Le peu connu traité sur la charte de l’énergie (TCE) est un obstacle majeur pour empêcher les politiques de transition énergétique dont nous avons besoin, verrouillant pour des décennies les investissements dans les énergies fossiles en protégeant les investisseurs des décisions des pouvoirs publics qui leur seraient défavorables. L’opposition à cet accord ne cesse de grandir, et plus de 280 organisations de la société civile ont appelé les États à le quitter. Malheureusement, plutôt que mettre fin à cet accord suranné, les États ont décidé d’ouvrir un processus visant à « rénover » cet accord, avec plusieurs cycles de négociation prévus en 2020.
Pour mener campagne tout au long de l’année, plusieurs organisations se sont jointes afin de mettre à disposition des outils d’interpellation, de sensibilisation et d’information à ce sujet.
A l’occasion de réunions de négociations qui se tiennent à Bruxelles ce 2 juin, puis à nouveau du 6 au 9 juillet, voici quelques outils qui peuvent être utilisés :
Une lettre ouverte publiée en décembre 2019 et endossée par plus de 280 organisations de la société civile, dont 25 organisations françaises (parmi lesquelles Attac France, Amis de la Terre, CCFD – Terre Solidaire ; Greenpeace, etc), réclament aux États membres du Traité sur la Charte de l’énergie, dont la France, de mettre fin aux protections dont dispose le secteur des énergies fossiles.
Un rapport, intitulé « une insidieuse expansion », co-publié par CEO, TNI et SEATINI, qui relate la politique d’expansion mené autour du Traité sur la charte de l’énergie, pour obtenir toujours plus de pays membres, notamment issus des pays du Sud.
Résumé en français du rapport "Un Traité pour les gouverner tous" publié par le Corporate Europe Observatory (CEO) et Transnational Institute (TNI) en juin 2018
Contre l’intérêt général et le climat, les députés de la majorité votent pour la ratification du CETA
Par 266 voix pour et 213 contre, les députés ont approuvé, ce mardi 23 juillet, la ratification du traité de libre-échange entre l’UE et le Canada (CETA).
Qui a voté quoi ?
Vérifiez et interpellez votre député sur son vote sur le CETA
Vous avez été des dizaines de milliers à envoyer plus de 375 000 messages aux député(e)spour appeler les députés à voter contre la ratification du CETA.
Malheureusement, 266 d'entre eux ont voté "Pour", et seulement 213 ont voté contre. Plus de 70 autres se sont abstenus et une bonne trentaine d'entre eux étaient absents.
Pour que chacun(e) puisse savoir ce que son député a voté, en toute transparence, nous mettons à votre disposition unfichier donnant le vote de chaque député, avec des informations (groupe politique, adresse électronique, téléphone à l'Assemblée, compte twitter) qui permettent à celles et ceux qui le souhaitent de pouvoir les interroger sur leurs votes.
Le fichier permet également de savoir ce qu'ont voté les 160 députés membres du groupe "Accélérons la transition", à l'origine de l'invitation de Greta Thunberg et des jeunes mobilisés pour le climat.
Quelques données :
25% des députés En Marche n'ont pas voté Pour ;
par contre, sur les 160 députés du groupe "Accélérons la transition", moins de 25% se sont opposés au CETA, pourtant jugé non climato-compatible par les experts
123 députés de ce même groupe "Accélérons la transition" ont donc laissé passer le CETA en votant pour ou en s'abstenant ;
si seulement la moitié de ces 123 s'étaient opposés au CETA au nom de l'urgence climatique, le CETA n'aurait pas été adopté.
Paul Quilès est une des rares personnalités françaises engagée en faveur du désarmement nucléaire. Lors d’une conférence, samedi, à la Maison des syndicats de Brest, l’ancien ministre de la Défense a récusé la pertinence du concept de dissuasion dans le monde d’aujourd’hui. Télégramme de Brest 30 septembre 2018JEAN-LUC PADELLEC
« Quand j’entends les discours des ministres aujourd’hui, je retrouve les mêmes formules sur la stricte suffisance que celles qu’on me faisait lire à l’époque », raconte Paul Quilès. (Photo Jean-Luc Padellec)
Dans le cadre de la nouvelle loi de programmation militaire (LPM), les dépenses destinées à l’arme atomique vont pratiquement doubler entre 2019 et 2025. Une sénatrice socialiste avait voulu déposer un amendement en mai dernier, demandant un grand débat national sur la question. « Il ne me paraît pas judicieux de le relancer, au risque de mettre ainsi à nouveau en lumière toutes les oppositions sur le sujet et de donner la parole à tous ceux qui souhaitent se manifester contre le nucléaire d’une manière générale », avait répondu le président de la commission. L’amendement avait été retiré.
Cette fin de non-recevoir est éclairante pour Paul Quilès, qui dénonce « l’omerta générale » qui règne sur la question de l’arme atomique en France. « Près d’un demi-siècle après la mort du général de Gaulle, et malgré la fin de la guerre froide, le débat reste impossible », a-t-il déploré, samedi, devant un parterre de militants du désarmement nucléaire réunis à la Maison des syndicats, à l’invitation du Cian 29 qui milite pour que la France rejoigne, enfin, les 122 pays membres de l’Onu qui se sont déjà prononcés pour l’interdiction des armes nucléaires.
« Le système est verrouillé »
Étonnamment, l’ancien ministre de la Défense, qui ne fit qu’un passage éclair de six mois à l’Hôtel de Brienne en 1985-1986, mais qui présida ensuite la commission de la Défense pendant cinq ans, est devenu un allié de ce combat. Il raconte comment lui-même, alors ministre, récitait des discours serinés par des « savants, eux-mêmes pilotés en sous-main par le complexe militaro-industriel ».
Dans les années 90, après la chute du Mur de Berlin, et alors que l’on comptait 70 000 armes nucléaires dans le monde, celui qui fut également responsable des questions de stratégies de défense au Parti socialiste jusqu’en 2008 a tenté de faire passer quelques messages. « Mais c’est très difficile, car le système est verrouillé sans que personne ne s’en émeuve ».
Dans son dernier ouvrage coécrit, l’ancien polytechnicien, qui préside désormais l’IDN (Initiatives pour le désarmement nucléaire), dénonce « l’illusion nucléaire » en déconstruisant l’idée que l’arme atomique serait une garantie ultime de la sécurité par la dissuasion. « Cette affirmation reste non démontrée et bâtie sur des mensonges », soutient-il, en citant quelques exemples.
Une arme appartenant au passé
Ainsi, « on nous fait toujours croire que les deux bombes lâchées sur le Japon ont mis fin à la Seconde Guerre mondiale, alors que l’empereur avait déjà capitulé dans sa tête ». (…) On continue d’affirmer que l’objectif de l’arme nucléaire est d’impressionner, sans avoir à employer la bombe, pour en appeler à la raison de l’ennemi. Or, le président américain, Ronald Reagan, le disait très bien : ‘’Vous n’avez que six minutes pour décider comment réagir à un signal sur un écran radar et s’il faut, ou non, déclencher l’apocalypse ! Qui pourrait faire preuve de raison dans un moment pareil ? ‘‘»
Mais surtout, pour Paul Quilès, l’arme atomique appartient déjà au passé : « Aujourd’hui, le vrai danger est la cyber-menace. Et le hacker ne signe pas. S’il détourne un système de communication d’un sous-marin, que faites-vous avec votre arme nucléaire ? À qui lancez-vous des représailles ? » Samedi, à la Maison des syndicats de Brest, aucune autorité de l’Ile Longue n’était là pour répondre.
Les 1 % les plus riches empochent 82 % des richesses créées l’an dernier, la moitié la plus pauvre de l’humanité n’en voit pas une miette
Publié: 22 janvier 2018
Des richesses générées l’année dernière, 82 % ont profité aux 1 % les plus riches de la population mondiale, alors que les 3,7 milliards de personnes qui forment la moitié la plus pauvre de la planète n’en ont rien vu. C’est ce que révèle un nouveau rapport d’Oxfam, « Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent », publié aujourd’hui, à la veille du Forum économique mondial qui rassemblera le gotha du monde politique et des affaires à Davos, en Suisse.
Ce rapport montre comment le système économique mondial permet à une élite fortunée d’accumuler d’immenses richesses, tandis que des centaines de millions de personnes peinent à survivre avec un salaire de misère.
Le patrimoine des milliardaires a augmenté en moyenne de 13 % par an depuis 2010, soit six fois plus vite que la rémunération des travailleuses et travailleurs, qui n’a progressé que de 2 % par an en moyenne. Entre mars 2016 et mars 2017, le nombre de milliardaires a augmenté plus rapidement que jamais, à raison d’un nouveau milliardaire tous les deux jours.
Quatre jours suffisent au PDG de l’une des cinq premières marques mondiales de mode pour gagner ce qu’une ouvrière de la confection bangladaise gagnera au cours de sa vie. Aux États-Unis, en à peine plus d’une journée de travail, un PDG gagne autant qu’un simple ouvrier en une année.
Porter les salaires des 2,5 millions d’ouvrières et ouvriers du textile vietnamiens à un niveau décent coûterait 2,2 milliards de dollars par an. Cela équivaut à un tiers des sommes versées aux actionnaires par les cinq plus grands acteurs du secteur de la mode en 2016.
Le rapport d’Oxfam précise les principaux facteurs qui contribuent à accroître les rémunérations des actionnaires et des dirigeant-e-s d’entreprise au détriment du salaire et des conditions de travail : l’érosion des droits des travailleurs, l’influence excessive des grandes entreprises sur les politiques publiques et la constante volonté des entreprises de réduire au minimum les coûts pour maximiser les dividendes des actionnaires.
Pour Winnie Byanyima, directrice générale d’Oxfam International, « le boom des milliardaires n’est pas le signe d’une économie florissante, mais le symptôme d’un système économique défaillant. Les personnes qui fabriquent nos vêtements, assemblent nos téléphones et cultivent notre nourriture sont exploitées pour assurer un approvisionnement continu de produits bon marché et grossir les profits des multinationales et de leurs investisseurs milliardaires. »
Les travailleuses se retrouvent souvent au bas de l’échelle. Partout dans le monde, les femmes gagnent systématiquement moins que les hommes et occupent généralement les types d’emplois les moins rémunérés et les plus précaires. En revanche, 9 milliardaires sur 10 sont des hommes.
« Oxfam a parlé à des femmes du monde entier, dont les inégalités gâchent l’existence, explique Winnie Byanyima. Des ouvrières d’usines de confection, au Vietnam, qui travaillent si loin de chez elles pour gagner un salaire si maigre qu’elles ne peuvent pas voir leurs enfants pendant des mois. Des ouvrières de l’industrie avicole, aux États-Unis, qui sont obligées de porter des couches faute de pouvoir prendre des pauses toilettes. Des employées de l’hôtellerie, au Canada et en République dominicaine, qui taisent le harcèlement sexuel dont elles font l’objet par crainte de perdre leur travail. »
Oxfam appelle les gouvernements à prendre les mesures suivantes, afin que nos économies bénéficient à toutes et tous, et non à quelques privilégié-e-s seulement :
Limiter la rémunération des actionnaires et des dirigeant-e-s d’entreprise, et garantir aux travailleuses et travailleurs un salaire minimum « vital », permettant une qualité de vie décente. Par exemple, au Nigeria, le salaire minimum légal devrait être triplé pour assurer des conditions de vie décentes.
Éliminer l’écart salarial entre les femmes et les hommes et protéger les droits des travailleuses. Au rythme où les choses évoluent, il faudra 217 ans pour parvenir à l’égalité de rémunération et des chances professionnelles entre les femmes et les hommes.
Faire en sorte que les riches paient leur juste part d’impôt en augmentant leur taux d’imposition, en renforçant les mesures de lutte contre l’évasion fiscale et en accroissant les dépenses dans les services publics, comme la santé et l’éducation. Oxfam estime qu’un impôt mondial de 1,5 % sur la fortune des milliardaires pourrait permettre de scolariser tous les enfants.
Les résultats d’une nouvelle enquête mondiale commandée par Oxfam mettent en évidence une vague de soutien en faveur de la lutte contre les inégalités. Au total, 70 000 personnes ont été interrogées dans dix pays. Près des deux tiers pensent qu’il est urgent de réduire le fossé entre les riches et les pauvres.
« Il est difficile de trouver des responsables politiques et des chefs d’entreprise qui affirment ne pas s’inquiéter des inégalités. Il est encore plus difficile d’en trouver qui prennent des mesures pour les combattre. Au contraire, beaucoup aggravent les choses en réduisant les impôts et en affaiblissant les droits du travail, déplore Winnie Byanyima.
« Les citoyennes et citoyens veulent que les choses changent. Ils veulent que les travailleuses et travailleurs soient rémunérés décemment, que les grandes entreprises et les super-riches paient plus d’impôts, que les femmes jouissent des mêmes droits que leurs homologues masculins, qu’il y ait une limite au pouvoir et à la fortune pouvant se concentrer entre si peu de mains. Ils veulent des mesures concrètes. »
Notes aux rédactions
Le rapport « Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent » et la méthodologie, qui explique comment Oxfam a obtenu les statistiques y figurant, sont téléchargeables ici.
Vidéos et photos haute définition de Lan, ouvrière dans une usine de confection vietnamienne qui fournit nombre de marques mondiales de la mode. Cela fait neuf mois que Lan n’a pas pu rentrer voir son fils du fait de ses longues heures de travail et de la faiblesse de son salaire.
Selon de nouvelles données du Credit Suisse, 42 personnes possèdent désormais autant que la moitié la plus pauvre de l’humanité. Ce chiffre n’est pas comparable à ceux des années précédentes, notamment la statistique des huit hommes détenant autant de richesses que la moitié du monde (2016-2017), car il repose sur des données actualisées et enrichies, publiées par le Credit Suisse en novembre 2017. En revoyant les chiffres de l’an dernier à la lumière de ces nouvelles données, Oxfam a calculé que 61 personnes possédaient autant que la moitié de la planète en 2016.
Les calculs d’Oxfam sont basés sur les données fournies par le Credit Suisse dans son rapport Global Wealth Databookpublié en novembre 2017. Le patrimoine des milliardaires a été calculé à l’aide du classement des milliardaires publié par le magazine Forbes en mars 2017.
RIWI et YouGov ont réalisé l’enquête en ligne pour Oxfam dans les dix pays suivants : Inde, Nigeria, États-Unis, Royaume-Uni, Mexique, Afrique du Sud, Espagne, Maroc, Pays-Bas et Danemark. Pour plus d’informations sur la méthodologie et l’intégralité des résultats, voir ici.
Ce qu’il faut retenir de la décision de Donald Trump sur le statut de Jérusalem
Dans une rupture spectaculaire avec ses prédécesseurs, le président américain a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël, suscitant la colère des Palestiniens et des réactions de réprobation bien au-delà du Proche-Orient.
Donald Trump a reconnu, mercredi 6 décembre, Jérusalem comme capitale d’Israël, revendiquant « une nouvelle approche » sur le dossier épineux du statut de la ville trois fois sainte.
Par cette décision historique et unilatérale, Donald Trump tient l’une de ses promesses emblématiques de campagne.
Même si le président américain s’est dit disposé à soutenir une solution à deux Etats dans le cadre du conflit israélo-palestinien, le contenu de sa décision a déjà provoqué la colère du monde arabe.
David Barsamian : – Vous avez déjà parlé de la différence entre la bouffonnerie de Trump, qui est sans cesse couverte par les médias, et les politiques qu’il s’efforce d’adopter, qui reçoivent moins d’attention. Pensez-vous qu’il a des objectifs de politique économique ou internationale cohérents ? Qu’est-ce que Trump a réussi à accomplir dans ses premiers mois au pouvoir ?
Noam Chomsky : – Il y a un processus de diversion en cours, peut-être juste un résultat naturel dû aux caractéristiques du personnage central et à ceux qui font le travail en arrière plan.
À un certain niveau, les pitreries de Trump font en sorte que l’attention se concentre sur lui, et peu importe la manière. Qui se souvient encore de l’accusation selon laquelle des millions d’immigrants clandestins auraient voté pour Clinton, privant le pathétique petit homme de sa grande victoire ? Ou l’accusation selon laquelle Obama aurait mis sur écoute la Trump Tower ? Les affirmations en elles-mêmes n’ont pas vraiment d’importance. Il suffit que l’attention soit détournée de ce qui se passe en arrière-plan. Là, hors de portée des projecteurs, la frange la plus sauvage du Parti républicain avance avec soin les politiques destinées à enrichir sa véritable circonscription : la circonscription du pouvoir privé et de la richesse, « les maîtres de l’humanité », pour reprendre la phrase d’Adam Smith.
Ces politiques vont nuire à la population générale et dévaster les générations futures, mais cela ne préoccupe guère les Républicains. Ils ont essayé de faire adopter des lois toutes aussi destructrices pendant des années. Paul Ryan, par exemple, a longtemps annoncé son idéal d’éliminer virtuellement le gouvernement fédéral, à l’exception du service militaire – bien que dans le passé, il ait emballé ses propositions dans des feuilles de calcul afin qu’elles aient l’air sérieuses pour les commentateurs. Maintenant, alors que l’attention est concentrée sur les dernières folies de Trump, le gang Ryan et la branche exécutive verrouillent la législation pour saper les droits des travailleurs, paralyser la protection des consommateurs et nuire gravement aux communautés rurales. Ils cherchent à dévaster les programmes de santé, à diminuer les impôts qui permettent de les financer de manière à continuer à enrichir leurs soutiens politiques et à éviscérer la loi Dodd-Frank, qui impose des contraintes bien nécessaires au système financier prédateur qui s’est développé pendant la période néolibérale.
Ce n’est qu’un exemple de la façon dont la massue de démolition est brandie par le Parti républicain qui est de nouveau au pouvoir. En effet, ce n’est plus un parti politique au sens traditionnel du terme. Les analystes politiques conservateurs, Thomas Mann et Norman Ornstein, l’ont décrit plus précisément comme une « insurrection radicale », qui a abandonné la politique parlementaire normale.
Une grande partie de ce travail se déroule furtivement, en séances à huis clos, avec le moins de publicité possible. D’autres politiques républicaines sont plus ouvertes, comme se retirer de l’accord de Paris sur le climat, isolant ainsi les États-Unis et en faisant un État paria qui refuse de participer aux efforts internationaux pour faire face à la catastrophe environnementale imminente. Pire encore, ils ont l’intention de maximiser l’utilisation des combustibles fossiles, y compris les plus dangereux ; de démanteler tous les règlements ; de réduire fortement la recherche et le développement de sources d’énergie alternatives, qui seront bientôt nécessaires pour une survie décente.
Les raisons qui animent ces politiques sont multiples. Certaines sont simplement un retour d’ascenseur aux soutiens financier. D’autres, qui ne préoccupent guère les « maîtres de l’humanité », sont faites pour conserver la confiance du groupe électoral que les Républicains ont rassemblé à la hâte, car les politiques républicaines s’étaient déplacées si loin vers la droite qu’elles n’attiraient plus les électeurs. Par exemple, mettre fin à l’aide à la planification familiale n’est pas un service aux financiers. En effet, ce groupe aurait plutôt tendance à soutenir le planning familial. Mais mettre fin à ce soutien contente la base chrétienne évangélique – des électeurs qui ferment les yeux sur le fait qu’ils préconisent effectivement plus de grossesses non désirées et, par conséquent, augmentent la fréquence de recours à l’avortement, dans des conditions dangereuses et même mortelles.
Tous les dommages ne peuvent être imputés au charlatan qui est théoriquement responsable, à ses nominations extravagantes ou aux forces du Congrès qu’il a déchaînées. Certains des développements les plus dangereux sous Trump remontent aux décisions d’Obama, décisions prises, bien sûr, sous la pression du Congrès républicain.
Le plus dangereux de tout cela a à peine été signalé. Une étude très importante publiée en mars 2017 dans le Bulletin of the Atomic Scientists révèle que le programme de modernisation des armes nucléaires d’Obama a augmenté « d’un facteur d’environ trois le pouvoir destructeur des missiles balistiques étasuniens existants et cela correspond exactement ce que l’on pourrait attendre d’un État doté d’armes nucléaires qui prévoirait d’avoir la capacité de combattre et de gagner une guerre nucléaire en désarmant ses ennemis par une première frappe surprise ». Comme le soulignent les analystes, cette nouvelle capacité compromet la stabilité stratégique dont dépend la survie humaine. Et le bilan effrayant des catastrophes et du comportement imprudent des dirigeants au cours des dernières années montre bien à quel point notre survie est fragile. Ce programme est perpétué par Trump. Ces développements, associés à la menace d’un désastre environnemental, jettent une ombre sur tout le reste – et sont à peine discutés car l’attention est attirée par les performances de l’acteur au centre de la scène.
Il n’est pas facile de discerner si Trump a une idée de ce que lui et ses acolytes font. Peut-être est-il tout à fait authentique : un mégalomane ignorant et fragile, dont la seule idéologie est lui-même. Mais ce qui se passe sous la domination de l’aile extrémiste des Républicains est bien visible.
– Voyez-vous une activité encourageante du côté des Démocrates ? Ou est-il temps de commencer à penser à un troisième parti ?
– Il faut d’abord bien y réfléchir. La caractéristique la plus remarquable de l’élection de 2016 a été la campagne de Bernie Sanders, qui a brisé l’ordre établi aux États-Unis par plus d’un siècle d’histoire politique. Un corpus substantiel de recherches en science politique établit de façon convaincante que les élections sont à peu près acquises ; le financement de la campagne est à lui seul un indicateur remarquable de réussite, tant pour le Congrès que pour la présidence. Il indique également les futures décisions des élus. Par conséquent, une majorité considérable de l’électorat – ceux au bas de l’échelle des revenus – est effectivement privée de ses droits, dans la mesure où ses représentants ne tiennent pas compte de ses préférences. Dans cette optique, la victoire d’une star de la télévision milliardaire avec un soutien médiatique important est peu surprenante : soutien direct de la chaîne câblée de premier plan, Fox News, de Rupert Murdoch, et de la très influente radio de droite ; soutien indirect mais conséquent du reste des grands médias, qui est resté fasciné par les pitreries de Trump et les recettes publicitaires qu’elles ont entraînées.
La campagne Sanders, par contre, a fortement rompu avec ce modèle en vigueur. Sanders était à peine connu. Il n’a pratiquement obtenu aucun soutien des principales sources de financement, a été ignoré ou tourné en dérision par les médias, étiqueté avec le mot effrayant de « socialiste ». Pourtant il est maintenant, et de loin, la figure politique la plus populaire dans le pays.
Le succès de la campagne Sanders montre au moins que de nombreuses options peuvent être mises en œuvre malgré le cadre biparti institutionnel, malgré toutes les barrières institutionnelles qui s’y opposent. Pendant les années Obama, le Parti démocrate s’est désintégré aux niveaux local et étatique. Le parti avait déjà abandonné en grande partie la classe ouvrière, et même fait pire avec les politiques commerciales et fiscales de Clinton qui ont sapé le secteur manufacturier américain et l’emploi relativement stable qu’il fournissait.
Les propositions politiques progressives ne manquent pas. Le programme développé par Robert Pollin dans son livre Greening the Global Economy est une approche très prometteuse. Le travail de Gar Alperovitz sur la construction d’une démocratie authentique basée sur l’autogestion des travailleurs en est une autre. Des mises en œuvre pratiques de ces approches et des idées associées se concrétisent de différentes manières. Les organisations populaires, dont certaines sont issues de la campagne Sanders, sont activement engagées pour profiter des nombreuses occasions qui s’offrent à elles.
Parallèlement, le cadre biparti établi, bien que vénérable, n’est nullement gravé dans la pierre. Que ces dernières années les institutions politiques traditionnelles déclinent dans les démocraties industrielles sous l’effet de ce qu’on appelle le « populisme » n’est pas un secret. Ce terme est plutôt utilisé pour parler de la vague de mécontentement, de colère et de mépris des institutions qui a accompagné l’assaut néolibéral de la génération précédente qui a conduit à la stagnation de la majorité d’un côté et à la concentration spectaculaire de la richesse dans les mains de quelques-uns de l’autre.
Le fonctionnement démocratique s’érode sous l’effet naturel de la concentration du pouvoir économique, qui se transforme en pouvoir politique par des moyens que l’on connaît bien, mais aussi par des raisons plus profondes et de principe. La doctrine en cours veut que le transfert de la prise de décision du secteur public vers le « marché » contribue à la liberté individuelle, mais la réalité est différente. Le transfert va d’institutions publiques, dans lesquelles les électeurs ont leur mot à dire, dans la mesure où la démocratie fonctionne, aux tyrannies privées – les entreprises qui dominent l’économie – sur lesquelles les électeurs n’ont aucun mot à dire. En Europe, il existe une méthode encore plus directe pour ébranler la menace de la démocratie : faire prendre des décisions cruciales par une troïka non élue – le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et la Commission européenne – qui tient compte des vœux des banques du nord de l’Europe et de la communauté des créanciers, et non pas des électeurs.
Ces politiques sont faites de sorte que la société n’existe plus, la célèbre description de Margaret Thatcher du monde tel qu’elle le perçoit ou, plus précisément, espère le créer : un monde où il n’y a pas de société, seulement des individus. C’était la paraphrase involontaire par Thatcher de la condamnation amère de Marx de la répression en France, qui a laissé la société comme un « sac de pommes de terre », une masse amorphe qui ne peut pas fonctionner. Dans le cas présent, le tyran n’est pas un dirigeant autocratique – au moins en Occident – mais une concentration de pouvoirs privés.
L’effondrement des institutions dirigeantes centristes a été évidente lors des dernières élections : en France, mi-2017, et aux États-Unis quelques mois plus tôt où les deux candidats qui ont mobilisé les forces populaires étaient Sanders et Trump − même si Trump n’a pas tardé à démontrer la fraude de son « populisme » en s’assurant rapidement que les éléments les plus durs de l’ancien établissement seraient solidement installés au pouvoir du luxuriant « marécage ».
Ces processus pourraient conduire à la rupture du monolithique système américain basé sur un parti unique, celui du monde des affaires, divisé en deux factions concurrentes, avec les électeurs passant de l’un à l’autre au fil du temps. C’est l’occasion pour un véritable « parti populaire » d’émerger, un parti dont la base électorale serait réellement les électeurs, et dont les valeurs directrices mériteraient le respect.
– Le premier voyage à l’étranger de Trump a été pour l’Arabie saoudite. Quelle signification y voyez-vous et qu’est-ce que cela signifie pour les politiques moyen-orientales ? Et que pensez-vous de l’agressivité de Trump envers l’Iran ?
– L’Arabie saoudite est le genre d’endroit où Trump se sent chez lui : une dictature brutale, misérablement répressive (notoirement pour les droits des femmes, mais dans beaucoup d’autres domaines aussi), le premier producteur de pétrole (maintenant dépassé par les États-Unis), et beaucoup d’argent. Le voyage a généré de massives promesses de vente d’armes – ce qui a beaucoup plu à son électorat – et de vagues annonces d’autres dons saoudiens. L’une des conséquences de ce voyage est que les amis saoudiens de Trump ont reçu le feu vert pour intensifier leurs atrocités honteuses au Yémen et pour discipliner le Qatar, qui a été une ombre trop indépendante des maîtres saoudiens. L’Iran a aussi été un facteur. Le Qatar partage un champ de gaz naturel avec l’Iran et entretient des relations commerciales et culturelles, désapprouvées par les Saoudiens et leurs associés, avec ce pays.
L’Iran est depuis longtemps considéré par les dirigeants et les médias américains comme un pays extrêmement dangereux, peut-être le plus dangereux de la planète. Cela remonte à bien avant Trump. Dans ce système doctrinal, l’Iran est une double menace : il est le principal partisan du terrorisme, et ses programmes nucléaires constituent une menace existentielle pour Israël, sinon pour le monde entier. Il est si dangereux qu’Obama a dû installer un système avancé de défense aérienne près de la frontière russe pour protéger l’Europe des armes nucléaires iraniennes – qui n’existent pas et que, de toute façon, les dirigeants iraniens n’utiliseraient que s’ils étaient possédés par le désir d’être, en retour, instantanément incinérés.
C’est cela le système doctrinal. Dans le monde réel, le soutien iranien au terrorisme se traduit par un soutien au Hezbollah, dont le crime majeur est qu’il est le seul moyen de dissuasion contre une autre invasion israélienne destructrice du Liban, et au Hamas, qui a remporté des élections libres dans la bande de Gaza, crime qui a instantanément suscité des sanctions sévères et a conduit le gouvernement américain à préparer un coup d’État militaire. Il est vrai que les deux organisations peuvent être accusées d’actes terroristes, bien que complètement différents de ceux qui découlent de l’implication de l’Arabie saoudite dans la formation et les actions des réseaux djihadistes.
En ce qui concerne les programmes d’armement nucléaire de l’Iran, les services de renseignement américains ont confirmé ce que chacun peut facilement savoir : s’ils existent, ils font partie de la stratégie de dissuasion de l’Iran. Il y a aussi le fait inacceptable que toute préoccupation concernant les armes de destruction massive (ADM) iraniennes puisse être atténuée en répondant simplement à l’appel iranien pour établir une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient. Une telle zone est fortement soutenue par les États arabes et la majeure partie du reste du monde mais est bloquée, principalement par les États-Unis qui souhaitent protéger les capacités en ADM d’Israël.
Si on l’observe bien, on voit que ce système doctrinal s’effondre, il nous reste donc à trouver les vraies raisons de l’agressivité américaine envers l’Iran. Les possibilités viennent facilement à l’esprit. Les États-Unis et Israël ne peuvent pas tolérer une force indépendante dans une région qu’ils considèrent comme la leur. Un Iran avec une dissuasion nucléaire est inacceptable pour les États voyous qui veulent se déchaîner comme ils le souhaitent dans tout le Moyen-Orient. Mais il y a plus que cela. Washington ne pardonne pas à l’Iran d’avoir renversé le dictateur qu’elle avait installé lors d’un coup d’État militaire en 1953, un coup qui a détruit le régime parlementaire iranien et son espoir de pouvoir bénéficier de ses propres ressources naturelles. Le monde est trop complexe pour toute simple description, mais cela me semble être le centre de l’histoire.
Cela ne ferait non plus pas de mal de rappeler qu’au cours des six dernières décennies, à peine un jour ne s’est passé sans que Washington ne tourmente les Iraniens. Après le coup d’État militaire de 1953, les États-Unis ont appuyé un dictateur décrit par Amnesty International comme un des principaux violeurs des droits humains. Immédiatement après son renversement, l’invasion de l’Iran par Saddam Hussein, soutenue par les États-Unis, ne fut pas une mince affaire. Des centaines de milliers d’Iraniens ont été tués, beaucoup par des armes chimiques. Le soutien de Reagan à son ami Saddam était si extrême que lorsque l’Irak a attaqué un navire américain, l’USS Stark, tuant 37 marins américains, il n’a reçu, en réponse, qu’une légère tape sur les doigts. Reagan a également cherché à accuser l’Iran d’avoir perpétré des attaques chimique horribles sur les Kurdes irakiens, en réalité lancées par Saddam.
Finalement, les États-Unis sont intervenus directement dans la guerre Iran-Irak, conduisant à la capitulation amère de l’Iran. Par la suite, George W. Bush a invité les ingénieurs nucléaires irakiens aux États-Unis pour une formation avancée sur la production d’armes nucléaires – une menace extraordinaire pour l’Iran, indépendamment de ses autres implications. Et, bien sûr, Washington a été le moteur des sévères sanctions contre l’Iran qui continuent à ce jour.
Trump, de son côté, a rejoint les dictateurs les plus durs et les plus répressifs en criant des imprécations contre l’Iran. De plus, l’Iran organisait des élections lors du voyage de Trump au Moyen-Orient, une élection qui, même si elle n’était pas parfaite, serait impensable sur la terre de ses hôtes saoudiens, qui sont également la source de l’islamisme radical qui empoisonne la région. Mais l’agressivité étasunienne contre l’Iran va bien au-delà de Trump lui-même. Elle touche aussi ceux considérés comme les « adultes » de l’administration Trump, comme James « Mad Dog » Mattis, le secrétaire à la Défense. Et elle remonte à loin.
– Quels sont les enjeux stratégiques pour la Corée ? Peut-on faire quelque chose pour désamorcer ce conflit qui prend de l’ampleur ?
– La Corée est un problème qui persiste depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, lorsque les espoirs des Coréens pour l’unification de la péninsule ont été bloqués par l’intervention des grandes puissances, les États-Unis en portant la responsabilité première.
La dictature nord-coréenne pourrait bien gagner le prix de la brutalité et de la répression, mais elle cherche, et dans une certaine mesure atteint, un certain niveau de développement économique, malgré le fardeau écrasant d’un énorme système militaire. Ce système comprend bien entendu un arsenal croissant d’armes nucléaires et de missiles, qui constituent une menace pour la région et, à plus long terme, pour des pays au-delà – mais sa fonction étant de dissuader, il est peu probable que le régime nord-coréen l’abandonne tant qu’il est sous la menace d’une destruction.
Aujourd’hui, on nous dit que le grand défi auquel le monde est confronté est de savoir comment contraindre la Corée du Nord à geler ses programmes nucléaires et balistiques. Ainsi, on devrait peut être recourir à plus de sanctions, à la cyberguerre, à l’intimidation ; au déploiement du système antimissile de la Défense terrestre à haute altitude (THAAD), que la Chine considère comme une menace sérieuse pour ses propres intérêts ; peut-être même attaquer directement la Corée du Nord, ce qui entraînerait des bombardements massifs en représailles, dévastant Séoul et une grande partie de la Corée du Sud, sans même utiliser d’armes nucléaires.
Mais il y a une autre option qui semble être ignorée : nous pourrions simplement accepter l’offre de la Corée du Nord de faire ce que nous demandons. La Chine et la Corée du Nord ont déjà proposé que la Corée du Nord gèle ses programmes nucléaires et de missiles. La proposition, pourtant, a été rejetée immédiatement par Washington, tout comme elle l’avait été deux ans plus tôt, car elle comprend une contrepartie : elle appelle les États-Unis à mettre fin à leurs exercices militaires menaçants aux frontières de la Corée du Nord, dont les simulations d’attaque nucléaires par des B-52.
La proposition sino-nord-coréenne n’est guère déraisonnable. Les Nord-Coréens se souviennent bien que leur pays a été littéralement écrasé par les bombardements américains, et beaucoup se souviennent peut-être de la façon dont les forces américaines ont bombardé de grands barrages quand il n’y avait plus d’autres cibles. Il y avait des rapports joyeux dans les publications militaires américaines au sujet du spectacle passionnant d’un énorme flot d’eau anéantissant les cultures de riz dont dépend l’« Asie » pour sa survie. Ils valent vraiment la peine d’être lus, une partie utile de la mémoire historique.
L’offre de geler les programmes nucléaires et balistiques de la Corée du Nord en échange de l’arrêt des actes provocateurs sur la frontière nord-coréenne pourrait être la base de négociations plus approfondies qui pourraient réduire radicalement la menace nucléaire et même résoudre la crise nord-coréenne. Contrairement à beaucoup de commentaires enflammés, il y a de bonnes raisons de penser que de telles négociations pourraient réussir. Pourtant, même si les programmes nord-coréens sont constamment décrits comme étant peut-être la plus grande menace à laquelle nous sommes confrontés, la proposition sino-nord-coréenne est inacceptable pour Washington et rejetée par les observateurs américains avec une unanimité impressionnante. C’est une autre entrée dans le dossier honteux et déprimant de cette préférence quasi-automatique pour la force alors que des options pacifiques sont disponibles.
Les élections sud-coréennes de 2017 pourraient offrir une lueur d’espoir. Le président qui vient d’être élu, Moon Jae-in, semble vouloir inverser la politique de dure confrontation de son prédécesseur. Il a appelé à explorer les options diplomatiques et à prendre des mesures pour la réconciliation, ce qui est certainement une amélioration par rapport à ces agitations de colère qui pourraient conduire à un vrai désastre.
– Vous avez par le passé exprimé des inquiétudes au sujet de l’Union européenne. Que pensez-vous qu’il adviendra alors que l’Europe devient moins liée aux États-Unis et au Royaume-Uni ?
– L’UE est confrontée à des problèmes fondamentaux, notamment une monnaie unique sans union politique. Mais elle a également de nombreuses caractéristiques positives. Il y a quelques idées sensées visant à sauver ce qui est bon et à améliorer ce qui ne l’est pas. L’initiative DiEM25 de Yanis Varoufakis pour une Europe démocratique est une approche prometteuse.
Le Royaume-Uni a souvent été un substitut des États-Unis dans la politique européenne. Le Brexit pourrait encourager l’Europe à adopter un rôle plus indépendant dans les affaires mondiales, cela pourrait être accéléré par les politiques de Trump qui nous isolent de plus en plus du reste du monde. Pendant qu’il crie fort et brandit son énorme bâton, la Chine prend les devants au niveau des politiques énergétiques mondiales tout en étendant son influence vers l’ouest et, finalement, jusqu’à l’Europe, par le biais de l’Organisation de coopération de Shanghai et la Nouvelle Route de la Soie.
Que l’Europe puisse devenir une « troisième force » indépendante est un sujet de préoccupation pour les planificateurs américains depuis la Seconde Guerre mondiale. Il y a eu de longues discussions sur la conception gaulliste d’une Europe allant de l’Atlantique à l’Oural ou, plus récemment, sur la vision de Gorbatchev d’une Europe commune de Bruxelles à Vladivostok.
Quoi qu’il arrive, l’Allemagne est sûre de conserver un rôle dominant dans les affaires européennes. Il est plutôt surprenant d’entendre une chancelière allemande conservatrice, Angela Merkel, faisant la leçon à son homologue américaine sur les droits de l’homme et prendre l’initiative, au moins pour un temps, de se confronter à la question des réfugiés qui montre la profonde crise morale de l’Europe. D’autre part, l’insistance de l’Allemagne pour l’austérité, sa paranoïa envers l’inflation et sa politique de promotion des exportations tout en limitant la consommation intérieure ne portent pas une mince responsabilité dans la détresse économique de l’Europe, en particulier dans la situation désastreuse des économies périphériques. Cependant, dans le meilleur des cas et sans aller trop loin dans l’imagination, l’Allemagne pourrait influencer l’Europe afin qu’elle devienne une force généralement positive dans les affaires mondiales.
– Que pensez-vous du conflit entre l’administration Trump et les services de renseignement états-uniens ? Croyez-vous en « l’État profond » ?
Une bureaucratie de la sécurité nationale existe depuis la Seconde Guerre mondiale. Et les analystes de la sécurité nationale, au sein et en dehors du gouvernement, ont été consternés par les nombreux et sauvages dérapages de Trump. Leur consternation est partagée par les crédibles experts qui ont mis en place l’Horloge de Fin du monde, puisqu’ils l’ont avancée à deux minutes et demie avant minuit sitôt que Trump a pris ses fonctions ; le plus proche du désastre terminal depuis 1953, lorsque les États-Unis et l’URSS ont fait exploser des bombes thermonucléaires. Mais je vois peu de signes que cela aille plus profond que cela, qu’il y aurait une conspiration secrète par un « État profond ».
– En conclusion, à l’approche de votre 89e anniversaire, je me demandais : avez-vous une théorie à propos de la longévité ?
– Oui et elle est simple, vraiment. Si vous roulez à vélo et que vous ne voulez pas tomber, vous devez continuer à rouler, et vite.
Noam Chomsky
David Barsamian(né en 1945) est un animateur de radio arméno-américain , écrivain, et fondateur et directeur d' Alternative Radio , un programme hebdomadaire d'affaires publiques syndicales basé à Boulder, au Colorado, diffusé sur quelque 250 stations de radio dans le monde.
La révolution bolivarienne, amorcée par Hugo Chavez, en 1999, se caractérise, entre autres, par le renversement du contrôle des pouvoirs de l’État et de ses richesses, passant ces derniers des mains des élites à celles du peuple. Cette mutation, pourtant profondément démocratique, n’a jamais été du goût de ces élites dont le grand-prêtre est toujours l’Oncle Sam.
Avec les années, le peuple vénézuélien a émergé et est devenu un véritable peuple en mesure de s’affirmer et d’assurer son propre développement. Il entraîne avec lui des façons nouvelles de répondre aux attentes et besoins de tous ceux et celles qui en font partie. Là où les gouvernements antérieurs ne trouvaient pas les ressources nécessaires pour assurer des services de santé gratuits dans tous les coins du pays et disponibles à toutes les personnes qui en avaient besoin, la révolution bolivarienne y parvint. On peut en dire tout autant pour l’éducation qui n’est plus un privilège réservé aux enfants des élites, mais à tous les enfants du peuple. À ces deux grands secteurs, on peut y ajouter celui du logement. Plus d’un million de logements ont été construits et aménagés pour des familles à faible revenu.
Le fait que le Venezuela puisse assurer ces trois services essentiels, santé-éducation-logement, à sa population devient un problème majeur pour les gouvernements de facture néo-libérale, dirigés par des élites qui n’ont pas l’habitude de chercher des solutions aux problèmes cruciaux de leurs peuples, mais de s’attarder, plutôt, à répondre aux intérêts des leurs élites. Pour ces derniers, les intérêts du peuple passent au second plan.
Une telle approche, c’est ignorer complètement le réveil des peuples et le décloisonnement d’un monde qui n’est plus sous le contrôle d’un pouvoir et d’une pensée unique. Les grands prêtres politiques et religieux de ces pouvoirs impériaux se sentent de plus en plus menacés par l’émergence de ces peuples qui ne veulent rien de plus que d’occuper la place qui leur revient. N’est-ce pas le sens profond de la démocratie qui donne au peuple le premier et le dernier mot sur son propre destin.
Ce n’est malheureusement pas la démocratie dont rêvent les élites. Leur démocratie est celle sur laquelle elles s’assurent d’avoir plein contrôle, du début à la fin des mises en scène des grandes campagnes électorales, en vue de canaliser l’acte par excellence, pour eux, de la démocratie, qu’est le vote. Quant au dépouillement des votes, ces élites préfèrent s’en tenir au mode traditionnel du comptage et recomptage. Cet exercice leur permet de corriger les erreurs qui sont de nature à modifier les résultats escomptés. Les équipements de haute technologie qui réduisent au maximum les erreurs de comptage n’intéressent pas vraiment les démocraties néo-libérales. Ce sont les pays émergents qui font appel à ces hautes technologies. Ils en ont besoin pour contenir les fraudeurs de la démocratie néo-libérale.
De toute évidence, le Venezuela est devenu une menace pour toutes les démocraties qui donnent à leurs élites priorité d’intérêt sur celui du peuple. Le Venezuela avec sa révolution bolivarienne qui donne priorité aux intérêts du peuple sur ceux des élites devient un très mauvais exemple à donner aux peuples de l’Amérique latine. C’est sans doute en ce sens qu’il faut entendre le décret d’Obama déclarant que le Venezuela représentait une menace grave pour la sécurité nationale des États-Unis. C’est évidemment une menace grave pour celui qui vit de la rente des peuples de l’Amérique latine. C’est un peu comme le policier qui poursuit le voleur. Il est pour ce dernier une menace à sa sécurité.
La Révolution bolivarienne est comme un véhicule nouveau genre qui fait fureur auprès du peuple qui y retrouve fierté et dignité, santé et éducation, logements, participation dans les décisions importantes de son devenir. Le peuple a adoré son premier grand conducteur de ce véhicule, nouveau genre, en la personne de Chavez. Ce même peuple maintient ce même appui à son successeur, Nicolas Maduro. Il en a donné une preuve éclatante lors du vote portant sur l’Assemblée nationale constituante en votant massivement, le 30 juillet dernier, pour cette dernière.
Lorsqu’une voiture va trop bien et risque de mettre en faillite d’autres modèles, il faut d’une manière ou d’une autre la discréditer et faire apparaître de nombreux vices cachés dans ce véhicule, nouveau genre. Les élites, frustrées par la performance de ce nouveau véhicule, se disent pourquoi ne pas y verser de l’eau dans le réservoir d’essence pour en affecter l’énergie? Pourquoi ne pas y ajouter quelques grains de sable dans son huile à transmission pour en faire grincer les engrenages ? À ceci s’ajoute évidemment la création de la rareté des pièces de rechange qui finissent par décourager leurs utilisateurs. Ce sont là l’expression des guerres économiques dont Washington a le secret. Le mode d’emploi repose sur les mêmes principes qui ont donné naissance à l’embargo économique contre Cuba, lequel dure depuis plus de 55 ans.
Dans un mémorandum secret remis au président Eisenhower, le 6 avril 1960, l’adjoint du sous-secrétaire d’État d’alors, Lester Mallory écrit ceci :
« La majorité des Cubains appuient Castro (…) Il n’existe pas une opposition politique effective. (…) L’unique moyen possible pour lui faire perdre l’appui interne est de provoquer la désillusion et le mécontentement en provoquant l’insatisfaction économique (…) et la pénurie. (…) Il faut mettre rapidement en pratique tous les moyens possibles pour affaiblir la vie économique (…) refusant à Cuba argent et biens de toute nature de manière à réduire les salaires et l’emploi, provoquant ainsi la faim, le découragement et la chute du gouvernement. »
Ce discours contre Castro s’applique à tous les dirigeants politiques et à tous les peuples de l’Amérique latine qui refusent de se soumettre aux dictats de Washington.
Le combat que mène présentement le peuple vénézuélien est le combat de tous les peuples de l’Amérique latine, d’Afrique et du Moyen-Orient.
Je souhaite que le pape François s’oppose fermement à toute intervention militaire des Etats-Unis au Venezuela et qu’il fasse front commun avec la Russie pour empêcher cette intervention de conquête et de domination.
Des citoyens palestiniens d’Israël manifestent contre des démolitions de maisons à Arara, commune de la région de Wadi Ara, que Netanyahu veut transférer dans une entité palestinienne, Janvier 2017. (Keren Manor/ActiveStills)
Benjamin Netanyahu propose que les citoyens palestiniens d’Israël soient déchus de leur citoyenneté dans le cadre d’un accord de “paix” qui les placeraient dans une future entité palestinienne.
Le Premier Ministre israélien a récemment déclaré à des élus américains, selon un article paru dans Haaretz, que “les communautés arabes israéliennes pourraient être placées sous contrôle palestinien” dans le cadre d’un accord sur le statut final.
“En échange,” rapporte le journal basé à Tel-Aviv, “Israël annexerait des colonies de la Cisjordanie.”
Communément appelée “transfert,” cette proposition équivaudrait à un nettoyage ethnique. Ce n’est pas une idée nouvelle, mais le fait que Netanyahu l’aborde représente une étape supplémentaire pour le gouvernement israélien vers l’adoption formelle de pratiques considérées comme tabou par le passé par de nombreux Israéliens.
La zone que Netanyahu convoite – au moins dans un premier temps – est Wadi Ara, une région au Nord, incluant la principale ville, Umm al-Fahm.
Environ 1,5 millions de Palestiniens ont la citoyenneté en Israël. Ils sont les survivants et les descendants de la Nakba, le nettoyage ethnique sioniste de la grande majorité de la population palestinienne de ce qui devint l’état d’Israël, avant et après qu’il soit établi en 1948.
L’idée que cela serait un “échange” est clairement absurde car, pour commencer, rien de ce que Netanyahu propose d’échanger n’est à Israël : les colons de la Cisjordanie vivent sur une terre volée aux Palestiniens en violation du droit international.
En outre, les droits des citoyens palestiniens d’Israël – qui, dans le cadre d’une telle mesure seraient privés du droit à déterminer leur propre sort sur leur terre de naissance – ne sont pas des cadeaux d’Israël, établi chez eux avec force et violence à leurs dépends.
Les soi-disant échanges de populations nous rappelle à un passé sombre; ils furent pratiqués avant l’ère moderne, lorsqu’il était admis que les monarques traitent les populations comme leurs propriétés.
Mais la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et autres standards entérinés après les atrocités de la deuxième guerre mondiale, donnèrent des droits aux individus et rendirent illégaux le déplacement forcé et la destitution arbitraire de citoyenneté et de nationalité.
Mais comme je l’explique dans mon livre de 2014 La bataille pour la justice en Palestine, l’affirmation d’Israël au “droit d’exister en tant qu’état juif” ne peut être réalisé sans la violation massive et constante des principes les plus fondamentaux des droits humains, égalité et antiracisme.
Logique d’apartheid
On peut la voir en suivant la logique de la proposition de Netanyahu. Il parle du transfert comme faisant partie de l’accord pour un “ statut final ”.
Mais quel genre de “paix” Netanyahu envisage-t-il ? Dans sa première rencontre à la Maison Blanche avec le Président des Etats-Unis Donald Trump en février, le dirigeant israélien ne s’est engagé explicitement dans aucune sorte de “solution à deux états.”
Il insista, cependant, que dans tout accord, les Palestiniens devraient reconnaître qu’Israël est un “état juif” et qu’il “doit maintenir un contrôle sécuritaire prépondérant sur la totalité de la zone à l’Ouest du Jourdain. ”
Donc en additionnant tous ces éléments , le plan de Netanyahu consisterait à « prendre » les Palestiniens en Israël, qui possèdent actuellement des droits en tant que citoyens – quoique limités par la loi et inférieurs aux Juifs – et à les déplacer là où ils n’auraient aucun droit, tout comme le reste des Palestiniens sous occupation militaire israélienne perpétuelle.
En Mars, un remarquable rapport de l’ONU conclu qu’ “Israël a établi un régime d’apartheid qui domine l’ensemble du peuple palestinien.”
“ La mission de préserver Israël en tant qu’État juif a inspiré, voire contraint, Israël à poursuivre plusieurs politiques raciales générales,” explique le rapport. Ceci comprend “l’ingénierie démographique dans le but de constituer et de maintenir une majorité juive écrasante en Israël”.
La dernière proposition de Netanyahu correspond précisément à ce modèle, et par conséquent confirme une nouvelle fois qu’Israël pratique un régime d’apartheid.
Le rapport de l’ONU note également qu’alors qu’Israël maintient un système démocratique formel pour les citoyens de l’état, il interdit quiconque d’utiliser ce système pour défier l’organisation fondamentalement raciste du régime : “La loi israélienne interdit l’opposition palestinienne organisée à la domination juive, en la rendant illégale et même séditieuse.”
Netanyahu fermerait la porte à la simple menace que les citoyens palestiniens d’Israël utilisent leur vote pour défier cette domination en les dépouillant de leur citoyenneté.
Bantoustans
Le rapport de l’ONU, rapidement supprimé par le Secrétaire général de l’ONU à la demande de l’Amérique, souligne qu’il ne compare pas directement Israël à l’Afrique du Sud.
Il mesure plutôt Israël à la définition du crime d’apartheid dans le droit international, qui est inclue au statut fondateur de la Cour Pénale Internationale.
La proposition de Netanyahu suit pourtant de près le précédent créé par l’apartheid de l’Afrique du Sud.
Alors que le régime raciste était soumis à une pression accrue pour mettre fin à la suprématie blanche à la fin du 20ème siècle, il créa un système de “bantoustans” – théoriquement des états indépendants gouvernés par les Noirs.
Si les Noirs voulaient voter, le gouvernement d’apartheid les invitait à prendre la citoyenneté de l’un de ces bantoustans – bandes de terres pauvres, étendues à travers des régions isolées de l’Afrique du Sud.
Mais l’ “indépendance” de ces états – reconnus par aucun pays – était une complète imposture. Ils étaient des dictatures de pacotilles menées par des collaborateurs du régime raciste blanc.
Les bantoustans étaient un mécanisme qui servait à supprimer les Noirs physiquement – en les encourageant ou en les forçant à y migrer – et politiquement d’Afrique du Sud, sans leur donner de véritables droits.
Il est très difficile de trouver des différences avec ce que Netanyahu – qui a clairement déclaré son aversion envers le vote des citoyens palestiniens d’Israël – est en train de proposer.
Il existe cependant une différence clé : contrairement à l’Afrique du Sud dont les bantoustans rencontraient un rejet universel, nombreux sont ceux dans la soi-disant communauté internationale, dont Barack Obama quand il était président, qui ont adopté avec enthousiasme la conception raciste et ségrégationniste d’Israël avec le slogan “deux états pour deux peuples.”
Garantir la suprématie
L’idée de découpage racial des circonscriptions électorales a rencontré un certain succès auprès des plus fervents admirateurs d’Israël.
Ces dernières années, il existe deux principaux adeptes israéliens de l’idée d’un nettoyage ethnique accru des Palestiniens, annoncé comme des “échanges de terres.”
Avigdor Lieberman, le colon de Cisjordanie qui est actuellement le Ministre de la Défense israélien, défend depuis longtemps cette approche.
Il y a une dizaine d’années Lieberman a déclaré qu’il soutiendrait une “solution à deux états” tant que celle-ci apporterait une vraie ségrégation en se débarrassant des citoyens palestiniens d’Israël.
“Le principe maître doit être un échange de territoires et de populations,” a-t-il dit. “Ce n’est pas que nous sommes contre la solution de deux états pour deux peuples,” a ajouté Lieberman. “Au contraire, nous la soutenons : deux états pour deux peuples, et non un état et demi pour un peuple, et une moitié d’état pour l’autre.”
Du point de vue de Lieberman, le risque d’une solution à deux états sans transfert serait qu’Israël finirait par être un “demi état” – autrement dit que les Juifs ne pourraient pas garantir leur domination dans une entité avec plus d’un million et demi de citoyens non-Juifs qui attendent des droits démocratiques et civiques égaux.
Lieberman a récemment réaffirmé dans un post sur Facebook que l’état juif devrait en définitive être nettoyé ethniquement de la quasi totalité des Palestiniens.
“Il n’y a pas de raison pour que Sheikh Raed Salah, Ayman Odeh, Basel Ghattas ou Haneen Zoabi continuent d’être citoyens israéliens,” a-t-il déclaré en référence à d’éminents politiciens palestiniens, trois d’entre eux à l’époque membres du parlement israélien, la Knesset.
Une troisième Nakba?
L’autre adepte clé est Tzipi Livni, l’ancienne Ministre des Affaires Etrangères, soi-disant “pacifiste”, qui est recherchée pour interrogatoire, dans le cadre des enquêtes sur les crimes de guerre, par les procureurs de plusieurs pays.
En 2007, Livni a déclaré : “l’état palestinien à établir ne sera pas une solution seulement pour les Palestiniens qui vivent en Judée et Samarie [la Cisjordanie]. Il est dessiné pour apporter une solution nationale complète – pour ceux vivant en Judée et Samarie, ceux dans les camps de réfugiés, et même pour les citoyens [arabes] d’Israël.”
Faisant partie du gouvernement d’Ehud Olmert la même année, Livni a officiellement soumit l’idée de transfert aux négociateurs palestiniens, expliquant : “Notre idée est de se référer à deux états pour deux peuples. Ou deux états nations, Palestine et Israël, vivant côte à côte, en paix et en sécurité, chaque état constituant la patrie de son peuple et la réalisation des aspirations nationales et l’autodétermination.”
Puisqu’aucun dirigeant israélien n’a jamais sérieusement proposé de donner à un état palestinien les mêmes droits et la même souveraineté qu’Israël exige pour lui-même, ces déclarations sont des appels à peine déguisés à la perpétuation du processus historique sioniste de déposséder les Palestiniens et d’appeler cela la “paix.”
Il ya quelques jours, le Ministre israélien Tzachi Hanegbi a même menacé les Palestiniens d’une “troisième Nakba” – en référence au nettoyage ethnique israélien des Palestiniens en 1948 et 1967.
Avec son décret anti-musulmans, Donald Trump démontre que nos pires inquiétudes au sujet de son mandat étaient fondées. > > Et ce n'est que le début. Il menace de piétiner des accords internationaux. Il menace de lancer une course aux armements nucléaires. Vous l'en pensiez incapable? Prenez-le au sérieux maintenant. > > Le même tourbillon menace d'emporter tous nos pays, et nous devons bâtir un mouvement international pour l'arrêter. Plus de 3 millions d'entre nous ont déjà signé cette lettre ouverte du monde entier à Donald Trump, et les plus grands médias en ont parlé. Aujourd'hui, elle doit devenir un symbole de résistance.
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