Aujourd’hui aurait pu être un grand jour pour le climat. Mais Emmanuel Macron et son gouvernement en ont décidé autrement. Depuis la publication du rapport des 150 de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) en juin 2020, jusqu’au vote définitif de la loi Climat et résilience à l’Assemblée nationale ce mardi 20 juillet 2021, la montagne a accouché d’une souris verte.
Fausses promesses, mépris du processus démocratique initié, manque d’ambition et de réalisme face à l’urgence climatique, voilà comment on pourrait résumer l’histoire de ce texte. Vous avez peut-être entendu Barbara Pompili, ministre de la Transition Écologique, répéter que cette loi fait “entrer l’écologie dans la vie des Français” ? Malheureusement, il s’agit plutôt d’un condensé de greenwashing, et le révélateur d’un quinquennat perdu pour le climat.
Le seul exploit de cette loi, c’est de faire l’unanimité de la société civile… contre elle, pour le climat. Au moment même où le vote définitif de la loi avait lieu à l’Assemblée nationale, nous avons rappelé les divers renoncements du gouvernement sur cette loi, aux côtés de plusieurs membres de la CCC et d’autres organisations de la société civile.
Nous venons aussi de publier sur notre site un article qui revient sur tout le processus qui a abouti à ce texte, les différentes étapes de son élaboration, depuis le projet de loi du gouvernement, en passant par l’Assemblée nationale et le Sénat, et qui propose aussi un décryptage des mesures par nos expert·es. Installez-vous devant votre écran, et prévoyez un bon quart d’heure pour nous lire. Et peut-être un peu plus si vous souhaitez creuser le sujet 😉
Par Évariste
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1) Premier tour des élections départementales et régionales en France : nouveau record battu du taux d’abstention lors d’élections générales ! L’abstention concerne plus des deux tiers des électeurs inscrits. Sans compter près de 10 % des Français non-inscrits sur les listes électorales. Il ne peut pas y avoir de peuple sans mobilisation sociale et mobilisation électorale. Nous sommes donc entrés dans une séquence de délégitimation démocratique de l’offre politique. C’est une séquence qui historiquement ne pourra pas durer autant que les impôts. D’ailleurs il est souvent question du consentement à l’impôt. Que vaut ce consentement quand, dans le meilleur des cas, le candidat arrivé en tête obtient à peine 12 % des inscrits en suffrages favorables ? Seul un renouveau démocratique instaurant une démocratie représentative associée à une importante démocratie directe pourrait transformer l’image négative de l’impôt en contribution au service de l’intérêt général humain, image positive pour un réel consentement citoyen.
2) C’est une véritable grève du vote qui vient d’avoir lieu. C’est la nouvelle conséquence électorale du mouvement des gilets jaunes dont les revendications de transformation sociale ont été soutenues par la majorité des Français, revendications qui n’ont pas été prises en compte par la majorité du « personnel » politique. La parenthèse ouverte par la pandémie due au Covid-19 qui, un temps, a mis les « derniers de cordée » au premier plan ainsi que la nécessité de retrouver une souveraineté industrielle, alimentaire et sanitaire semble se refermer.
3) Pire encore, une étude réalisée par Ipsos-Sopra Steria « Sociologie des électorats et profil des abstentionnistes » pour Radio France et France Télévisions, montre que plus on est jeune, plus on s’est abstenu. 87 % des 18/24 ans et 83 % des 25/34 ans ont boudé les urnes.
4) Si, on part du vote des sondés de l’élection présidentielle de 2017, ce sont les électeurs de Marine Le Pen qui se sont massivement abstenus (73 %), suivis de ceux de Jean-Luc Mélenchon (67 %) et de Nicolas Dupont-Aignan (67 %), de Macron (60 %), de Benoît Hamon (55 %) et François Fillon (44 %).
5) Sur le plan du niveau de diplômes, la proportion parmi les abstentionnistes de ceux qui ont le baccalauréat comme diplôme est de 72 %, ce qui signifie que dans la classe populaire ouvrière et employée (classe en soi qui représente la moitié de la population) les abstentionnistes sont légèrement plus nombreux encore, par rapport aux dernières consultations.
6) La sous-traitance au privé de l’acheminement des circulaires de présentation des candidats a entraîné des retards et des non-livraisons de ces circulaires aux électeurs.
7) Un autre aspect de ces élections invite à des réflexions : la création d’immenses régions regroupant artificiellement des départements qui culturellement, économiquement, historiquement… ont peu de liens a sans doute joué un rôle dans l’abstention comme l’expression d’un refus de cette nouvelle organisation territoriale qui apparaît comme complexe et illisible aux yeux du plus grand nombre et peu propice à une pratique citoyenne dans la définition des projets.
De plus songeons à la diversité des statuts : en Corse, en Alsace, sans compter les outre-mers, ou bien les métropoles créées uniquement pour des enjeux économiques et de concurrence européenne sans tenir compte de l’histoire institutionnelle de France.
Le gigantisme des régions arguait la réduction de la dépense publique comme à chaque fois qu’un gouvernement impose un redécoupage ou une nouvelle organisation des territoires des économies. Ce ne fut pas le cas. Pire, il s’accompagne de crispations identitaires qui fragilisent encore plus le caractère indivisible de notre République l’éloignant des notions de laïcité, de social et de démocratie pourtant inscrites dans la Constitution.
8) L’extrême droite autour du RN de Marine Le Pen subit une véritable défaite. Visiblement, le vote « militant » fasciste n’existe pas pour l’instant en France. Bref au niveau subjectif, le RN fait lui aussi partie de « l’établissement politique » rejeté par les Français. Le recul électoral par rapport à 2015 est notable. Cette constatation a pour conséquence « d’ouvrir » la situation politique, qui peut basculer très vite suivant les évènements et les mobilisations populaires. Tout est possible car il n’y a aujourd’hui ni rapport de force électoral, ni rapport de force social bien établi.
À suivre…
Nous continuerons dans Respublica la suite de cette étude la semaine prochaine sur l’état des organisations politiques à la sortie de cette séquence électorale. Puis, nous organiserons une visioconférence le mardi 29 juin à 18 h 30 pour débattre sur les conséquences de cette séquence électorale pour nos combats démocratiques, laïques, sociaux et écologiques et pour constituer un bloc historique avec la classe populaire ouvrière et employée.
Pour recevoir le lien de visionnage de cette visioconférence, la demander sur evariste@gaucherepublicaine.org ou reseaueducationpopulaire@gmail.com ou combatlaiquecombatsocial@gmail.com
La France est connue pour son centralisme. Cette notion est loin d’être vraie aujourd’hui, sauf dans deux domaines primordiaux : d’une part, la structure concentrée à l’extrême de son capitalisme monopoliste et parasitaire ; et d’autre part, sa haute administration dont les membres sont la plupart du temps des anciens élèves de l’ENA.
Or, le Président Macron, lui-même énarque, vient d’annoncer récemment la fin de cette prestigieuse école de l’administration. L’ENA a-t-elle effectué sa révolution complète au sens astronomique du terme ? Rappelons que dans ce domaine, faire une révolution ramène à son point de départ ! Certains diront plus simplement que l’ENA a fait son œuvre… a fait son temps. Après avoir contribué à la construction du capitalisme français des années 1950 aux années 1990, ce réservoir de compétences bureaucratiques a déconstruit méthodiquement la France industrielle depuis plus de vingt ans. Alors mission accomplie ?
A l’origine de l’ENA
Créée en octobre 1945 par le gouvernement provisoire du général de Gaulle, et sous l’autorité exécutive du vice-président du Conseil, Maurice Thorez, l’ENA se voulait la solution pragmatique, en particulier pour épurer la haute administration. Celle-ci avait servi de cheville ouvrière la plus servile à la collaboration de l’État français de Pétain avec les occupants nazis. Prenons un exemple de son efficacité pendant ces années noires : du conseil d’administration de la SNCF à la Police nationale créée en 1941, en passant par la justice, la pénitentiaire, l’administration préfectorale, entre autres, l’élite de cette administration fut l’exécutante zélée des rafles des juifs conduisant à leur extermination.
La naissance d’un nouveau conformisme d’État
Il fallait donc une école pour le « haut fonctionnaire nouveau », prélude peut-être pour Thorez à l’avènement d’un « homme nouveau » tout court ! En tous les cas, gaullistes et communistes étaient bien d’accord pour « cadrer » idéologiquement les nouveaux hauts fonctionnaires grâce à l’ENA. Ainsi, et c’est assez naturel lorsque l’on se trouve sur le terrain de l’administration d’État, un nouveau « conformisme administratif » était né. D’ailleurs, ce conformisme, érigé presque en éthique, fut la vertu cardinale de cette prestigieuse école d’application tout le long de ses 76 ans d’existence, avant sa disparition sous nos yeux.
Ils sont peu présents aux postes stratégiques de commande administrative à la fin des années 1940 et au début des années 1950, car encore cantonnés aux échelons intermédiaires. L’arrivée au pouvoir du général de Gaulle en 1958 coïncidera avec leur envol. C’est la génération des Chevènement (inventeur du terme énarque), des Rocard et de bien d’autres, de toutes tendances politiques ou sans appartenance à un parti.
L’ENA au temps du gaullisme
Les premiers énarques des promotions d’après-guerre arrivent en milieu de carrière à la fin des années 1950 dans une période gaulliste, technocratique en diable, par essence politique pourrait-on dire. En effet, la nouvelle constitution liquidant pratiquement la République parlementaire et imposant un pouvoir fort présidentiel, est parfaitement compatible avec le développement d’une technocratie hégémonique. Bref, l’exécutif commandait l’administration directement sans s’encombrer de la « politicaille » parlementaire. Une légende a encore la vie dure aujourd’hui : les années de Gaulle auraient permis le décollage économique d’après-guerre… C’est faux ! La période de la IVe République, malgré son instabilité politique certaine, a connu une très forte croissance malgré le coût financier et humain des guerres coloniales. Sur le plan de la restauration des forces productives, elle a mené son œuvre de manière finalement assez brillante, pensons à la reconstruction des villes bombardées. Citons trois exemples au croisement de l’administratif, de l’innovation et du développement industriel : la création d’EDF, celle du Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA), ou encore la création du Commissariat général au plan.
Mais il est vrai que ces énarques d’après-guerre vont structurer la haute administration, des années 1960 aux années 1980, sans démocratie trop intrusive comme le contrôle parlementaire par exemple, ne rendant compte qu’au gouvernement, lui-même sous l’autorité réelle et draconienne de la présidence de la République. En fait, sous de Gaulle, Pompidou et Giscard, la France fut gouvernée par un pouvoir politico- administratif autoritaire. Les énarques ne sortiront jamais de ce « conformisme administratif » anti-démocratique. Ils prennent le pli de considérer les citoyens comme incompétents et ignares par nature, d’une manière au mieux condescendante et, pour beaucoup d’entre eux, carrément arrogante !
Un effet accélérateur indéniable
Au service d’un pouvoir politique présidentiel tout puissant, les énarques ont servi fidèlement et sans états d’âme. Il est certain que sur le plan de l’urbanisme, des infrastructures, de l’aménagement du territoire, de l’énergie et des télécommunications, la concentration du pouvoir administratif aux mains de quelques centaines de fonctionnaires formés de la même manière et constituant un même réseau homogène « parlant la même langue » a eu un effet accélérateur indéniable pour la France. Couvrir le pays de centrales nucléaires, d’autoroutes, de lignes TGV ou de centraux téléphoniques a nécessité certes des ingénieurs extrêmement compétents, mais aussi des fonctionnaires en missions de « facilitateurs » de haute qualité.
Le « conformisme administratif » d’obéissance sous la gauche
Cette réalité traversa les décennies et ne fut que peu perturbée par le changement politique majeur de l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand en 1981. Le « conformisme administratif » d’obéissance fit encore son office. Contrairement aux périodes du Front Populaire en 1936 ou, avant encore, à celle du cartel des gauches en 1924, la haute administration ne déclencha pas une sourde résistance, même entre 1981 et 1983, lorsque le programme électoral du candidat Mitterrand fut en partie mis en œuvre, avec en particulier une vague de nationalisations. Les énarques « de gauche » réseautaient avec leurs camarades de promotion de droite… et la chose, c’est-à-dire la neutralité de la fonction administrative, fut entendue !
La révolution culturelle des énarques
Tout allait pourtant changer progressivement au cours de la fin des années 1980 et 1990. Du « tournant de la rigueur » en 1983 et passant par la « cohabitation Mitterrand-Chirac » de 1986, pour aboutir au triomphe de l’idéologie de l’entreprise à la sauce un peu « canaille » de Bernard Tapie sous le gouvernement de Pierre Bérégovoy, les énarques durent faire leur révolution culturelle… Et quoi de pire pour un pays que des hauts fonctionnaires d’État se prenant pour des chefs d’entreprises ? En fait, l’idéologie du « service de l’État » fut progressivement vidée de toute substance, au profit… du profit privé justement. Le moment charnière de cette évolution est certainement celui des reprivatisations sous l’égide d’Edouard Balladur entre 1986 et 1988, autour de noyaux durs de la haute finance française. Orphelins idéologiques, les énarques allaient retrouver un rôle : faciliter la symbiose entre l’État et les intérêts financiers des monopoles privés autour du secteur bancaire. Encore une fois sans état d’âme et avec le conformisme qui les caractérisent depuis la fondation de l’école, les anciens élèves de cette école d’application vont adopter les mœurs, le langage, les objectifs et les méthodes « managériales » du capitalisme financier triomphant.
Or, au tournant des années 1990-2000, la finance française opte pour une nouvelle stratégie : l’intégration progressive et complète dans la sphère financière anglo-saxonne. Contrairement à l’Allemagne, par exemple, qui dispose d’une industrie puissante et donc d’un pouvoir industriel fort, la « banque-assurance » hexagonale va jouer à fond la liquidation industrielle à l’instar du Royaume-Uni mais surtout des USA et de sa célèbre « ceinture de rouille », ces milliers de kilomètres carrés de territoires où les usines ont été brutalement fermées. Le transfert de la création de valeur en Asie, particulièrement en Chine, devint donc la nouvelle loi d’airain.
En première ligne de la liquidation industrielle
Pour ce travail de liquidation industrielle, les énarques montèrent en première ligne. Sous la présidence de Chirac, entre 1995 et 2007, la France a connu un déferlement « d’investissement direct étranger » (IDE)… dont d’ailleurs le gouvernement de l’époque se vantait comme preuve de sa réussite. En fait, des centaines de grosses PME furent rachetées, siphonnées de leurs brevets et de leur savoir-faire, puis démantelées… et bien sûr leurs productions délocalisées en Asie ou dans d’autres régions à bas coût de main d’œuvre. Les énarques intégrèrent progressivement ces structures financières et leurs connaissances du « terrain » administratif dans les régions montra toute son efficacité.
Par ailleurs, et surtout à partir de la crise de 2007-2008, ils excellèrent dans une autre mission : la liquidation progressive des services publics. Dans les domaines de la santé, des transports, de l’armée, du trésor, des télécoms par ailleurs privatisés au fil des années, et même de l’éducation nationale, la logique du « dégraissage » et de la fermeture de postes ou d’antennes fut la règle absolue, en particulier dans les villes moyennes.
Construire un CV de « syndic liquidateur ».
Ainsi, à partir des années 2000, pour « faire carrière », élément existentiel suprême pour un haut fonctionnaire, il fallait construire un CV de « syndic liquidateur ». La « déconstruction » industrielle de notre pays fut presque aussi rapide que sa construction, une vingtaine d’années tout au plus.
Le Graal au niveau de ladite carrière d’un énarque fut dans cette dernière phase l’intégration dans les directions des « fusions-acquisitions » des groupes financiers et bancaires. La prise de pouvoir, après une sorte de big bang politique d’Emmanuel Macron en est l’expression presque caricaturale. Jeune énarque, ne disposant pour toute expérience professionnelle que de deux ans et demi dans l’équipe de direction des fusions-acquisitions du groupe Rothschild, il incarne la success story et l’exemple à suivre pour toute la nouvelle génération des hauts fonctionnaires issus de l’école d’application de Strasbourg.
Et le « syndic liquidateur » en chef liquida… l’ENA
Après ce paroxysme éclatant, cette caste de l’ENA a-t-elle encore un sens en 2021? En fait, non. Le « capitalisme tardif », comme diraient les philosophes de l’école de Francfort, se veut aujourd’hui fluide, sans contrainte et imprévisible. Pour le capitalisme mondialisé, l’État français et son « service » ont-ils même encore un sens à l’époque de l’Internet, des crypto-monnaies ou des GAFAM ? Macron, l’énarque « bon élève » en a tenu compte et a tiré la conséquence qui s’impose. Le « syndic liquidateur » en chef, tel un reptile autophage, a liquidé… l’ENA ! Ainsi, plus rien n’étant à construire ou à démolir, il a fermé le ban… Le président de la République a donc décidé de jeter cet appareillage idéologique de formation et de « conformisme administratif » aux poubelles de l’histoire.
La gauche du système et la gauche de la gauche participent à leur propre éloignement des avant-postes de la lutte des classes. En cette période de crise larvée de longue durée, la perspective d’une gauche de gauche (selon le concept forgé par notre camarade économiste feu Michel Zerbato), seule à même de pouvoir construire un bloc historique majoritaire – menant concomitamment la lutte des classes et la bataille pour une nouvelle hégémonie culturelle -, a du mal à éclore.
Voilà pourquoi, malgré ici la résistance syndicale locale, et là le développement des mouvements sociaux (gilets jaunes, luttes locales victorieuses, noyaux militants engagés dans une nouvelle praxis, etc.), ce sont les forces liées à nos deux formes actuelles du capitalisme, le néo et l’ordo-libéralisme, qui se déploient en dirigeant seules l’agenda politique de la séquence.
Le bal est mené par la « bande des trois » : l’extrême centre macroniste (selon le concept forgé par l’historien Pierre Serna), la droite installée et l’extrême droite. Ils réussissent à masquer la contradiction principale de la période grâce à la surexposition des contradictions secondaires orchestrée par un contrôle médiatique presque total. Trois événements récents structurent le propos que nous tenons.
Le premier est le traitement médiatique de la préparation de la présidentielle, élection centrale du système institutionnel capitaliste français.
La deuxième est le détournement du principe de laïcité par la « bande des trois ».
Le troisième est l’organisation d’un acte séditieux militaro-policier par l’extrême droite.
Préparation de la présidentielle
La tentative d’une union de la gauche sans contenu proactif en évacuant toutes les questions principielles posées par les classes populaires (primat de la question sociale et de la mobilisation de la classe populaire, liaison du combat laïque et du combat social pour fédérer le peuple, causes et traitement des injustices sociales et des politiques anti-populaires, etc.) – à quoi s’ajoute la course pour savoir qui sera le premier d’une gauche largement minoritaire à être éliminé dès le premier tour… – n’est pas propice à une mobilisation populaire, qu’elle soit sociale ou électorale.
Même la gauche de la gauche est tentée par les pensées magiques perdantes : homme ou femme providentiel, revenu universel inconditionnel sans toucher aux rapports sociaux de production et sans tenir compte des réalités anthropologiques et monétaires, sortie des énergies fossiles et nucléaire d’ici 2030 alors que même Négawatt postule 2050, racialisation de la question sociale, priorisation des questions de race et de genre par rapport aux questions laïques, sociales et écologiques, néoféminisme contre féminisme républicain, racialisme contre lutte antiraciste, maintien du tabou de la propriété lucrative contre la propriété d’usage, abandon d’une politique d’immigration et de nationalité républicaine et sociale, acceptation de tomber de Charybde en Scylla plutôt que transition énergétique, acceptation d’un recul démocratique avec le remplacement de l’élection populaire au suffrage universel par le tirage au sort et par la prolifération des pratiques anti-démocratiques au sein des organisations syndicales et politiques de gauche, écriture « inclusive » contre langue française populaire, essentialisme et universel formel vs. universel concret, seul antidote au désastre qui s’annonce, etc.
Des Etats généraux de la laïcité au service de l’extrême centre
Alors que les gauches deviennent de plus en plus ouvertes et complaisantes aux thèses des adversaires de la laïcité (qui sont les mêmes que les adversaires des conquis sociaux !), la « bande des trois » tente de renforcer son hégémonie culturelle en changeant, chacun à sa façon, la définition du principe de laïcité. Ainsi, le débat médiatique se situant uniquement entre eux trois, les gauches néolibérales, essentialistes ou soi-disant radicales sont sommées de choisir l’une de leurs définitions !
Ces États généraux de la laïcité sont donc engagés par Marlène Schiappa avec les « solutions » uniquement sécuritaires de la droite installée et les politiques implicites de l’extrême droite. Et ce n’est pas l’excellente intervention philosophique d’Henri Pena-Ruiz que nous saluons, une fois de plus, qui changera le devenir de ces Etats généraux au service de l’extrême centre macroniste.
Le ballet de la « bande des trois » utilise tour à tour l’essentialisme, l’universel purement formel et une forme de solipsisme (1). Malheureusement, les organisations syndicales et politiques de la gauche soi-disant radicale restent malgré tout en partie influencées par les formes de l’idéologie dominante en matière de laïcité que l’on vient de décrire. Voilà pourquoi il nous faut entreprendre une campagne pour une nouvelle hégémonie culturelle qui refuse les trois faux amis de l’idéologie dominante que sont l’essentialisme, l’universel formel et sur la segmentation solipsiste.
Nous devons promouvoir un universalisme concret qui globalise l’ensemble de la question laïque au sein d’une politique holiste incluant questions démocratiques, sociales et écologiques.
Qui n’a compris que la loi de 1905, insérée dans l’actuel droit positif français, ne permet plus de respecter ses deux premiers articles à cause de la hiérarchie des normes et de la prééminence du dernier texte voté face à un texte plus ancien ? D’où le foisonnement des financements publics des structures religieuses de toute nature par tous les partis participant à un exécutif local ou national.
Qui n’a compris que les liens du néolibéralisme avec les communautarismes intégristes de toute nature emportent comme un tsunami les idéalismes ?
Un acte pré-séditieux
Et voici que sort la tribune du 14 avril sur https://www.place-armes.fr/post/lettre-ouverte-a-nos-gouvernants. Tribune peu lue au départ par les militants, plus prompts à se contenter de commentaires dans la presse médiatique et militante. Un millier de signatures avant publication, 8 400 à l’heure où est écrit ce texte… Il y faut du temps et de l’organisation. Signature de retraités pour cause de protection. Mais signatures allant de généraux de corps d’armée jusqu’à la troupe (jusqu’à des deuxièmes classes). Mais pas seulement : des gendarmes (militaires), mais aussi des majors de la police nationale (les médias dominants ont du mal à lire jusqu’au bout).
Percée médiatique le jour de sa publication – qu’on ne peut juger innocente – par Valeurs actuelles à la date symbolique du 21 avril pour le 60e anniversaire du putsch d’Alger ! Les deux derniers paragraphes prévoyant « l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national » et se terminant par « On le voit, il n’est plus temps de tergiverser sinon, demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers. »
Première réaction : celle de Marine Le Pen le 23 avril saluant « le courage » des auteurs en les appelant à la rejoindre. Le lendemain, un communiqué du site Place d’Armes récuse ce « racolage pour des objectifs électoraux ». Il faut attendre le 25 avril au soir pour avoir droit à une réaction minimale et gênée de la ministre des Armées jugeant ce texte « irresponsable » ! La droite installée regardant ailleurs et minimisant l’événement. Macron surfe sur les perspectives de déconfinement alors que la France a l’un des taux d’incidence de la syndémie les plus forts de l’OCDE… Pas une procédure, pas de mission d’enquête d’ampleur lancée par l’exécutif envers les signataires de cette tribune factieuse ! Voilà où nous mènent tous ceux qui ont détruit la conscription militaire du contingent. (2) Jaurès reviens !
Amis et camarades, formez des noyaux militants, partout sur le territoire national, pour engager des débats argumentés sur cette crise politique paroxystique en développement. Sortez du conformisme qui nous fait reculer sur tous les plans, pour faire la lumière sur le réel, travailler à l’émergence d’un bloc historique majoritaire, pour la future république sociale ! Hasta la victoria siempre !
Notes de bas de page
(1) « Conception selon laquelle le moi, avec ses sensations et ses sentiments, constitue la seule réalité existante dont on soit sûr », selon Larousse, cette attitude d’extrême idéalisme empêche de concevoir le réel du monde et est incompatible avec une praxis laïque, sociale et globale.
(2) La CGT note que même le Conseil supérieur de la réserve militaire ne se réunit plus à la fréquence habituelle
Sous l'égide de Philippe Bas, alors président du Conseil départemental, les élus de la majorité se sont engagés de maniéré dérisoire et absurde, afin obtenir que les bénéficiaires du RSA (en 2020 pour une personne seule 565,34 euros par mois !) ne le soient plus en raison de leur épargne.
Fort heureusement, saisis pour contester cette décision, les tribunaux, ont débouté le Conseil Départemental. Pour mémoire rappelons combien un Sénateur, comme Philippe Bas, a touché d’indemnités en 2017 :
Indemnité parlementaire 5046,81 euros net par mois, indemnité représentative de frais de mandat 6109,89 euros par mois (total égal à 20 fois le RSA !),
à cela s'ajoute les indemnités perçues comme élu local et diverses activités d'enseignement.
Soulignons également que la fortune de Bernard Arnaud (LVMH) est estimée à 125,2 milliards d'euros et celle de Françoise Bettencourt (L’Oréal) à 61,4 milliards ! Quand on sait également ce que sont les "affaires" opaques qui minent le Conseil départemental de la Manche, et ont conduit à un gaspillage éhonté d'argent public, on ne peut qu'être scandalisé par cette chasse contre les plus pauvres confrontés à l'incertitude du lendemain, au sentiment d'abandon, aux peurs et aux angoisses.
Concernant la fraude aux prestations sociales c'est haro et suspicion sur ceux-là, alors que des trésors de mansuétude s'appliquent s’agissant de l'argent public distribué sans contrôle aux entreprises (140 milliards en 2018) . De plus, nous sommes dans un contexte où l'épargne est très au-dessus de la normale pour les plus aisés et en dessous pour les autres.
Les élus départementaux devraient se souvenir que plus une société, au service des intérêts des grands groupes, des banques et des multinationales, est inégalitaire plus elle est malade. Elle tirerait bénéfice à être plus égalitaire grâce à un modèle fiscal et social plus juste.
Face à des élus qui manifestent leur volonté acharnée d'exclure les plus précaires, contraints d'épargner face aux aléas de la vie, les électeurs ne devront pas avoir la mémoire courte lors des prochaines élections départementales.
Pour instaurer des règles de salubrité démocratiques et imposer le renouvellement du paysage politique Manchois, dominé depuis toujours par quelques hiérarques comme Philippe Bas, le "dégagisme" est la seule solution.
A Saint-Lô le 27 avril 2012
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Commentaire:
Et si on déterminait le montant des indemnités des élus en fonction de leur épargne perso?
Un petit rappel qui s'impose: Montant des dividendes que les entreprises du CAC 40 s'apprêtent à verser à leurs actionnaires en 2021 : 51 milliards d'euros au total soit 22% de plus que l'an dernier.
A signaler que ce même Philippe Bas sera candidat aux prochaines départementales de juin (avec Martine Lemoine) dans le canton de Villedieu. Et si les électeurs les renvoyaient à leurs très chères études? Autrement dit: Du balai!
De curieuses dépenses de communication autour d’événements alimentent des soupçons de favoritisme au sein du département de la Manche. L’ex-patron de la collectivité, le sénateur LR Philippe Bas, dit n’avoir jamais été informé du moindre problème.
On se souvient du sénateur Philippe Bas, rigoureux et incisif, pour conduire les auditions de la commission sur l’affaire Benalla et pointer les failles de la présidence de la République. On s’interroge: l’élu Les Républicains (LR) a-t-il la même poigne quand il s’agit de regarder les dysfonctionnements d’une collectivité qu’il a dirigée?
Le département de la Manche, que Philippe Bas a présidé de 2016 à 2017 avant de laisser sa place, fin du cumul des mandats oblige, à Marc Lefèvre, est en effet traversé par une affaire de favoritisme présumé qui se serait étalée sur plusieurs années.
Partie d’un signalement du référent déontologue de la fonction publique de la Manche l’été dernier, une enquête judiciaire diligentée par le parquet de Coutances épluche les prestations de communication offertes, depuis 2013, par le département à plusieurs organisateurs d’événements culturels et sportifs.
Des fonctionnaires avaient dénoncé au déontologue la mise à disposition, de 2013 à 2020, de moyens publics au profit d’acteurs privés, de manière discrétionnaire et sans le vote des élus du département. Deux vice-présidents de la collectivité, l’un chargé des finances, l’autre de l’administration et de la commande publique, s’étaient aussi étonnés de ces dépenses engagées sans cadre légal, selon eux.
Le déclenchement de l’affaire en août 2020 a provoqué des remous, plusieurs cadres administratifs ou membres du cabinet de la présidence ayant depuis été poussés vers la sortie à la suite d’un audit interne lancé, concomitamment à l’ouverture de l’enquête judiciaire, par le président Marc Lefèvre.
Questionné par Mediapart, ce dernier n’a pas souhaité répondre à nos questions, qui portaient notamment sur les alertes internes qui ont été ignorées avant que la justice ne se saisisse du dossier. Dans Ouest-France, qui a suivi l’affaire après les révélationsduPoulpe, M. Lefèvre a déclaré qu’il ressortait de l’audit interne que sa collectivité faisait «parfois» face à «une difficulté d’appréciation entre le marché public et la subvention, même si, pour ce qui nous concerne, tout a été payé en bonne et due forme». «Peut-être des services ont-ils continué dans leurs habitudes sans prendre en compte l’évolution de la réglementation», euphémisait-il aussi, en ajoutant tout de même qu’il «faudra s’adapter même si la question du soutien apporté à certains événements se posera peut-être».
Son prédécesseur Philippe Bas, aujourd’hui premier questeur du Sénat, indique pour sa part qu’il n’a jamais été informé du moindre problème au sujet du financement des événements. « Il tient à vous faire savoir de la manière la plus formelle qu’il n’a jamais reçu d’alertes internes ni été saisi d’éventuelles difficultés quant aux modalités de mise en œuvre des actions que vous évoquez, lorsqu’il était président du Conseil départemental», nous a répondu son équipe.
Les soupçons des enquêteurs de la police judiciaire de Caen portent notamment sur la prise en charge par le département de prestations pour l’organisation des Roses de la Manche (ex-Demoiselles de la Manche), une course caritative contre le cancer du sein organisée par une société privée, ou encore du festival de musique Via Aeterna, créé par le groupe de presse Bayard avec le soutien de Philippe Bas en 2017. «Nous en sommes au stade des vérifications», commente prudemment le procureur de la République de Coutances, Cyril Lacombe. La chambre régionale des comptes a également été saisie.
Deux ans après le lancement de Via Aeterna, le groupe Bayard avait d’ailleurs lui-même tiqué sur les aides apportées par le département, en dehors de toute délibération. Si une convention annuelle, dûment votée par les élus, fixait une subvention de 150000euros au festival, le département communication de la collectivité a aussi engagé, en 2017 comme en 2018, 90000euros dans l’achat d’encarts publicitaires dans des titres du groupe Bayard, organisateur de l’événement.
Ce montage a mis dans l’embarras le groupe de presse. Le 14juin 2019, dans un mail consulté par Mediapart, l’ancienne trésorière de l’association créée par Bayard pour porter l’organisation du festival alertait la directrice de la communication du département sur les risques posés par l’achat, pour 75000 euros cette année-là, d’encarts dans les titres du groupe.
Le message est alors sans ambiguïté: il «sera très difficile, voire impossible de justifier une nouvelle fois une facture entre l’association Via Aeterna et Bayard Presse pour récupérer ces 75000 euros dans les comptes de l’association», explique-t-elle dans son mail. La trésorière confirme dans la suite de son message que l’association procédait ainsi les années précédentes: «Notre CAC [commissaire aux comptes – ndlr], qui s’occupe également des comptes de Bayard Presse, a bien voulu nous accorder cela en 2018 mais cette opération ne passera plus dans le futur, c’est certain.»
Face à l’impossibilité de procéder de la même manière pour l’édition 2019, le département a finalement décidé, en guise de compensation, de faire voter une subvention complémentaire équivalente (70000euros) en octobre 2019. «Nous avons considéré que, pour la bonne forme, le mieux était que l’argent soit versé dans la même enveloppe [par le biais de subventions – ndlr]», confirme Éric de Kermel, directeur délégué de Bayard, tout en insistant sur le fait que les encarts payés en 2017 et 2018 par le département étaient bien réels, et pas un moyen détourné de verser de l’argent au groupe de presse.
Pour les Roses de la Manche, événement organisé par une société privée, le département a dépensé entre 2013 et 2019 de 22000euros à 39000euros, selon les documents consultés. «La lettre de mission que je recevais du président du conseil départemental mentionnait l’ensemble des prestations (soumises à TVA) que nous devions effectuer», explique Tony Mogis, organisateur de l’événement. D’autres prestations (l’impression de documents ou la réalisation de visuels) étaient directement réalisées par le département, sans facturation à l’organisateur et sans délibération des élus.
Comment cela était-il validé au sein de la collectivité? Marc Lefèvre n’a pas répondu à cette question non plus. Les enquêteurs s’intéressent pour leur part à la relation entre M. Mogis et l’ancien directeur de cabinet du président du département. Des échanges sur les réseaux sociaux montrent une grande proximité entre les deux hommes, qui se tutoient et échangent ensemble sur des sujets sans lien avec leur travail.
«Ce sont des relations professionnelles. Il se trouve qu’il a œuvré 20 ans au Mans [d’où M. Mogis est originaire – ndlr]. Nous étions amenés à nous côtoyer professionnellement chaque année. Nous ne partons pas en vacances ensemble, ni ne partageons de moment en dehors du travail », rétorque M. Mogis.
Le président Lefèvre est allé dans le même sens dans Ouest-France : « Quand les Demoiselles de la Manche ont été créées il y a six ans, on n’a pas trouvé d’association ou de prestataire localement. Le directeur de cabinet a pu proposer un partenaire qu’il connaissait. Mais rien ne prouve qu’il y a eu un arrangement ou un copinage. »
Si vous avez des informations à nous communiquer, vous pouvez nous contacter à l’adresse enquete@mediapart.fr. Si vous souhaitez adresser des documents en passant par une plateforme hautement sécurisée, vous pouvez vous connecter au site frenchleaks.fr.
Un message de l'APPG, Association pour la promotion des ports de Granville, qui lance une pétition avec le Collectif de défense des axes ferroviaires Sud Normandie pour préserver la voie ferrée qui relie le port de Granville à la gare SNCF.
Bonsoir,
Je vous adresse une pétition qui pour notre association est un enjeu
majeur. Il s'agit de la conservation de la voie ferrée portuaire dans
l'emprise du Val ès Fleurs. Cette voie est aujourd'hui propriété de la
ville de Granville qui veut retirer les rails pour en faire une voie
douce pour vélos et piétons. En bois et en béton de 22 cm d'épaisseur,
large de 6 mètres, elle est destinée à relier le centre-ville à une voirie
routière (route de Donville à la gare)! Outre la largeur démesurée du
projet, l'espace disponible dans les emprises des voiries existantes de
ce poumon vert de la ville sont déjà largement suffisantes pour
l'accueillir sans en créer de nouvelles.
C'est l'action de la dernière chance pour infléchir une décision qui
obérera définitivement l'avenir portuaire et le transport de fret
maritime. L'Association pour la promotion des ports de Granville et
le Collectif citoyen de défense des lignes Paris-Granville, Caen-Tours
et Caen-Rennes se battent pour la conservation de cette voie ferroviaire
qui a été désaffectée par un choix politique qui ne se projette pas dans
l'avenir.
Si vous soutenez notre action, merci de signer et faire signer cette
pétition, nous avons besoin du plus grand nombre possible.
Nous comptons sur vous tous, en quelques heures nous sommes déjà près
d'une centaine.
André
Monsieur le Maire, n’arrachez pas la voie ferrée maritime de Granville.
Tous, nous pourrions le regretter dans un avenir pas si lointain.
Arracher la plateforme ferroviaire qui relie le port au réseau ferré national est un quadruple non-sens :
C’est un non-sens écologique car se priver de cette infrastructure, c’est se priver d’un moyen de desserrer à terme l’emprise des voitures sur la ville en installant des trams ou des tram-trains qui relieraient en outre le centre de Granville à Avranches, Pontorson, voire le Mont-Saint-Michel. La circulation de piétons, de vélos, de navettes et de trains est tout à fait possible sur l’emprise actuelle. Au dire de plusieurs experts, l’aménagement de cette voie douce peut se faire sans qu’il soit besoin d’arracher la voie ferrée, qui peut supporter le passage d’un train à 30 km/h.
C’est un non-sens programmatique car les esquisses des travaux montrent une logique déjà dépassée : on prévoit une voirie dessinée aux normes autoroutières, adaptée à des camions semi-remorques, alors qu’il s’agit de vélos, de poussettes et de piétons. Il est nécessaire, au contraire, de s’inscrire dans une nouvelle logique d’ensemble, à l’échelle du territoire granvillais, des déplacements et des transports à la fois plus soucieuse du climat et plus ouverte aux évolutions techniques futures.
C’est un non-sens économique car il est vrai qu’il rend le centre-ville de Granville plus amène, plus joli, profite aux Granvillais. Mais ce projet vise à l’évidence d’abord le tourisme. La situation actuelle montre bien toute la fragilité d’une économie basée sur cette seule activité. Au contraire, garder la possibilité d’une connexion ferroviaire sur l’ensemble du bassin de vie, c’est favoriser à terme la diversité et la solidité de l’économie du territoire granvillais.
C’est un non-sens financier car les travaux prévus sont semble-t-il de l’ordre de plus de 2 millions d’euros. On fait valoir que des subventions venant du Plan Vélo et Mobilités Actives abaisseront la charge financière de la ville. Sans doute, mais les budgets, que ce soient ceux de la ville, du Département ou du Plan vélo, proviennent tous et toujours des impôts et taxes payés par les contribuables. Comme il semble facile d’être généreux avec l’argent des autres !
Dessinons ensemble une voie douce au bénéfice de tous.
Association pour la promotion des ports de Granville,
Collectif citoyen de défense des lignes Paris-Granville, Caen-Tours et Caen-Rennes
L’école maternelle représente un échelon fondamental pour favoriser l’« égalité des chances », pour que l’école publique, l’école de toutes et tous repose sur le principe du « tous et toutes capables ». Une politique scolaire qui se fixe pour objectif de combattre les inégalités, de favoriser la réussite de toutes et tous est beaucoup plus efficace quand elle est menée dès le plus jeune âge. Prendre des mesures plus tard, à la fin de l’élémentaire ou au collège, est souvent inopérant et, dans tous les cas, beaucoup plus lourd en termes d’investissement humain pour des résultats trop souvent peu concluants. La dernière note du CSP commandée par le ministre tourne le dos à ces objectifs tout en détournant l’école maternelle de ses missions spécifiques et en faisant un appendice de l’école élémentaire.
Les objectifs prioritaires des débuts de la scolarité sont de donner envie aux enfants de fréquenter l’école, d’assurer leur épanouissement, de créer les conditions afin qu’ils adoptent les attitudes qui leur permettent de devenir des élèves et de leur apprendre à parler en utilisant une syntaxe complexe.
Scolarité obligatoire dès 3 ans : une décision qui masque un recul de ce qui fait ou faisait l’excellence de l’école maternelle française mondialement reconnue
À partir d’une décision qui marque un progrès à relativiser puisque déjà 97 % d’une classe d’âge fréquentait l’école maternelle, le ministre Jean-Michel Blanquer en profite pour imposer une régression et dans le domaine pédagogique et sur la question des finalités de cette école. En instituant une sorte de conseil réduit à quelques neuroscientifiques et experts par lui désignés donc proches de ses convictions excluant les professionnels que sont les enseignants et enseignantes en exercice, il démolit ce qui longtemps a fait la fierté de notre école hors des frontières. Ajoutons à cela que cette mesure d’instruction obligatoire dès 3 ans renforce l’école privée que les collectivités territoriales seront obligées de financer favorisant ainsi le séparatisme scolaire, l’entre-soi des catégories les plus aisées de la population et la concurrence aux dépens de l’école publique.
Une obsession régressive des évaluations-tests aux dépens de la culture générale
L’orientation que le ministre tente de mettre en œuvre est de transformer l’école maternelle en une école préparant aux tests mathématiques-français et de pratiquer du bachotage pour obtenir de bons résultats aux évaluations des performances ciblées. Ce faisant, ils poussent les acteurs éducatifs à abandonner ou tout au moins à consacrer moins de temps aux autres apprentissages tout aussi importants.
l'école vue par Blanquer
L’expérience du Royaume-Uni devrait nous interpeller. Il y a quelques années des évaluations dans quelques domaines jugés essentiels étaient imposées. En fonction des résultats, les écoles percevaient plus ou moins de subventions. Le résultat, au bout de quelques temps, a été que si les élèves parvenaient à des niveaux corrects dans les domaines évalués, ils étaient d’un niveau faible dans les domaines comme la littérature, l’histoire, la culture en général… Depuis, les responsables britanniques ont fait machine arrière faisant le constat de l’inefficacité d’une telle politique car les enfants et l’éducation ne peuvent être réduits à des machines, à un produit marchand.
L’école maternelle : une école à part entière avec des pédagogies adaptées
L’école maternelle, de même que les premières années de l’école élémentaire, est un moment crucial pour aplanir les inégalités sociales qui entraînent de fortes inégalités scolaires. Pour cela, l’école maternelle ne doit pas se limiter aux « fondamentaux » et se contenter d’être l’antichambre de l’école élémentaire.
Dès 1881, l’inspectrice générale Pauline Kergomard définissait l’école maternelle comme n’étant « ni caserne, ni petite Sorbonne, ni garderie, ni école élémentaire » et sur le plan pédagogique avançait l’idée que « le jeu c’est le travail de l’enfant, c’est son métier, c’est sa vie ». Depuis le débat fait « rage » entre les partisans qui considèrent la maternelle comme une simple garderie et ceux la voyant comme préparant aux apprentissages de l’école élémentaire.
En 2008 sont promulgués des programmes directifs tournant le dos à la prise en compte des spécificités dues à l’âge des élèves accueillis. En 2015, les programmes permettent de penser l’école maternelle comme une école qui s’adapte aux jeunes enfants et organisent des modalités spécifiques d’apprentissage :
apprendre en jouant, en réfléchissant,
apprendre en résolvant des problèmes,
apprendre en s’exerçant,
apprendre en se remémorant et en mémorisant,
apprendre en parlant pour aller vers un langage de plus en plus complexe, complexité indispensable pour appréhender dans de bonnes conditions l’acquisition d’une lecture aisée et efficace.
Mettre en contact avec un langage adulte élaboré et faire parler
Les dédoublements se font trop souvent au détriment des autres classes. Cette réduction des effectifs doit permettre aux enseignantes et enseignants mais aussi aux ATSEM d’échanger avec chaque élève pour le mettre au contact d’un langage adulte élaboré employant ce que Laurence Lentin appelle des introducteurs de complexité tels que « qui », « que », « car », « parce que », « puisque »… Ceci est quasi impossible avec des effectifs de 30 et plus par classe. De tels effectifs, s’ils sont « indolores » pour des enfants qui entendent à la maison un langage élaboré, sont rédhibitoires pour ceux qui n’ont pas l’occasion d’entendre et d’utiliser un tel langage. Une telle situation entache l’avenir scolaire des élèves et ne peut qu’aggraver les inégalités pour parvenir à un bon niveau scolaire.
Des moyens insuffisants à l’heure actuelle
Une telle pédagogie et de telles finalités exigent des moyens matériels certes mais aussi et surtout des moyens humains : réseaux d’aide spécialisée dans chaque école pour assurer une
bonne mise en œuvre de la prévention, des ATSEM en nombre suffisant, une réelle réduction des effectifs par classe, dédoublement des classes, des effectifs par classe revus à la
baisse, des enseignants reconnus avec un salaire suffisant (les professeurs des écoles français effectuent dans l’année plus d’heures en présence des élèves que leurs homologues allemands et
perçoivent un salaire très inférieur)…
Une composition du CSP éloignée des réalités du terrain
En 2015, la composition du CSP (Conseil supérieur des programmes) comprenait des personnalités qui connaissaient l’école, le collège et le lycée. Avec Jean-Michel Blanquer, les membres du CSP connaissent le lycée et les classes préparatoires. En 2015, le CSP avait constitué un groupe de travail auquel participaient des directeurs d’école et des CPC. Avec Jean-Michel Blanquer, il n’y a pas d’acteurs de terrain et le ministre a choisi lui-même les experts du Conseil scientifique. Cela a pour conséquence de penser la maternelle sur le modèle de l’école élémentaire.
Une préconisation pédagogique inadaptée
Tournant le dos à la nécessité de faire parler les enfants, il est préconisé des cahiers de mots et la reformulation hors contexte de phrases. Est tenté de mettre en œuvre un formatage ou caporalisation réduisant les enseignants à de simples exécutants.
À côté de cela, il est constaté une baisse de la scolarisation des moins de 3 ans (3 6% entre 1990 et 2000, 12 % en 2011). Cette scolarisation, si les effectifs sont adaptés, permet aux enfants de développer des compétences langagières et sociales. Même si cette scolarisation ne doit pas être obligatoire, elle doit pouvoir être proposée dans les quartiers sensibles concentrant les plus grandes difficultés.
Sous des aspects qui paraissent relever du bon sens, le CSP définit l’objectif principal qui est « d’assurer à tous les enfants des acquisitions qui leur seront nécessaires pour aborder avec confiance le cours préparatoire ». Ce faisant, est préconisé une conception de développement de l’enfant qui consisterait à l’aide de « fondamentaux, de remplir un petit vide pour le faire grandir ». Il suffirait ainsi, selon le CSP, de le baigner dans des « jeux » de langage ou de mathématiques, selon Mireille Brigaudot (maîtresse de conférences en science du langage) qui reproche à ces préconisations une conception mécaniste des apprentissages scolaires. À la construction des concepts de nombre par exemple, le CSP oppose les exercices de répétitions, le recentrage sur l’utilisation et la connaissance qui devrait être postérieure à la compréhension profonde de ce qu’est le nombre. Le tropisme du résultat, d’où la multiplication des tests dès la petite section, devient le souci premier et formalise d’en haut les pédagogies en imposant l’utilisation des outils proposés par l’institution. Cela éloigne de la prise en compte de la réalité de la classe et des élèves, de l’observation concrète des élèves et de l’analyse de leurs besoins.
Piloter chaque niveau en fonction du niveau suivant est contre-productif et réducteur
Le CSP, à la demande du ministre, préconise des évaluations dès la petite section avec pour seul objectif de préparer les élèves à réussir les tests du CP. À piloter chaque étape du cursus scolaire par les seules exigences du niveau suivant, la maternelle par le primaire, le primaire par le collège, le collège par le lycée etc., est mis de côté la spécificité de chaque tranche d’âge et ainsi l’efficacité dans les apprentissages attendus.
Grande est ainsi la tentation de renoncer au « tous et toutes capables » en risquant de culpabiliser les familles en les rendant responsables de l’éventuel échec scolaire puisque ce qui est jugé dans les tests de la petite section c’est le niveau familial.
L’école maternelle, un moment essentiel pour devenir un élève
La mission de l’école maternelle est certes de préparer à l’entrée au CP, selon Christine Passerieux (conseillère pédagogique et membre du GFEN/Groupe Français d’Éducation Nouvelle) mais ce n’est pas la seule. L’école maternelle est une école à part entière et, à ce titre, un espace d’ouverture au monde. On ne naît pas élève, on le devient :
en rencontrant l’autre,
en s’appropriant des outils, des modes de faire et de dire,
en découvrant et en interagissant des œuvres patrimoniales et contemporaines dans tous les domaines,
en s’engageant au quotidien dans le plaisir d’apprendre.
Pour devenir un élève, il est indispensable de créer les conditions pour que enfant s’engage dans un processus d’ « acculturation » ou d’émancipation qui permettra une attitude ou posture de réflexion, de questionnement, de compréhension progressive du monde et de développement de l’imagination.
Tous ces aspects fondamentaux pour l’avenir des enfants et de la société sont absents de la note du CSP qui pratique, selon le désir conscient ou inconscient du ministre, plus les injonctions que les propositions à débattre et discuter.
Évaluer fait partie de l’acte d’enseignement pour prendre en compte l’état des connaissances des enfants et aussi et surtout, ce qui ne figure pas dans la note du CSP, de ce qu’ils comprennent des attendus de l’école et de la manière avec laquelle ils se les approprient.
L’école publique, une école pour toutes et tous
L’évaluation dès la petite section, c’est prendre le risque d’étiqueter les enfants et, indirectement, de les détourner du désir d’apprendre. L’évaluation à l’école ne peut se faire que sur les acquisitions de la scolarité. Il s’agit de distinguer l’évaluation contrôle de l’évaluation formative essentielle. Ne pas se préoccuper des conditions d’entrée de tous et toutes dans les apprentissages c’est empêcher tout ce qui fait que l’école maternelle de qualité peut réussir pour l’épanouissement présent et futur des enfants et pour lutter contre les inégalités. Le risque est grand de condamner les enfants à une assignation à résidence de leurs origines en limitant leur capacité à s’émanciper.
Serait ainsi acté la fin « de l’école publique, une école pour tous » et d’avaliser la ségrégation culturelle et sociale.
NDLA :
Article qui repose en partie sur les analyses du dossier de la revue n°230 de février 2021 Pour de la FSU, dossier consacré à la maternelle sous le titre « Maternelle, le consensus brisé ».