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4 avril 2024 4 04 /04 /avril /2024 09:44
 
 
 

Une des critiques du film :

Après sa première mondiale au Festival international du film de Toronto (TIFF), Avant que les flammes ne s’éteignent n’a, hélas, pas fait courir les foules en France. Le film a, en revanche, fait couler beaucoup d’encre. En effet, ce premier long métrage de Mehdi Fikri, qui traite des questions de la brutalité policière et du profilage racial, s’est heurté là-bas à une importante campagne de dénigrement en ligne et dans des médias de droite. Le simple fait que le film dérange à ce point est en soi révélateur. Polémique mise à part, que vaut ledit brûlot ? Eh bien, il vaut d’être vu.

 

L’action se déroule dans un quartier populaire de Strasbourg, dont la population est majoritairement arabe. On y suit Malika (la chanteuse et actrice Camélia Jordana, César du meilleur espoir féminin en 2018 pour Le brio), dont le jeune frère, Karim (le rappeur Larry), est mort dans des circonstances nébuleuses à la suite d’une arrestation tout aussi trouble. 

Alors qu’une partie de la famille ne pense qu’à enterrer Karim le plus rapidement possible, Malika, elle, est déterminée à se battre afin que toute la lumière soit faite. Autour d’elle, un mouvement populaire prend forme…

Devant certaines images d’Avant que les flammes ne s’éteignent, on songe aux émeutes très médiatisées survenues en France dans la foulée de la mort du jeune Nahel Merzouk, abattu par un policier à l’été 2023. Certes, le film de Mehdi Fikri a été réalisé avant les événements, mais il n’en évoque pas moins maintes affaires où la violence policière a été mise en cause dans des décès de personnes interpellées, comme Adama Traoré, en 2016, ou encore Amine Bentounsi, en 2012.

Il ne faut pas s’en étonner puisque, dans son ancienne vie, Mehdi Fikri était un journaliste spécialisé dans les affaires policières, judiciaires, et les quartiers populaires, à L’Humanité (un journal campé à gauche). 

D’où cette impression d’une réalité « documentée » que dégage son film. 

 

Souci de nuances

Or, l’authenticité ambiante découle également d’un souci de nuances. On songe ici à un très intéressant personnage secondaire : Slim (Samir Guesmi), un militant professionnel venu conseiller la famille endeuillée. 

L’attitude de Slim relève autant du pragmatisme que de l’opportunisme, et il est l’une des raisons pour lesquelles Avant que les flammes ne s’éteignent ne sombre pas dans le manichéisme bien-pensant.

Une autre raison réside dans la complexité de la protagoniste, Malika. C’est à son initiative, apprend-on, que Karim avait été rejeté par les siens peu avant sa mort tragique. À cela s’ajoute un secret de jeunesse peu glorieux que Nour (Sonia Faidi), la sœur cadette de Malika et Karim, balancera au visage de son aînée lors d’un moment de tension filiale.

Bref, Malika est en quête non seulement de justice, mais de rédemption. 

En d’autres mots, les personnages ne sont pas esquissés à gros traits.

 Naissance d’une passionaria

En définitive, si le volet concernant la reddition de comptes et la demande de prise de responsabilité envers des autorités qui esquivent, louvoient, voire mentent afin de se protéger s’avère aussi prenant, c’est parce qu’à la base, on s’est pris de sympathie pour la famille de Karim. C’est tout spécialement vrai en ce qui a trait à Malika.

Au gré de son parcours politico-initiatique, cette dernière se révèle une fascinante héroïne. Comme le résumait le cinéaste lors d’une entrevue réalisée au TIFF : « On commence par une héroïne qui est en désaccord avec sa famille par rapport à la marche à suivre, et qui est dans le silence, et on termine avec une héroïne qui a réussi à souder sa famille autour d’elle et à prendre la parole. »

En femme rangée qui se découvre des qualités de passionaria, Camélia Jordana en impose. La vedette offre une véritable démonstration de force — de force de caractère — dans le rôle de Malika. Malika, qui brûle d’un feu n’étant pas à la veille de s’éteindre.

 
 
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