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4 février 2021 4 04 /02 /février /2021 10:03

 

À l’initiative de l’Humanité, élus, syndicalistes et intellectuels interpellent le président de a République afin que le bâtisseur de la Sécurité sociale et ministre du Travail à la Libération, Ambroise Croizat, entre au Panthéon.

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26 janvier 2021 2 26 /01 /janvier /2021 09:05

Selon un rapport annuel de l’ONG Oxfam publié aujourd’hui, les plus grosses fortunes mondiales se sont enrichies à la faveur de la crise. Leurs gains pourraient financer la vaccination de l’ensemble de la population mondiale. les plus pauvres, eux, devront attendre dix ans avant de retrouver le niveau d’avant la pandémie.

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21 décembre 2020 1 21 /12 /décembre /2020 09:37

 

 
 
 
dimanche 20 décembre 2020
 

Alors que le Président de la République s’est félicité de voir les professionnels de santé applaudis lors de la première vague COVID, les mesures qui découlent du plan Investir pour l’Hôpital et du Ségur de la santé sont une invitation à déserter l’hôpital public pour tous les praticiens engagés, alors que plus de 30 % des postes sont toujours vacants ! Les médecins Anne Wernet, présidente du Snphare, Cyrille Venet du Smnh-Fo, Christophe Prudhomme de l’Ufmict-Cgt, Patrick Pelloux de l’Amuf, Arnaud Chiche du collectif santé en danger ont raison d’écrire que « par une mécanique non compensée par les mesures Ségur, les décrets pour l’attractivité du 28 septembre 2020 et le décret à paraître fin janvier sur les modifications de grilles d’échelon conduisent à la perte relative de 4 années d’ancienneté pour les praticiens hospitaliers nommés avant 2020, et à une arrivée en fin de grille au-delà de l’âge de la retraite ! »

La première arnaque est la présentation dans l’urgence, et en plein Ségur, d’un décret supprimant les trois premiers des treize échelons de la grille d’ancienneté des praticiens hospitaliers. Cette excellente mesure, discutée et plébiscitée par tous les syndicats depuis des années, se devait d’être accompagnée d’une mesure compensatrice pour les autres praticiens : le Ségur réglerait cela, nous a-t-on dit au ministère. Il n’en a rien été… les modalités d’applications qui ont précédé la parution de ce décret ont confirmé l’entourloupe, faisant coexister deux grilles d’ancienneté selon que vous êtes nouveau dans la carrière hospitalière, ou que vous y êtes depuis plus longtemps, accordant un désavantage de 4 années d’ancienneté : la fidélité à l’hôpital public est punie !

La deuxième arnaque est celle des accords du Ségur, majorée par cette entourloupe. La création des trois derniers échelons fait passer la durée de la progression de carrière de 24 ans à 32 ans (praticiens nommés en 2020) et 36 ans (PH nommés avant 2020). Ceci a deux graves conséquences : d’une part, tous les PH actuels atteindront le dernier échelon après 66 ou 67 ans, l’allongement de carrière va limiter la constitution d’une pension – ce qui, dans un système de retraite à points (que nous avons déjà avec l’IRCANTEC, et qui représente la part principale de nos futures pensions de retraites), est particulièrement pénalisant – ou incitera à travailler au-delà des limites physiologiques : danger pour les patients, danger pour les praticiens ! l

Tout est fait pour créer des injustices nouvelles au sein de l’hôpital public. On voudrait inciter les médecins hospitaliers à partir, on ne s’y prendrait pas autrement !

 

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19 décembre 2020 6 19 /12 /décembre /2020 09:26

Parabole des rameurs

Deux équipes, l’une d’une organisation internationale et l’autre d’un collège, décident de faire une course d’aviron dans le but de montrer leur savoir-faire dans le domaine de la galvanisation des troupes. Les deux équipes s’entraînent dur.

Lors de la première épreuve, le collège gagne avec plus d’un kilomètre d’avance. Les internationaux sont très affectés. Le management se réunit pour chercher la cause de l’échec. Une équipe d’audit composée de seniors managers est désignée. Après enquête, ils constatent que l’équipe, qui est constituée de dix personnes, a un barreur et 3 rameurs, alors que l’équipe adverse comporte un barreur et neuf rameurs. La direction décide de réfléchir.

Leurs avis, entouré de précautions oratoires, est de procéder à une réorganisation. Elle décide de mettre en place un manuel de qualité, des procédures d’application, des documents de suivi. Une nouvelle stratégie est mise en place, basée sur une forte synergie. Elle doit améliorer le rendement et la productivité grâce à des modifications structurelles. On parle de zéro défaut, dans tous les repas de «brainstorming».

La nouvelle équipe comprend maintenant: Un directeur général d’aviron; Un directeur adjoint d’aviron; Un manager d’aviron; Un superviseur d’aviron; Un consultant d’aviron; Un contrôleur de gestion d’aviron; Un chargé de la communication d’aviron; Un barreur et...;

Un rameur.

La course a lieu et les internationaux terminent avec deux kilomètres de retard!

Humiliée, la direction prend une décision rapide, mais courageuse: elle licencie le rameur, celui-ci n’ayant pas atteint ses objectifs, elle vend le bateau et annule tous les investissements prévus.

Avec l’argent ainsi économisé, elle récompense les managers et superviseurs en leur donnant une prime, augmente les salaires des directeurs et s’octroie une indemnité exceptionnelle de fin de mission. Bien entendu, ceci est une histoire et il est bien évident que toutes ressemblances avec des faits ayant existé ou existant ne pourrait être qu’une simple coïncidence... 

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9 décembre 2020 3 09 /12 /décembre /2020 14:14

mardi 8 décembre 2020 Par

Souhaiter l’idéal sans analyser le réel, c’est se tirer une balle dans le pied pour avancer plus vite. Trois marqueurs apparaissent dans le système qui nous oppresse : la remise en cause de tous les conquis sociaux du siècle dernier, l’extrême violence utilisée par l’oligarchie pour y arriver et enfin le nouveau management comme perversion de la logique des mots (on prétend tout faire pour défendre les pauvres !).

Commençons par l’état de la pauvreté

Cela tombe bien, l’Insee, la Cnaf et l’Observatoire des inégalités ont fourni leurs chiffres. 5,3 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian (soit 885 euros pour une personne seule) fin 2018, dernière année pour laquelle les données des revenus sont actuellement disponibles. Soit 8,3 % de la population  : 0,4 % de plus en 5 ans, une hausse de près de 350 000 personnes dont 250 000 rien que pour l’année 2018. Ce qui illustre un théorème du néolibéralisme, à savoir que chaque président fera pire que le précédent.

Comment pouvons-nous extrapoler ces chiffres au moment où est écrit cet article ? Les données du RSA donnent une indication : 1 844 000 allocataires du RSA en 2018, environ 2,1 millions fin 2020. Soit près de 250 000 allocataires de plus. Comme le niveau de revenu du RSA est très nettement en-dessous du seuil de pauvreté, vous pouvez entrevoir l’augmentation exponentielle du nombre de pauvres à fin 2020. Des associations prévoient près d’un million de pauvres en plus fin 2020 !

Donnons les ordres de grandeur : le salaire médian 1 770 euros (50 % ont moins que cela pour vivre), le SMIC net 1 200 euros, seuil de pauvreté à 60 % du salaire médian 1062 euros, minimum vieillesse et adulte handicapé 900 euros, seuil de pauvreté à 50 % du salaire médian 885 euros, seuil de pauvreté à 40 % du salaire médian 708 euros, RSA, Allocation de solidarité spécifique (chômeurs en fin de droits) 500 euros, niveau de vie des 10 % les plus pauvres des jeunes de 18-24 ans, 360 euros ! Et pendant ce temps-là, de Sarkozy à Macron en passant par Hollande, l’enrichissement des plus riches est exponentiel !

En 2017, 1,5 million d’enfants de moins de 18 ans vivaient dans un ménage dont le niveau de vie était inférieur au seuil de pauvreté de 50 % du niveau de vie médian. Ces enfants vivent dans la pauvreté, mais ils ne sont pas pauvres par eux-mêmes : ce ne sont pas des enfants pauvres mais des enfants de pauvres. Le plus souvent, leurs parents sont au chômage ou inactifs. Les enfants qui vivent avec leur mère seule sont les plus exposés. 22 % des jeunes de 18 à 29 ans qui vivent seuls (hors étudiants) figurent parmi les pauvres en 2017. Jusqu’à 25 ans, ils n’ont pas droit à un minimum social.

La violence légale de l’État

Notons le changement du Code de déontologie de la police Hollande-Valls en 2014 préfigurant le changement progressif du schéma du maintien de l’ordre. De la police encore républicaine en 1968 avec le préfet Grimaud et sa célèbre note aux gardiens de la paix jusqu’à l’épisode de la destruction des libertés publiques revendiquée par le préfet Lallemand lors de son audition au Sénat – où il défend l’autonomie des policiers sans superviseur, l’utilisation des LBD 40, etc. – que sont devenus le Syndicat Général de la Police et la FASP  majoritaire avec sa direction républicaine des années 80 et au début des années 90 ? Nous vous renvoyons à l’étude faite dans Respublica intitulée « Le long combat des policiers républicains dans la police nationale ».
Aujourd’hui, la hiérarchie policière a pris le contrôle du discours des directions des quatre plus importants syndicats de police, alors que, jusqu’en 1993, la direction du SGP et de la Fasp étaient des contrepoids à la volonté des gouvernements de contrôler les syndicats de police. Pire, aujourd’hui, la majorité des policiers votent RN alors que jusqu’à la fin du siècle dernier, il y avait un pourcentage de votes FN dans la police très nettement plus faible que dans la population française. Aujourd’hui, les directions des quatre premiers syndicats de police (FO, Alliance, Unsa, CFDT) deviennent les bras armés du ministre de l’Intérieur avec les mêmes éléments de langage que le RN.
Pire, ils font le lit d’un remplacement progressif d’une police nationale civile par trois autres polices : la police municipale armée sous dépendance directe du maire ou du président d’EPCI (comme aux Etats-Unis !), la police privée (promotionnée par la loi « Sécurité globale ») et la police militaire de la gendarmerie, sans syndicat de salariés (après que le seuil de 10.000 habitants pour l’activité de la gendarmerie soit déjà passé à 20.000 habitants par un gouvernement PS, nous voilà à un moment où il est question d’élever ce seuil à 40.000 habitants !).

Mais la dérive sécuritaire de l’extrême centre macroniste (nous reprenons le concept d’extrême centre de l’historien Pierre Serna dans son livre L’extrême centre ou le poison français, paru en 2019) ne s’arrête pas là.
Par décret du 14 août 2020, les Directions départementales interministérielles (DDI sous la responsabilité du Premier ministre depuis leur création, en décembre 2009) deviennent « des services déconcentrés de l’État relevant du ministre de l’Intérieur. Elles sont placées sous l’autorité du préfet de département ». L’article 2 du décret prévoit en outre que les carrières des fonctionnaires de ces directions départementales, l’organisation du service, les conditions de travail et ses missions dépendent désormais aussi du ministère de l’Intérieur.
C’est donc comme si les ministères de la Transition écologique, de la Santé, du Logement, de la Jeunesse et des Sports perdaient leurs fonctionnaires dans les départements, au profit, là encore, de l’Intérieur.
Comme le détaille Jean-Claude Boual dans un récent article, ce mode de gouvernement est une sorte de retour à l’Ancien Régime. Aujourd’hui, tout comme le roi jadis, Jupiter-Macron ne gouverne plus qu’avec deux ministres : le ministre des Finances pour les questions de budget (l’Intendant de la Ferme générale d’autrefois, l’une des figures les plus honnies des révolutionnaires, car chargé de récolter l’impôt auprès de la population, quand les nobles et le clergé en étaient dispensés) et le ministre de l’Intérieur (le Lieutenant général de la police, qui avait tout pouvoir sur les questions d’ordre public, notamment pour réprimer les pauvres), les autres ministres étant là pour la décoration.

Le silence des intellectuels

Face à cette « stratégie du choc », face à la perversion de la logique des mots du nouveau management global que disent nos intellectuels ? Comme Flaubert et les Goncourt, ils n’ont rien vu en dehors de leur entre-soi bourgeois ! « Rester silencieux, quand on a la possibilité d’intervenir dans l’espace public, m’est toujours apparu comme une forme de « trahison » surtout lorsque les auteurs des propos insultants appartiennent à mon propre milieu professionnel, » déclare le socio-historien Gérard Noiriel dans Dire la vérité au pouvoir. Les intellectuels en question (Agone, p. 263). Noiriel qui définit l’intellectuel comme celui qui « dit la vérité au pouvoir au nom des opprimés », tout en préservant l’autonomie propre de l’univers scientifique….

La protection des fonctionnaires

Que dire, après la décapitation de l’enseignant républicain Samuel Paty, du non-respect par le ministère de l’Éducation de l’article 11 de la loi du 13 juillet 1983 ? Ce texte indique : « Les fonctionnaires bénéficient, à l’occasion de leurs fonctions et conformément aux règles fixées par le code pénal et les lois spéciales, d’une protection (…). La collectivité publique est tenue de protéger les fonctionnaires contre les menaces, violences, voies de fait, injures, diffamations ou outrages dont ils pourraient être victimes à l’occasion de leurs fonctions, et de réparer, le cas échéant, le préjudice qui en est résulté. »

Et si on s’intéressait aux causes ?

Depuis le début de cet article, nous égrenons quelques conséquences concrètes scandaleuses des politiques menées depuis des décennies. Et si on s’intéressait aux causes de ces conséquences ? Si on réfléchissait sur le pourquoi de nos échecs depuis des décennies ? Ne faudrait-il pas engager une bataille politico-culturelle  contre ceux qui déplorent les effets des causes qu’ils chérissent ? Ne faudrait-il pas remettre en cause nos propres modes de pensée ou celles des organisations qui nous sont chères car « on ne résout pas un problème avec les modes de pensées qui l’ont engendré » (Albert Einstein). Peut-être nous apercevrions-nous que la logique du capital nous a entraînés à ces conséquences scandaleuses via le mariage entre le mouvement réformateur néolibéral et l’ordolibéralisme allemand, base de la construction de l’Union européenne. Cela nous changerait du moralisme désuet du bien et du mal de la vie politique française…

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4 novembre 2020 3 04 /11 /novembre /2020 16:03

 

31 octobre 2020 / Célia Izoard (Reporterre)

Travail nocturne dans une résidence étudiante. © Hugo Noulin / Université Paris-Saclay

« On étouffe là-dedans, non ? » L’autrice de cette chronique s’en prend à notre société régie par le capitalisme numérique : chacun y est poussé à vivre dans son bocal, pour la plus grande joie de l’État et de la Silicon Valley. Elle prévient : « Une société pleinement informatisée a toutes les chances de déboucher sur une société totalitaire. »

Célia Izoard, journaliste et membre de la revue Z, a fait des études de philosophie et traduit des ouvrages critiques de la technologie moderne, dont 1984, de George Orwell, aux éditions Agone, à paraître en janvier 2021.


À la fin du Quai de Wigan (1937) [1], George Orwell analyse l’assujettissement par la machine. Un monde où elle serait omniprésente aurait tué le travail créatif, atrophié les sens et détruit la volonté d’agir par soi-même. Il a cette formule saisissante : « L’aboutissement logique du progrès mécanique est de réduire l’être humain à quelque chose qui tiendrait du cerveau enfermé dans un bocal. »

On trouverait difficilement meilleure image pour décrire la situation créée par le capitalisme numérique. Nous vivons dans un monde où la plupart des métiers, des loisirs et des conversations se déroulent derrière des écrans. Les possibilités infinies offertes par le mouvement du corps et les cinq sens ont été remplacées par une sorte d’hypertrophie du cerveau exclusivement alimenté par la vue et l’ouïe. Chacun dans son bocal numérique. Notre expérience du monde glisse le long de ses parois de verre.

Tout l’intérêt d’un bocal est qu’on peut regarder à l’intérieur. Un cerveau dans un bocal est soumis à la surveillance et à l’expérimentation. Les fabricants de bocaux sont bien placés pour en parler, tels les ingénieurs et designers repentis de la Silicon Valley qui témoignent dans le documentaire The Social Dilemma, produit par Netflix (qui produit lui aussi des bocaux). « L’intelligence artificielle de Facebook est comme une expérience où l’on stimulerait les pattes d’une araignée pour voir quel nerf va répondre, explique Tristan Harris, ex-designer Google. Derrière l’écran, il y a des milliers d’ingénieurs, des supercalculateurs et des algorithmes qui savent tout de vous et testent en permanence ce qui a le plus de chance de vous tenir accroché. » L’objectif étant de vous maintenir le plus longtemps possible dans le bocal pour remplir les poches des annonceurs et perfectionner les algorithmes qui vous présenteront des contenus encore plus addictifs, pour remplir les poches des annonceurs, etc.

Dans le capitalisme numérique, les plateformes ont intérêt à la production du mensonge

L’autre avantage de conserver les humains dans des bocaux, c’est l’éventail de paysages que les fabricants de bocaux peuvent présenter sur les parois. « Quand vous tapez "changement climatique" sur Google, selon où vous vivez, vous aurez des réponses différentes, explique Justin Rosenstein, ancien ingénieur Facebook et Google. Dans certaines villes, on vous suggèrera "le réchauffement climatique est un canular", dans d’autres, "le changement climatique détruit la nature". Cela dépend d’où vous faites la demande et des centres d’intérêt que Google connaît. »

La technique la plus rentable consiste à retourner complètement le bocal sur lui-même. Sensationnelles, captivantes, « les fausses informations rapportent plus d’argent aux entreprises, constate Tristan Harris. Sur Twitter, les fake news se diffusent six fois plus que les vraies. » Les plateformes favorisent donc les contenus démontrant que la Terre est plate, que personne n’a jamais marché sur la lune, ou que les ONG écologistes font brûler l’Amazonie. Désorienté, le sujet ne veut plus quitter son bocal, car le monde extérieur lui paraît insupportablement inversé. Il retourne donc partager des vidéos et des messages avec des gens qui habitent le même genre de bocal.

Le roman d’Orwell, 1984, décrit un monde aux mains d’un régime qui a, lui aussi en quelque sorte, mis les membres de son parti intérieur dans des bocaux pour leur ôter toute mémoire autonome et toute prise intellectuelle. Avec des effets comparables : « Le citoyen d’Océanie est comme un voyageur de l’espace interstellaire, privé de tout repère lui permettant de situer le haut et le bas. » Dans 1984, le parti a intérêt à la production du mensonge pour maintenir son pouvoir. Dans le capitalisme numérique, les plateformes ont intérêt à la production du mensonge pour augmenter leurs profits, donc... leur pouvoir.

L’infrastructure électronique a fourni aux États une capacité de contrôle et une nouvelle légitimité à l’exercer

On sait depuis quatre décennies qu’une société pleinement informatisée a toutes les chances de déboucher sur une société totalitaire. En 1979, face aux grèves et aux actions menées en France contre les ordinateurs et l’horizon d’une société de surveillance [2], le gouvernement avait dû organiser un grand débat national. À l’époque, pour rassurer la population, le président Valéry Giscard d’Estaing avait pointé la situation à laquelle il ne fallait surtout pas arriver : « Poussé à l’extrême, l’usage de la télématique pourrait être la suprême aliénation. L’homme deviendrait un consommateur d’images et de signes placé devant un écran universel capable de solliciter tous les savoirs, toutes les mémoires et tous les services. » [3] Après cette séance d’exorcisme, l’État, comme dans tous les pays riches, a consacré les quarante années suivantes à dépenser des milliards d’argent public pour structurer des filières de recherche-industrie et informatiser la société. Jusqu’au bocal donc. À la faveur de l’état d’urgence sanitaire, l’État vient d’en refermer brusquement le couvercle. Clac.

Cette infrastructure électronique a fourni aux États une capacité de contrôle qui donne au télécran de 1984 des airs de gramophone. Elle leur a aussi donné une nouvelle légitimité à l’exercer. Mariner trop longtemps dans un bocal pouvant rendre très fou et très violent, voilà un bon prétexte pour superposer aux algorithmes hédonistes des algorithmes policiers [4].

Double contrôle, donc, sur les parois de verre – double-vitrage. Le rôle de l’État n’est-il pas de nous « conserver », de nous « préserver » (en anglais, preserve signifie très exactement « conserve de nourriture en bocal ») ? Et nous ? On étouffe là-dedans, non ? Covid ou pas Covid, pour vivre libres, il va falloir réapprendre à tisser des réseaux sociaux à l’extérieur du bocal.


 

[1Édition française : 10/18 (2000).

[2Comme le raconte Célia Izoard dans le chapitre « L’informatisation, entre mises à feu et résignation » de Luddites en France, L’Échappée (2010) : « À l’automne 78, des grèves préventives éclatent à la Poste contre la séparation des PTT et l’impérialisme informatique « qui allait balayer le facteur d’une pichenette » ; en janvier et février 79, c’est un mouvement contre les suppressions d’emploi qui immobilise l’Union des Assurances de Paris et les banques, dont on craint qu’elles ne deviennent la « sidérurgie de demain » ».

[3Son intervention, prononcée en septembre 1979, est en ligne ici.

[4L’entreprise Dataminr, la start-up d’intelligence artificielle de Twitter, aide par exemple les pouvoirs publics à scruter son réseau social à la recherche de délinquants présumés. Une enquête de The Intercept l’accuse de cibler disproportionnément les communautés noires.

Lire aussi : Les fausses promesses de la voiture électrique — l’enquête de Reporterre

 

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31 octobre 2020 6 31 /10 /octobre /2020 14:13

Le système juridique est organisé de façon à ce que les normes inférieures soient en accord avec ce qui est édicté par la norme supérieure.

La constitution

Les normes constitutionnelles occupent le plus haut degré dans notre ordonnancement juridique. Elles constituent le cadre régissant l’organisation et le fonctionnement de l’Etat.

La loi

Règle écrite et générale votée selon la procédure législative par le parlement (assemblée nationale et sénat). La loi peut être adoptée à l’initiative du parlement (on parle alors de proposition de loi) ou du gouvernement (projet de loi). Elle s’impose à tous dès lors qu’elle a été promulguée par un décret présidentiel. Avant sa promulgation, elle est susceptible d’être soumise à un contrôle de constitutionnalité exercé par le Conseil Constitutionnel.

Le décret

Acte réglementaire signé soit du Président de la République, soit du Premier Ministre. Les décrets dits “décrets en Conseil d’Etat”, ne peuvent être pris qu’après consultation de celui-ci. Dans la hiérarchie des normes, le décret se situe en dessous des lois auxquelles il doit nécessairement être conforme. Il doit être publié, après signature et éventuellement contreseing, au Journal Officiel.

L’arrêté

Un arrêté est un acte administratif à portée générale ou individuelle (spécifique à une exploitation ou une zone géographique). Les arrêtés peuvent être pris par les ministres (arrêtés ministériels ou interministériels), les préfets (arrêtés préfectoraux) ou les maires
(arrêtés municipaux).

La circulaire

Dans la fonction publique française, une circulaire est un texte émanant d’un ministère et destiné à donner une interprétation d’un texte de loi ou d’un règlement (décret, arrêté), afin que ce texte soit appliqué de manière uniforme sur le territoire. Ce sont des recommandations ; elles ne s’appliquent qu’aux agents du service public (circulaires d’ordre intérieur). Dans certains cas, les circulaires introduisent de nouvelles règles (circulaires réglementaires).

Décret n° 2020-1310 du 29 octobre 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de covid-19 dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire

Dernière mise à jour des données de ce texte : 30 octobre 2020

NOR : SSAZ2029612D

JORF n°0264 du 30 octobre 2020

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31 octobre 2020 6 31 /10 /octobre /2020 14:05

 

 

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30 octobre 2020 5 30 /10 /octobre /2020 18:35

La pasteure de l’église protestante de Roubaix, Sandrine Maurot invite les croyants de toutes les religions à « publier une caricature sur leur propre religion, pour défendre la liberté d’expression ».
Superbe idée !!!

 

 

Sœur Marie-Thérèse des Batignolles est une série de bande dessinée humoristique française, écrite et dessinée par Maëster.

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22 octobre 2020 4 22 /10 /octobre /2020 08:33

 

 

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