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9 novembre 2022 3 09 /11 /novembre /2022 09:40

Partout dans le monde, la stratégie de l’union des droites progresse. Y compris en France. Dans notre pays, les droites en sont à la bataille du leadership pour y parvenir. Tout se joue entre d’une part l’extrême centre macroniste soutenu par Nicolas Sarkozy et le Medef(1), et d’autre part par le Rassemblement national.

Pour l’instant, Les Républicains tentent de résister. La mère des batailles sera celle des retraites pour fixer un cap à cette lutte interne à la droite. Alors que le Conseil d’orientation (des retraites (COR) a bien spécifié que le système de retraites n’était pas en danger, l’extrême centre macroniste a repris les mesures souhaitées par LR pour les pousser à l’alliance avec l’aide du Medef et de Nicolas Sarkozy. Pour LR, mener la lutte des classes, c’est faire des économies sur la Sécurité sociale (le budget des retraites étant son premier budget) pour financer ce qui est nécessaire ailleurs, tout en maintenant un niveau de dividendes rarement atteint dans l’histoire du capitalisme.

Est-il possible de préparer une bifurcation qui nous mette à distance de cet enfer ? Oui, mais cela demande à la gauche de devenir enfin une gauche de gauche. Et pour cela, il faut faire le ménage en son sein pour pouvoir fédérer le peuple, pour rivaliser dans la lutte des classes avec l’oligarchie capitaliste et ses alliés. D’abord, marginaliser la gauche néolibérale ainsi que la gauche identitaire et essentialiste pour retrouver la République sociale et ses ruptures : démocratique, laïque, sociale et écologique, et ses conditions nécessaires : liberté, égalité, fraternité, laïcité, solidarité, démocratie, souveraineté populaire, sûreté et sécurité, universalité concrète, développement écologique et social.

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7 novembre 2016 1 07 /11 /novembre /2016 09:47

Vu sur le site de regard.fr Par Roger Martelli | 6 novembre 2016

Pierre Laurent s’était prononcé pour un soutien à Jean-Luc Mélenchon. La conférence nationale du PCF a préféré une candidature communiste à la présidentielle. Le dernier mot reviendra aux militants. Le dernier, vraiment ?

La Conférence nationale du PCF, ce samedi, a renvoyé le secrétaire national du parti dans les cordes. Il s’était in extremis prononcé pour un soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon. 53% des 535 délégués des fédérations ont choisi l’option d’une candidature communiste (5% se sont abstenus). Il reste à savoir si les militants vont confirmer ou non ce choix à la fin du mois. Quel que soit le résultat final, il laissera un parti divisé.

Le fruit des atermoiements de sommet

C’est la première fois que la direction du parti est contredite par les cadres intermédiaires sur un sujet aussi important. Le résultat n’est pourtant pas une surprise absolue. Pendant des mois, la direction communiste a tergiversé, laissant entendre d’abord qu’elle acceptait l’idée d’une primaire de toute la gauche, pour affirmer ensuite que ce serait à condition que François Hollande n’en soit pas. Quand des noms se sont mis à circuler, en dehors de l’option Mélenchon, on a laissé entendre, du côté de Fabien, que l’on était intéressé : Taubira, Hulot, Montebourg… tout s’étudiait.

Vendredi encore, Pierre Laurent, tout en se prononçant en faveur du soutien à Mélenchon, a continué à expliquer qu’une victoire de Montebourg serait un signal fort. Il suggère qu’alors tout pourrait être rediscuté. Le problème est que l’annonce par le numéro un de sa préférence a été précédée par une longue période où l’accent a été mis sur les désaccords avec le leader de la France insoumise, davantage que sur les possibles convergences. Le discours officiel du PC se voulait équilibré ; en définitive, il est surtout perçu comme confus et illisible. Jusqu’au bout…

Au dernier Congrès de juin 2016, déjà les divisions s’étaient exprimées. Un quart des militants avaient affirmé une option "identitaire", un autre quart avaient soutenu une option favorable à un rassemblement de type Front de gauche. Ces deux groupes demeurent. Mais la majorité s’est ventilée cette fois sur les deux options proposées pour 2017. Et au final, la dynamique a été plutôt du côté de l’option 2, celle favorable à un candidat du PCF. Cette option est sortie nettement majoritaire (55% des votes exprimés à la conférence nationale). Elle n’est pourtant ni homogène, ni même stable. Le 27 octobre dernier, L’Humanité publiait une tribune collective, intitulée "Pour un choix clair" en faveur d’un candidat communiste. Elle était signée par plusieurs dizaines de responsables communistes, nationaux et locaux. Leur liste révélait la jonction de deux sensibilités longtemps restées apparemment antagoniques, et pourtant depuis longtemps rapprochées par la conviction qu’il n’est pas de force solide et fiable à la gauche du PS autre que le PCF lui-même [1].

Or, par-delà les passerelles entre les deux sensibilités, le choix d’une candidature estampillée PCF ne procède pas nécessairement d’une même logique pour les uns et pour les autres. Pour le premier groupe, elle est le prolongement électoral d’une conviction identitaire : le PCF ne peut exister sans être présent en tant que tel à toutes les élections, et d’abord à la plus structurante de toutes. Pour les anciens "huistes", défenseurs d’une « gauche plurielle » et d’alliances avec les socialistes, le choix est plus complexe : dans l’immédiat, l’affirmation d’une candidature autonome peut être un moyen d’exister dans l’espace politique, d’attendre l’éventuelle victoire de Montebourg à la primaire socialiste et de se diriger in fine vers une candidature de "large" rassemblement, et donc avec le PS. Auquel cas, l’alliance d’octobre peut éclater dès le mois de janvier…

Le maintien de l’incertitude

Le choix de ce samedi peut donc être doublement relativisé : il peut être contredit par le corps militant (les 50.000 cotisants réguliers) et il peut être remis en question dans deux mois, selon l’évolution de la conjoncture politique à gauche. De ce point de vue, les partisans de l’option numéro 1 (soutien à JLM) sont sans doute un peu plus cohérents. L’engagement du secrétaire national a été trop tardif et trop alambiqué pour peser vraiment dans le débat interne. Le choix en faveur de cette option a donc été défendu, quasi exclusivement, soit par les militants qui ont choisi de s’adosser à France insoumise (tribune du 7 avril 2016 dans L’Humanité, "Une voie pour l’alternative"), soit qui appelaient à soutenir Mélenchon sans s’intégrer en l’état dans son dispositif de campagne (l’appel "Faisons front commun"). Il est à noter que cette option a été soutenu par plusieurs élus de poids (Marie-George Buffet, Jacqueline Fraysse, Sébastien Jumel, Patrice Leclerc, Stéphane Peu…), inquiets d’une nouvelle marginalisation électorale.

La direction communiste avait fini par se résoudre à ne pas soumettre au vote "l’option" d’un rassemblement au-delà du Front de gauche (avec les frondeurs). Or cette option n’a pas disparu : elle a été simplement reportée à janvier 2017. Elle conserve la faveur du noyau dirigeant ; elle peut être rejointe plus tard par ceux qui, farouchement hostiles à Jean-Luc Mélenchon, ont considéré que la perspective d’une candidature communiste était la meilleure façon d’enrayer l’élan de l’ancien porte-voix du Front de gauche.

Rien n’exclut donc que se dessinent d’autres lignes de partage, quand les socialistes se seront prononcés. Officiellement, l’attrait pour cette formule est justifié par deux idées concomitantes : une victoire de Montebourg relancerait la donne à gauche ; elle rendrait possible un rassemblement de toute la gauche qui, seul, peut permettre à cette gauche d’être présente au second tour.

Or ce raisonnement est d’une extrême fragilité. Dans les sondages, la gauche tourne autour de 30%, en additionnant toutes les candidatures. Sur cette base, elle peut théoriquement postuler à une seconde place. Mais la politique n’est pas une mathématique. Un seul candidat ne peut pas espérer regrouper tous les suffrages quand les projets se distinguent sur le fond. Une candidature unique, surtout issue du socialisme actuel ne peut fédérer aujourd’hui la totalité des électeurs de gauche, ceux qui comptent voter et ceux qui ne votent plus.

Lire la suite sur http://www.regards.fr/qui-veut-la-peau-de-roger-martelli/article/communistes-francais-face-a-leur-destin

 

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31 mai 2016 2 31 /05 /mai /2016 08:49
Le capitalisme porte en lui l’extrême droite comme la nuée porte l’orage

vendredi 27 mai 2016

Par Bernard Teper
Co-animateur du Réseau Éducation Populaire (REP). Co-auteur de : Néolibéralisme et crise de la dette ; Contre les prédateurs de la santé ; Retraites, l'alternative cachée ; Laïcité: plus de liberté pour tous ; Penser la République sociale pour le 21e siècle ; Pour en finir avec le "trou de la Sécu", repenser la protection sociale du 21e siècle.

Ce détournement de la formule de Jean Jaurès (remplacement de « la guerre » par « l’extrême droite ») est aussi vrai que l’original, même si à un siècle de distance la catastrophe annoncée n’a pas le même visage. Après la Hongrie, la Slovaquie, la Pologne, il s’en est fallu d’un cheveu en Autriche le 22 mai dernier pour que le représentant du parti FPÖ ne l’emporte, et l’afflux récent de réfugiés du Moyen-Orient n’explique pas tout.
En France, comme dans d’autres pays en crise, l’extrême droite se développe à pas de géant en l’absence d’une vraie gauche de gauche. Comme dans les années 30, l’extrême droite est utilisée par l’oligarchie capitaliste quand l’alternance sans alternative entre les néolibéraux de droite et les néolibéraux de gauche ne suffit plus à assurer la défense de ses propres intérêts dans un contexte d’incertitude des profits et de dégradation de la rente.
Or, tous les pseudo votes « utiles » que commencent à prévoir, pour faire barrage dès le premier tour de la présidentielle, les néolibéraux tant de droite que de gauche vont permettre le développement ultérieur de l’extrême droite. Ces bonnes âmes de la pensée conformiste (de gauche ou de droite) n’ont qu’une idée pour s’opposer à l’extrême droite, soutenir le candidat néolibéral le mieux placé, c’est-à-dire celui qui a le mieux promu le système qui est la cause de l’objet à combattre ! De quoi renforcer la classe populaire ouvrière et employée (53 % de la population française) dans l’abstention (de fait, aux dernières élections françaises, plus de 60 % de ces derniers se sont abstenus). Comme quoi, ces bonnes âmes de la pensée conformiste sont celles qui sont les plus aveuglées par le visible qu’elles n’ont pas vu venir. Mais derrière le visible se cache le réel qu’elles ne voient pas. Et c’est le réel qui doit être soumis à une analyse concrète de la situation concrète. En tenant compte notamment des lois tendancielles du capitalisme qu’elles soient économiques ou politiques. La majorité de la gauche de la gauche enchantée par des impasses maladives ou inopérantes – le solipsisme, le seul volontarisme, le simplisme, le néo-keynésianisme et le communautarisme – n’est plus en mesure aujourd’hui de répondre à la montée de l’extrême droite.

Notre identité républicaine et sociale contre la leur !

Une partie de la gauche dénonce le recours à la définition identitaire dont elle fait à juste titre un marqueur de droite dans l’acception qui va du discours de Grenoble à celui des Indigènes de la République. Mais entendons-nous, il y a les identités subies ou héritées, celles qui segmentent, assignent au lieu de naissance, à l’apparence ou aux coutumes, et celles qui libèrent parce qu’elles sont choisies, parfois au prix d’une certaine coupure des racines dans le champ citoyen du moins.
Or, comme animal social, l’homme ne peut généralement survivre au manque d’identité reconnue par ses pairs, pas plus qu’il ne peut survivre au manque d’oxygène. Si on récuse l’identité ethnique ou religieuse, si on refuse le repli de type libertarien, il reste à endosser une identité républicaine et sociale pour participer à l’objectif de progrès social ! Il ne reste en magasin que ce choix puisque les illusions du communisme soviétique se sont éteintes sauf chez certains gardiens du temple. D’ailleurs, n’est-ce pas mieux ainsi, d’avoir à accoucher, même difficilement, d’un nouveau modèle de société, plutôt que d’importer un modèle issu d’analyses théoriques et d’applications datées ?

Pourquoi insister sur la formulation « République sociale » ? C’est qu’aujourd’hui il ne suffit plus d’opposer l’identité républicaine aux identités religieuses ou ethniques : tout simplement parce que Liberté, Egalité, Fraternité ne suffisent plus. Il faut y rajouter Démocratie, Solidarité, Laïcité et anti-racisme radical, Sûreté, Universalité et droits des femmes, Souveraineté populaire, enfin Développement écologique et social. Et pour chaque principe, il convient d’aller au bout de l’implication et non de s’arrêter au charme des mots. Cette exigence n’est-elle pas ce qui porte aujourd’hui à incandescence le mouvement social vent debout contre la loi Travail comme, d’une autre façon, les Nuit debout ? Mais comme nous ne sommes pas des prophètes du Grand Soir pour demain matin, proposons la stratégie du temps long.

Trois leviers pour enclencher le processus

  • D’abord soutenir la résistance syndicale face au modèle politique néolibéral (aujourd’hui combattre la loi El Khomri) sans laquelle il n’y a point de salut.
  • Ensuite travailler à l’émergence d’une organisation politique de masse, une gauche de gauche, capable de mobiliser la classe populaire ouvrière et employée sans laquelle aucune transformation sociale progressiste ne verra le jour.
  • Et enfin, mener la bataille de l’hégémonie culturelle. Pour cette dernière, il faut développer une éducation populaire refondée. Cette dernière devrait permettre à tout(e) citoyen(ne) et à tout(e) salarié(e) de comprendre le réel, de mener une transformation sociale et culturelle aux fins que chacun(e) devienne acteur et auteur de sa propre vie.
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20 mars 2016 7 20 /03 /mars /2016 22:59
Construire les convergences  Faire force politique

Vu sur le site Cerises En Ligne http://www.cerisesenligne.fr/http://

Avec la loi El Khomri le gouvernement Valls Hollande a réussi à fédérer les multiples conflits sociaux existants, témoins sur le terrain des luttes quotidiennes, d’une exaspération et d’une envie d’agir grandissante. Le million de clics sur Internet s’est depuis transformé le 9 mars dernier en manifestations où étudiants, lycéens et salariés ont commencé à converger. Que cela plaise ou non aux syndicalistes et aux militants politiques, la pétition millionnaire et la première journée d’action ont été lancées hors de tout appareil institué. Alors qu’Hollande tente de désamorcer le mouvement en négociant activement avec le Medef et la CFDT, (maintien de l’inversion de la hiérarchie des normes, et de la facilitation des licenciements économiques pour l’un, suppression des plafonds des indemnités prud’homales, contrôle du juge pour les plans sociaux pour l’autre), il n’est pas sûr que la signature de ces deux organisations suffise à déminer le terrain.

Dans les luttes, les débats s’accélèrent, chacun retrouve du pouvoir d’agir. Le retrait du projet de loi est à l’ordre du jour, une majorité de citoyens a bien compris que les propositions gouvernementales ne constituaient en rien des solutions pour lutter contre le chômage et la précarité, voire allaient dans le sens de la remise en question du CDI et du retour au paiement à la tâche. Donner de la force à ce mouvement, c’est bien sur l’élargir, construire les convergences des chômeurs, des étudiants, des fonctionnaires, des salariés, “des insiders et des outsiders” diraient certains, mais c’est surtout contribuer à ce qu’il devienne lui même force politique et pose la question de l’alternative et du pouvoir. Gardons cependant bien en tête que nous venons d’enregistrer un certain nombre de défaites électorales et que la méfiance à l’égard des partis politiques est grande. Un récent sondage du Figaro indique que quels que soient l’âge, la catégorie sociale ou la nuance politique des personnes sondées, 80 % d’entre elles jugent aujourd’hui les Français plus capables de trouver des solutions efficaces à leur problèmes et à ceux de la France que les personnalités politiques. Les chiffres atteignent 84 % chez les 50- 64 ans et 91 % chez les sympathisants du Front de gauche. Plutôt que de dépenser une énergie fabuleuse sur le débat des primaires ou le ralliement à la candidature autoproclamée de Jean-Luc Mélenchon, plongeons nous dans le mouvement pour faire avec d’autres l’expérience de notre force. pas pour «contrôler», pas pour proclamer au sein de ce mouvement que nous avons la clef de la perspective politique et qu’en 2017 il suffira de voter pour nous, mais bien pour en être partie prenante en mettant en débat nos propositions pour libérer le travail de la propriété lucrative et abolir le chômage.

Sylvie Larue

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20 mars 2016 7 20 /03 /mars /2016 22:31

Vu sur le site Cerises En Ligne http://www.cerisesenligne.fr/http://

Lorsque l’Union européenne est sur le point de s’écrouler, quand le système financier mondial menace de s’effondrer, lorsque les politiques sécuritaires et les surenchères guerrières sont devenues l’alpha et l’oméga des politiques nationale et internationale de la France, il faut envisager tout autre chose, pour rouvrir l’espoir, que réhabiliter la vieille gauche ou l’union de la gauche façon Mitterrand.

D’abord, nous avons changé d’époque. Les politiques keynésiennes sont désormais partout en échec, car, dans un monde sous domination néolibérale, le “socialisme dans un seul pays” n’est pas possible. Espérer compenser socialement les injustices économiques, quitte à renoncer à transformer en profondeur l’ordre social, est devenu illusoire. Ce qui, désormais, est crédible pour affronter à la fois les enjeux sociaux, écologiques et démocratiques, c’est d’envisager un dépassement du capitalisme. N’ignorons pas la profondeur de ce que le mouvement contre la loi El Khomri met en cause !

Ensuite, les aspirations démocratiques et les exigences citoyennes ont beaucoup changé. Le système représentatif est épuisé, les peuples ne sont pas des masses indifférenciées appelées à suivre des avant-gardes, et chacun entend désormais compter pour lui-même. Les logiques de partis à l’ancienne sont disqualifiées. Ne sous-estimons pas l’ampleur de la désaffection et de la colère qui traversent la société à l’égard de tout ce qui reproduit les conceptions anciennes. Ainsi, par exemple, la notion même de programme mérite d’être revue : comment éviter les catalogues de promesses déjà 100 fois rédigés à la virgule près auxquels plus personne ne croit ? N’est-il pas prioritaire d’ouvrir en grand le débat public sur une autre vision de la société, un autre projet politique ? Ne serait-ce pas un moyen de prendre en compte les aspirations à initier des dynamiques d’un nouveau type ?

Le point de vue des partisans de la primaire des gauches et des écologistes est respectable, mais il conduit malheureusement à envisager que ceux qui critiquent le social-libéralisme pourraient se ranger derrière une candidature sociale-démocrate à l’élection présidentielle. Or, nous avons besoin d’autre chose : plutôt que de chercher un plus petit dénominateur commun au nom d’une unité qui au fond n’existe pas, la question est de construire une démarche, articulée aux luttes en cours, des campagnes politiques, qui les prolongent, et des candidatures aptes à faire naître enfin une gauche d’alternative.

Cerises

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31 décembre 2015 4 31 /12 /décembre /2015 20:39

La gauche va mal. La gauche de gauche est dans le brouillard. Nous avons voulu disputer les classes populaires au Front national. Nous avons cherché à enrayer la dérive droitière du PS. Pour l’instant nous sommes battus sur les deux terrains. Nous espérions que la libéralisation du PS ouvrirait un espace à sa gauche. Elle l’a un peu plus refermé. Devons-nous toutefois être abasourdis par ce constat ?

Le temps de la critique

À mes yeux, tout a commencé en 1995. Cette année-là, la victoire de Jacques Chirac à l’élection présidentielle mettait un terme à quatorze ans d’hégémonie mitterrandienne. Quelques mois après, en novembre-décembre, la France connaissait le plus puissant mouvement populaire depuis 1968. Le « Tous ensemble » des manifestants disait à la fois le refus du tout libéral et le désir d’amorcer de nouvelles façons de faire société. Cette fin d’année 1995 prenait deux formes entremêlées : le sursaut du mouvement ouvrier classique qu’exprimait la forte présence syndicale (symbolisée par la figure nouvelle de Bernard Thibault) et l’émergence de ce que l’on a pris l’habitude d’appeler le « mouvement social », ce quelque chose encore incertain, juxtaposant militants, associations et intellectuels, qui prolongeait le mouvement ouvrier sans se réduire à lui.

Après « le grand cauchemar des années 1980 », le temps était venu d’un regain de combativité sociale et d’esprit critique. Encore fallait-il que s’affirme une perspective capable de l’exprimer dans l’espace proprement politique. Le PCF étant déjà cruellement affaibli, certains pensèrent que le mouvement pouvait se constituer lui-même en force politique, plus ou moins dans la lignée du syndicalisme révolutionnaire des débuts de siècle. Des « États généraux du mouvement social » tentèrent de s’y atteler, sans aller bien au-delà de l’intention affirmée.

À l’époque, avec les refondateurs communistes, je pensais qu’il fallait trouver une formule capable de réunir la diversité de ce nouvel esprit subversif. J’usais alors du « pôle de radicalité ». L’expression avait à mes yeux et à ceux de mes camarades une double dimension que nous ne voulions pas séparer : la convergence politique de toutes les sensibilités à la gauche du PS et l’esquisse de nouveaux rapports entre le politique, le syndical, l’associatif et le culturel. « Radicalité » disait l’ambition – une étape nouvelle de l’idée révolutionnaire ; « pôle » signifiait le désir d’un rassemblement au-delà de la subordination des uns par les autres, au-delà des cartels et des fronts d’autrefois. Le tout étant irrigué par le terme qui nous avait identifié au sein du PCF : « refondation ».

En 1997, dans la perspective d’élections législatives alors prévues officiellement en mars 1998, les refondateurs de Futurs ont été à l’initiative d’une pétition, signée par plusieurs dizaines de personnalités du « mouvement social » et d’intellectuels. Elle s’intitulait « Le mouvement social offre une chance à la gauche ». Le but était d’esquisser une synergie, de ne pas laisser dans l’ignorance réciproque le « mouvement » et la « gauche ». Cette initiative originale resta dans l’ombre la plus épaisse. L’extrême gauche campa sur ses positions, tandis que le monde syndical et associatif observait l’évolution politique de loin. Quant au Parti communiste, qui conservait l’espoir de retrouver un jour l’hégémonie d’antan, il profita des élections législatives anticipées du printemps 1997 pour s’engager dans la « gauche plurielle », un avatar de feue l’union de la gauche.

On sait quel fut, pour le PCF, le résultat désastreux de ce choix : il s’effondra à la présidentielle de 2002 et ses vieux concurrents de toujours, les héritiers du trotskysme historique, atteignirent la barre des 10 % quand le malheureux Président du PC se contentait d’un tout petit 3,4 %. Après 2002, l’émotion de l’imprévisible second tour – le face-à-face Chirac-Le Pen – provoqua un sursaut à gauche. Les appels et les rencontres se multiplièrent, pour demander un rassemblement des forces hostiles à la doxa libérale qui s’était imposée depuis 1982. Cette profusion d’initiatives – dont « l’appel Ramulaud » – donna corps à ce que nous avons nommé le « courant antilibéral ».

La phase antilibérale

Il connut son apogée en mai 2005, dans la bataille contre le projet constitutionnel européen. Pour la première fois, on se rapprochait de ce qui était attendu depuis si longtemps : un véritable mouvement de masse, « en bas » et « en haut », associant des politiques, des syndicalistes, des associatifs, des intellectuels dans une construction politique affirmée. Et, pour la première fois depuis longtemps, le mouvement déboucha sur un succès retentissant. Mais il s’avéra sans lendemain, se fracassant bien vite sur l’échéance présidentielle de 2007 : chacun retourna vers ses habitudes et ses objectifs partisans particuliers. La LCR décida qu’il était désormais nécessaire de séparer le bon grain de l’ivraie, les « antilibéraux » des véritables « anticapitalistes ». Quant au PCF, il considéra que sa place militante dans le mouvement lui permettait d’être en première ligne, derrière la candidature de sa secrétaire nationale. À l’arrivée, ce fut le fiasco : le PCF s’effondra un peu plus et, dans le désastre général de la gauche radicale (en net recul sur 2002), le maintien d’Olivier Besancenot à son score antérieur apparut comme un éclatant succès, et la preuve que l’intransigeance de la LCR était l’attitude la plus propulsive.

Les lendemains de 2007 rebattirent les cartes. La LCR tenta l’aventure du NPA, pensant pousser les feux de ses relatifs succès de 2002 et 2007. Quant au PCF, il tira sans le dire les leçons de son infortune. Il profita des avances de Jean-Luc Mélenchon, que son appartenance maintenue au Parti socialiste avait écarté de la course à la candidature de 2006-2007. En novembre 2008, il décida de franchir le Rubicon, de quitter le PS et de créer le Parti de Gauche. En même temps, il se rapprocha du PC de Marie-George Buffet pour lancer le Front de gauche dans la perspective des élections européennes à venir.

Dans l’esprit de ses promoteurs, le Front de gauche était à la fois l’occasion d’un rapprochement et une manière d’en finir avec la période jugée brouillonne du « mouvement social » et du « courant antilibéral ». La main allait revenir enfin aux organisations « sérieuses », solidement charpentées et ancrées dans l’espace militant et institutionnel. Le PC avait sa tradition et son corps militant encore fourni ; le PG avait sa fraîcheur et le charisme de son leader.

Incontestablement, la mayonnaise a pris. Le Front de gauche réussit honorablement ses premiers engagements électoraux et, surtout, il parvint à se mettre d’accord sur la candidature de Jean-Luc Mélenchon pour l’élection présidentielle de 2012. Et – talent et enthousiasme du candidat aidant - le résultat fut à nouveau au rendez-vous. Sans doute, du fait de l’épuisement rapide de la tentative NPA, la gauche radicale ne parvint-elle pas à retrouver ses niveaux électoraux du début de la décennie. Mais, pour la première fois depuis longtemps, les votes se concentrèrent sur un nom et portèrent le Front de gauche au-delà du seuil symbolique des 10 % d’exprimés. Or, trois ans plus tard, la pâte est retombée, et cette fois pour l’ensemble de la galaxie de la gauche de gauche.

Les limites du Front de gauche

Je n’aurai pas la prétention d’énoncer le diagnostic de ce qui conduisit le Front à l’essoufflement, au rétrécissement et à la déception qui est la sienne aujourd’hui. Et, a fortiori, je ne désignerai pas des responsables à la vindicte collective. Je me contenterai de suggérer des pistes, celles en tout cas que je retiens pour l’instant.

La première nous ramène au point de départ. Le Front de gauche fut à l’origine une reprise en charge de la dynamique politique antilibérale par les organisations « sérieuses ». Or ce que nous vivons de plus en plus est l’obsolescence du « sérieux » que veut incarner le modèle partisan de l’organisation politique. Nous sommes au cœur d’une crise de l’institution politique dans son ensemble et le dispositif partisan en fait partie. De ce point de vue, l’expérience du PCF eût pu faire réfléchir. Depuis le début des années 1980, il a essayé de réactiver ce qu’il avait été pendant de longues décennies. Ses militants ont tenté de retisser les pratiques militantes éprouvées, de refaire – si possible en mieux – ce qui avait réussi jadis, dans l’espoir que le balancier de l’histoire reviendrait du bon côté. Or, plus le PC essayait de revenir à ses « fondamentaux » et plus il s’enfonçait dans le déclin…

À la différence des communistes italiens, les militants français décidèrent de continuer ; mais, par peur du reniement, ils ne voulurent pas se « refonder ». Hélas, dans ce cadre, qu’on le veuille ou non, c’est la reproduction à l’identique qui a fini par l’emporter. Or la mésaventure du PCF ne fut pas la sienne seulement. Les traditions de la gauche critique, la partisane comme la mouvementiste, continuèrent sans se remettre vraiment en question. Chacun conserva ses références, Marx ou Proudhon, Jaurès ou Lénine, parfois accompagnés de Trotski, le tout relifté à l’occasion avec un zeste de Mauss, de Benjamin ou de Gramsci. On continua plus ou moins comme avant, cherchant où l’on pouvait des modèles de substitution (l’Amérique latine tenant longtemps la corde, des zapatistes aux bolivariens).

Ancré à ce point dans le passé, le Front de gauche ne tira guère de conséquence de la crise simultanée de « la » politique et « du » politique. Il garda ainsi sa forme de cartel de partis, d’autant plus inadaptée que le cartel resta pour l’essentiel dominé par le tête-à-tête du PCF et du PG. Le PG se polarisa sur la présidentielle ; quant au PC, il s’attacha surtout à préserver son capital d’élus nationaux et territoriaux. Aux législatives de 2012, aux municipales et aux européennes de 2014, puis aux territoriales de 2015, la masse des candidatures présentées revint au PC, avec une mise en valeur systématiques des sortants. Là encore, le Front de gauche apparut comme un attelage confus et, plus que tout, comme un continuateur plutôt frileux, comme une sorte de rentier des acquis et, au bout du compte, comme le seul prolongement électoral d’un vote communiste structurellement affaibli. Les premiers résultats du Front de gauche fonctionnèrent ainsi comme une sorte de rémission et, une fois passée l’exceptionnalité d’avril 2012, on en est revenu à la mécanique implacable du reflux communiste engagé depuis près de quatre décennies.

La forme du cartel fut ainsi en elle-même pénalisante. Elle empêcha par ailleurs de travailler à ce qui constitue aujourd’hui l’obstacle le plus grand à une sortie de crise : l’absence quasi-totale de porosité entre les « sphères » du politique, du syndical, de l’associatif et du culturel. Que ce cloisonnement soit difficile à dépasser va bien sûr de soi. Les préventions anciennes, le poids du modèle socialiste-communiste de subordination du social au partisan ont nourri les méfiances et les tentations de la séparation. En outre, que les frontières de l’économique, du social et du politique s’estompent dans les sociétés contemporaines ne signifie pas que les fonctions des différents types d’organisation sont désormais interchangeables. Partis, syndicats et associations ne se confondent pas. Mais que le refus de la subordination se soit traduit par une séparation de fait présente un double désavantage : il enferme le système partisan dans son extériorité relative et il empêche le « mouvement social » d’agir comme un acteur politique. Le cartel de partis, même élargi de façon conséquente (par exemple aux écologistes ou à la gauche socialiste), limite l’effet de la parcellisation antérieure ; il n’entame pas la coupure du social, du symbolique et du politique.

À tout cela s’ajoute une dernière lacune, que je crois liée aux précédentes : le Front de gauche a incarné un refus du tropisme libéral commun à la droite et à une partie de la gauche. Il n’a pas incarné pour autant une perspective novatrice : il a été « anti » plutôt que « post » ou « alter ». La référence antilibérale l’a ancré dans l’économico-social, ce qui est bien sûr nécessaire ; elle ne l’a pas rendu pertinent sur l’ensemble du champ social, jusque dans ses dimensions territoriales, mentales et symboliques. Dans ses pratiques, dans ses mots et ses symboles, le FDG continue la gauche et le mouvement ouvrier d’hier. Dans son souci légitime d’accabler les reniements socialistes de plus de trente ans, il apparaît comme la sensibilité politique qui pleure les « jours heureux » et qui, de ce fait, est identifiée à ceux qui veulent revenir en arrière. Quant aux visages qui apparaissent massivement, ils sont le plus souvent de génération ancienne, peu représentatifs du peuple d’aujourd’hui, dans sa diversité d’origine, de pratiques et de cultures. La « génération 68 » ou « post-68 » eut naguère l’avantage d’être jeune et remuante ; le poids des ans lui est tombé sur les épaules.

La fin d’un cycle

Nous sommes parvenus au bout de quelque chose, qui ne se résume pas à la forme que le Front de gauche a prise jusqu’à ce jour. En fait, nous sommes dans une autre époque. Le peuple n’est plus ce qu’il était, non seulement parce que ses composantes ont changé, mais parce que les procédures qui faisaient son unification sont inopérantes. Les catégories populaires sont là et bien là, mais le « peuple » est à construire. Or, pour une part, c’est la politique qui avait permis son unification relative : une politique où la sociabilité populaire et la sociabilité politique s’entremêlaient (le communisme français était une galaxie d’organisations et de pratiques davantage qu’un parti) et où la culture radicale plébéienne et démocratique donnait le ton à l’ensemble de la gauche.

Le clivage droite-gauche n’a pas disparu, mais il a perdu de sa vigueur dès l’instant où ce qui le fondait s’est estompé, avec le déclin des thématiques de l’égalité au profit de celles de l’identité. La gauche n’a pas disparu, mais l’appel incantatoire à son rassemblement ne résonne plus si massivement dans les consciences. C’est le champ politique qu’il s’agit désormais de reconstruire, dans ses dimensions institutionnelles et dans ses aspects organisationnels. Sans au départ se raconter d’histoire… Mieux vaut peut-être se convaincre que nous ne sommes plus dans le cycle de radicalisation ouvert dans les toutes premières années de la décennie 1990. Cela ne signifie ni que la radicalité est obsolète, ni qu’elle est assoupie, ni qu’elle a disparu du champ des pratiques sociales réelles. Mais elle n’a plus la texture globale qui était la sienne il y a peu. Il y a du trouble, de l’inquiétude, de la colère qui sourd de toute la société ; mais pour l’instant, elle provoque davantage de désengagement ou de ressentiment qu’elle ne nourrit de la combativité et de la radicalité. Il se peut que la vie démente cette impression et ce sera tant mieux. La concomitance d’un abstentionnisme persistant et d’une poussée du FN laisse hélas penser que nous n’en sommes pas là pour l’instant.

Dès lors, il ne nous suffira pas de dénoncer les méfaits du capitalisme mondialisé ou les défauts de l’Union européenne, en pensant qu’il est possible de s’en abstraire d’une façon ou d’une autre. Il ne suffira pas de dénoncer les reniements sociaux-libéraux ou de dénier au PS le droit de se réclamer de la gauche. Il ne sert en fait à rien d’attiser la colère si nous ne savons pas nourrir l’espérance, car la colère sans l’espérance pousse au ressentiment et celui-ci fait le jeu des repliements et de la droite extrême. Pour renverser la spirale du désengagement ou du vote pas désespoir, il ne faudra laisser passer aucune occasion d’affaiblir l’esprit de résignation, de nourrir la combativité, de permettre les rassemblements propulsifs. Et dans ce cadre, nous devrons nous efforcer de ne théoriser ni sur la nécessité de quelque traversée du désert que ce soit, ni sur l’obligation de se sortir du « système ». On ne s’abstrait pas d’un système quand l’objectif est de le subvertir. On peut certes s’appuyer sur tout ce qui nourrit une critique pratique de l’existant. Mais il n’y aura pas d’ilot de la transformation sociale, ni local ni national.

Même si l’histoire ne s’arrête pas, même si le mouvement populaire n’aura de cesse de nous surprendre, mieux vaut s’habituer à l’idée que, si la République, le mouvement social critique et la gauche sont à reconstruire, cela ne se fera pas d’un coup de baguette magique, d’un claquement de doigt ou d’une belle formule, pleine de « front », de « populaire » ou de « citoyen ». Quelle que soit la proposition pratique, elle vaudra si elle s’insère dans un travail de long souffle. Il y a des patients combats idéologico-culturels à reprendre, pour nous sortir de l’obsession de l’identité, du conflit des civilisations ou de l’état de guerre. Il y a du travail de reformulation à construire pour donner un sens nouveau à des valeurs fondamentales, comme l’égalité, la dignité, la citoyenneté, la solidarité. Car ces valeurs ne devraient pas nourrir la nostalgie d’hier mais l’envie d’inventer un demain. Il y a du retissage à faire à partir des sociabilités existantes, qu’il faut comprendre avant de prétendre à les infléchir. Il y a de la reconstruction politique à expérimenter, en ne nous contentant pas de juxtaposer nos histoires et nos cultures. Nous avons réduit des conflits, raccordé des pratiques qui s’ignoraient depuis des décennies ; nous avons peu métissé. C’est dommage.

Je n’irai pas au-delà et j’ai envie de dire : je m’interdis de le faire. J’ai eu le sentiment à plusieurs reprises de « voir » les impasses dans lesquelles le mouvement critique s’est engagé. J’ai longtemps expliqué à mes camarades communistes qu’ils ne servaient pas le communisme en ayant peur de se refonder. J’ai lutté contre l’éparpillement de la gauche de gauche et contre sa difficulté à se renouveler culturellement. J’ai soutenu sans faillir le Front de gauche, malgré les limites que je percevais dans la manière dont il s’est forgé. Le communisme ne s’est pas refondé ; le pôle de radicalité ne s’est pas déployé ; le Front de gauche s’est englué. Communiste indécrottable, je ne regrette rien. Je déplore seulement que n’existe pas, dans notre espace, de lieu qui permette de chercher, de formuler des hypothèses, d’évaluer les choix, sans être surdéterminé par des enjeux de pouvoir ou d’influence immédiats.

Là n’est pourtant pas l’essentiel. En fait, ma génération a perdu sa force propulsive, définitivement. C’est à d’autres d’inventer, de formuler, d’expérimenter. Des gens comme moi peuvent à la limite servir de passeurs, de transmetteurs, d’agents de mise en garde. Mais le nouveau n’adviendra que des générations nouvelles. À elles de prendre la main.
Il est plus que temps.

Roger Martelli

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7 juillet 2015 2 07 /07 /juillet /2015 06:56
victoire de OXI : plus de 61%

Communiqué de presse du Comité Front de gauche Granvillais

Le Front de Gauche de Granville est solidaire du peuple grec. Il salue sa détermination et son courage devant le chantage et les intimidations d'une europe libérale et anti-démocratique.
La victoire d'Alexis Tsipras nous rappelle qu'un espoir existe à gauche.
Nous ne sommes pas condamnés à voir baisser les budgets de la culture ni à voir nos hôpitaux ou nos écoles fermer. Ni en France, ni à Granville !
La victoire de Syriza est donc bien celle de la démocratie. Il appartient aux peuples de choisir leur avenir, pas aux banques. Cette victoire est la promesse d'une alternative politique à gauche: plus solidaire, plus juste en Grèce, en France et partout en Europe.

Communiqué de presse Du Front de gauche Manche

Le Front de gauche de la Manche salue l'impressionnante victoire du NON à l'austérité en Grèce. Le peuple grec a porté haut la voix démocratique en prononçant un grand NON au chantage et aux intimidations de l'Europe libérale orchestrés par Angela Merkel et le gouvernement allemand, tenants d'une orthodoxie budgétaire qui ne cesse d'aggraver la pauvreté. Comme Syriza, avec lequel il entretient depuis longtemps un lien fort, le Front de gauche de la Manche réaffirme qu'une autre politique plus juste, solidaire, est non seulement possible mais encore nécessaire et urgente! Le gouvernement français, qui n'aura jamais eu la volonté politique de s'imposer face à Angela Merkel pour mener une politique en faveur des électeurs qui l'ont élu en 2012, a manœuvré toute la semaine pour influencer le peuple grec dans le sens du renoncement. La construction d'une alternative politique résolument de gauche vient de marquer un point important et la victoire d'hier porte les espoirs de justice sociale demain partout en Europe.

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24 juin 2015 3 24 /06 /juin /2015 10:38
2005-2015 : qu’avons-nous fait de ces dix ans ?

REGARDS Politique | Par Catherine Tricot | 5 juin 2015

Une décennie s’est écoulée depuis le "non" au référendum sur le TCE. Commencée avec les plus grands espoirs, mais fondée sur des malentendus et des manques, elle n’a pas eu de débouchés politiques à la hauteur. Bilan-anniversaire.

Bizarrement, le soir du 29 mai 2005 ne fut pas un moment joyeux. Il tombait un crachin hors de saison sur la Bastille ; il avait suffi à décourager tout esprit de fête. Les cafés s’étaient faits accueillants pour les quelques centaines de badauds qui voulaient marquer le coup et qui, bien vite, sont rentrés chez eux. On avait gagné. Gagné quoi ? Gagné comment ?

L’étendard de l’antilibéralisme

Bien que la consultation portait sur un projet de constitution européenne, le débat ne se cristallisa pas essentiellement autour du projet européen. Certes, nous n’étions plus au temps du rejet de la CEE, mais dire que la réorientation de l’Europe obsédait les esprits et polarisait les débats serait très excessif. Nous étions d’abord mobilisés contre le libéralisme et contents d’avoir enfoncé un coin dans le discours dominant. Le slogan qui courait sur toutes les lèvres n’était-il pas une moquerie de la "concurrence libre et non faussée", à la fois danger et leurre. Cette bataille était un combat contre une doxa économique. Nous entendions bien ne pas laisser "inscrire dans le marbre d’une constitution" ce contre quoi nous nous battions au quotidien. La mobilisation était, à gauche, double : une proclamation antilibérale et l’affirmation d’une souveraineté nationale sur les grands choix politiques. Cette double matrice ne nous a plus quittés. Avec ses forces et ses faiblesses.

Ainsi l’antilibéralisme rassembla sous le même étendard de nombreuses luttes, des forces très diverses. La gauche d’alternative fragmentée, tentée par ses démons sectaires, était enfin réunie sur un projet essentiel. L’argent et ses logiques ne pouvaient avoir raison de tout, de notre société, de nos vies et de nos rêves. Forces politiques et syndicales issues du mouvement ouvrier ou nouveaux mouvements, notamment écologique, se trouvaient ensemble, au coude à coude dans ce combat. José Bové, Marie-George Buffet, Clémentine Autain et Olivier Besancenot ensemble pour dire non : ça avait de la gueule et cela ressemblait à notre peuple – un peu trop blanc… Ils lui donnèrent corps, visages et voix.

Les pièges de l’antilibéralisme

Nous étions tellement heureux de cette unité si rare, que nous avons voulu l’ancrer et structurer l’espace militant autour de ce viatique. Ainsi sont nés les collectifs antilibéraux. La fondation Copernic et son président d’alors, Yves Salesse, prirent l’initiative inédite d’un rassemblement par le bas prolongeant "les collectifs pour le non" qui avait fleuri le temps de la campagne référendaire. Avant même le naufrage de la campagne de 2007, le parti pris exclusivement antilibéral devint pourtant notre talon d’Achille. La Ligue communiste, toujours soucieuse de séparer le bon grain de l’ivraie, se moquait de ce nouveau vocable, jugé trop incertain pas assez anticapitaliste.

D’autres, dont l’auteure de ces lignes, regrettèrent le prisme trop unilatéralement économico-économique. De nombreux champs sociaux ne pouvaient être appréhendés par cette seule entrée. Ils furent, de fait délaissés. Et avec eux, les acteurs engagés autour de la culture, de la ville, d’Internet, de l’école, des migrants… Le mouvement antilibéral n’avait que peu de choses à dire sur tous ces sujets qui travaillaient notre société. Rien depuis n’est venu infirmer l’étroitesse de la dynamique globale. La diversité sociale, politique, culturelle de la gauche de 2005 s’est perdue en cours de route.

Une Europe sans les peuples ?

La revendication de démocratie au sens plein, vrai et neuf, qui se lie à la revendication de souveraineté des peuples, avait une puissante résonance. L’exigence venait du tréfonds de l’histoire nationale, elle ne pouvait qu’être entendue. La question n’était évidemment pas que nationale. La Grèce d’Alexis Tsipras est confrontée très exactement à cette question : l’Europe peut-elle être non-démocratique ? Peut-elle se construire contre les peuples ? La question était redoutable. Elle n’a pas été résolue. Les réponses les plus diverses ont cohabité dès 2005, au sein même de la gauche entre les tenants d’une sortie de l’Euro, voire de l’UE, et les partisans d’une réorientation européenne (lire "Durand-Balibar : Europe, en être ou pas"). Le refus de l’Europe libérale s’est parfois transformé en refus de l’Europe. Les conséquences dépassent, et de loin, le seul sujet de l’UE.

Le débat court toujours et les mobilisations politiques sur le sujet européen en pâtissent. Les deux élections européennes n’ont pas permis à la gauche d’engranger sur cette victoire de 2005. À titre d’exemple, le jeune Front de gauche ne réunit que 6,05% des voix en 2009 et 6,33% en 2014. Plus grave, le FN est parvenu à ravir cette campagne et à faire du refus de l’Europe l’un des ses identifiants les plus clairs – avec le rejet des immigrés.

Une victoire en solitaires

On se souvient que cette victoire du "non", nette et sans bavure, l’a été contre la quasi totalité des forces politiques et médiatiques. La condescendance, le mépris à défaut du silence entourait les militants du "non". Qui étaient ces militants ? Qui formait cette galaxie ? La place des syndicats dans ce mouvement ne fut pas une évidence. FSU et SUD s’engagèrent en tant que tels en faveur du "non" quand la CGT se déchira au niveau confédéral.

De ce débat, témoin de questions stratégiques plus amples, le premier syndicat ne s’est toujours pas remis. La place essentielle des partis fut, elle, à peine relativisée. Le PCF crut sincèrement au caractère décisif de son attitude unitaire. Marie-George Buffet n’avait-elle pas cédé du temps d’antenne légale pour que d’autres voix soient entendues ? Le PCF en tira des convictions qui l’amenèrent vers les désastres électoraux de 2007. Puis le conduisirent à vouloir, en 2008, un Front de gauche cartel d’organisations politiques. L’idée que ce qui comptait était la diversité des sensibilités politiques et non la suprématie d’un groupe n’a que bien peu percé.

Les mécanismes de mobilisation de la société furent l’incompris de la victoire. Étienne Chouard reste la figure emblématique d’une mobilisation individuelle, citoyenne. Professeur de lycée, il tenait, ce qui n’était pas banal, un blog. Ses arguments était partagés, repris par milliers. Ce fut la première campagne Internet. Regards y apporta sa contribution en inventant le premier tract numérique avec la réalisation d’un DVD diffusé aux arrêts de bus à des dizaines de milliers d’exemplaires. L’Humanité, en publiant le texte intégral du projet, inaugurait une manière neuve de faire de la politique… Regards inventait la première "Une à gratter", introduisant de l’humour et un jeu inattendu. Il y avait un foisonnement créatif.

Des échecs de toutes variétés

Tout cela fit une campagne joyeuse et audacieuse. Ce fut la base du succès. Qui l’a bien mesuré ? Marie George Buffet déclarait récemment au Monde : « On n’a pas été capable, et j’assume ma part de responsabilité, de fédérer ces forces de gauche. On avait pourtant la matière pour créer une nouvelle dynamique. » « Les forces politiques se sont toutes recroquevillées sur leurs propres ambitions et leur fonctionnement », ajoute l’eurodéputé écologiste José Bové.

Signe de cette maldonne, les acteurs politiques du "non" au référendum, dans leur diversité, ont tenté bien des expériences. Mais toutes sont aujourd’hui encalminées : NPA, Parti de gauche, Front de gauche, EELV ; frondeurs. Cela fait beaucoup.

Quels sont peut-être les points communs à la racine de ces difficultés ? J’en retiens essentiellement trois, présents dès 2005 : • Malgré quelques progrès importants, comme la création du Parti de la gauche européenne (PGE) et la campagne pour présenter Alexis Tsipras à la tête de la Commission européenne, nous ne pouvons que regretter la trop grande faiblesse d’un projet politique alternatif pour l’Europe, capable de lier démocratie et rupture avec les principes concurrentiels. Ce projet ne doit pas être seulement un programme mais un sujet de mobilisation. Nous ne savons toujours pas le faire. La Grèce en sait quelque chose. • Notre discours économique est trop peu politique et social. Il souffre lui même d’un défaut de réflexion sur l’au-delà de l’économie susceptible de rouvrir le champ. Nous nous trouvons pris comme des hamsters dans la cage de la dette, sans porte de sortie. • Enfin, toutes les expériences politiques, des plus amples aux plus modestes sont restées enferrées dans le champ politique institutionnel, cherchant à rebattre les cartes avec les mêmes acteurs, les mêmes méthodes d’organisation, la même représentation du social. Fabius et Bartolone furent parmi les premiers à l’anticiper. Ils en tirèrent les conséquences et, dès l’été, rentraient dans le rang en essayant de se faire pardonner.

Tous les partis sont aujourd’hui en rade. Et nous avec. Les leçons d’une victoire restée sans suite doivent être retenues. C’est à ce prix que peut être nous sortirons de l’ornière.

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15 avril 2015 3 15 /04 /avril /2015 08:11
Marc Bussone, Sébastien Crépel et Bruno Vincens
Lundi, 13 Avril, 2015
L'Humanité
Photo : Patrick Nussbaum
Les premiers chantiers d’espoir ont permis d’ouvrir le débat entre citoyens de gauche.
Photo : Patrick Nussbaum
Au sortir des assemblées « ouvertes à tous » qui se sont tenues dans 31 villes de France, samedi, de Paris à Marseille en passant par Toulouse, les participants en redemandent.

 

Le pari était difficile. Comment réunir et faire dialoguer utilement des citoyens venus de tous les horizons de la gauche sociale et politique, avec ou sans attache partisane, autrement que pour remâcher la colère et l’impuissance face au non-respect de leurs engagements par François Hollande et le PS ? Au final, les Chantiers d’espoir ont tenu la gageure, samedi. Et même au-delà : au sortir des assemblées « ouvertes à tous » qui se sont tenues dans 31 villes de France, de Lille à Marseille en passant par Paris, Lyon ou encore Bagnols, dans le Gard, les participants en redemandent.

 

Dans la capitale, les quelque 350 personnes présentes sont reparties motivées non seulement pour se retrouver une prochaine fois en assemblée, mais aussi pour prolonger la rencontre par la création de groupes locaux appelés à essaimer dans les Hauts-de-Seine, en Seine-Saint-Denis, dans le nord et l’est parisiens, etc. L’objectif : faire émerger progressivement une alternative construite « par en bas », associant les collectifs politiques comme le Front de gauche, les Verts ou les frondeurs du PS, mais surtout les populations, autour d’un socle de propositions débattues en commun. Les thèmes retenus allant du partage des richesses à la démocratie, l’égalité, le travail ou l’écologie. Si les idées qui en ressortent présentent peu de surprise (la réduction du temps de travail, les nationalisations, la hausse des salaires ou la VIe République sont plébiscitées), la démarche co-élaborative qui place les responsables politiques présents en situation d’auditeurs (parmi lesquels les responsables du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon, Pierre Laurent, Clémentine Autain, la Verte Cécile Duflot et le socialiste Liêm Hoang Ngoc) était assez inhabituelle.

À Toulouse, au même moment, la question du « comment faire » a dominé celle du « que faire ». Comment se rassembler et dépasser les divisions ? 90 personnes ont participé au débat. Mikaël, jeune commerçant, interroge : « Les citoyens viennent-ils appuyer la démarche des partis ? Ou est-ce l’inverse ? » Pour Guy Montariol, d’Ensemble, « les Chantiers d’espoir ont pour but de faire rejoindre les gens du Front de gauche, ceux qui sont engagés ailleurs et ceux qui ne sont dans aucun parti ». Pour Albert Exposito (PCF), « il s’agit de faire émerger une nouvelle force politique en prenant le meilleur de chaque formation ».

Les références à la Grèce et à l’Espagne
 sont nombreuses

Autre lieu, autre problématique : « Qu’est-ce que la démocratie quand Michel Sapin dit qu’il faut que Tsipras explique maintenant à ses électeurs qu’il ne va pas mener la politique pour laquelle il a été élu ? » La question démocratique était l’épicentre des débats au théâtre Toursky de Marseille, ce qui n’a pas empêché les 150 participants d’aborder sans tabou bien d’autres thèmes autour de la refondation de la gauche non gouvernementale. « Je suis désespéré par cette situation politique faite de montée du FN. Pourtant Syriza et Podemos montrent qu’il y a de l’espoir », débute Jacques Lerichomme, d’Ensemble. « Pour reconquérir les quartiers populaires, il ne faut pas être là que pour les élections », constate Karima Berriche, ex-directrice d’un centre social, qui a obtenu avec son binôme un prometteur 12 % pour sa première candidature aux départementales dans le secteur occupé par le FN Stéphane Ravier. « Dans notre secteur, les noyaux villageois votent à l’extrême droite et les cités pratiquent le vote utile ou l’abstention. Nous sommes voisins pour le meilleur et pour le pire », constate-t-elle, tout en affichant son optimisme pour la suite. Et, là aussi, les références à la Grèce et à l’Espagne sont nombreuses. « Il y a deux ans, il n’y avait pas Podemos, et Syriza faisait 3 %. Mais la Grèce a connu une explosion de mouvements sociaux, la plupart du temps qui rassemblaient de 10 à 40 personnes. Syriza les a fédérés », témoigne Lydia, étudiante qui vit en Grèce six mois par an.

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29 mars 2015 7 29 /03 /mars /2015 10:06

 

 

Pour ce  numéro de «Contre-courant», Alain Badiou et Aude Lancelin reçoivent Stathis Kouvelakis, membre du comité central de Syriza. L'occasion d'un retour sur le bras de fer en cours entre l'Europe et la Grèce, quelques semaines après l'arrivée au pouvoir de la gauche radicale à Athènes.
A regarder absolument!

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