionnaires…car, « On ne fait pas bouillir les marmites de l’Histoire » / K. Marx.

Notre Pays a cette histoire faite de Révolutions (1789, 1830, 1848, 1871, 1944) et de mouvements sociaux de luttes (1906, 1936, 1968, 1995) qui toujours, ont su, sur des temps courts, renverser les régimes les plus réactionnaires et initier des avancées sociales historiques marquant l’espace et le temps

Le gouvernement Macron peut encore gagner contre les cheminots, brisant ainsi les dernières digues de protection collectives, mais les révoltes sociales reviendront encore plus fortes, encore plus puissantes et encore plus massives, pour enfin briser l’encerclement et les chaines.

Alors depuis les chaines de Spartacus, me vient cette phrase qui n’arrête pas de déferler : « A force de regarder ses pieds, on ne peut y voir pousser que des chaines, c’est en levant les yeux et en regardant l’horizon, que l’on embrase l’avenir ». C’est à cette matérialité exigeante que l’humanité est confrontée.

Fabrice AUBERT

17 Avril 2018

[1Tableau de l’état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie, 1840

[2Aristide BRIAND

[3Emmanuel MACRON

[4Emmanuel MACRON

[5Déjà mis en place pour faire face à la canicule et présentés comme jour de solidarité vis-à-vis des anciens…par Raffarin, ancien premier ministre de Sarkozy…

[7K. Marx / « Les luttes de classes en France » / 1848

[8K. Marx / « Les luttes de classes en France » / 1848

[9K. Marx / « Les luttes de classes en France » / 1848

[11Je ne parle pas ici du Stalinisme en tant que système d’élimination massif

[12Karl Marx, « Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte. », 1852

[13Karl Marx - 1818-1883 - avec Engels, Critique de ’La philosophie du droit’ de Hegel, 1844

[14Chaque victoire du MEDEF, devient un nouveau point d’appui, pour obtenir encore plus.

[159 Milliardaires possèdent 90 % des médias dominants.

[164 millions d’adhérents à la CGT en 1948, 600.000 aujourd’hui avec une population active ayant plus que doublée.

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27 novembre 2017 1 27 /11 /novembre /2017 09:06

Warren Buffet est classé par le magazine américain Forbes comme l’un des hommes les plus riches du monde. Il y a quelques années, il déclarait sur CNN : « There’s a class warfare, all right, but it’s my class, that’s making war, and we’re winning » (La lutte des classes existe, évidemment, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui en est à l’initiative. Et cette guerre, nous sommes en train de la gagner |1| »).

Le préambule de la Charte des Nations-Unies s’ouvre sur ces mots : « We the People of the United Nations… » (« Nous les peuples des Nations-Unies… »). C’est à l’ONU – plus précisément aux Etats alliés qui ont signé cette Charte, le 26 juin 1945 à San Francisco – qu’incombe la tâche de protéger et de garantir les intérêts collectifs des peuples, le bien être universel. Or, ces intérêts sont aujourd’hui attaqués de toutes parts par la classe des riches, celle de Warren Buffet. Les États ont été vidés de leur capacité normative et de leur efficacité. Ils se sont fait, en quelque sorte, mettre K.-O. par les détenteurs du capital financier mondialisé.

Mon plus récent combat, celui que je mène contre les fonds vautours au sein des Nations-Unies, illustre cette réalité d’une façon paradigmatique. Membre du Comité consultatif du Conseil des droits de l’homme de l’ONU |2| depuis 2008, j’avoue n’être pas un instant « neutre » dans mon travail. Les droits de l’Homme sont une arme formidable aux mains de ceux qui veulent changer le monde, apaiser les soufrances d’autrui, briser le bras des prédateurs. Et pour progresser, ce combat suppose que l’on passe des alliances.

Dans la lutte des classes mondiale, la guerre des riches contre les peuples menée à l’initiative des Warren Buffet, il faut choisir son camp.

Les peuples des pays pauvres se tuent au travail pour financer le développement des pays riches. Le Sud finance le Nord et notamment les classes dominantes des pays du Nord. Le plus puissant des moyens de domination est aujourd’hui le service de la dette. Les flux de capitaux Sud-Nord sont excédentaires par rapport aux flux Nord-Sud. Les pays dits « pauvres » versent annuellement aux classes dirigeantes des pays riches beaucoup plus d’argent qu’ils n’en reçoivent d’elles, sous la forme d’investissements, de prêts, d’aide humanitaire ou d’aide dite au « développement ». Le service de la dette maintient les peuples en esclavage et pille leurs ressources.

Le plus puissant des moyens de domination aujourd’hui est le service de la dette

Sa compétence est double : examiner périodiquement la politique des droits de l’homme menée par les 193 États membres de l’ONU et créer des normes de droit international nouvelles lorsque des situations inédites l’exigent. Le Conseil des droits de l’Homme possède un organe subsidiaire, le Comité consultatif. Composé de 18 experts (dont 3 issus du groupe des États occidentaux), celui-ci instruit des dossiers et formule des propositions à l’intention du Conseil. Il n’a pas le pouvoir de décision. Les membres du Comité consultatif sont nommés par le Conseil sur proposition de leur État d’origine, mais leur mandat n’est pas impératif.

Cette spoliation s’est encore aggravée ces dernières décennies avec l’apparition des fonds vautours, ainsi nommés du fait de leur caractère rapace et charognard. Les fonds vautours sont des fonds d’investissements spéculatifs, enregistrés dans les paradis fiscaux et qui sont spécialisés dans le rachat de dettes largement en dessous de leur valeur nominale, avec pour objectif d’engranger des profits maximaux. Ces fonds spéculatifs sont la propriété d’individus extrêmement riches, qui comptent parmi les plus terribles prédateurs du système capitaliste. Ceux-ci disposent de trésors de guerre se chiffrant en milliards de dollars. Ils commandent à des bataillons d’avocats capables d’engager des procédures sur les cinq continents, pendant dix ou quinze ans s’il le faut.

Les fonds vautours tuent. En voici un exemple. En 2002, suite à une sécheresse effroyable, la famine provoqua la mort de dizaines de milliers d’êtres humains au Malawi. Sur les 11 millions d’habitants de ce pays du sud-est africain, 7 se sont trouvés gravement sous-alimentés. Le gouvernement était dans l’incapacité de venir en aide aux victimes, puisque quelques mois auparavant, il avait du vendre sur le marché ses stocks de réserve de maïs (40 000 tonnes !) pour payer un fonds vautour, qui avait obtenu, devant un tribunal britannique, la condamnation du Malawi au versement de plusieurs dizaines de millions de dollars…

L’éditorialiste du Financial Times, Martin Wolf, n’est vraiment pas ce qu’on appelle un révolutionnaire. Pourtant il écrit : « It is unfair to the real vultures to name the holdouts such since at least the real vultures perform a valuable task ! » (Nommer ces fonds vautours est une insulte faite aux vautours puisque ces derniers jouent un rôle utile). Il a raison : les vautours nettoient les carcasses des bêtes mortes dans les savanes et évitent ainsi la diffusion des épidémies…

Sous l’impulsion de l’Argentine, qui compte parmi les victimes de fonds vautours, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU demanda au Comité consultatif, par sa résolution 27/30 du 26 septembre 2014, un rapport répondant à la double question suivante : « Dans quelle mesure et de quelle façon les activités des fonds vautours violent-ils les droits économiques, sociaux et culturels des peuples attaqués ? Le cas échéant, quelle norme nouvelle de droit international faut-il créer pour mettre n à ces activités ? »

Je fus nommé rapporteur du Comité pour répondre à cette double interrogation. Rarement dans ma vie j’ai travaillé autant que durant ces deux années là, 2014 et 2015. J’ai déposé mon rapport le 15 février 2016. J’y expliquais que les activités des fonds vautours contreviennent par définition à la règle de la bonne foi présente dans pratiquement dans toutes les législations de tous les États du monde. En témoigne par exemple, le Code civil suisse : « Chacun est tenu d’exercer ses droits et d’exécuter ses obligations selon les règles de la bonne foi. L’abus manifeste d’un droit n’est pas protégé par la loi »(art. 2B, al. 1 et 2). Voir d’autres extraits de ce rapport avec ses recommandations dans les parties I et III de l’AVP.

Le Palais des Nations de Genève, et l’ONU en général, sont truffés d’espions. Tous les services secrets du monde, surtout ceux qui sont attachés aux grandes puissances, écoutent les conversations apparemment les mieux protégées, photocopient les documents, paient des fonctionnaires et agissent sous le masque de la diplomatie accréditée. Rien de plus normal, donc, que les agents des services occidentaux (et d’autres) aient été informés de la moindre de mes conversations et du déroulement de toutes mes séances de travail.

Le vote au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU était prévu pour la session de septembre 2016. Dans la forteresse de l’ambassade américaine de Pregny, à quelques centaines de mètres du palais des Nations, l’alarme sonna. Nos ennemis étaient parfaitement conscients qu’ils risquaient la défaite. Ils connaissaient mes recommandations. Ils savaient que, très probablement, elles seraient adoptées par le Conseil.

Nos ennemis changèrent alors de tactique. Abandonnant le terrain onusien, ils se rabattirent sur une tactique ancestrale moins compliquée et qui a fait ses preuves : la corruption. Des élections eurent lieu en Argentine en décembre 2015. Le candidat désigné par la coalition de gauche qui devait poursuivre le combat contre les fonds vautours, était donné favori par pratiquement tous les sondages. Mais il fut finalement battu par un politicien local de droite. Celui-ci avait dépensé des sommes astronomiques pour l’emporter. Aussitôt en fonction, le nouveau président de l’Argentine, Mauricio Macri, déclara vouloir honorer sans délai toutes les demandes venues des fonds vautours. Et c’est ce qu’il fit ! Voir la partie II de l’AVP.

Paul Singer a certes gagné contre le peuple argentin et nombre d’autres peuples. Mais lui et ses semblables ont été arrachés à l’ombre. De la conscience a été créée. Un jour, d’autres porteront plus loin le combat.

La prospérité des fonds vautours illustre de manière caricaturale la puissance des riches. L’accumulation de très grandes richesses entre les mains de quelques-uns, et donc l’inégalité qui en résulte, ne sont possibles que grâce à la liquidation de la normativité étatique, l’abolition du contrôle des banques, l’institution de monopoles privés, la prolifération des paradis fiscaux, etc. L’inégalité en question conduit inexorablement à la destruction du lien de confiance entre les citoyens et leurs dirigeants. Lorsque les États défaillent et que des oligarques sans foi ni loi gouvernent la planète, lorsqu’un ordre meurtrier se substitue à l’état de droit, qui peut encore prétendre protéger le bien public et l’intérêt général ?

Comme l’écrit le sociologue allemand Jürgen Habermas : « L’éviction de la politique par le marché se traduit par le fait que l’État national perd progressivement sa capacité à recouvrer des impôts, à stimuler la croissance et à assurer par là les bases essentielles de sa légitimité, or cette perte n’est compensée par aucun équivalent fonctionnel (….) Confrontés au risque de voir s’enfuir les capitaux, les gouvernements nationaux s’engagent dans une course folle à la dérégulation par l’abaissement des coûts, d’où résultent des bénéfices obscènes et des écarts inouïs entre les salaires, la croissance du chômage et la marginalisation sociale d’une population pauvre de plus en plus importante. À mesure que les conditions sociales d’une large participation politique sont détruites, les décisions démocratiques, même adaptées d’une façon formellement correcte, perdent de leur crédibilité |3| ».

Habermas pose, dans la foulée, la question du transfert de la souveraineté : existe-t’il des institutions interétatiques, capables de prendre la suite des États défaillants et d’assumer la mission de protéger le bien public ? Habermas songe surtout à l’Europe. Je ne suis pas d’accord avec lui. Il me paraît évident que l’Union européenne (UE) ne saurait prétendre au titre de « démocratie continentale ».

Telle qu’elle est organisée aujourd’hui – et quelles qu’aient été les ambitions de ses fondateurs – , l’UE est essentiellement une instance de clearing, de coordination et de potentialisation des intérêts des compagnies transnationales privées. De nombreux signes l’attestent, à commencer par le fait que la Commission européenne soit aujourd’hui présidée par Jean-Claude Junker, qui assume jusqu’à la caricature son rôle de bon serviteur du capital transcontinental. De 2002 à 2010, l’homme a été à la fois Premier ministre, ministre des Finances du Luxembourg et président de l’Eurogroupe. Dans ses fonctions, il a négocié 548 arrangements fiscaux secrets, appelés « tax rulings », avec nombre de sociétés multinationales bancaires, commerciales, industrielles et de services. Ces tax rulings, comme on le dit pudiquement, visaient à favoriser l’évasion fiscale.

J’écris ces lignes alors que des centaines de milliers de réfugiés fuient les carnages des guerres de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan. Le 28 juillet 1951, les États du monde avaient ratifié la convention relative au statut des réfugiés, dite « Convention de Genève ». Celle-ci avait créé un nouveau droit de l’Homme universel, le droit d’asile. Quiconque est persécuté dans son pays d’origine pour des raisons politiques, religieuses ou raciales a le droit inaliénable de traverser les frontières et de déposer une demande de protection et d’asile dans un État étranger. Or, l’Union européenne est en train de liquider ce droit. Elle érige des murs, des barrières, des clôtures de barbelés pour protéger ses frontières, empêcher les hommes, les femmes et les enfants qui fuient la torture, la mutilation et la mort de déposer une demande d’asile.

Habermas a tort. Comme gardienne trans-étatique du bien public, l’UE ne fait pas l’affaire à l’évidence.

Qu’en est-il de l’ONU ? Fait-elle mieux l’affaire ?

Pour aborder ces questions, je veux me placer sous l’autorité d’Antonio Gramsci et de son « optimisme de la volonté ». Certes l’ONU est en mauvais état. Certes encore, on croise à l’ONU des personnages sulfureux, détestables ou malfaisants. Et puis, il y a ces légions de mornes bureaucrates, parasites grassement payés. Tous ces gens effacés, timorés, éternellement indécis. Mais en son sein s’activent aussi un nombre considérable de femmes et d’hommes respectables, courageux et obstinés.

L’ONU demeure potentiellement la seule source vivante de la normativité internationale. Dans ses prêches, Lacordaire aimait citer cette évidence, énoncée dans Le Contrat social de Jean-Jacques Rousseau : « Entre le faible et le fort, c’est la liberté qui opprime et c’est la loi qui libère ». Oui, les principes énoncés dans la Charte de l’ONU et la Déclaration universelle des droits de l’Homme sont toujours l’horizon de notre histoire, l’utopie qui guide nos pas.

Un dernier mot sur les fonds vautours. José Martí fait ce constat : « La verdad, una vez despierta, no vuelve a dormirse jamas » (La vérité, une fois réveillée, ne se rendort plus jamais). Paul Singer, à la tête de plusieurs fonds vautours, a certes gagné contre le peuple argentin et nombre d’autres peuples d’Afrique, d’Asie, des Caraïbes. Mais lui et ses semblables ont été arrachés à l’ombre. De la conscience a été créée. Sous la braise couve le feu. Un jour, d’autres porteront plus loin le combat.


Jean Ziegler : AVP n° 73 / 4e trimestre 2017
98 pages, 5 euros

Ce texte comporte plusieurs extraits du dernier livre de Jean Ziegler, Chemins d’espérance, Seuil, 2016.

Jean Ziegler est sociologue, membre du Comité consultatif du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, auteur de nombreux ouvrages dont Les Nouveaux Maîtres du monde (2002), l’Empire de la honte (2005), la Haine de l’Occident (2008) et Destruction massive (2011).

Jean Ziegler

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24 août 2017 4 24 /08 /août /2017 18:29

 

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5 décembre 2016 1 05 /12 /décembre /2016 10:58

La « gouvernance européenne » a besoin de gouvernements forts, capables de faire plier les Parlements récalcitrants pour adopter à la va-vite des réformes « structurelles ». Alors que la Constitution de 1948 accorde de larges pouvoirs au Parlement, Matteo Renzi, le président du Conseil, a cherché, dimanche, à faire adopter une réforme constitutionnelle par référendum. Cette révision, déjà appuyée par les commissaires européens Pierre Moscovici et Jean-Claude Juncker, par les agences de notation de la dette, et le soutien du ministre des Finances allemand… Wolfgang Schäuble.

L’argumentation de Renzi était simple. Le pays a connu 63 gouvernements depuis la proclamation de la République en 1946. Il fallait mettre un terme à cette instabilité. Pour ce, la réforme prévoyait la fin du bicaméralisme parfait. Une loi ne devait plus, comme c’était le cas auparavant, être adoptée dans les mêmes termes par la Chambre des députés et le Sénat. De même, le gouvernement n’avait plus à obtenir un vote de confiance des sénateurs. Par ailleurs, ceux-ci étaient désignés par les élus locaux et non plus choisis, comme aujourd’hui, au suffrage universel. Enfin, la réforme constitutionnelle organisait la répartition des compétences entre régions et État. Pour vendre sa réforme, Renzi chevauchait le thème, agité par les berlusconiens ou les démagogues du Mouvement cinq étoiles (M5S), de la réduction des « coûts » de la politique en vantant une diminution du nombre de sénateurs.

Cette réforme était jugée « dangereuse »

Les sondages évoquaient une défaite pour le premier ministre. Le M5S avait appelé à voter non, tout comme la droite et l’opposition interne à Renzi au sein du Parti démocrate. D’avoir, en début de campagne, annoncé sa démission en cas d’échec – il s’était  ravisé depuis –, Renzi avait renforcé le camp du non. À gauche, les milieux syndicaux, politiques, culturels et associatifs mènaient bataille. « Cette réforme concentrait le pouvoir dans les mains du gouvernement et réduisait les pouvoirs du Parlement, résumait sur la chaîne La7 Sabina Guzzanti, réalisatrice du film Draquila. Elle est antidémocratique. Elle arrive après des pressions de la droite européenne qui vont toutes dans la même direction. Il faut aller vite, parce qu’ainsi, on peut décider rapidement de vendre des morceaux de l’Italie au privé, sans trop discuter. »

Cette réforme « était dangereuse pour la vie démocratique du pays », expliquait à l’Humanité Luciano Guerzoni, vice-président de l’Anpi, l’association d’anciens résistants, qui compte plus de 120 000 membres depuis qu’elle s’est ouverte à la jeunesse pour faire vivre les valeurs de la Constitution antifasciste. « Les citoyens n’éliront plus les sénateurs », reprochait-il. « Nous ne croyons pas qu’il s’agisse d’un progrès pour la démocratie qu’un parti, seul, soit patron du Parlement. On n’aura plus affaire au gouvernement de la République, mais au gouvernement d’un chef. » En effet, le gouvernement ne recevrait plus la confiance que de la seule Chambre des députés. Or, selon la nouvelle loi électorale adoptée en 2015, l’Italicum, « un parti obtenant 20 % des voix aura 55 % des députés », qui devront leur poste au fait d’avoir été désignés par le secrétaire de leur parti.

Avec cette majorité, dénonce Luciano Guer-zoni, les « institutions de garantie » aurait été affaiblies. Le parti majoritaire aurait eu les mains libres pour désigner le président de la République, les membres du Conseil constitutionnel ou de la magistrature. Faute de contre-pouvoirs, cette réforme, « qui attribuait à la majorité un pouvoir énorme, aurait eu des effets lourds sur la première partie de notre Constitution, à travers un redimensionnement des droits sociaux », dénonçait dans une tribune publiée dans Il Fatto Quotidiano Lorenzo Fassina, responsable du service juridique de la CGIL, le premier syndicat du pays, l’un des fers de lance de l’opposition à la réforme. « Au nom de la vitesse (...), il sera possible d’imposer l’approbation d’une loi en 70 jours. On voulait empêcher que les personnes puissent s’organiser et lutter », relève le Parti de la refondation communiste, qui rappelait que cette réforme répondait aux vœux de J.-P. Morgan. En 2013, dans une note, la banque états-unienne déplorait que les Constitutions sud-européennes privilégiaient des « exécutifs faibles » et que leur esprit continue de refléter « la force politique des partis de gauche obtenue lors de la défaite du fascisme ».

Les yeux de la planète finance étaient tournés vers Rome

La pression était forte sur les électeurs italiens. Rien ne leur a été épargné. En prévision du référendum, qui pouvait conduire à une démission du premier ministre, Matteo Renzi, en cas d’échec, et à des élections anticipées ou la formation d’un gouvernement technique, les taux d’intérêt sur la dette italienne avaient commencé à grimper depuis trois mois. La presse économique anglo-saxonne estimait que le vote NON pouvait : accélérer la sortie de l’Italie de la zone euro, selon le Financial Times, ou relancer la crise bancaire dans la péninsule, selon le Wall Street Journal.

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