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30 avril 2021 5 30 /04 /avril /2021 08:35

 

Bonsoir à toutes et à tous,

 
Je vous prie de trouver les  circulations prévues à partir du 3 mai.
Contrairement à ce qu'elle avait annoncé, la Région a décidé de retarder la mise en place du service annuel 2021 qu'elle avait pourtant publié sur son site. Les cheminots, lors du CSE (Comité Social et Economique), ont protesté de cette décision qui nous impacte tous. Les horaires du service annuel 2021 devraient être appliqués à compter du 17 mai (sous réserve de nouveaux changements dont on commence à avoir l'habitude). 
En tout état de cause, il s'agit pour la Région de faire des économies. 
Dans notre secteur la ligne Caen Rennes est à nouveau très impactée : le mix opéré entre le circulations du Caen Rennes et du Paris Caen Cherbourg cache mal qu'il n'y a pratiquement pas de circulations entre Dol Pontorson et Lison durant toute cette période.
 
 
Les grilles pour le week-end du 8 et 9 mai vous parviendront ultérieurement.
 
Je vous souhaite une bonne réception.
 
Bien cordialement,
Dominique Rilhac,
Secrétaire
 

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28 avril 2021 3 28 /04 /avril /2021 07:04

 

Bonjour,
Nous vous convions à un 1er mai revendicatif et musical, samedi à 10h30 parvis du scricptorial, place d'Estouteville Avranches
L'heure est plus que jamais à la mobilisation pour en finir avec les choix politiques du président Macron et de son gouvernement qui entrainent un désastre sanitaire et social.
Ci jointe une attestation dérogatoire pour se rendre au rassemblement si vous êtes à plus de 10km d'Avranches.
 
Tous ensemble le 1er Mai pour la journée Internationale de lutte des travailleurs
 
 
Union Locale CGT d'Avranches
2 rue Boudrie
50300 Avranches
tél: 02 33 58 33 30
mail: ulcgtavranches@orange.fr
permanences les samedis et lundis de 10h à 12h
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23 avril 2021 5 23 /04 /avril /2021 16:47

Lors de la réunion de la présentation des horaires pour le service 2022, la SNCF et la Région de Normandie, ont fait de nouvelles propositions pour répondre aux attentes des usagers qui vont dans le sens d’une amélioration pour les transports du quotidien.

Il est clair que les différentes actions dans les gares de Vire, Argentan, Granville, Avranches et Pontorson où près de 1800 signatures ont été obtenues pour l’amélioration des horaires et le retour des trains pendant la période COVID dont le résultat s’est matérialisé par le retour de tous les trains sur Paris Granville et du train du matin sur Caen Rennes ont pesé dans la balance. Le collectif se félicite que les propositions portées depuis plus 2 ans pour l’amélioration des dessertes trouvent un écho grandissant au sein des élus et des populations concernées. Pour autant, malgré les engagements de Mr Morin auprès de certains d’élus de mettre à l’étude les propositions de partir plus tôt de Granville ( 5h30 avec une arrivée à Paris à 8h30) et de Paris (6h55 avec une arrivée vers 10 h00 à Granville), ces améliorations sont restées lettre morte ou ne sont peut-être que de vagues promesses électorales.

Quant aux retours des TER entre Argentan et Granville, n’en parlons plus ! Seule ligne à ne plus avoir de desserte locale ! Pas étonnant que Mr Morin engage la Région dans le financement de la deux fois deux voies entre Argentan et Briouze au coût exorbitant pour les contribuables et l’environnement. Or, nos propositions, qui ne coûtent rien, n’ont pas été prises en compte, notamment celle d’ouvrir au service voyageur le train qui circule à vide le lundi matin depuis plusieurs années au départ de Paris avec un départ à 6h30. Cela permettrait aux étudiants et scolaires de rejoindre leurs lieux d’étude et d’être à Granville à 9h30.Quant au train en milieu d’après-midi, le retour vers un départ vers 16h50 de Paris Vaugirard prouve s’il en est besoin que cette possibilité existait. Pour autant le collectif a obtenu une réunion technique pour avancer sur ce dossier afin d’examiner l’ensemble des propositions.

Dans de nombreux cas, la construction des horaires se fait à présent, sans tenir compte des besoins réels des usagers. Elle est guidée par la rationalisation des coûts de personnel et une utilisation optimale du matériel, dictées par des choix budgétaires, loin de la volonté réelle de développer un des transports les moins polluants. Sinon pourquoi avoir transféré des trains vers des cars sur Caen Rennes. Cars qui n’ont qu’un arrêt au lieu de 9 pour les trains et ne font plus office de desserte locale. Sur Caen Rennes le retour d’un train le Vendredi soir et le dimanche soir à 18h07 vers au départ de Caen était une proposition portée par le collectif. Cette amélioration fait suite aux actions que le collectif avait organisées pour le retour d’un train en lieu et place des 5 bus qui effectuaient le parcours Granville Rennes le dimanche soir. Pour autant l’opportunité de faire ce train en 2h40 est possible avec une correspondance immédiate à Folligny. Quant au retour du train le vendredi et le dimanche vers 18h00 au départ de Rennes. Aucune réponse ! Nous continuerons à porter cette proposition. Le collectif a demandé la création, le matin, dans la journée et pour le retour le soir, de navettes TER entre Granville et Dol avec une correspondance à Dol vers et en provenance de Rennes, Dinan et St Malo. Actuellement Dol bénéficie de 21 allers et retours (dont deux TGV) vers Rennes et Pontorson : seulement deux ! Nous avons demandé la création d’un arrêt à La Haye Pesnel. Ce serait également une possibilité d’établir une nouvelle desserte vers le Mont St Michel avec les trains en provenance de Paris. Cela permettrait de compléter la desserte unique de Paris-le Mont-St-Michel.

L’amélioration des conditions de transport par l’augmentation du nombre de trains doit être poursuivie afin de répondre aux besoins de toute la population. C’est une évidence pour aller vers la transition écologique et participer au désenclavement des territoires. Encore faut-il que les guichets dans les gares soient ouverts et n’excluent pas une partie importante de la population, sujet également au cœur des combats du collectif tout comme la nécessité d’avoir une tarification sociale.

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23 avril 2021 5 23 /04 /avril /2021 08:06

 

BONJOUR A TOUS

Le 1er MAI la journée internationale de lutte des travailleurs sera un moment fort pour exprimer et déconfiner notre colère.

 

Un rassemblement aura lieu SAMEDI 1er MAI à GRANVILLE 10H30 COURS JONVILLE..

NOUS COMPTONS SUR VOUS .

MERCI DE DIFFUSER L'INFO SUR VOS RÉSEAUX..

POUR L'union locale CGT 

GERARD GAUTIER

PS: les gestes barrières devront être respectés (port du masque obligatoire).

En pièce jointe l'autorisation de déplacement dérogatoire pour permettre à ceux qui sont à plus de 10kms.

Attestation de déplacement dérogatoire pour participer aux manifestations

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20 avril 2021 2 20 /04 /avril /2021 08:21
Vu sur le WEB

 

 
 

 

L’embauche de 15 000 jeunes en 2021 chez Carrefour, promise par son patron, aurait un « effet pervers » : l’arrêt du recrutement de CDD et le non-renouvellement des salariés déjà en poste, même ceux ayant eu une promesse d’embauche, alertent des syndicats vendredi 22 janvier.

Début décembre, le PDG de Carrefour Alexandre Bompard avait annoncé que le géant de la grande distribution allait embaucher, en 2021, 15 000 jeunes de la « génération Covid » en CDI ou en alternance, 50 % de plus qu’en année normale.

« Nous découvrons l’effet pervers de cette annonce, avec la suppression immédiate de la plupart des contrats à durée déterminée à Carrefour Market (et pratiquement plus aucune embauche en CDI dans le groupe Carrefour en 2021) », souligne la CGT Commerces et Services dans un communiqué.

« Squeezer » les CDD de longue date

« Pourtant les salariés en CDD n’ont pas démérité et certains d’entre eux avaient même une promesse d’embauche en CDI », continue le communiqué.

« On pensait que l’annonce d’Alexandre Bompard était une bonne chose, qu’elle se faisait en sus des emplois actuels », mais « début janvier, ils ont annoncé dans beaucoup de magasins l’arrêt des CDD pour les remplacer par des jeunes », précise à l’AFP Philippe Allard, délégué de groupe CGT.

« Cette annonce a eu pour effet de « squeezer » les CDD de longue date qui n’étaient pas dans la tranche d’âge + jeunes + », a confirmé Thierry Babot, délégué national CFDT Carrefour hypermarchés.

« C’est dommageable, parce que ça inclut des CDD qui étaient là depuis longtemps et étaient tout à fait valables », a-t-il regretté. « Il aurait fallu un maintien des CDD en place ».

Carrefour apporte des précisions

Ces embauches de jeunes se feront en CDI pour 7 000 d’entre elles et en alternance pour 8 000, selon un document transmis jeudi aux membres du comité social et économique (CSE) central de Carrefour.

« Avec ce mode de recrutement, Carrefour a voulu aller vers un emploi plus pérenne et plus qualifiant », a réagi le groupe auprès de l’AFP. L’annonce de son PDG « vise à substituer des emplois durables à des emplois précaires ».

« Si certains CDD ne sont pas renouvelés, c’est qu’ils n’avaient pas vocation à l’être », a ajouté la direction, en précisant que « des CDD (pouvaient) être renouvelés » malgré cette annonce.

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6 avril 2021 2 06 /04 /avril /2021 08:06
Ci-dessous, le lien pour la pétition que nous vous invitons à signer:
" Pas de profit sur la pandémie"
 
 
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1 avril 2021 4 01 /04 /avril /2021 07:33

 

Cher·es ami·es,

 Je viens de signer la pétition "Sauvons #ChapelleDarblay" et je voulais vous proposer d'y ajouter votre nom.

Chapelle-Darblay était la dernière papeterie en France à fabriquer du papier journal 100% recyclé. Elle récupérait l’équivalent de déchets papiers de 24 millions de Français·es et produisait 250.000 tonnes de papiers recyclés par an.

Mise à l’arrêt depuis l’an dernier, elle sera définitivement fermée mi-juin si aucun repreneur ne se présente d'ici-là. Cette fermeture mettrait au chômage les 230 salarié·es de la papeterie ainsi que les 567 emplois indirects qui travaillaient pour elle.

Ne laissons pas disparaître ce modèle de réussite écologique et économique et demandons au gouvernement qu’il agisse pour soutenir les collectivités territoriales qui se disent prêtes à une reprise du site.

Vous pouvez soutenir cette campagne en signant la pétition en quelques clics en suivant ce lien : https://agir.greenvoice.fr/petitions/sauvons-chapelledarblay

Merci beaucoup !

 A faire circuler dans vos réseaux

(si vous voulez communiquer vos réflexions, exemples, liens, données... aux autres participants et contacts des ateliers citoyens, vous pouvez nous écrire à cette adresse et nous transmettrons à tout le monde)
 
Images intégrées 1
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29 mars 2021 1 29 /03 /mars /2021 07:58

 

 
 
 
 
dimanche 28 mars 2021 Par
Maître de conférence à l’université de Liège, préside le CADTM Belgique
http://www.cadtm.org/

Extraits d’un dossier très fourni dont nous vous recommandons la lecture :
http://www.cadtm.org/La-Commune-de-Paris-la-banque-et-la-dette#les_enseignements_de_la_commune_de_paris_se_sont_largement_perdus

La Commune de Paris a commis l’erreur fatale de ne pas prendre le contrôle de la Banque de France

Le siège de la Banque de France, ses principales réserves et son organe dirigeant étaient situés sur le territoire de la commune de Paris. À tort, la direction de la Commune de Paris a renoncé à en prendre le contrôle alors que cela aurait été tout à fait nécessaire.

En 1876, Prosper-Olivier Lissagaray, un intellectuel militant qui a participé au combat des Communards, dénonce, dans son Histoire de la Commune de 1871, l’attitude de la direction de la Commune qui « resta en extase devant la caisse de la haute bourgeoisie qu’elle avait sous la main. », en se référant à la Banque de France [1].

La seule exigence de la Commune à l’égard de la Banque de France était d’obtenir les avances financières qui lui permettaient de maintenir l’équilibre budgétaire sans devoir interrompre le paiement de la solde des gardes nationaux (la Garde nationale de Paris était une milice citoyenne chargée du maintien de l’ordre et de la défense militaire, elle comptait 300 000 personnes armées pour une population parisienne de 2 millions).

La Banque de France a délié la bourse au compte-gouttes quand il s’est agi de répondre aux besoins financiers de la Commune tandis qu’elle a financé très largement ceux qui voulaient littéralement écraser le peuple de Paris et mettre fin le plus vite possible à la révolution sociale. Pendant les deux mois de l’expérience de la Commune, le gouvernement réactionnaire de Thiers, complice de l’occupant prussien, a reçu 20 fois plus d’argent liquide que la Commune [2].

Karl Marx considère que la Commune a eu le tort de ne pas se saisir de la Banque de France : « À elle seule, la réquisition de la Banque de France eût mis un terme aux rodomontades versaillaises. ». Il précise qu’avec la réquisition de la Banque : « Avec un tout petit peu de bon sens, elle eût (…) pu obtenir de Versailles un compromis favorable à toute la masse du peuple – seul objectif réalisable à l’époque » [3].

Comme l’écrivait Lissagaray : « la Commune ne voyait pas les vrais otages qu’elle avait sous la main : la Banque, l’Enregistrement et les Domaines, la Caisse des dépôts et consignations, etc. » [4]

En 1891, Friedrich Engels allait dans le même sens : « Le plus difficile à saisir est certainement le saint respect avec lequel on s’arrêta devant les portes de la Banque de France. Ce fut d’ailleurs une lourde faute politique. La Banque aux mains de la Commune, cela valait mieux que dix mille otages. Cela signifiait toute la bourgeoisie française faisant pression sur le gouvernement de Versailles pour conclure la paix avec la Commune. » [5]

En résumé, les dirigeants de la Commune de Paris ont permis à la Banque de France de financer ses ennemis : le gouvernement conservateur de Thiers installé à Versailles et son armée qui allait l’écraser [6]. On verra plus loin que la Banque de France a également financé l’armée prussienne d’occupation qui était aux portes de Paris.

Le fil des évènements concernant la Banque de France et une tentative d’explication

Pour se faire une opinion sur l’attitude de la Commune à l’égard de la Banque, je me suis appuyé principalement sur deux narrations, celle de Lissagaray, déjà cité dans cet article, partisan convaincu de la cause de la Commune, et celle de Maxime du Camp, un auteur anti-communard qui, en récompense de sa production littéraire au contenu réactionnaire, sera élu en 1880 membre de l’Académie française [7]. Ces deux auteurs donnent de nombreux détails sur le comportement des différents protagonistes et, bien qu’adoptant un point de vue radicalement opposé l’un à l’autre, leurs narrations concordent largement.

Reprenons le fil des évènements.

Le 18 mars, Thiers, son gouvernement et son administration, s’enfuient vers Versailles. Quelques jours plus tard, Gustave Rouland, le gouverneur de la Banque de France les rejoint afin de se mettre à leur service en laissant sur place à Paris, le marquis Alexandre de Plœuc le vice-gouverneur de la banque et toute son administration. Gustave Rouland s’est entouré à Versailles de régents de la Banque de France parmi lesquels on trouve le baron Alphonse de Rothschild, propriétaire de la Banque Rothschild, premier actionnaire de la Banque de France.

Gustave Rouland veut convaincre Thiers d’attaquer tout de suite la Commune de Paris, mais celui-ci considère qu’il faut d’abord gagner du temps.

Pendant ce temps la Commune avait désigné, le 30 mars 1871, le proudhonien Charles Beslay pour la représenter auprès de la Banque de France. Charles Beslay a résumé son action dans une lettre au quotidien de droite Le Figaro, publiée le 13 mars 1873 : « Je suis allé à la Banque avec l’intention de la mettre à l’abri de toute violence du parti exagéré de la Commune, et j’ai la conviction d’avoir conservé à mon pays l’établissement, qui constituait notre dernière ressource financière. » [8]

Cette conviction à la fois catastrophiste et paralysante a été majoritaire au sein de la direction de la Commune et a eu des effets dramatiques.

Comme l’écrit Georges Beisson : « pendant les 72 jours de son existence, la Commune reçoit 16,7 millions de francs : les 9,4 millions d’avoirs que la Ville avait en compte et 7,3 millions réellement prêtés par la Banque. Au même moment, les Versaillais reçoivent 315 millions de francs (…) de la Banque de France », soit près de 20 fois plus [11].

Le réactionnaire Maxime du Camp ne dit pas autre chose quand il écrit « pendant que La Commune harcelait la direction de la Banque de France à Paris pour lui soutirer quelques billets de mille francs, la Banque de France donnait des millions au gouvernement de la légalité. Les troupes affluaient, prenaient corps, s’organisaient et la paie ne leur faisait point défaut. » [12]. Les troupes dont parle Maxime du Camp sont celles que rassemble Thiers avec l’aide de Bismarck pour détruire le peuple de Paris. Comme le dit encore du Camp : « Lorsque M. Thiers avait besoin d’argent, il prévenait M. Rouland, celui-ci envoyait à qui de droit une dépêche télégraphique, et l’argent arrivait ».

La Commune avait un besoin urgent d’argent pour venir en aide à la population et pour renforcer sa défense face à une attaque imminente alors que ses représentants, Beslay et Jourde, se contentaient d’une aumône. Pourtant, dans les coffres de la Banque en son siège de Paris, il y avait des billets, des pièces de monnaies, des lingots et des titres financiers pour environ 3 milliards de francs.

Jusqu’à la fin, la Commune a autorisé la direction de la Banque de France à disposer de sa propre milice fortement armée. Le marquis de Plœuc avait sous ses ordres plusieurs centaines de personnes qui, à l’intérieur du siège de la Banque, avaient un véritable arsenal composé de centaines de fusils et de munitions pour tenir un siège. Si la Commune l’avait réellement voulu elle aurait pu désarmer sans coup férir cette milice, mais Beslay y était totalement opposé.

Maxime du Camp indique aussi que le gouverneur Rouland avait envoyé le message suivant aux employés de la Banque : « Veuillez bien donner des instructions précises pour que des coupures soient mises à la disposition des Allemands et aussi quelque numéraire, pour le paiement de leurs troupes. » [13] […]

Au sein de la Commune les partisans d’Auguste Blanqui (emprisonné par le gouvernement de Thiers), parmi lesquels Raoul Rigault, étaient de plus en plus mécontents de la politique suivie par Beslay, secondé par Jourde et appuyé par une majorité et le 12 mai 1871, ils s’enhardirent et tentèrent d’intervenir à la Banque de France avec deux compagnies de gardes nationaux. Mais Beslay intervint avec succès in extremis pour protéger la Banque et empêcher qu’elle soit perquisitionnée. Maxime Du Camp conclut : « Sous ce rapport, le père Beslay fut vraiment irréprochable. » [14]. Cette tentative blanquiste avortée avait été conçue comme une sorte de coup, elle ne faisait pas partie d’une vision cohérente visant à permettre à la Commune de se servir de la Banque de France pour organiser sa défense et financer un plan de développement. Bien sûr il fallait prendre « militairement » la banque mais il fallait la prendre pour en faire quelque chose et là les blanquistes ne savaient pas exactement quoi en faire. Ils n’ont pas proposé dans la direction de la Commune (où ils avaient des élus) de prendre le contrôle de la Banque et de la mettre au service d’un plan de résistance et de développement. Ils se sont contentés d’essayer de la prendre par surprise et cela n’a pas marché car Beslay a pu s’y opposer sans que les blanquistes trouvent des arguments pour dire pourquoi il fallait prendre la banque. Cela s’est donc transformé en fiasco. Je précise que prendre « militairement » la Banque de France ne signifie pas la prendre à coup de boulets de canon, de tirs de mitrailleuses et de fusils. Il s’agissait de prendre la décision au niveau de la direction de la Commune de prendre le contrôle de la Banque, de démettre le gouverneur et le vice-gouverneur, de déplacer suffisamment de bataillons de gardes nationaux pour encercler la Banque et de mettre en demeure ses occupants armés de remettre leurs armes. La disproportion des forces et la certitude des occupants de la Banque de perdre la bataille s’ils résistaient auraient entraîné leur docilité. Ils ne pouvaient espérer aucun renfort du moins jusqu’au début de la semaine sanglante le 21 mai. La Commune aurait dû prendre le contrôle de la Banque dès les premiers jours de sa naissance.

Il y a bien eu la volonté de la part de la Commune de battre sa propre monnaie et elle en fit fabriquer à l’Hôtel des Monnaies, quai Conti, mais elle manquait de lingots d’or et d’argent qui étaient stockés dans la Banque de France. Et là encore la direction de la Banque a pu compter sur l’aide de Beslay pour se contenter de remettre des quantités infimes de matière précieuse à transformer en monnaie.

Maxime Du Camp explique que la direction de la Banque avait tellement peur que le secteur radical de la Commune ne l’emporte contre Beslay qu’elle fit ensabler dans les caves du siège de Paris tout ce qui pouvait l’être. L’opération eut lieu le 20 mai, elle dura une quinzaine d’heures. Toutes les valeurs qui pouvaient l’être furent descendues à la cave. Elles furent cachées dans deux pièces protégées par douze serrures puis l’accès à cette partie des caves fut ensablé [15].

Le lendemain, la semaine sanglante commençait et s’est terminée par la défaite du peuple de Paris le 28 mai 1871.

Après l’écrasement de la Commune, Beslay est un des seuls dirigeants communards (peut-être le seul) à ne pas être exécuté, condamné par contumace, emprisonné ou banni. […]

L’attitude de la Commune à l’égard de la Banque de France s’explique par les limites de la stratégie des secteurs qui étaient majoritaires dans celle-ci : les partisans de Proudhon [16] et ceux de Blanqui. Proudhon, décédé en 1865, n’a pas eu l’occasion d’intervenir directement dans les choix mais ses partisans étaient influents. Beslay n’était pas le seul, loin de là. Proudhon et plus tard ses partisans s’opposaient à ce qu’un gouvernement du peuple prenne le contrôle de la Banque de France, de plus ils n’étaient pas pour exproprier les banques capitalistes, ils donnaient la priorité à la création de banques de crédit mutuel. Leur rôle, en la personne de Beslay, a été franchement néfaste.

Les partisans de l’irréductible Auguste Blanqui étaient également nombreux et ils n’avaient aucune position précise sur ce qu’il fallait faire de la Banque de France et du rôle qu’elle devrait jouer au bénéfice d’un gouvernement révolutionnaire.

Annexe
Prosper-Olivier Lissagaray sur la Commune et la Banque de France

Scène d’un haut comique, si l’on pouvait rire d’une négligence qui a fait couler tant de sang. Depuis le 19 mars, les régents de la Banque attendaient chaque matin l’exécution de leur caisse. De la déménager à Versailles, on n’y pouvait songer à moins de cent fourgons et d’un corps d’armée. Le 23, le gouverneur Rouland n’y tint plus et disparut. Le sous-gouverneur de Ploeuc le remplaça. Dès la première entrevue avec les délégués de l’Hôtel-de-Ville, il perça leur timidité, batailla, parut fléchir, fila son argent écu par écu. Le côté vaudeville est qu’il chicanait à Paris l’argent même de Paris, un solde créditeur de neuf millions quatre cent mille francs, déposé à la Banque. Il manœuvra ainsi jusqu’au 28 mars. La Banque renfermait : numéraire 77 millions, billets de banque 166 millions, portefeuille 899 millions, valeur en garantie d’avance 120 millions, lingots 11 millions, bijoux en dépôt 7 millions, titres déposés 900 millions, soit 2 milliards 180 millions. Huit cent millions en billets n’attendaient que la griffe du caissier, griffe facile à faire. La Commune avait donc près de trois milliards sous la main, dont presque un milliard liquide, de quoi acheter mille fois tous les Gallifet et hauts fonctionnaires de Versailles ; pour otages les quatre-vingt-dix mille dépôts de titres et les deux milliards en circulation dont le gage se trouvait rue de la Vrillière.

 Le 30 mars, Beslay, délégué par la Commune, se présenta devant le tabernacle. Il avait voulu se retirer après son discours d’ouverture, se trouvant bien trop vieux pour servir une telle lutte ; sur les instances de tous ses collègues, il était resté. De Ploeuc, pour le recevoir, avait mis sur pied ses quatre cent trente employés armés de fusils sans cartouches. Beslay, qui le connaissait beaucoup, lui demanda de satisfaire aux nécessités de la solde. De Ploeuc parla de se défendre. « Mais enfin, dit Beslay, si, pour éviter l’effusion de sang, la Commune nommait un gouverneur. – Un gouverneur ! jamais, dit de Plooeuc, mais un délégué, si ce délégué était vous, nous pourrions nous entendre ». Et passant au pathétique : « Voyons, monsieur Beslay, aidez-moi à sauver ceci : c’est la fortune de votre pays, c’est la fortune de la France ».

Beslay, très attendri, vint le soir à la Commune répéter l’argument, d’autant qu’il y croyait, se piquait de finances : « La Banque de France est la fortune du pays ; hors d’elle plus d’industrie, plus de commerce ; si vous la violez, tous ses billets font faillite ». Ces niaiseries circulèrent à l’Hôtel-de-Ville. Les proudhoniens du Conseil, oubliant que leur maître a mis la suppression de la Banque en tête de son programme révolutionnaire, renforçaient le père Beslay. La fortune capitaliste n’avait pas à Versailles de défenseurs plus acharnés. Si encore on eût dit : « Occupons au moins la Banque ». La Commune n’eut même pas ce nerf, se contenta de commissionner Beslay. De Ploeuc le reçut à bras ouverts, l’installa dans le cabinet le plus proche, l’amena même à coucher à la Banque, et dès lors respira.

Dès la première semaine, elle apparaissait, la Commune, faible envers les auteurs de la sortie, le Comité central, la Banque, légère dans ses décrets, dans le choix de son délégué à la Guerre, sans plan militaire, discutant à bâtons rompus. Les irréconciliables restés après la fuite des libéraux comprirent où l’on allait. Ne tenant pas au martyre, ils donnèrent leur démission. » 

Notes

[1Prosper-Olivier Lissagaray, Histoire de la Commune de 1871, Paris, 1896, réédité par La Découverte / Poche, 2000. Le livre de 576 pages est accessible en ligne dans sa version originale https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k36518g.texteImage

[2Georges Beisson, « La Commune et la Banque de France », Association des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871 http://www.commune1871.org/?La-Commune-et-la-Banque-de-France

[3Lettre du 22 février 1881 de Karl Marx à F. Domela Nieuwenhuis,
https://www.marxists.org/francais/marx/works/00/commune/kmfecom12.htm

[4Prosper-Olivier Lissagaray, op. cit.

[5Marx, La guerre civile en France (1871), p. 18.

[6Les représentants des grandes banques d’affaires parisiennes qui dirigeaient la Banque de France fêteront la défaite de la Commune, en accordant aux actionnaires un dividende de 300 francs par action, contre 80 francs en 1870.

[7Maxime Du Camp, La Banque de France pendant la commune, — III. — Les dernières réquisitions, l’ensablement des caves. Revue des Deux Mondes, 3e période, tome 27, 1878 (p. 831-865)

[8Source : https://maitron.fr/spip.php?article147868 , notice BESLAY Charles, Victor, version mise en ligne le 16 juillet 2013, dernière modification le 28 janvier 2020.

[9À Paris, il avait fondé une usine de machines à vapeur dans le quartier Popincourt. Il a essayé d’appliquer les idées de son ami Proudhon sur l’association du capital et du travail. Il associe notamment ses ouvriers aux bénéfices de son entreprise en 1848. Sous le Second Empire, il se ruine en créant une banque d’échange et d’escompte selon les idées proudhoniennes, qui ne fonctionnera que six mois. En 1852, il obtient la concession de deux lignes de chemin de fer suisse : l’Ouest-Suisse et la Franco-Suisse. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Beslay
Dans l’adresse de l’AIT déjà citée, Marx écrit à propos de Beslay : « Un de ses anciens collègues à la Chambre des députés de 1830, capitaliste lui-même et néanmoins membre dévoué de la Commune, M. Beslay, apostrophait dernièrement Thiers dans une affiche publique : « L’asservissement du travail au capital a toujours été la pierre angulaire de votre politique, et depuis le jour où vous avez vu la république du travail installée à l’Hôtel de Ville, vous n’avez jamais cessé de crier à la France : Ce sont des criminels ! » [c’est moi qui souligne ET] in Marx, La guerre civile en France (1871), p. 41

[10Lissagaray, op. cit. p. 202-204 de la réédition par La Découverte.

[11Georges Beisson, « La Commune et la Banque de France », Association des amies et amis de la Commune de Paris 1871 http://www.commune1871.org/?La-Commune-et-la-Banque-de-France

[12Maxime Du Camp, La Banque de France pendant la Commune, op. cit.

[13Ibid.

[14Ibid.

[15Ibid.

[16Les partisans de Proudhon dans la Commune étaient généralement membres de l’AIT qui rassemblait des hommes et des femmes de tendances diverses allant de différents courants de l’anarchisme (proudhoniens, bakouninistes…) à une pluralité de mouvements du communisme. Certains blanquistes comme Emile Duval étaient membres de l’AIT.

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25 mars 2021 4 25 /03 /mars /2021 17:49
 
 

La commission régionale du patrimoine et de l’architecture d’Île-de-France vient de voter l’inscription du Sacré-Cœur de Montmartre aux monuments historiques, avec le soutien de Madame Bachelot. Alors que nous sommes à quelques mois du 150e anniversaire de la Commune, cette décision apparaît comme une véritable provocation.

Dans l’esprit de ses promoteurs, la basilique dite du « Vœu national » avait pour objectif avéré d’expier la « déchéance morale » provoquée par les révolutions égrenées depuis 1789. Après les massacres de la Semaine sanglante, en 1871, sa construction fut soutenue par la majorité monarchiste et catholique de l’Assemblée qui y voyait un édifice de la revanche et non de la réconciliation. Le Sacré-Cœur est donc tout à la fois le signe tangible de « l’ordre moral », le symbole par excellence de « l’anti-Commune » et une insulte à la République lancée par ceux qui la combattent. Qu’un lieu de culte soit choisi pour ce déni démocratique n’est digne ni de la République, ni d’une part non négligeable du monde chrétien qui aujourd’hui se reconnait dans les valeurs humanistes de la Commune.

Le 29 novembre 2016, l’Assemblée nationale a voté une résolution réhabilitant les communardes et communards condamné-e-s et demandant que des efforts soient consentis pour faire connaître les réalisations et les valeurs de la Commune. Fin 2020, la réponse est donnée : ce sont les massacreurs que l’on veut mettre en valeur ; c’est toujours l’anti-Commune que l’on entend commémorer. Dans ces temps de trouble de la conscience républicaine et démocratique, cette décision fait peur.

Que tous les héritiers de la Commune, sans exception aucune, que les républicains se retrouvent donc dans son refus le plus total. 

 

 

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23 mars 2021 2 23 /03 /mars /2021 09:52

 

 
 
Histoire
Action culturelle et éducation politique des masses
dimanche 21 mars 2021 Par
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Action culturelle

Une politique culturelle dynamique est promue. Dans l’esprit des Communards, les théâtres doivent être considérés comme de grands établissements d’instruction. Ils doivent appartenir à des fédérations d’artistes. Le peintre Gustave Courbet est élu président de la Fédération des artistes de Paris. Dès le 25 mars, par une note insérée à l’Officiel, le comité central signalait au public qu’il avait fait occuper tant le Louvre que les Tuileries « dans le but de mettre à l’abri et de faire respecter des chefs-d’œuvre et les objets précieux qui le contiennent ». Le même numéro de l’officiel annonce que les Tuileries, fermées depuis le 4 septembre par le gouvernement, seront ouvertes au public ainsi que les musées. Mais c’est seulement le 15 avril que le Louvre fut effectivement rouvert aux artistes et aux gens du peuple. Deux jours après, tous les jardins, parcs et autres lieux publics de promenade fermés jusque-là pour cause de dureté militaire furent aussi mis à la disposition de tous.

L’Académie des sciences continua de se réunir à partir du 17 avril. Des savants comme Chevreuil et Milnes-Edward purent s’y livrer en toute quiétude à des controverses du plus haut intérêt. Stanislas Meunier y donna lecture de son intéressant mémoire sur le métamorphisme des météorites.
Molié plaça le Muséum d’histoire naturelle « sous la sauvegarde des citoyens ». Il fit appel au public pour « prêter aide aux gardiens » et au besoin agir afin de « garantir les intérêts généraux » de l’établissement.

Au Collège de France, les cours d’arabe reprirent le 15 avril à raison de deux par semaine. L’École des beaux-arts fonctionnait et/ou ne manqua pas de prévenir les élèves que le concours pour les grands prix de Rome aurait lieu en 1871 comme les années précédentes.

Émile Perrin directeur de l’Opéra, n’ayant rien fait pour parer aux difficultés de la situation et ayant accumulé des obstacles afin d’empêcher une représentation nationale au profit des victimes de la lutté des artistes musiciens, fut révoqué par le délégué à l’intérieur Cournet, à la date du 9 mai. En même temps, Cournet, considérant que malgré la crise, l’art et les artistes ne devaient pas « rester en souffrance », nomma Eugène Garnier directeur de l’Opéra à titre provisoire et institua une commission composée de A. Regnard, Lefebvre Roncier, R. Pugnot, Edmond Levraud, Seimer et lui-même afin de « veiller aux intérêts de l’art musical ». Le nouveau directeur fut présenté au personnel de l’Opéra par deux délégués de la Commune le 12 mai, jour des bombardements violents sur Asnières, Clichy et Neuilly et des attaques sur Vanves. On y prononça une allocution : à cette occasion, Garnier suscita une représentation du personnel à raison d’un délégué par catégorie et lança l’idée d’une association des artistes de l’Opéra analogue à la société du Théâtre français.

Du côté du Conservatoire de musique, on semble avoir été moins pressés d’agir. C’est seulement le 15 mai, beaucoup trop tard, que la délégation à l’enseignement songea à réformer cet établissement.

Réorganisation et protection des bibliothèques publiques

C’est surtout du côté des grandes bibliothèques publiques que se remarque l’effort de la Commune.

Le 1er avril, le comité de l’intérieur et de la sûreté générale, désirant prouver qu’il entendait « conserver soigneusement aux générations futures tout ce qui se rapporte à la gloire et à la science du passé », délégua à la Bibliothèque nationale « avec pleins pouvoirs » le citoyen Jules Vincent. En réalité, il faut voir là une mesure politique au premier chef. La Commune prenait ses précautions : presque tous les conservateurs et bibliothécaires de la rue de Richelieu, les Delisle, les Dauban et autres, étaient connus comme de fieffés réactionnaires. La Commune craignait que la Bibliothèque nationale ne devînt un foyer contre-révolutionnaire.

Aussitôt nommé, Vincent réuni le personnel de la BN, il fut décidé, d’un commun accord, que sans porter atteinte aux règlements en vigueur dans l’établissement, des mesures seraient prises pour « sauvegarder l’intégrité et la conservation des collections ». Vincent obtint des fonctionnaires et employés l’engagement « de se renfermer dans les strictes limites de leur rôle » et d’être «fidèle à leurs devoirs professionnels ». Mais cet engagement ne fut pas tenu. Une bonne partie du haut personnel prit du large. Ce fut la gabegie. Tenu pour responsable, Vincent fut relevé de ses fonctions par arrêté de Vaillant en date du 27 avril sur la proposition même de Cournet. La délégation de l’enseignement, à l’encontre de Vincent, était décidée à une « réorganisation radicale de la BN ». Elle fit désigner Elie Reclus comme directeur avec, comme adjoint, le citoyen Guizard. Le 11 mai, Vaillant révoqua d’un seul coup 25 fonctionnaires qui avaient déserté leur poste, parmi lesquels « le sieur Léopold Delisle », chef du département des manuscrits. À l’Officiel du 12 mai parut une nouvelle fournée de 28 bibliothécaires, conservateurs ou attachés, relevés de leurs fonctions.

La bibliothèque Mazarine avait été forcée de fermer par suite de la pénurie de personnel. Elle fut rouverte le 8 mai sous la direction de B. Gastineau et les fuyards De Sacy, Philarète Chasles, Jules Sandeau, Moreau, Darembert, Cocheris et Lauredent-Larcher en furent déclarés démissionnaires.

Benjamin Gastineau fut nommé aussi inspecteur des bibliothèques communales. Par arrêté du 12 mai il mit un terme au pillage des bibliothèques publiques par les privilégiés. Il dénonça devant l’opinion ceux qui n’avait pas craint de se tailler une bibliothèque dans les fonds publics  « en empruntant les livres qu’ils rendraient rarement et en privant ainsi les travailleurs des ouvrages les plus nécessaires les plus précieux ». Gastineau supprima d’une façon absolue le prêt de livres à domicile et ordonna à tous ceux qui avaient ainsi emprunté des ouvrages de les rendre dans les huit jours.

La fédération artistique des arts plastiques

Il y eut à la Commune, parmi les artistes, un mouvement original à base fédéraliste.

Le mouvement des peintres, sculpteurs, graveurs, artistes industriels fut de beaucoup le plus remarquable. Il n’y avait qu’un signe à faire pour rassembler tous les « bohèmes » du Quartier Latin, tous les artistes qui s’étaient plus ou moins mêlés à l’opposition au Second Empire et aux manifestations estudiantines, aux groupements secrets blanquistes et aux sociétés de Libre Pensée. Autorisé par la commune, Gustave Courbet, dans un appel fameux et vibrant que l’Officiel se fit un devoir de reproduire, invita ses confrères à se réunir. Le grand peintre révolutionnaire, ami de Vallès, de Vermorel de P. Denis, disait entre autres :

Aujourd’hui, j’en appelle aux artistes ; j’en appelle à leur intelligence, à leurs sentiments, à leur reconnaissance. Paris les a nourris comme une mère et leur a donné leur génie. Les artistes, à sept heures, doivent partout leurs efforts (c’est une dette d’honneur) concourir à la reconstitution de son état moral et au rétablissement des arts qui sont sa fortune…
La revanche est prise, le génie aura son essor ; car les vrais prussiens n’étaient pas ceux qui nous attaquaient d’abord…
Ah ! Paris, Paris, la grande ville, vient de secouer la poussière de toute féodalité. Les prussiens les plus cruels, les exploiteurs du pauvre, étaient à Versailles. Sa révolution est d’autant plus équitable qu’elle part du peuple. Ses apôtres sont ouvriers, son Christ a été Proudhon. Depuis 1 800 ans, les hommes de cœur mouraient en soupirant, mais le peuple héroïque de Paris vaincra les mystagogues et les tourmenteurs de Versailles. L’homme se gouvernera lui-même, la fédération sera comprise et Paris aura la plus grande part de gloire que jamais l’histoire ait enregistrée… »

Une commission provisoire élabora tout d’abord un programme destiné à être soumise à une assemblée générale des artistes. Cette assemblée se tint le 13 avril dans le grand amphithéâtre de l’École de Médecine. Elle était placée, comme l’écrivit emphatiquement Courbet, « sous le protectorat de la Commune ». Ce fut un succès. La salle était pleine et tous les arts plastiques y étaient largement représentés. On comptait plus de 400 personnes, parmi lesquelles Feyen, Perrin et Héreau comme peintres, Moulin et Delaplanche comme sculpteurs, Bertall comme caricaturiste, Michelin pour la gravure. Il y avait beaucoup d’architectes et d’ornemanistes. Courbet – qui devait être élu membre de la Commune quelques jours plus tard – présidait, assisté de Moulins et d’Eugène Pottier. La présence du futur auteur de l’Internationale dans cette assemblée peut paraître étrange, mais il faut savoir que Pottier était un dessinateur industriel de talent, très apprécié, qui avait fondé avant la guerre la chambre syndicale de sa profession, et l’avait fait adhérer en bloc à l’Internationale. C’est au titre de dessinateur que Pottier donna lecture à l’assemblée du rapport rédigé par lui au nom de la commission préparatoire.

Un homme comme Delion  qui attribue gratuitement à Pottier la marotte de vouloir être « législateur des arts » et qui entrevoit la barbarie comme résultante du socialisme, qualifie ce rapport de « simple, clair, ingénieux ». Marquet de Vasselot, peu tendre en général pour les Communards, se demande de son côté si le rapport de Pottier n’est pas « l’idéal du rapport rêvé par les artistes ». Ces appréciations flatteuses ont d’autant plus de valeur qu’elles sont postérieures à la Commune. En les lisant on comprend pourquoi l’Officiel de la Commune tint à insérer en entier le rapport de Pottier en spécifiant que ce « document, très intéressant, contenait  des considérations vraiment élevées sur les besoins et les destinées de l’art contemporain ».

Que demandait Pottier ? Le ralliement de tous les artistes adhérant aux principes de la révolution communaliste dans une vaste fédération prenant pour plate-forme :

La libre expansion de l’art, dégagée de toute tutelle gouvernementale et de tout privilège ;
L’égalité des droits entre tous les membres de la fédération.
L’indépendance et la dignité de chaque artiste mise sous le la sauvegarde de tous par la création d’un comité élu au suffrage universel des artistes. »

Ce comité comprenait 47 membres élus pour un an au scrutin de liste et au vote secret par tous les citoyens, justifiant de la qualité d’artiste. Sur ces 47 membres, chaque spécialité se trouvait représentée. Il y avait 16 peintres, des sculpteurs, 5 architectes, 11 graveurs lithographes, des membres de l’art décoratif. La durée du mandat était d’un an, mais afin de laisser un élément de stabilité dans le comité, 15 membres choisis par le comité lui-même restaient deux ans en fonction. Pottier, emporté par l’enthousiasme, qualifiait ce comité de « gouvernement du monde des arts par les artistes ». Il faut dire qu’il lui assignait une triple vaste mission : 1- la conservation des trésors du passé ; 2- la mise en œuvre et en lumière de tous les éléments du présent ; 3- la régénération de l’avenir par l’enseignement.

Tous les monuments, galeries, collections et musées publics étaient placés sous la surveillance administrative du comité qui se chargeait d’en dresser les plans, inventaires, catalogues, de les mettre à la disposition du public, d’en signaler les réparations urgentes, d’en nommer ou révoquer les fonctionnaires. Le comité se proposait d’organiser des expositions nationales et internationales, n’admettant que des œuvres représentant des créations originales, repoussant toute exhibition mercantile « tendant à substituer le nom de l’éditeur ou du fabricant à celui du véritable créateur ». Il n’était pas prévu de récompense, mais la Commune devait répartir ses travaux ordinaires entre les artistes désignés par le suffrage universel des exposants. Les travaux extraordinaires étaient attribués à la suite d’un concours.

Le comité entendait surveiller l’enseignement du dessin et du modelage dans les écoles primaires et professionnelles communales. Il désirait favoriser l’introduction des « méthodes attrayantes » et désigner les sujets d’élite dont les études seraient complétées aux frais de la Commune. Enfin était envisagé la création d’un organe de la fédération : l’Officiel des arts, qui devait être soigneusement expurgé de toute trace mercantile. Pour résoudre les questions litigieuses, des arbitres étaient prévus et le comité s’engageait « par la reproduction populaire des chefs-d’œuvre », par l’image, par l’affiche, à concourir à la « régénération », à « l’inauguration du luxe communal », aux « splendeurs de l’avenir et à la république universelle ». C’était là un vaste et ambitieux programme dépassant évidemment de loin les possibilités de réalisation de la Commune.

Les élections à la commission fédérale eurent lieu au Louvre le 17 avril. La liste présentée par la Sociale, journal d’André Léo, passa tout entière. Gustave Courbet, le grand sculpteur Dalou et Boileau fils composèrent le bureau de la commission qui siégea désormais à « l’ex ministère des Beaux-Arts », rue de Rivoli. Elle collabora avec Vaillant, s’occupant entre autres de la réorganisation du musée du Louvre, proposant la suppression de l’emploi d’architectes au musée de Luxembourg comme inutile, faisant nommer André Gill, Glück et Chapuis comme conservateurs de ce même musée, prenant des dispositions pour l’orientation artistique de l’enseignement primaire…

La fédération artistique (art lyrique et dramatique)

Parallèlement au mouvement des artistes de l’art plastique se développa un mouvement des artistes de l’art lyrique et dramatique.

Une première réunion tenue à l’Alcazar, Faubourg-Poissonnière, le 10 avril, jeta les bases d’une fédération artistique, étant donné, dit le procès-verbal plutôt confus, « qu’au nom de la démocratie et de la fraternité il est bien d’appeler sous le même drapeau les membres d’une même famille ayant les mêmes goûts, les mêmes aspirations et liées en quelque sorte par des relations quotidiennes ». Cette première réunion nomma une commission exécutive provisoire composée des citoyens Paul Burani, auteur dramatique, président, Antonin Louis, secrétaire, Nicole et Fernand, assesseurs. Il est curieux de noter que le secrétaire de la fédération naissante deviendra plus tard le chansonnier de la réaction boulangiste, puis de la réaction nationaliste et en antidreyfusarde. Ce ne fut du reste qu’un secrétaire éphémère, puisque quelques jours plus tard les communications du groupement indiquent comme secrétaire Paul Burani. Il semble bien qu’il y eut des dissentiments entre les membres de la commission exécutive provisoire touchant l’orientation de la fédération. C’est du moins ce qui ressort non pas seulement du changement de bureau, mais d’une note de Burani annonçant que ses camarades s’étaient réunis le 16 avril sous la présidence du citoyen Pacra pour procéder à la « nomination des cadres » de la fédération et pour convoquer une nouvelle assemblée en vue de nommer une commission chargée d’élaborer les statuts d’une « fédération purement sociale ».

L’assemblée du 18 aboutit tout au moins à une résolution d’ordre pratique. Elle demanda à la Commune la libre disposition des salles de spectacles non occupées appartenant à la ville pour organiser des représentations au bénéfice des veuves, blessés, orphelins et nécessiteux de la garde nationale. Elle apportait le concours gratuit de ses membres et laissait à une commission que choisirait la Commune le soin de centraliser les recettes afin d’en répartir le produit entre les victimes des vingt arrondissements.

A la date du 22 avril, la Commune fit droit à la demande de la fédération artistique. Alors, le comité d’organisation des représentations de bienfaisance se mit à l’œuvre. Il précisa dans un communiqué quelles étaient ses vues et, pour inaugurer la série des représentations, il prépara une « grande solennité musicale et dramatique » pour le 7 mai, dans la vaste salle du Châtelet. Son effort ne s’arrêta pas là ; mais il est difficile de démêler, parmi les concerts et représentations dramatiques de bienfaisance donnés sous le patronage de la Commune, ce qui revient en propre à la fédération artistique de ce qui doit être attribué à d’autres initiatives.

Ce mouvement des artistes lyriques et dramatiques, quoique s’étayant sur une base moins solide que le mouvement des arts plastiques, méritait pourtant d’être signalé.

Efforts visant à l’éducation politique des masses

Dans le domaine de l’éducation politique des masses populaires, on note un effort systématique de la Commune afin d’éclairer la province. Cet effort, qui échut à la délégation aux relations extérieures, ne fut entrepris que fin avril, Pascal Grousset n’ayant pas compris à temps que la délégation devait être surtout un comité de propagande. Des émissaires furent envoyés dans les départements. Un manifeste aux paysans rédigés par André Léo, la future compagne de Benoît Malon, fut répandue en province à plus de 100 000 exemplaires.

Pour rehausser le niveau politique des travailleurs de Paris, on ne peut pas dire qu’il y eut un effort conscient et méthodique de la Commune. Ce qui a été fait dans ce sens par les clubs et les journaux doit être porté au compte de l’initiative individuelle ou collective. Toutefois en raison de son origine, de son caractère, des nécessités de la lutte révolutionnaire, la Commune prit un certain nombre de mesures d’ordre politique et social qui, porté à la connaissance des masses, ne furent pas sans influer sur leur mentalité. La Commune contribua ainsi, sous une forme démonstrative, indirectement, à l’éducation de la classe ouvrière.

Elle y contribua encore sous une forme plus directe par des appels et proclamations. Mais c’est surtout en profitant des grands événements, en utilisant ou en provoquant de puissantes manifestations de masse qu’elle donna au peuple de Paris la conscience de sa force et l’élan nécessaire au combat contre Versailles. A ce sujet, on peut dire que la Commune continua dignement la tradition révolutionnaire française.

Ce serait assurément sortir du cadre de cette étude que d’insister sur les grandes fêtes civiques de la Commune, mais il convient de les évoquer.

Le dimanche 28 mars, 200 000 Parisiens assistèrent à la proclamation solennelle du gouvernement issu de l’insurrection. Ce fut une journée d’enthousiasme débordant. « Jamais depuis la fédération de 1790, prétend Lissagaray, les entrailles de Paris ne furent aussi fortement secouées, »

Le 6 avril eurent lieu dans les grandes artères, pour l’édification de tout un peuple, les funérailles grandioses des premières victimes des versaillais. Benoît Malon estime qu’à la Bastille la foule recueillie s’élevait bien à 200 000 personnes.

Le 29 avril, le défilé imposant et solennel des 10 000 francs-maçons, revêtus de leurs insignes et portant leurs bannières, défilé habilement exploité par la Commune, ne fut pas sans frapper l’imagination populaire.

Enfin le 16 mai, aux applaudissements d’une foule immense, tombait la colonne Vendôme, symbole de la gloire et du carnage militariste.

Conclusion

Telle est dans ses grandes lignes l’œuvre de la Commune sur le plan culturel. Il nous reste à la résumer et à apprécier.

Au point de vue de l’enseignement primaire, Amédée Dunois a fort judicieusement noté : « si peu qu’il leur ait été donné de faire, les communards n’en sont pas moins entrés bien avant la démocratie bourgeoise dans la voie d’une réorganisation complète de l’enseignement du peuple. »

C’est là un fait indéniable : au milieu du tumulte de la poudre, la Commune a trouvé le moyen de fixer la quadruple base de l’enseignement populaire : obligation, gratuité, laïcité, instruction professionnelle. Elle a fait mieux : elle s’est employée à transformer tout de suite ces principes en réalité vivante. Au surplus, Jules Ferry, préfet de la Seine, dans une circulaire aux maires d’arrondissement datée de fin mai 1871, a reconnu formellement l’effort de laïcité de la Commune.

En période calme la démocratie bourgeoise devait mettre dix ans à reconnaître l’obligation et la gratuité de l’enseignement primaire. Elle devait laisser passer 15 ans avant de proclamer la laïcité de l’enseignement. Elle attendit 33 ans pour interdire l’enseignement aux congréganistes de tout ordre et de toute nature, tout au moins sur le papier. Aujourd’hui enfin, un siècle et demi après la Commune, nous sommes à même de juger que rien de sérieux n’a été fait pour associer l’atelier à l’école. Cette simple comparaison en dit assez long sur la « valeur réformatrice » de la démocratie bourgeoise et de la démocratie prolétarienne.

Au point de vue de la culture supérieure et du développement de l’art, l’étude serrée de la Commune détruit les légendes ineptes forgées par les versaillais.

Ces fédérés soi-disant « plus dévastateurs que les Goths, les Vandales et les Huns, plus barbares que les hordes d’Alaric, de Genséric et d’Attila », étaient les dignes citoyens de ce Paris où l’art et le génie ont rassemblé les plus éblouissantes merveilles. Ah ! Sans doute, il est facile de jouer sur les mots en portant au compte de la « barbarie ouvrière » les destructions qui sont le fait de la guerre impitoyable entre Versailles et Paris. Mais, heureusement, le journal officiel versaillais est là pour témoigner en faveur de la Commune. Il reconnaît qu’à part les bibliothèques du Louvre du Palais-Royal, dévorées par l’incendie consécutif à la bataille des rues, toutes les grandes bibliothèques parisiennes, le riche dépôt des archives nationales sont restées intactes. Il reconnaît également que tous les musées ont été respectés par les communaux. Parlant du Louvre il écrit : « nos beaux marbres, nos grandes toiles sont préservées. Nous n’avons rien perdu, absolument rien. » Parlant des autres musées, il dit : « le musée de Cluny étalera encore ses faïences, ses cristaux, ses armures, ses bijoux, ses meubles… Le Luxembourg nous rend intactes les toiles de l’école française contemporaine. Le musée de Sèvres, transporté dans Paris… a miraculeusement échappé aux communaux. Nous avons perdu les Gobelins, avec les magnifiques tapisseries qu’il contenait, mais les tapisseries de la couronne nous restent. »

Non seulement, comme on l’a vu par ailleurs, la Commune, malgré le péril et les difficultés de l’heure, s’occupa des bibliothèques, des musées et de l’enseignement supérieur, mais encouragea un mouvement artistique original qui laissa des traces profondes. On est frappé comme l’a remarqué Marquet de Vasselot de la similitude qui existe entre les statuts de la Société nationale des beaux-arts constitués en 1890 et ceux de la fédération de 1871. Lorsque le sous-secrétaire d’État Turquet, en 1880, créait la Société des artistes français, il adoptait une partie du programme tracé par Pothier, tout en réservant les droits de l’État en ce qui concerne le salon officiel.

Il faut marquer enfin fortement que l’art dramatique et la musique sous toutes ses formes ne cessèrent pas d’exercer leur action pendant la Commune. Dominant le bruit des canons, les musiques de divers bataillons de la garde nationale donnèrent des concerts dans les quartiers ouvriers. La tragédienne Agar « hurla » la Marseillaise, pour employer l’expression gracieuse du Figaro : Fernand Desaulnée fut applaudi dans Soit maudit Bonaparte ! Pièce de sa composition. Les citoyennes Amiati et Bordas continuèrent d’être chaleureusement bissées et le grand Opéra se mit à étudier l’Hymne à la Liberté de Gossec, qui n’avait pas été exécuté depuis 1793.

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