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23 avril 2021 5 23 /04 /avril /2021 08:06

 

BONJOUR A TOUS

Le 1er MAI la journée internationale de lutte des travailleurs sera un moment fort pour exprimer et déconfiner notre colère.

 

Un rassemblement aura lieu SAMEDI 1er MAI à GRANVILLE 10H30 COURS JONVILLE..

NOUS COMPTONS SUR VOUS .

MERCI DE DIFFUSER L'INFO SUR VOS RÉSEAUX..

POUR L'union locale CGT 

GERARD GAUTIER

PS: les gestes barrières devront être respectés (port du masque obligatoire).

En pièce jointe l'autorisation de déplacement dérogatoire pour permettre à ceux qui sont à plus de 10kms.

Attestation de déplacement dérogatoire pour participer aux manifestations

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29 mars 2021 1 29 /03 /mars /2021 07:58

 

 
 
 
 
dimanche 28 mars 2021 Par
Maître de conférence à l’université de Liège, préside le CADTM Belgique
http://www.cadtm.org/

Extraits d’un dossier très fourni dont nous vous recommandons la lecture :
http://www.cadtm.org/La-Commune-de-Paris-la-banque-et-la-dette#les_enseignements_de_la_commune_de_paris_se_sont_largement_perdus

La Commune de Paris a commis l’erreur fatale de ne pas prendre le contrôle de la Banque de France

Le siège de la Banque de France, ses principales réserves et son organe dirigeant étaient situés sur le territoire de la commune de Paris. À tort, la direction de la Commune de Paris a renoncé à en prendre le contrôle alors que cela aurait été tout à fait nécessaire.

En 1876, Prosper-Olivier Lissagaray, un intellectuel militant qui a participé au combat des Communards, dénonce, dans son Histoire de la Commune de 1871, l’attitude de la direction de la Commune qui « resta en extase devant la caisse de la haute bourgeoisie qu’elle avait sous la main. », en se référant à la Banque de France [1].

La seule exigence de la Commune à l’égard de la Banque de France était d’obtenir les avances financières qui lui permettaient de maintenir l’équilibre budgétaire sans devoir interrompre le paiement de la solde des gardes nationaux (la Garde nationale de Paris était une milice citoyenne chargée du maintien de l’ordre et de la défense militaire, elle comptait 300 000 personnes armées pour une population parisienne de 2 millions).

La Banque de France a délié la bourse au compte-gouttes quand il s’est agi de répondre aux besoins financiers de la Commune tandis qu’elle a financé très largement ceux qui voulaient littéralement écraser le peuple de Paris et mettre fin le plus vite possible à la révolution sociale. Pendant les deux mois de l’expérience de la Commune, le gouvernement réactionnaire de Thiers, complice de l’occupant prussien, a reçu 20 fois plus d’argent liquide que la Commune [2].

Karl Marx considère que la Commune a eu le tort de ne pas se saisir de la Banque de France : « À elle seule, la réquisition de la Banque de France eût mis un terme aux rodomontades versaillaises. ». Il précise qu’avec la réquisition de la Banque : « Avec un tout petit peu de bon sens, elle eût (…) pu obtenir de Versailles un compromis favorable à toute la masse du peuple – seul objectif réalisable à l’époque » [3].

Comme l’écrivait Lissagaray : « la Commune ne voyait pas les vrais otages qu’elle avait sous la main : la Banque, l’Enregistrement et les Domaines, la Caisse des dépôts et consignations, etc. » [4]

En 1891, Friedrich Engels allait dans le même sens : « Le plus difficile à saisir est certainement le saint respect avec lequel on s’arrêta devant les portes de la Banque de France. Ce fut d’ailleurs une lourde faute politique. La Banque aux mains de la Commune, cela valait mieux que dix mille otages. Cela signifiait toute la bourgeoisie française faisant pression sur le gouvernement de Versailles pour conclure la paix avec la Commune. » [5]

En résumé, les dirigeants de la Commune de Paris ont permis à la Banque de France de financer ses ennemis : le gouvernement conservateur de Thiers installé à Versailles et son armée qui allait l’écraser [6]. On verra plus loin que la Banque de France a également financé l’armée prussienne d’occupation qui était aux portes de Paris.

Le fil des évènements concernant la Banque de France et une tentative d’explication

Pour se faire une opinion sur l’attitude de la Commune à l’égard de la Banque, je me suis appuyé principalement sur deux narrations, celle de Lissagaray, déjà cité dans cet article, partisan convaincu de la cause de la Commune, et celle de Maxime du Camp, un auteur anti-communard qui, en récompense de sa production littéraire au contenu réactionnaire, sera élu en 1880 membre de l’Académie française [7]. Ces deux auteurs donnent de nombreux détails sur le comportement des différents protagonistes et, bien qu’adoptant un point de vue radicalement opposé l’un à l’autre, leurs narrations concordent largement.

Reprenons le fil des évènements.

Le 18 mars, Thiers, son gouvernement et son administration, s’enfuient vers Versailles. Quelques jours plus tard, Gustave Rouland, le gouverneur de la Banque de France les rejoint afin de se mettre à leur service en laissant sur place à Paris, le marquis Alexandre de Plœuc le vice-gouverneur de la banque et toute son administration. Gustave Rouland s’est entouré à Versailles de régents de la Banque de France parmi lesquels on trouve le baron Alphonse de Rothschild, propriétaire de la Banque Rothschild, premier actionnaire de la Banque de France.

Gustave Rouland veut convaincre Thiers d’attaquer tout de suite la Commune de Paris, mais celui-ci considère qu’il faut d’abord gagner du temps.

Pendant ce temps la Commune avait désigné, le 30 mars 1871, le proudhonien Charles Beslay pour la représenter auprès de la Banque de France. Charles Beslay a résumé son action dans une lettre au quotidien de droite Le Figaro, publiée le 13 mars 1873 : « Je suis allé à la Banque avec l’intention de la mettre à l’abri de toute violence du parti exagéré de la Commune, et j’ai la conviction d’avoir conservé à mon pays l’établissement, qui constituait notre dernière ressource financière. » [8]

Cette conviction à la fois catastrophiste et paralysante a été majoritaire au sein de la direction de la Commune et a eu des effets dramatiques.

Comme l’écrit Georges Beisson : « pendant les 72 jours de son existence, la Commune reçoit 16,7 millions de francs : les 9,4 millions d’avoirs que la Ville avait en compte et 7,3 millions réellement prêtés par la Banque. Au même moment, les Versaillais reçoivent 315 millions de francs (…) de la Banque de France », soit près de 20 fois plus [11].

Le réactionnaire Maxime du Camp ne dit pas autre chose quand il écrit « pendant que La Commune harcelait la direction de la Banque de France à Paris pour lui soutirer quelques billets de mille francs, la Banque de France donnait des millions au gouvernement de la légalité. Les troupes affluaient, prenaient corps, s’organisaient et la paie ne leur faisait point défaut. » [12]. Les troupes dont parle Maxime du Camp sont celles que rassemble Thiers avec l’aide de Bismarck pour détruire le peuple de Paris. Comme le dit encore du Camp : « Lorsque M. Thiers avait besoin d’argent, il prévenait M. Rouland, celui-ci envoyait à qui de droit une dépêche télégraphique, et l’argent arrivait ».

La Commune avait un besoin urgent d’argent pour venir en aide à la population et pour renforcer sa défense face à une attaque imminente alors que ses représentants, Beslay et Jourde, se contentaient d’une aumône. Pourtant, dans les coffres de la Banque en son siège de Paris, il y avait des billets, des pièces de monnaies, des lingots et des titres financiers pour environ 3 milliards de francs.

Jusqu’à la fin, la Commune a autorisé la direction de la Banque de France à disposer de sa propre milice fortement armée. Le marquis de Plœuc avait sous ses ordres plusieurs centaines de personnes qui, à l’intérieur du siège de la Banque, avaient un véritable arsenal composé de centaines de fusils et de munitions pour tenir un siège. Si la Commune l’avait réellement voulu elle aurait pu désarmer sans coup férir cette milice, mais Beslay y était totalement opposé.

Maxime du Camp indique aussi que le gouverneur Rouland avait envoyé le message suivant aux employés de la Banque : « Veuillez bien donner des instructions précises pour que des coupures soient mises à la disposition des Allemands et aussi quelque numéraire, pour le paiement de leurs troupes. » [13] […]

Au sein de la Commune les partisans d’Auguste Blanqui (emprisonné par le gouvernement de Thiers), parmi lesquels Raoul Rigault, étaient de plus en plus mécontents de la politique suivie par Beslay, secondé par Jourde et appuyé par une majorité et le 12 mai 1871, ils s’enhardirent et tentèrent d’intervenir à la Banque de France avec deux compagnies de gardes nationaux. Mais Beslay intervint avec succès in extremis pour protéger la Banque et empêcher qu’elle soit perquisitionnée. Maxime Du Camp conclut : « Sous ce rapport, le père Beslay fut vraiment irréprochable. » [14]. Cette tentative blanquiste avortée avait été conçue comme une sorte de coup, elle ne faisait pas partie d’une vision cohérente visant à permettre à la Commune de se servir de la Banque de France pour organiser sa défense et financer un plan de développement. Bien sûr il fallait prendre « militairement » la banque mais il fallait la prendre pour en faire quelque chose et là les blanquistes ne savaient pas exactement quoi en faire. Ils n’ont pas proposé dans la direction de la Commune (où ils avaient des élus) de prendre le contrôle de la Banque et de la mettre au service d’un plan de résistance et de développement. Ils se sont contentés d’essayer de la prendre par surprise et cela n’a pas marché car Beslay a pu s’y opposer sans que les blanquistes trouvent des arguments pour dire pourquoi il fallait prendre la banque. Cela s’est donc transformé en fiasco. Je précise que prendre « militairement » la Banque de France ne signifie pas la prendre à coup de boulets de canon, de tirs de mitrailleuses et de fusils. Il s’agissait de prendre la décision au niveau de la direction de la Commune de prendre le contrôle de la Banque, de démettre le gouverneur et le vice-gouverneur, de déplacer suffisamment de bataillons de gardes nationaux pour encercler la Banque et de mettre en demeure ses occupants armés de remettre leurs armes. La disproportion des forces et la certitude des occupants de la Banque de perdre la bataille s’ils résistaient auraient entraîné leur docilité. Ils ne pouvaient espérer aucun renfort du moins jusqu’au début de la semaine sanglante le 21 mai. La Commune aurait dû prendre le contrôle de la Banque dès les premiers jours de sa naissance.

Il y a bien eu la volonté de la part de la Commune de battre sa propre monnaie et elle en fit fabriquer à l’Hôtel des Monnaies, quai Conti, mais elle manquait de lingots d’or et d’argent qui étaient stockés dans la Banque de France. Et là encore la direction de la Banque a pu compter sur l’aide de Beslay pour se contenter de remettre des quantités infimes de matière précieuse à transformer en monnaie.

Maxime Du Camp explique que la direction de la Banque avait tellement peur que le secteur radical de la Commune ne l’emporte contre Beslay qu’elle fit ensabler dans les caves du siège de Paris tout ce qui pouvait l’être. L’opération eut lieu le 20 mai, elle dura une quinzaine d’heures. Toutes les valeurs qui pouvaient l’être furent descendues à la cave. Elles furent cachées dans deux pièces protégées par douze serrures puis l’accès à cette partie des caves fut ensablé [15].

Le lendemain, la semaine sanglante commençait et s’est terminée par la défaite du peuple de Paris le 28 mai 1871.

Après l’écrasement de la Commune, Beslay est un des seuls dirigeants communards (peut-être le seul) à ne pas être exécuté, condamné par contumace, emprisonné ou banni. […]

L’attitude de la Commune à l’égard de la Banque de France s’explique par les limites de la stratégie des secteurs qui étaient majoritaires dans celle-ci : les partisans de Proudhon [16] et ceux de Blanqui. Proudhon, décédé en 1865, n’a pas eu l’occasion d’intervenir directement dans les choix mais ses partisans étaient influents. Beslay n’était pas le seul, loin de là. Proudhon et plus tard ses partisans s’opposaient à ce qu’un gouvernement du peuple prenne le contrôle de la Banque de France, de plus ils n’étaient pas pour exproprier les banques capitalistes, ils donnaient la priorité à la création de banques de crédit mutuel. Leur rôle, en la personne de Beslay, a été franchement néfaste.

Les partisans de l’irréductible Auguste Blanqui étaient également nombreux et ils n’avaient aucune position précise sur ce qu’il fallait faire de la Banque de France et du rôle qu’elle devrait jouer au bénéfice d’un gouvernement révolutionnaire.

Annexe
Prosper-Olivier Lissagaray sur la Commune et la Banque de France

Scène d’un haut comique, si l’on pouvait rire d’une négligence qui a fait couler tant de sang. Depuis le 19 mars, les régents de la Banque attendaient chaque matin l’exécution de leur caisse. De la déménager à Versailles, on n’y pouvait songer à moins de cent fourgons et d’un corps d’armée. Le 23, le gouverneur Rouland n’y tint plus et disparut. Le sous-gouverneur de Ploeuc le remplaça. Dès la première entrevue avec les délégués de l’Hôtel-de-Ville, il perça leur timidité, batailla, parut fléchir, fila son argent écu par écu. Le côté vaudeville est qu’il chicanait à Paris l’argent même de Paris, un solde créditeur de neuf millions quatre cent mille francs, déposé à la Banque. Il manœuvra ainsi jusqu’au 28 mars. La Banque renfermait : numéraire 77 millions, billets de banque 166 millions, portefeuille 899 millions, valeur en garantie d’avance 120 millions, lingots 11 millions, bijoux en dépôt 7 millions, titres déposés 900 millions, soit 2 milliards 180 millions. Huit cent millions en billets n’attendaient que la griffe du caissier, griffe facile à faire. La Commune avait donc près de trois milliards sous la main, dont presque un milliard liquide, de quoi acheter mille fois tous les Gallifet et hauts fonctionnaires de Versailles ; pour otages les quatre-vingt-dix mille dépôts de titres et les deux milliards en circulation dont le gage se trouvait rue de la Vrillière.

 Le 30 mars, Beslay, délégué par la Commune, se présenta devant le tabernacle. Il avait voulu se retirer après son discours d’ouverture, se trouvant bien trop vieux pour servir une telle lutte ; sur les instances de tous ses collègues, il était resté. De Ploeuc, pour le recevoir, avait mis sur pied ses quatre cent trente employés armés de fusils sans cartouches. Beslay, qui le connaissait beaucoup, lui demanda de satisfaire aux nécessités de la solde. De Ploeuc parla de se défendre. « Mais enfin, dit Beslay, si, pour éviter l’effusion de sang, la Commune nommait un gouverneur. – Un gouverneur ! jamais, dit de Plooeuc, mais un délégué, si ce délégué était vous, nous pourrions nous entendre ». Et passant au pathétique : « Voyons, monsieur Beslay, aidez-moi à sauver ceci : c’est la fortune de votre pays, c’est la fortune de la France ».

Beslay, très attendri, vint le soir à la Commune répéter l’argument, d’autant qu’il y croyait, se piquait de finances : « La Banque de France est la fortune du pays ; hors d’elle plus d’industrie, plus de commerce ; si vous la violez, tous ses billets font faillite ». Ces niaiseries circulèrent à l’Hôtel-de-Ville. Les proudhoniens du Conseil, oubliant que leur maître a mis la suppression de la Banque en tête de son programme révolutionnaire, renforçaient le père Beslay. La fortune capitaliste n’avait pas à Versailles de défenseurs plus acharnés. Si encore on eût dit : « Occupons au moins la Banque ». La Commune n’eut même pas ce nerf, se contenta de commissionner Beslay. De Ploeuc le reçut à bras ouverts, l’installa dans le cabinet le plus proche, l’amena même à coucher à la Banque, et dès lors respira.

Dès la première semaine, elle apparaissait, la Commune, faible envers les auteurs de la sortie, le Comité central, la Banque, légère dans ses décrets, dans le choix de son délégué à la Guerre, sans plan militaire, discutant à bâtons rompus. Les irréconciliables restés après la fuite des libéraux comprirent où l’on allait. Ne tenant pas au martyre, ils donnèrent leur démission. » 

Notes

[1Prosper-Olivier Lissagaray, Histoire de la Commune de 1871, Paris, 1896, réédité par La Découverte / Poche, 2000. Le livre de 576 pages est accessible en ligne dans sa version originale https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k36518g.texteImage

[2Georges Beisson, « La Commune et la Banque de France », Association des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871 http://www.commune1871.org/?La-Commune-et-la-Banque-de-France

[3Lettre du 22 février 1881 de Karl Marx à F. Domela Nieuwenhuis,
https://www.marxists.org/francais/marx/works/00/commune/kmfecom12.htm

[4Prosper-Olivier Lissagaray, op. cit.

[5Marx, La guerre civile en France (1871), p. 18.

[6Les représentants des grandes banques d’affaires parisiennes qui dirigeaient la Banque de France fêteront la défaite de la Commune, en accordant aux actionnaires un dividende de 300 francs par action, contre 80 francs en 1870.

[7Maxime Du Camp, La Banque de France pendant la commune, — III. — Les dernières réquisitions, l’ensablement des caves. Revue des Deux Mondes, 3e période, tome 27, 1878 (p. 831-865)

[8Source : https://maitron.fr/spip.php?article147868 , notice BESLAY Charles, Victor, version mise en ligne le 16 juillet 2013, dernière modification le 28 janvier 2020.

[9À Paris, il avait fondé une usine de machines à vapeur dans le quartier Popincourt. Il a essayé d’appliquer les idées de son ami Proudhon sur l’association du capital et du travail. Il associe notamment ses ouvriers aux bénéfices de son entreprise en 1848. Sous le Second Empire, il se ruine en créant une banque d’échange et d’escompte selon les idées proudhoniennes, qui ne fonctionnera que six mois. En 1852, il obtient la concession de deux lignes de chemin de fer suisse : l’Ouest-Suisse et la Franco-Suisse. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Beslay
Dans l’adresse de l’AIT déjà citée, Marx écrit à propos de Beslay : « Un de ses anciens collègues à la Chambre des députés de 1830, capitaliste lui-même et néanmoins membre dévoué de la Commune, M. Beslay, apostrophait dernièrement Thiers dans une affiche publique : « L’asservissement du travail au capital a toujours été la pierre angulaire de votre politique, et depuis le jour où vous avez vu la république du travail installée à l’Hôtel de Ville, vous n’avez jamais cessé de crier à la France : Ce sont des criminels ! » [c’est moi qui souligne ET] in Marx, La guerre civile en France (1871), p. 41

[10Lissagaray, op. cit. p. 202-204 de la réédition par La Découverte.

[11Georges Beisson, « La Commune et la Banque de France », Association des amies et amis de la Commune de Paris 1871 http://www.commune1871.org/?La-Commune-et-la-Banque-de-France

[12Maxime Du Camp, La Banque de France pendant la Commune, op. cit.

[13Ibid.

[14Ibid.

[15Ibid.

[16Les partisans de Proudhon dans la Commune étaient généralement membres de l’AIT qui rassemblait des hommes et des femmes de tendances diverses allant de différents courants de l’anarchisme (proudhoniens, bakouninistes…) à une pluralité de mouvements du communisme. Certains blanquistes comme Emile Duval étaient membres de l’AIT.

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25 mars 2021 4 25 /03 /mars /2021 17:49
 
 

La commission régionale du patrimoine et de l’architecture d’Île-de-France vient de voter l’inscription du Sacré-Cœur de Montmartre aux monuments historiques, avec le soutien de Madame Bachelot. Alors que nous sommes à quelques mois du 150e anniversaire de la Commune, cette décision apparaît comme une véritable provocation.

Dans l’esprit de ses promoteurs, la basilique dite du « Vœu national » avait pour objectif avéré d’expier la « déchéance morale » provoquée par les révolutions égrenées depuis 1789. Après les massacres de la Semaine sanglante, en 1871, sa construction fut soutenue par la majorité monarchiste et catholique de l’Assemblée qui y voyait un édifice de la revanche et non de la réconciliation. Le Sacré-Cœur est donc tout à la fois le signe tangible de « l’ordre moral », le symbole par excellence de « l’anti-Commune » et une insulte à la République lancée par ceux qui la combattent. Qu’un lieu de culte soit choisi pour ce déni démocratique n’est digne ni de la République, ni d’une part non négligeable du monde chrétien qui aujourd’hui se reconnait dans les valeurs humanistes de la Commune.

Le 29 novembre 2016, l’Assemblée nationale a voté une résolution réhabilitant les communardes et communards condamné-e-s et demandant que des efforts soient consentis pour faire connaître les réalisations et les valeurs de la Commune. Fin 2020, la réponse est donnée : ce sont les massacreurs que l’on veut mettre en valeur ; c’est toujours l’anti-Commune que l’on entend commémorer. Dans ces temps de trouble de la conscience républicaine et démocratique, cette décision fait peur.

Que tous les héritiers de la Commune, sans exception aucune, que les républicains se retrouvent donc dans son refus le plus total. 

 

 

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23 mars 2021 2 23 /03 /mars /2021 09:52

 

 
 
Histoire
Action culturelle et éducation politique des masses
dimanche 21 mars 2021 Par
Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

Action culturelle

Une politique culturelle dynamique est promue. Dans l’esprit des Communards, les théâtres doivent être considérés comme de grands établissements d’instruction. Ils doivent appartenir à des fédérations d’artistes. Le peintre Gustave Courbet est élu président de la Fédération des artistes de Paris. Dès le 25 mars, par une note insérée à l’Officiel, le comité central signalait au public qu’il avait fait occuper tant le Louvre que les Tuileries « dans le but de mettre à l’abri et de faire respecter des chefs-d’œuvre et les objets précieux qui le contiennent ». Le même numéro de l’officiel annonce que les Tuileries, fermées depuis le 4 septembre par le gouvernement, seront ouvertes au public ainsi que les musées. Mais c’est seulement le 15 avril que le Louvre fut effectivement rouvert aux artistes et aux gens du peuple. Deux jours après, tous les jardins, parcs et autres lieux publics de promenade fermés jusque-là pour cause de dureté militaire furent aussi mis à la disposition de tous.

L’Académie des sciences continua de se réunir à partir du 17 avril. Des savants comme Chevreuil et Milnes-Edward purent s’y livrer en toute quiétude à des controverses du plus haut intérêt. Stanislas Meunier y donna lecture de son intéressant mémoire sur le métamorphisme des météorites.
Molié plaça le Muséum d’histoire naturelle « sous la sauvegarde des citoyens ». Il fit appel au public pour « prêter aide aux gardiens » et au besoin agir afin de « garantir les intérêts généraux » de l’établissement.

Au Collège de France, les cours d’arabe reprirent le 15 avril à raison de deux par semaine. L’École des beaux-arts fonctionnait et/ou ne manqua pas de prévenir les élèves que le concours pour les grands prix de Rome aurait lieu en 1871 comme les années précédentes.

Émile Perrin directeur de l’Opéra, n’ayant rien fait pour parer aux difficultés de la situation et ayant accumulé des obstacles afin d’empêcher une représentation nationale au profit des victimes de la lutté des artistes musiciens, fut révoqué par le délégué à l’intérieur Cournet, à la date du 9 mai. En même temps, Cournet, considérant que malgré la crise, l’art et les artistes ne devaient pas « rester en souffrance », nomma Eugène Garnier directeur de l’Opéra à titre provisoire et institua une commission composée de A. Regnard, Lefebvre Roncier, R. Pugnot, Edmond Levraud, Seimer et lui-même afin de « veiller aux intérêts de l’art musical ». Le nouveau directeur fut présenté au personnel de l’Opéra par deux délégués de la Commune le 12 mai, jour des bombardements violents sur Asnières, Clichy et Neuilly et des attaques sur Vanves. On y prononça une allocution : à cette occasion, Garnier suscita une représentation du personnel à raison d’un délégué par catégorie et lança l’idée d’une association des artistes de l’Opéra analogue à la société du Théâtre français.

Du côté du Conservatoire de musique, on semble avoir été moins pressés d’agir. C’est seulement le 15 mai, beaucoup trop tard, que la délégation à l’enseignement songea à réformer cet établissement.

Réorganisation et protection des bibliothèques publiques

C’est surtout du côté des grandes bibliothèques publiques que se remarque l’effort de la Commune.

Le 1er avril, le comité de l’intérieur et de la sûreté générale, désirant prouver qu’il entendait « conserver soigneusement aux générations futures tout ce qui se rapporte à la gloire et à la science du passé », délégua à la Bibliothèque nationale « avec pleins pouvoirs » le citoyen Jules Vincent. En réalité, il faut voir là une mesure politique au premier chef. La Commune prenait ses précautions : presque tous les conservateurs et bibliothécaires de la rue de Richelieu, les Delisle, les Dauban et autres, étaient connus comme de fieffés réactionnaires. La Commune craignait que la Bibliothèque nationale ne devînt un foyer contre-révolutionnaire.

Aussitôt nommé, Vincent réuni le personnel de la BN, il fut décidé, d’un commun accord, que sans porter atteinte aux règlements en vigueur dans l’établissement, des mesures seraient prises pour « sauvegarder l’intégrité et la conservation des collections ». Vincent obtint des fonctionnaires et employés l’engagement « de se renfermer dans les strictes limites de leur rôle » et d’être «fidèle à leurs devoirs professionnels ». Mais cet engagement ne fut pas tenu. Une bonne partie du haut personnel prit du large. Ce fut la gabegie. Tenu pour responsable, Vincent fut relevé de ses fonctions par arrêté de Vaillant en date du 27 avril sur la proposition même de Cournet. La délégation de l’enseignement, à l’encontre de Vincent, était décidée à une « réorganisation radicale de la BN ». Elle fit désigner Elie Reclus comme directeur avec, comme adjoint, le citoyen Guizard. Le 11 mai, Vaillant révoqua d’un seul coup 25 fonctionnaires qui avaient déserté leur poste, parmi lesquels « le sieur Léopold Delisle », chef du département des manuscrits. À l’Officiel du 12 mai parut une nouvelle fournée de 28 bibliothécaires, conservateurs ou attachés, relevés de leurs fonctions.

La bibliothèque Mazarine avait été forcée de fermer par suite de la pénurie de personnel. Elle fut rouverte le 8 mai sous la direction de B. Gastineau et les fuyards De Sacy, Philarète Chasles, Jules Sandeau, Moreau, Darembert, Cocheris et Lauredent-Larcher en furent déclarés démissionnaires.

Benjamin Gastineau fut nommé aussi inspecteur des bibliothèques communales. Par arrêté du 12 mai il mit un terme au pillage des bibliothèques publiques par les privilégiés. Il dénonça devant l’opinion ceux qui n’avait pas craint de se tailler une bibliothèque dans les fonds publics  « en empruntant les livres qu’ils rendraient rarement et en privant ainsi les travailleurs des ouvrages les plus nécessaires les plus précieux ». Gastineau supprima d’une façon absolue le prêt de livres à domicile et ordonna à tous ceux qui avaient ainsi emprunté des ouvrages de les rendre dans les huit jours.

La fédération artistique des arts plastiques

Il y eut à la Commune, parmi les artistes, un mouvement original à base fédéraliste.

Le mouvement des peintres, sculpteurs, graveurs, artistes industriels fut de beaucoup le plus remarquable. Il n’y avait qu’un signe à faire pour rassembler tous les « bohèmes » du Quartier Latin, tous les artistes qui s’étaient plus ou moins mêlés à l’opposition au Second Empire et aux manifestations estudiantines, aux groupements secrets blanquistes et aux sociétés de Libre Pensée. Autorisé par la commune, Gustave Courbet, dans un appel fameux et vibrant que l’Officiel se fit un devoir de reproduire, invita ses confrères à se réunir. Le grand peintre révolutionnaire, ami de Vallès, de Vermorel de P. Denis, disait entre autres :

Aujourd’hui, j’en appelle aux artistes ; j’en appelle à leur intelligence, à leurs sentiments, à leur reconnaissance. Paris les a nourris comme une mère et leur a donné leur génie. Les artistes, à sept heures, doivent partout leurs efforts (c’est une dette d’honneur) concourir à la reconstitution de son état moral et au rétablissement des arts qui sont sa fortune…
La revanche est prise, le génie aura son essor ; car les vrais prussiens n’étaient pas ceux qui nous attaquaient d’abord…
Ah ! Paris, Paris, la grande ville, vient de secouer la poussière de toute féodalité. Les prussiens les plus cruels, les exploiteurs du pauvre, étaient à Versailles. Sa révolution est d’autant plus équitable qu’elle part du peuple. Ses apôtres sont ouvriers, son Christ a été Proudhon. Depuis 1 800 ans, les hommes de cœur mouraient en soupirant, mais le peuple héroïque de Paris vaincra les mystagogues et les tourmenteurs de Versailles. L’homme se gouvernera lui-même, la fédération sera comprise et Paris aura la plus grande part de gloire que jamais l’histoire ait enregistrée… »

Une commission provisoire élabora tout d’abord un programme destiné à être soumise à une assemblée générale des artistes. Cette assemblée se tint le 13 avril dans le grand amphithéâtre de l’École de Médecine. Elle était placée, comme l’écrivit emphatiquement Courbet, « sous le protectorat de la Commune ». Ce fut un succès. La salle était pleine et tous les arts plastiques y étaient largement représentés. On comptait plus de 400 personnes, parmi lesquelles Feyen, Perrin et Héreau comme peintres, Moulin et Delaplanche comme sculpteurs, Bertall comme caricaturiste, Michelin pour la gravure. Il y avait beaucoup d’architectes et d’ornemanistes. Courbet – qui devait être élu membre de la Commune quelques jours plus tard – présidait, assisté de Moulins et d’Eugène Pottier. La présence du futur auteur de l’Internationale dans cette assemblée peut paraître étrange, mais il faut savoir que Pottier était un dessinateur industriel de talent, très apprécié, qui avait fondé avant la guerre la chambre syndicale de sa profession, et l’avait fait adhérer en bloc à l’Internationale. C’est au titre de dessinateur que Pottier donna lecture à l’assemblée du rapport rédigé par lui au nom de la commission préparatoire.

Un homme comme Delion  qui attribue gratuitement à Pottier la marotte de vouloir être « législateur des arts » et qui entrevoit la barbarie comme résultante du socialisme, qualifie ce rapport de « simple, clair, ingénieux ». Marquet de Vasselot, peu tendre en général pour les Communards, se demande de son côté si le rapport de Pottier n’est pas « l’idéal du rapport rêvé par les artistes ». Ces appréciations flatteuses ont d’autant plus de valeur qu’elles sont postérieures à la Commune. En les lisant on comprend pourquoi l’Officiel de la Commune tint à insérer en entier le rapport de Pottier en spécifiant que ce « document, très intéressant, contenait  des considérations vraiment élevées sur les besoins et les destinées de l’art contemporain ».

Que demandait Pottier ? Le ralliement de tous les artistes adhérant aux principes de la révolution communaliste dans une vaste fédération prenant pour plate-forme :

La libre expansion de l’art, dégagée de toute tutelle gouvernementale et de tout privilège ;
L’égalité des droits entre tous les membres de la fédération.
L’indépendance et la dignité de chaque artiste mise sous le la sauvegarde de tous par la création d’un comité élu au suffrage universel des artistes. »

Ce comité comprenait 47 membres élus pour un an au scrutin de liste et au vote secret par tous les citoyens, justifiant de la qualité d’artiste. Sur ces 47 membres, chaque spécialité se trouvait représentée. Il y avait 16 peintres, des sculpteurs, 5 architectes, 11 graveurs lithographes, des membres de l’art décoratif. La durée du mandat était d’un an, mais afin de laisser un élément de stabilité dans le comité, 15 membres choisis par le comité lui-même restaient deux ans en fonction. Pottier, emporté par l’enthousiasme, qualifiait ce comité de « gouvernement du monde des arts par les artistes ». Il faut dire qu’il lui assignait une triple vaste mission : 1- la conservation des trésors du passé ; 2- la mise en œuvre et en lumière de tous les éléments du présent ; 3- la régénération de l’avenir par l’enseignement.

Tous les monuments, galeries, collections et musées publics étaient placés sous la surveillance administrative du comité qui se chargeait d’en dresser les plans, inventaires, catalogues, de les mettre à la disposition du public, d’en signaler les réparations urgentes, d’en nommer ou révoquer les fonctionnaires. Le comité se proposait d’organiser des expositions nationales et internationales, n’admettant que des œuvres représentant des créations originales, repoussant toute exhibition mercantile « tendant à substituer le nom de l’éditeur ou du fabricant à celui du véritable créateur ». Il n’était pas prévu de récompense, mais la Commune devait répartir ses travaux ordinaires entre les artistes désignés par le suffrage universel des exposants. Les travaux extraordinaires étaient attribués à la suite d’un concours.

Le comité entendait surveiller l’enseignement du dessin et du modelage dans les écoles primaires et professionnelles communales. Il désirait favoriser l’introduction des « méthodes attrayantes » et désigner les sujets d’élite dont les études seraient complétées aux frais de la Commune. Enfin était envisagé la création d’un organe de la fédération : l’Officiel des arts, qui devait être soigneusement expurgé de toute trace mercantile. Pour résoudre les questions litigieuses, des arbitres étaient prévus et le comité s’engageait « par la reproduction populaire des chefs-d’œuvre », par l’image, par l’affiche, à concourir à la « régénération », à « l’inauguration du luxe communal », aux « splendeurs de l’avenir et à la république universelle ». C’était là un vaste et ambitieux programme dépassant évidemment de loin les possibilités de réalisation de la Commune.

Les élections à la commission fédérale eurent lieu au Louvre le 17 avril. La liste présentée par la Sociale, journal d’André Léo, passa tout entière. Gustave Courbet, le grand sculpteur Dalou et Boileau fils composèrent le bureau de la commission qui siégea désormais à « l’ex ministère des Beaux-Arts », rue de Rivoli. Elle collabora avec Vaillant, s’occupant entre autres de la réorganisation du musée du Louvre, proposant la suppression de l’emploi d’architectes au musée de Luxembourg comme inutile, faisant nommer André Gill, Glück et Chapuis comme conservateurs de ce même musée, prenant des dispositions pour l’orientation artistique de l’enseignement primaire…

La fédération artistique (art lyrique et dramatique)

Parallèlement au mouvement des artistes de l’art plastique se développa un mouvement des artistes de l’art lyrique et dramatique.

Une première réunion tenue à l’Alcazar, Faubourg-Poissonnière, le 10 avril, jeta les bases d’une fédération artistique, étant donné, dit le procès-verbal plutôt confus, « qu’au nom de la démocratie et de la fraternité il est bien d’appeler sous le même drapeau les membres d’une même famille ayant les mêmes goûts, les mêmes aspirations et liées en quelque sorte par des relations quotidiennes ». Cette première réunion nomma une commission exécutive provisoire composée des citoyens Paul Burani, auteur dramatique, président, Antonin Louis, secrétaire, Nicole et Fernand, assesseurs. Il est curieux de noter que le secrétaire de la fédération naissante deviendra plus tard le chansonnier de la réaction boulangiste, puis de la réaction nationaliste et en antidreyfusarde. Ce ne fut du reste qu’un secrétaire éphémère, puisque quelques jours plus tard les communications du groupement indiquent comme secrétaire Paul Burani. Il semble bien qu’il y eut des dissentiments entre les membres de la commission exécutive provisoire touchant l’orientation de la fédération. C’est du moins ce qui ressort non pas seulement du changement de bureau, mais d’une note de Burani annonçant que ses camarades s’étaient réunis le 16 avril sous la présidence du citoyen Pacra pour procéder à la « nomination des cadres » de la fédération et pour convoquer une nouvelle assemblée en vue de nommer une commission chargée d’élaborer les statuts d’une « fédération purement sociale ».

L’assemblée du 18 aboutit tout au moins à une résolution d’ordre pratique. Elle demanda à la Commune la libre disposition des salles de spectacles non occupées appartenant à la ville pour organiser des représentations au bénéfice des veuves, blessés, orphelins et nécessiteux de la garde nationale. Elle apportait le concours gratuit de ses membres et laissait à une commission que choisirait la Commune le soin de centraliser les recettes afin d’en répartir le produit entre les victimes des vingt arrondissements.

A la date du 22 avril, la Commune fit droit à la demande de la fédération artistique. Alors, le comité d’organisation des représentations de bienfaisance se mit à l’œuvre. Il précisa dans un communiqué quelles étaient ses vues et, pour inaugurer la série des représentations, il prépara une « grande solennité musicale et dramatique » pour le 7 mai, dans la vaste salle du Châtelet. Son effort ne s’arrêta pas là ; mais il est difficile de démêler, parmi les concerts et représentations dramatiques de bienfaisance donnés sous le patronage de la Commune, ce qui revient en propre à la fédération artistique de ce qui doit être attribué à d’autres initiatives.

Ce mouvement des artistes lyriques et dramatiques, quoique s’étayant sur une base moins solide que le mouvement des arts plastiques, méritait pourtant d’être signalé.

Efforts visant à l’éducation politique des masses

Dans le domaine de l’éducation politique des masses populaires, on note un effort systématique de la Commune afin d’éclairer la province. Cet effort, qui échut à la délégation aux relations extérieures, ne fut entrepris que fin avril, Pascal Grousset n’ayant pas compris à temps que la délégation devait être surtout un comité de propagande. Des émissaires furent envoyés dans les départements. Un manifeste aux paysans rédigés par André Léo, la future compagne de Benoît Malon, fut répandue en province à plus de 100 000 exemplaires.

Pour rehausser le niveau politique des travailleurs de Paris, on ne peut pas dire qu’il y eut un effort conscient et méthodique de la Commune. Ce qui a été fait dans ce sens par les clubs et les journaux doit être porté au compte de l’initiative individuelle ou collective. Toutefois en raison de son origine, de son caractère, des nécessités de la lutte révolutionnaire, la Commune prit un certain nombre de mesures d’ordre politique et social qui, porté à la connaissance des masses, ne furent pas sans influer sur leur mentalité. La Commune contribua ainsi, sous une forme démonstrative, indirectement, à l’éducation de la classe ouvrière.

Elle y contribua encore sous une forme plus directe par des appels et proclamations. Mais c’est surtout en profitant des grands événements, en utilisant ou en provoquant de puissantes manifestations de masse qu’elle donna au peuple de Paris la conscience de sa force et l’élan nécessaire au combat contre Versailles. A ce sujet, on peut dire que la Commune continua dignement la tradition révolutionnaire française.

Ce serait assurément sortir du cadre de cette étude que d’insister sur les grandes fêtes civiques de la Commune, mais il convient de les évoquer.

Le dimanche 28 mars, 200 000 Parisiens assistèrent à la proclamation solennelle du gouvernement issu de l’insurrection. Ce fut une journée d’enthousiasme débordant. « Jamais depuis la fédération de 1790, prétend Lissagaray, les entrailles de Paris ne furent aussi fortement secouées, »

Le 6 avril eurent lieu dans les grandes artères, pour l’édification de tout un peuple, les funérailles grandioses des premières victimes des versaillais. Benoît Malon estime qu’à la Bastille la foule recueillie s’élevait bien à 200 000 personnes.

Le 29 avril, le défilé imposant et solennel des 10 000 francs-maçons, revêtus de leurs insignes et portant leurs bannières, défilé habilement exploité par la Commune, ne fut pas sans frapper l’imagination populaire.

Enfin le 16 mai, aux applaudissements d’une foule immense, tombait la colonne Vendôme, symbole de la gloire et du carnage militariste.

Conclusion

Telle est dans ses grandes lignes l’œuvre de la Commune sur le plan culturel. Il nous reste à la résumer et à apprécier.

Au point de vue de l’enseignement primaire, Amédée Dunois a fort judicieusement noté : « si peu qu’il leur ait été donné de faire, les communards n’en sont pas moins entrés bien avant la démocratie bourgeoise dans la voie d’une réorganisation complète de l’enseignement du peuple. »

C’est là un fait indéniable : au milieu du tumulte de la poudre, la Commune a trouvé le moyen de fixer la quadruple base de l’enseignement populaire : obligation, gratuité, laïcité, instruction professionnelle. Elle a fait mieux : elle s’est employée à transformer tout de suite ces principes en réalité vivante. Au surplus, Jules Ferry, préfet de la Seine, dans une circulaire aux maires d’arrondissement datée de fin mai 1871, a reconnu formellement l’effort de laïcité de la Commune.

En période calme la démocratie bourgeoise devait mettre dix ans à reconnaître l’obligation et la gratuité de l’enseignement primaire. Elle devait laisser passer 15 ans avant de proclamer la laïcité de l’enseignement. Elle attendit 33 ans pour interdire l’enseignement aux congréganistes de tout ordre et de toute nature, tout au moins sur le papier. Aujourd’hui enfin, un siècle et demi après la Commune, nous sommes à même de juger que rien de sérieux n’a été fait pour associer l’atelier à l’école. Cette simple comparaison en dit assez long sur la « valeur réformatrice » de la démocratie bourgeoise et de la démocratie prolétarienne.

Au point de vue de la culture supérieure et du développement de l’art, l’étude serrée de la Commune détruit les légendes ineptes forgées par les versaillais.

Ces fédérés soi-disant « plus dévastateurs que les Goths, les Vandales et les Huns, plus barbares que les hordes d’Alaric, de Genséric et d’Attila », étaient les dignes citoyens de ce Paris où l’art et le génie ont rassemblé les plus éblouissantes merveilles. Ah ! Sans doute, il est facile de jouer sur les mots en portant au compte de la « barbarie ouvrière » les destructions qui sont le fait de la guerre impitoyable entre Versailles et Paris. Mais, heureusement, le journal officiel versaillais est là pour témoigner en faveur de la Commune. Il reconnaît qu’à part les bibliothèques du Louvre du Palais-Royal, dévorées par l’incendie consécutif à la bataille des rues, toutes les grandes bibliothèques parisiennes, le riche dépôt des archives nationales sont restées intactes. Il reconnaît également que tous les musées ont été respectés par les communaux. Parlant du Louvre il écrit : « nos beaux marbres, nos grandes toiles sont préservées. Nous n’avons rien perdu, absolument rien. » Parlant des autres musées, il dit : « le musée de Cluny étalera encore ses faïences, ses cristaux, ses armures, ses bijoux, ses meubles… Le Luxembourg nous rend intactes les toiles de l’école française contemporaine. Le musée de Sèvres, transporté dans Paris… a miraculeusement échappé aux communaux. Nous avons perdu les Gobelins, avec les magnifiques tapisseries qu’il contenait, mais les tapisseries de la couronne nous restent. »

Non seulement, comme on l’a vu par ailleurs, la Commune, malgré le péril et les difficultés de l’heure, s’occupa des bibliothèques, des musées et de l’enseignement supérieur, mais encouragea un mouvement artistique original qui laissa des traces profondes. On est frappé comme l’a remarqué Marquet de Vasselot de la similitude qui existe entre les statuts de la Société nationale des beaux-arts constitués en 1890 et ceux de la fédération de 1871. Lorsque le sous-secrétaire d’État Turquet, en 1880, créait la Société des artistes français, il adoptait une partie du programme tracé par Pothier, tout en réservant les droits de l’État en ce qui concerne le salon officiel.

Il faut marquer enfin fortement que l’art dramatique et la musique sous toutes ses formes ne cessèrent pas d’exercer leur action pendant la Commune. Dominant le bruit des canons, les musiques de divers bataillons de la garde nationale donnèrent des concerts dans les quartiers ouvriers. La tragédienne Agar « hurla » la Marseillaise, pour employer l’expression gracieuse du Figaro : Fernand Desaulnée fut applaudi dans Soit maudit Bonaparte ! Pièce de sa composition. Les citoyennes Amiati et Bordas continuèrent d’être chaleureusement bissées et le grand Opéra se mit à étudier l’Hymne à la Liberté de Gossec, qui n’avait pas été exécuté depuis 1793.

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18 mars 2021 4 18 /03 /mars /2021 10:19
Les Communes de Paris : l’émancipation anticipée
mardi 16 mars 2021
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Réactiver la mémoire populaire

On célèbre souvent les grandes lois de la IIIe République de 1880 à 1910. Rappelons-nous cependant qu’elles ont été anticipées par les Communes insurrectionnelles de Paris. D’abord celle de de 1792, puis celle de 1871. Nous remercions notre ami Francis Daspe d’une part et Maurice Dommanget et l’Internationale des travailleurs de l’Enseignement (ITE) et leur document de 1928 (transmis par notre ami Robert Duguet) pour leur aide. Sans eux, nous n’aurions pas pu faire cette chronique tellement nous avons pioché dans leurs contributions !

Rappelons-nous aussi que ce sont toujours les classes dominées qui ouvrent la voie à l‘émancipation. Quelquefois avec le soutien de la petite bourgeoisie intellectuelle. C’est d’ailleurs pour cela que les classes dominantes aujourd’hui font de grands efforts pour faire oublier, dans la conscience du peuple, ceux qui ont ouvert la voie. Encenser les lois de la IIIe République de 1880 à 1910 en faisant tout pour faire oublier les Communes insurrectionnelles qui l’ont permise est une insulte à la mémoire. Voilà pourquoi nous devons combattre l’oligarchie capitaliste aujourd’hui mais aussi la petite bourgeoisie intellectuelle lorsqu’elle prête main-forte à l’oligarchie, soit en s’alliant directement avec elle soit en étant un soutien indirect. S’allier directement avec l’oligarchie capitaliste par exemple en nous faisant croire que l’on peut enrayer le recul de la laïcité ou de tout autre principe républicain en s’alliant avec Macron, Blanquer dans leurs différents comités Théodule visibles ou invisibles. S’allier indirectement avec l’oligarchie capitaliste en soutenant la gauche identitaire, communautariste, intersectionnelle, décoloniale, racialiste dont le seul but est de contraindre les classes populaires à remplacer le primat de la lutte des classes par le primat des identités sans apporter un plus au combat émancipateur.

Les républicains féministes, antiracistes et anticoloniaux n’ont pas attendu les années 1980 et la gauche « woke » étasunienne et leurs amis en France dans la cité et dans les universités pour mener les batailles féministes, antiracistes et anticoloniales. Même quand ils furent minoritaires dans le camp républicain. Rappelons à cette occasion que la première condamnation de l’esclavage date de la Révolution française, avant que Napoléon Ier ne revienne dessus, puis que la Révolution et la IIe République de 1848 ne l’abolissent à nouveau !

Rappelons le combat des républicains sociaux contre la colonisation en Algérie et en Indochine jusqu’à la Chambre des députés contre l’opportuniste Jules Ferry ; par exemple Camille Pelletan, l’ami de Rimbaud sur le célèbre tableau Un Coin de table  de Henri Fantin-Latour au Musée d’Orsay ou encore Georges Charles Frédéric Hyacinthe Périn, député de l’extrême gauche républicaine à l’Assemblée. D’où le surnom donné à Jules Ferry, « Ferry le tonkinois ».

Rappelons que la première organisation métropolitaine antiraciste fut la Société des amis des Noirs pendant la Révolution française.

ReSPUBLICA se situe dans cette lignée et voilà pourquoi nous estimons que la gauche « woke », et donc la gauche identitaire française sont des usurpateurs, tant dans la vie militante qu’à l’université. Nous devons les dénoncer uniquement par des débats argumentés et en utilisant la liberté d’expression car nous y sommes prêts même si ce sont eux qui refusent le débat argumenté préférant les invectives, les injures et le terrorisme intellectuel. Jamais, nous n’agirons comme eux dans des dénonciations placardées avec noms et adresses dans l’université ou dans les réseaux sociaux, surtout après la décapitation de notre martyr Samuel Paty, jamais en instituant comme à l’université et dans la société une police de la pensée (par exemple en interdisant physiquement et militairement la tenue théâtrale des Suppliantes d’Eschyle).

Voilà pourquoi, nous devons réactiver la mémoire populaire de la lutte de ceux d’en bas contre leur oligarchie dans une globalisation de toutes les luttes sociales, laïques, démocratiques, écologiques, féministes, antiracistes et anticolonialistes mais en surdéterminant cet ensemble par le primat de la lutte des classes sans lequel aucune émancipation n’est possible.
C’est ce que nous essaierons de faire par visioconférence le 31 mars 2021 à 18 h 30, en débattant sur les conditions nécessaires par nous mettre à la hauteur des enjeux, sur inscription préalable  sur les adresses banalisées de nos outils : ReSPUBLICA evariste@gaucherepublicaine.org ; Réseau Éducation Populaire reseaueducationpopulaire@gmail.com ; Combat laïque-Combat social, fédérer le peuple combatlaiquecombatsocial@gmail.com.

L’action émancipatrice des communes insurrectionnelles

En 1792, la commune insurrectionnelle de Paris alliée aux fédérés montés à Paris de toute la France engage le 10 août 1792, prélude à la création de la première République le 22 septembre 1792.

En 1871, les fédérés prennent le contrôle de la Commune de Paris par les urnes. Comme par hasard, ce ne sont pas les dates principales de commémoration de la majorité de l’actuelle petite bourgeoisie intellectuelle.

La loi de 1905 ? Rappelons qu’elle n’est que la troisième tentative pour séparer les églises et l’État. Les deux premières fois, ce fut par la Révolution française après l’action de la Commune insurrectionnelle et les fédérés de 1792 (décret du 18 septembre 1794 et du 21 février 1795) et par les fédérés de la Commune de Paris de 1871 (décret du 2 avril 1871). Voilà pour le combat laïque.

La démocratie, les libertés publiques, d’association, de réunion, de manifestation, de presse, de religion furent omniprésents en 1871. Là aussi, il va falloir se remettre à l’ouvrage tant ces droits sont devenus limités et avec une répression de plus en plus féroce. Ne prenons qu’un exemple relevant de la démocratie, un tiers des élus au Conseil communal de Paris sont des ouvriers. Sans commentaires puisque qu’aujourd’hui, la classe populaire ouvrière et employée majoritaire dans le pays n’a pratiquement plus d’élus, ce qui ne semble pas émouvoir la majorité de la petite bourgeoisie intellectuelle préférant les débats entre associés-rivaux tels Macron et Le Pen ou tels Mediapart et Valeurs actuelles !

Ce n’est qu’à partir de la Ière République que des mesures sociales sont prises pour les sans-culottes et les paysans pauvres. Idem pour les ouvriers et les employés sous la Commune de Paris de 1871. Durant cette dernière, Francis Daspe nous rappelle que la commission Travail animée par Léo Frankel jette les bases de la démocratie sociale. Par exemple, les fédérés, par le décret du 16 avril 1871, permettent la remise en exploitation par l’association coopérative des salariés des ateliers abandonnés par leurs patrons. Autre exemple, dans chaque mairie d’arrondissement un double registre est ouvert : un premier sur lequel les chômeurs inscrivent leurs demandes de travail, un second sur lequel les employeurs notent leurs besoins. Mais là, la Commission Travail engage une politique de développement des travailleurs associés (idée reprise ensuite par Jean Jaurès) et non de subordonner l’embauche aux nécessités du profit capitaliste ou des dividendes comme aujourd’hui. Les salaires sont augmentés. Par le décret du 27 avril 1871, la Commune met fin au système d’amendes et retenues sur salaires qui constituaient la forme la plus outrancière de l’arbitraire patronal. Francis Daspe fait la remarque suivante : à la demande des boulangers de Paris, la journée de travail ne peut plus commencer avant 5 heures du matin. Dans la même veine, un règlement dans l’atelier de réparation d’armes du Louvre réduit la journée de travail à 10 heures. Les délégués d’ouvriers sont par ailleurs associés aux décisions prises par la direction de l’entreprise. À la suite d’une enquête sur la confection des habits militaires confiée à des entreprises privées et qui avait révélé de nombreux abus, la Commune opte pour une révision des marchés conclus et les confie de préférence aux associations ouvrières. Un salaire minimal est également fixé.

La laïcisation de l’enseignement

La laïcisation de l’enseignement s’effectue par le décret du 9 avril 1871 sous la houlette du commissaire à l’Instruction publique, Edouard Vaillant, membre de l’Association internationale des travailleurs (AIT). Les crucifix sont retirés (le 11 mai d’après Maurice Dommanget et l’Internationale des Travailleurs de l’Enseignement/ITE en 1928), les écoles congréganistes mises à la disposition des communes, le personnel religieux remplacé par des maîtres laïques. Les bases d’une école publique, gratuite et laïque pour les deux sexes sont ainsi posées notamment grâce à l’Education nouvelle, société se réunissant à l’école Turgot. Les programmes sont refondus en développant l’enseignement des sciences et des techniques. Francis Daspe précise : il s’agit d’instaurer un enseignement intégral combinant à la fois l’esprit qui conçoit et la main qui exécute. À cet effet, deux écoles professionnelles sont créées (dont une pour les filles). Le 22 avril, déclenche un appel à proposition pour définir l’enseignement intégral et professionnel. De cet appel, est créé la commission dite d’organisation de l’enseignement » avec les citoyens André, Dacosta, Manier, Ilama et Sanglier. Malheureusement les instituteurs n’étaient pas organisés. Les membres qui composèrent la commission de l’enseignement : Verdure, Lefèvre, J.B. Clément, J. Miot, Urbain, Courbet, Vallès, Leroy, n’étaient pas tous, loin s’en faut, des professionnels de l’enseignement. L’arrêté du 28 avril organise l’enseignement primaire et professionnel de façon uniforme dans les arrondissements. Le 13 mai (d’après Maurice Dommanget et l’ITE), la Commission de l’enseignement est chargée de l’inspection des écoles. La section des Grandes Carrières de l’Internationale (18e arrondissement) s’impatiente et vote une motion pour un décret portant l’instruction laïque et professionnelle à tous les degrés. Sur impulsion des blanquistes, Vaillant notifie le 14 mai, aux municipalités, contresigné par le Comité de salut public, de briser toute résistance congréganiste et divers récalcitrants qui refuserait l’instruction laïque, obligatoire et gratuite. Toujours d’après Maurice Dommanget et l’ITE, dans le 3e arrondissement, Arnaud, Demay, Dupont et Pindy assurèrent la gratuité des fournitures dès le 18 avril et les maîtres laïques dès le 23 avril. On sait que dans le 12e, l’école du faubourg Saint-Martin fut ouverte pour tous les enfants, nationaux ou étrangers, dès le 24 avril. Son directeur, un licencié en droit faisait tous les jeudis un cours public de « morale rationnelle et de droits politiques » ! Le citoyen Rama, délégué à l’enseignement au 17e arrondissement, membre de la commission d’organisation de l’enseignement, élabore un manifeste contresigné par Benoît Malon, adressé aux instituteurs et institutrices. Rama développe les raisons qui militent selon lui, en faveur de la neutralité religieuse à l’école. Il admettait « que dans tous les temps et dans tous les pays on a abusé, même de la meilleure foi du monde, de l’ignorance et de l’innocence de l’enfant pour lui inoculer par exemple, par la contrainte, par l’habitude des préventions, des sentiments d’injustice et de haines qui aboutissent à des désordres sociaux et à des guerres ».

C’est reconnaître le caractère politique de l’école, c’est admettre qu’il a été jusque-là un instrument entre les mains des classes dominantes.
Rama recommande aux maîtres :

1- l’emploi exclusif de « la méthode expérimentale ou scientifique, celle qui part toujours de l’observation des faits quelles qu’en soit la nature : physique, morale, intellectuelle »

2- l’enseignement moral « dégagé de tout principe religieux ou dogmatique » est aussi éloigné de « l’esprit de domination »« l’esprit de servitude » ;

3- l’élimination des pratiques et images religieuses ;

4- la disparition de tout livre « contraire à la méthode scientifique et au sentiment de Concorde ». Cette dernière prescription rapprochée du considérant sur le rôle de l’école dans la préparation psychologique des guerres et des désordres sociaux nous permet d’insérer que Rama avait déjà en vue l’élimination des livres tendancieux, chauvin et autres.

Les journaux dévoués à la Commune reproduisirent tout au long le manifeste du citoyen Rama. Il fut inséré au Journal Officiel et La Sociale souligna la sympathie qui lui inspirait.
La municipalité du 17e ne se contente pas de fixer publiquement les principes sur lesquels devaient s’étayer l’école nouvelle, elle adopta l’orphelinat que dirigeait Ferdinand Buisson et qui transférée à Compuis, devait acquérir par la suite, grâce à Robin, une célébrité mondiale.
Dans le 20e, la municipalité entra dans une voie neuve en en habillant et en nourrissant les élèves.

Nouveaux droits pour les femmes

Les salaires des institutrices sont portés à hauteur de ceux des instituteurs. Comme on aurait aimé que tous les salaires des femmes soient égaux aux salaires des hommes à égalité de diplômes et de capacités. Question à la majorité de la petite bourgeoisie intellectuelle d’aujourd’hui quant à ses priorités?

Une statistique, dressée par Allix, nous apprend que dans le 8e arrondissement, sur 6 251 garçons et filles de 7 à 15 ans, les écoles communales ne recevaient que 3 030 élèves dont tous les 271 enfants des asiles à partir de 3 ans ! Ce qui en dit long sur le réel de l’époque !

En décidant de verser une pension aux veuves de fédérés, et ceci qu’elles soient mariées ou pas, la reconnaissance de l’union libre est de la sorte actée et le droit des enfants naturels pleinement reconnu. Aux antipodes du code napoléonien, la Commune prend résolument cause pour les droits des concubines, des « filles mères » et des enfants illégitimes. Un décret du 13 mai 1871 autorise le président du tribunal civil à allouer une pension alimentaire à la femme demandant la séparation de corps. La Commune favorise la création d’emplois féminins.

Réquisition des logements vacants et saisies, orphelinats, actions humanistes et de solidarité

Afin de contribuer à résoudre la crise du logement, la réquisition des appartements vacants est décidée pour y loger les sans domicile. Il est interdit d’expulser les locataires. Une remise générale des loyers d’octobre 1870, de janvier et avril 1871 est votée afin de soulager les nombreux parisiens confrontés à une situation intenable.

La mise en place de bureaux d’assistances publique entièrement laïcisés permet de distribuer des secours aux indigents, notamment en organisant des cantines, des fourneaux économiques et des boucheries municipales. Signalons la fondation d’orphelinats sous l’égide des municipalités. On doit, semble-t-il, à l’initiative privée la création de l’orphelinat de la garde nationale, boulevard Victor Hugo (ancien boulevard Haussmann), dans un local aéré et sain contenant 300 lits. Les enfants, garçons et filles, étaient admis tous les jours, de deux heures à quatre heures, sur la présentation d’un certificat« non motivé » du sergent major constatant que le père appartient à une compagnie de la garde nationale. Le directeur Raymond, désireux de secourir l’enfance malheureuse, faisait appel d’une part à toutes les mères de familles ayant des vêtements, chemises ou souliers d’enfants sans usage, et d’autre part à « toutes les citoyennes de cœur » qui voudrait lui apporter leur concours pour « soigner et instruire » les garçons et filles confiés à ses soins.

La suspension de la vente des objets mis en gage au mont-de-piété est également décidée.

Deux décrets en date des 9 et 10 avril octroient des pensions aux blessés et veuves. Le produit de la vente du mobilier saisi dans la maison de Thiers sera affecté aux pensions des veuves et orphelins.

La Commune instaure également toute une série de mesures marquées du sceau de l’humanisme.

La justice se situe au cœur des préoccupations visant à l’émergence d’un monde fraternel fondé sur de nouvelles bases. Pour une justice accessible à tous, la gratuité des actes judiciaires et la  suppression de la vénalité des offices sont votées. Une arrestation par la police supérieure à 24 heures, sans qu’elle soit validée par la décision d’un juge, est prohibée. C’est l’invention d’une période limitée de la garde à vue. Toute perquisition non autorisée par un juge est considérée hors la loi. Des efforts sont envisagés pour humaniser la prison.

D’autres actes concrets mais relevant davantage du champ du symbolique sont adoptés pour signifier l’ouverture d’une ère nouvelle. Le 6 avril 1871, deux guillotines entreposées à la prison de la Roquette sont brûlées devant la mairie du 11° arrondissement pour témoigner de l’horreur de la peine de mort. La colonne Vendôme, décrite comme un symbole du militarisme fondé sur la force brutale et de la négation du droit international, est détruite. Les conseils de guerre et de l’armée permanente sont abolis.

À suivre : Seconde partie – Action culturelle et éducation politique des masses

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14 mars 2021 7 14 /03 /mars /2021 15:08
 

Madame et Monsieur Uddin et leur fille aînée Humayra, alors âgée de sept ans, sont arrivés du Bangladesh sur le territoire français en mars 2016, il y a maintenant cinq ans. Carollais depuis deux ans, leur installation au village est le fruit de l’engagement collectif porté par l’Association Itinérance Sud Manche, l’Association des Parents d’Elèves de l’école Marin Marie de Carolles, les municipalités de Carolles et de Jullouville et par Monsieur David Lerouge, le prêtre de la Paroisse.

Menacés dans leur pays, où leur maison, leur commerce et leurs biens ont été spoliés, et pour permettre à Madame Uddin l’accès à des soins impératifs, que sa santé exigeait et exige toujours, ils tentent depuis leur arrivée de construire pour leurs filles un avenir meilleur, une vie qui permette à leurs enfants de s’épanouir et de se construire en sécurité.

Humayra est aujourd’hui scolarisée à l’école de Jullouville, dans la classe de C.M.2. Par son assiduité, son travail et son courage, elle s’est toujours attiré les compliments de ses professeurs successifs, et a su créer des liens amicaux forts, comme n’importe quelle petite fille de son âge. Son sérieux et la maturité dont elle fait preuve face à la situation sont sans équivoques. Cinq ans de scolarisation et de vie dans un pays, la France, c’est toute une vie pour une petite fille de douze ans.

Ses deux petites sœurs Zenifar et Nazifa sont scolarisées à l’école maternelle de Carolles. Elles sont toutes deux, comme la petite dernière Areesha, nées en France, et grandissent au village, où elles sont heureuses, partagent le même quotidien que nos enfants, car elles sont, comme eux, de petites carollaises. S’épanouissant dans le paysage où elles sont nées, entre terre et mer, entre les falaises et la plage, les chemins de campagne et le bourg.

Monsieur et Madame Uddin font partie de notre communauté villageoise, dans laquelle ils ne demandent qu’à s’inscrire davantage. Leurs filles ont trouvé un équilibre certain, ici, auprès de leurs camarades, et un cadre de vie harmonieux loin des traumatismes subis par leurs parents.

Nous ne pouvons pas, en toute conscience, laisser cette famille être expulsée ; retourner dans un pays où rien ne les attend que la misère et l’isolement, sans penser à l’avenir de ces quatre petites filles qui partagent la langue, les jeux, les rêves de nos enfants, sans penser au devenir de ces petites filles qui sont ici, chez elles.

C’est pourquoi, nous, parents d’élèves, habitants de Carolles et de Jullouville demandons que soient abandonnées l’obligation de quitter le territoire et l’interdiction de retourner sur le territoire auxquelles est soumise la famille Uddin.

Nous, parents d’élèves, habitants de Carolles et de Jullouville demandons leur régularisation.

Aidez-nous en signant cette pétition.

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1 mars 2021 1 01 /03 /mars /2021 08:32
 
 
 
 
Dimanche 28 février 2021 Par
 

 

La Commune du Creusot-Montceau-les-Mines : la nouvelle classe ouvrière à l’action !

Dès l’automne 1870, les villes françaises s’enflammèrent pour la République. Les premières tentatives de proclamation de Communes eurent lieu le 28 septembre à Lyon et les 1er et 2 novembre à Marseille. Malgré leur échec, à partir de l’hiver 1870-1871, l’agitation reprit dans de grandes villes comme Bordeaux ou Nantes et dans des cités moyennes comme Tours, Vierzon, Limoges, Carcassonne, Mâcon, Rouen, dans tout l’Ariège, le Vaucluse ou encore dans le Nord.

Après la proclamation de la Commune de Paris le 18 mars, il n’aura fallu que quatre jours pour que des délégations de villes de province arrivent dans la capitale afin de s’enquérir des objectifs de la révolution parisienne. Immédiatement, la Commune fut proclamée dans six villes : Lyon, Marseille, Le Creusot, Saint-Étienne, Toulouse et Narbonne. D’autres suivirent dans les semaines postérieures, notamment Limoges.
Par manque de coordination, mais surtout par manque de perspective politique d’ensemble, les Communes de province n’ont pas survécu longtemps. Parfois en raison de la répression comme à Marseille, mais le plus souvent en raison de la confusion entretenue par les politiciens pseudo-républicains locaux, le mouvement communard n’a jamais représenté un « contre-pouvoir » crédible face à la cohérence et à l’efficacité d’un Adolphe Thiers à la tête du pouvoir versaillais.

 

La Commune d’Alger : la désunion entre le prolétariat européen et le peuple kabyle mena à l’échec !

Pour illustrer notre propos, prenons deux exemples de Communes peu connus et assez révélateurs des rapports de force politiques dans la France de 1871.

L’annonce de la Révolution à Paris, dans la nuit du 4 au 5 septembre 1870, provoqua à Alger des manifestations révolutionnaires contre le Second empire. Les quartiers populaires, comme Bab El Oued, se soulevèrent. Dans la ville se formèrent des comités révolutionnaires.

Puis des clubs démocratiques firent leur apparition dans plusieurs villes d’Algérie. Une association républicaine fut créée, comprenant, entre autres, des proudhoniens, des fouriéristes et des néo-jacobins, le rôle dirigeant étant assuré par des démocrates petits-bourgeois. Ceux-ci eurent une attitude négative vis-à-vis de la population indigène, étant contaminés par un nationalisme français. Ce qui entraîna des mouvements contradictoires et interdit aux indigènes de prendre des initiatives en faveur de leur indépendance (les proudhoniens ignoraient totalement cette aspiration).

Le 24 octobre 1870, le gouvernement français nomma le général Chanzy gouverneur civil de l’Algérie, rattaché au ministère de l’Intérieur. Une manifestation dans laquelle se trouvaient des éléments français mais aussi de nombreux Arabes et Kabyles l’empêcha de prendre ses fonctions. Ils s’emparèrent du palais du gouvernement et obligèrent la délégation française à se réfugier sur un navire de guerre ancré dans la baie d’Alger.

Le 2 septembre 1870, la chute de Sedan entraîna un grand mouvement révolutionnaire, surtout dans les grandes villes comme Alger, Orléansville, Oran, demandant la démission du gouvernement.

En mars 1871, la nouvelle que s’était constituée la Commune de Paris provoqua une insurrection en Algérie. La Kabylie tout entière était soulevée et commençait à déferler sur Alger. La ville était alors dégarnie de troupes parties en métropole pour la guerre. Le nouveau gouverneur, l’amiral De Gueydon, mit plusieurs semaines à juguler la révolte. La répression de l’insurrection kabyle fit près de 20 000 morts… autant de morts que la Commune de Paris !

La question coloniale fut mise de côté par les immigrés européens de toutes les tendances républicaines. Seuls quelques militants de la Ière Internationale et des anarchistes appelèrent à l’unité révolutionnaire des prolétaires de tous les pays. Cette division ethnique, pour le plus grand bénéfice des magnats coloniaux, perdura pendant encore 90 ans, jusqu’à l’indépendance de 1962.

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29 janvier 2021 5 29 /01 /janvier /2021 22:45

 

Rassemblement contre la loi sécurité globale samedi 30 janvier 2021

  Avranches 14h Place de la Mairie   Cherbourg 14h Place de la Mairie

 Coutances 15h Place St Nicolas

 

 

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17 janvier 2021 7 17 /01 /janvier /2021 18:01

 

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4 novembre 2020 3 04 /11 /novembre /2020 16:03

 

31 octobre 2020 / Célia Izoard (Reporterre)

Travail nocturne dans une résidence étudiante. © Hugo Noulin / Université Paris-Saclay

« On étouffe là-dedans, non ? » L’autrice de cette chronique s’en prend à notre société régie par le capitalisme numérique : chacun y est poussé à vivre dans son bocal, pour la plus grande joie de l’État et de la Silicon Valley. Elle prévient : « Une société pleinement informatisée a toutes les chances de déboucher sur une société totalitaire. »

Célia Izoard, journaliste et membre de la revue Z, a fait des études de philosophie et traduit des ouvrages critiques de la technologie moderne, dont 1984, de George Orwell, aux éditions Agone, à paraître en janvier 2021.


À la fin du Quai de Wigan (1937) [1], George Orwell analyse l’assujettissement par la machine. Un monde où elle serait omniprésente aurait tué le travail créatif, atrophié les sens et détruit la volonté d’agir par soi-même. Il a cette formule saisissante : « L’aboutissement logique du progrès mécanique est de réduire l’être humain à quelque chose qui tiendrait du cerveau enfermé dans un bocal. »

On trouverait difficilement meilleure image pour décrire la situation créée par le capitalisme numérique. Nous vivons dans un monde où la plupart des métiers, des loisirs et des conversations se déroulent derrière des écrans. Les possibilités infinies offertes par le mouvement du corps et les cinq sens ont été remplacées par une sorte d’hypertrophie du cerveau exclusivement alimenté par la vue et l’ouïe. Chacun dans son bocal numérique. Notre expérience du monde glisse le long de ses parois de verre.

Tout l’intérêt d’un bocal est qu’on peut regarder à l’intérieur. Un cerveau dans un bocal est soumis à la surveillance et à l’expérimentation. Les fabricants de bocaux sont bien placés pour en parler, tels les ingénieurs et designers repentis de la Silicon Valley qui témoignent dans le documentaire The Social Dilemma, produit par Netflix (qui produit lui aussi des bocaux). « L’intelligence artificielle de Facebook est comme une expérience où l’on stimulerait les pattes d’une araignée pour voir quel nerf va répondre, explique Tristan Harris, ex-designer Google. Derrière l’écran, il y a des milliers d’ingénieurs, des supercalculateurs et des algorithmes qui savent tout de vous et testent en permanence ce qui a le plus de chance de vous tenir accroché. » L’objectif étant de vous maintenir le plus longtemps possible dans le bocal pour remplir les poches des annonceurs et perfectionner les algorithmes qui vous présenteront des contenus encore plus addictifs, pour remplir les poches des annonceurs, etc.

Dans le capitalisme numérique, les plateformes ont intérêt à la production du mensonge

L’autre avantage de conserver les humains dans des bocaux, c’est l’éventail de paysages que les fabricants de bocaux peuvent présenter sur les parois. « Quand vous tapez "changement climatique" sur Google, selon où vous vivez, vous aurez des réponses différentes, explique Justin Rosenstein, ancien ingénieur Facebook et Google. Dans certaines villes, on vous suggèrera "le réchauffement climatique est un canular", dans d’autres, "le changement climatique détruit la nature". Cela dépend d’où vous faites la demande et des centres d’intérêt que Google connaît. »

La technique la plus rentable consiste à retourner complètement le bocal sur lui-même. Sensationnelles, captivantes, « les fausses informations rapportent plus d’argent aux entreprises, constate Tristan Harris. Sur Twitter, les fake news se diffusent six fois plus que les vraies. » Les plateformes favorisent donc les contenus démontrant que la Terre est plate, que personne n’a jamais marché sur la lune, ou que les ONG écologistes font brûler l’Amazonie. Désorienté, le sujet ne veut plus quitter son bocal, car le monde extérieur lui paraît insupportablement inversé. Il retourne donc partager des vidéos et des messages avec des gens qui habitent le même genre de bocal.

Le roman d’Orwell, 1984, décrit un monde aux mains d’un régime qui a, lui aussi en quelque sorte, mis les membres de son parti intérieur dans des bocaux pour leur ôter toute mémoire autonome et toute prise intellectuelle. Avec des effets comparables : « Le citoyen d’Océanie est comme un voyageur de l’espace interstellaire, privé de tout repère lui permettant de situer le haut et le bas. » Dans 1984, le parti a intérêt à la production du mensonge pour maintenir son pouvoir. Dans le capitalisme numérique, les plateformes ont intérêt à la production du mensonge pour augmenter leurs profits, donc... leur pouvoir.

L’infrastructure électronique a fourni aux États une capacité de contrôle et une nouvelle légitimité à l’exercer

On sait depuis quatre décennies qu’une société pleinement informatisée a toutes les chances de déboucher sur une société totalitaire. En 1979, face aux grèves et aux actions menées en France contre les ordinateurs et l’horizon d’une société de surveillance [2], le gouvernement avait dû organiser un grand débat national. À l’époque, pour rassurer la population, le président Valéry Giscard d’Estaing avait pointé la situation à laquelle il ne fallait surtout pas arriver : « Poussé à l’extrême, l’usage de la télématique pourrait être la suprême aliénation. L’homme deviendrait un consommateur d’images et de signes placé devant un écran universel capable de solliciter tous les savoirs, toutes les mémoires et tous les services. » [3] Après cette séance d’exorcisme, l’État, comme dans tous les pays riches, a consacré les quarante années suivantes à dépenser des milliards d’argent public pour structurer des filières de recherche-industrie et informatiser la société. Jusqu’au bocal donc. À la faveur de l’état d’urgence sanitaire, l’État vient d’en refermer brusquement le couvercle. Clac.

Cette infrastructure électronique a fourni aux États une capacité de contrôle qui donne au télécran de 1984 des airs de gramophone. Elle leur a aussi donné une nouvelle légitimité à l’exercer. Mariner trop longtemps dans un bocal pouvant rendre très fou et très violent, voilà un bon prétexte pour superposer aux algorithmes hédonistes des algorithmes policiers [4].

Double contrôle, donc, sur les parois de verre – double-vitrage. Le rôle de l’État n’est-il pas de nous « conserver », de nous « préserver » (en anglais, preserve signifie très exactement « conserve de nourriture en bocal ») ? Et nous ? On étouffe là-dedans, non ? Covid ou pas Covid, pour vivre libres, il va falloir réapprendre à tisser des réseaux sociaux à l’extérieur du bocal.


 

[1Édition française : 10/18 (2000).

[2Comme le raconte Célia Izoard dans le chapitre « L’informatisation, entre mises à feu et résignation » de Luddites en France, L’Échappée (2010) : « À l’automne 78, des grèves préventives éclatent à la Poste contre la séparation des PTT et l’impérialisme informatique « qui allait balayer le facteur d’une pichenette » ; en janvier et février 79, c’est un mouvement contre les suppressions d’emploi qui immobilise l’Union des Assurances de Paris et les banques, dont on craint qu’elles ne deviennent la « sidérurgie de demain » ».

[3Son intervention, prononcée en septembre 1979, est en ligne ici.

[4L’entreprise Dataminr, la start-up d’intelligence artificielle de Twitter, aide par exemple les pouvoirs publics à scruter son réseau social à la recherche de délinquants présumés. Une enquête de The Intercept l’accuse de cibler disproportionnément les communautés noires.

Lire aussi : Les fausses promesses de la voiture électrique — l’enquête de Reporterre

 

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