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22 mai 2014 4 22 /05 /mai /2014 09:43
  Regards 20 mai 2014

Infographie. Chômage, pauvreté, économie en berne, dépression(s)… Dans quel état est la Grèce après le passage du tsunami de l’austérité ? Réponse en quelques données qui donnent une idée de ses ravages, mais aussi de qui en fait les frais.


"Un pays qui vient de sortir d’une guerre destructrice ou d’un grand krach économique"  : c’est en ces termes que le site francophone d’actualités grecques okeanews.fr, qui les a compilés, qualifie les indicateurs économiques du pays. Nous avons retenu quelques-unes de ces données pour les rassembler dans ce résumé de la situation économique et sociale, c’est-à-dire des effets de la purge imposée par la Troïka Commission européenne-Banque centrale européenne-Fonds monétaire international. Des institutions férues de chiffres, mais qui préféreraient probablement ne pas considérer ceux-ci – sans même parler de leur capacité à imaginer la façon dont ils affectent des millions de vies humaines.

Alors que les sondages anticipent une poussée de la gauche radicale dans les pays les plus en crise, les élections locales en Grèce ont été marquées par une forte progression de Syriza. Enfin une évolution politique obéissant à quelque logique.

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7 mai 2014 3 07 /05 /mai /2014 08:12
Regard  2 mai 2014
Alstom : ce que propose la CGT
 

Quel actionnariat, et surtout quelle stratégie industrielle pour Alstom, placé devant l’alternative General Electric/Siemens ? Les réponses de Bernard Devert, responsable des questions industrielles pour la fédération CGT de la métallurgie.

Quand les salariés d’Alstom ont ils été informés des projets de démantèlement de leur entreprise et de vente à General Electric ?

 

Comme tout le monde, le jeudi 28 avril, en lisant la presse et en écoutant les radios. Pourtant les discussions entre le patron de Alstom, Patrick Kron, et les dirigeants de Général Electric remonte à plus de trois mois. Lorsque Arnaud Montebourg s’est rendu en février aux États-Unis au coté de François Hollande, General Electric refuse pourtant de le rencontrer. Patrick Kron a mené seul ces discussions avec GE. Même son directeur financier n’était pas dans le coup.

 

Vous tombez donc de l’armoire ?

 

Pas tout a fait. Cela fait des années que nous alertons sur la situation d’Alstom, notamment sur ses difficultés de trésorerie. Les salariés étaient déjà inquiets. Il y a trois semaines un vaste plan de restructuration était lancé pour réduire les emplois et déménager le siège de Alstom-transport vers la Hollande, fiscalement moins contraignante…

« Des sommes considérables pour les acquisitions, au détriment des investissements »

Comment est-on arrivé à la situation actuelle ?

 

Quand en 2006, l’État se retire d’Alstom après y être rentré en 2004, on se souvient que sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, le groupe Bouygues devient l’actionnaire de référence avec une participation au capital du groupe de 30%. Patrick Kron mène alors une politique active de cession d’actifs et de croissance externe. Il rachète des usines en Russie, au Kazakhstan, aux États-Unis. Il achète également une filiale d’Areva qui apportait beaucoup de cash à Areva. Pour toutes ces acquisitions, Alstom débourse des sommes considérables au détriment des investissements au sein de l’entreprise. Pour donner un exemple, le TGV ou les trains RER se fabriquent dans des hangars non chauffés, les ouvriers travaillent avec gants et bonnets en hiver. Pas l’idéal pour préparer le TGV du futur, qui doit s’accompagner de nouveaux sauts technologiques. Pendant cette période, Alstom engrange des commandes pour un montant de 53 milliards, mais ces défauts d’investissement se traduisent par une baisse de la qualité de la production, un retard dans les délais de fabrication. L’entreprise paye des pénalités de retard de près de 300 millions. En quelques années, l’entreprise est passée de réserves de 2 milliards à un déficit de 4 milliards. Ce qui n’a pas empêché de verser des dividendes de 1,4 milliards à Bouygues… et Patrick Kron.

 

Qu’est-ce qui a déclenché, finalement, le processus de cession ?

 

Ce qui précipite la situation est l’arrivée du mur de dettes avec des remboursements d’emprunts qui se montent à 700 millions par an. C’est alors que Bouygues prend la décision de se retirer. Et c’est dans ce contexte que s’amorcent les négociations entre Kron et GE. L’offre de l’américain, "l’OPA amicale" est rassemblée dans un document de 120 pages dont l’existence est révélée jeudi 28. Dans la journée, l’action d’Alstom gagne 20% et la valeur des actions de Bouygues grimpe de 400 millions.

« L’ensemble des syndicats s’est positionné pour une troisième voie »

Comment les syndicats et les salariés ont-ils été informés ?

 

Vendredi, un comité de groupe européen se tient comme prévu en Allemagne. Patrick Kron y fait un court passage et annonce qu’il donnera toutes les informations aux salariés en temps utile… Et l’on découvre que le conseil d’administration devait se prononcer dès le dimanche soir sur la vente à GE ! Finalement la réunion est reportée de 48 heures. Le ministère met tout en œuvre pour que Siemens fasse une offre. Mercredi soir donc, le CA accepte de ne pas décider mais confirme le choix privilégié de GE. La décision définitive est reportée à fin mai.

 

Les syndicats ont-il exprimé une préférence entre les options GE et Siemens ?

 

Dans une déclaration commune, l’ensemble des syndicats s’est positionné pour une troisième voie, celle d’une participation publique avec rachat par des fonds publics du capital détenu par Bouygues. Le ministre de l’Économie envisage cette prise de participation et une recapitalisation d’Alstom par la vente d’une partie du capital d’EDF (on parle de 10%), ce que la CGT refuse. On ne va pas déshabiller Paul pour habiller Patrick. Ce qui est en jeu, c’est le démantèlement du groupe par la vente la filiale Alstom Power, qui représente 63% de l’activité du groupe. Nous faisons remarquer que Siemens est par ailleurs engagé dans une restructuration qui se traduit par la fermeture de deux usines ferroviaires, et que GE cherche avant à acquérir le marché des éoliennes en mer et du réseau super Grid… Autant dire que ces options ne sont pas bonnes pour l’emploi.

 

Vous avez été reçus ce mercredi par Arnaud Montebourg. Quelles sont les propositions de la CGT ?

 

Nous voulons informer les salariés. Nous sommes à l’initiative d’assemblées générales sur tous les sites du groupe. Si nous ne l’avions pas fait, les salariés ne seraient informés de rien directement. C’est franchement très moyen en matière de démocratie et de dialogue social. Et c’est contradiction avec les exigences en matière d’information des salariés, selon le droit européen. Nous envisageons de porter plainte au niveau européen contre la direction d’Alstom pour délit d’entrave. Nous souhaitons une table ronde avec la direction d’Alstom.

« Nous demandons une participation publique »

Au-delà, que préconisez-vous pour l’avenir d’Alstom, en termes d’actionnariat et de stratégie industrielle ?

 

Voici, en trois points, ce que nous défendons comme propositions auprès du ministre, puisqu’il ne nous est pas donné de rencontrer la direction du groupe.

 

1. Pas de démantèlement du groupe Alstom. Nous savons ce qu’il advient des groupes découpés. Il n’y a plus rien de Pechiney. La sidérurgie française est fragilisée et n’est plus en capacité de répondre aux besoins. Nous avons d’ailleurs toutes les peines à connaître le contenu du rapport remis au ministre sur le sujet, dont nous disposons seulement des conclusions : selon ses auteurs, GE ne serait intéressé que par la partie électrique (qui représente 70% du groupe, 30% revenant à la partie transport). Ce qui intéresse GE, ce sont les technologies de l’éolien et celles des réseaux. L’État français va dépenser 7 milliards pour l’éolien : on comprend que GE soit attiré par les techniques et par ce marché. Ils sont également intéressés par les turbines des EPR, les centrales de gaz en lien avec l’exploitation du gaz de schiste aux États-Unis. Sous l’impulsion d’Obama, GE rapatrie sur le territoire américain ses outils de production. Le gouvernement américain vient de décider de taxer de 35% les entreprises qui ne feraient pas revenir sur le sol américain les moyens de production.

 

2. Nous demandons une participation publique pour faire face aux échéances financières d’Alstom. Il ne faut pas céder au chantage ni aux sirènes de GE. Et il faut bien reconnaître que leur appel est puissant. GE met 10 milliards sur la table. Cela intéresse bougrement le premier actionnaire, Martin Bouygues, et tous les actionnaires d’Alstom.

 

3. Il est nécessaire de prendre le temps pour définir un changement de stratégie industrielle. Nous demandons que cessent les croissances externes au détriment des investissements dans le matériel et dans la formation, les compétences des salariés. Cela ne signifie pas que nous sommes opposés à toute coopération avec d’autres entreprises, sur des projets précis. Par exemple, nous pensons que des projets devraient être conduit avec EDF, la SNCF, la RATP, la région Ile-de-France pour développer les transports qui correspondent aux besoins d’une société mobile et qui doit opérer une bascule énergétique et environnementale.

 

Nos idées commencent à être entendues. Nous sommes au tout début d’une course de vitesse.

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11 mars 2014 2 11 /03 /mars /2014 09:59

Pierre Khalfa – mars 2014 porte-paroles d'ENSEMBLE

 

pacte-de-responsabilite.jpgTrois organisations syndicales (la CFDT, la CFTC et la CGC) ont donc signé avec le Medef « un

relevé de conclusions » sur la mise en oeuvre du pacte de responsabilité qui vise à baisser le coût du

travail en supprimant les cotisations familiales versées par les employeurs. Selon un scénario

maintenant bien rôdé, la CFDT a d’abord monté le ton, jugeant la proposition initiale du Medef

inacceptable, pour finalement parapher un texte quasiment identique. En comparer les deux versions

est d’ailleurs éclairant. Si le texte final prévoit effectivement que « des objectifs quantitatifs et

qualitatifs en terme d’emplois » soient discutés dans les branches professionnelles, ces discussions

pourront être conclues par un « relevé de conclusions » n’impliquant aucune contrainte juridique.

Surtout, le Medef a obtenu l’essentiel, à savoir que les baisses de cotisations sociales seront acquises

quelle que soit la situation dans l’avenir. Enfin, cerise sur le gâteau, le texte prévoit que des

discussions seront ouvertes afin « de franchir une nouvelle étape dans l’amélioration du marché du

travail », formule indiquant, dans la novlangue patronale, l’exigence d’un nouvel accroissement de la

flexibilité et de la précarité du travail. Il est enfin prévu d’engager une concertation sur le financement

de la protection sociale. Après la suppression des cotisations familiales employeurs, quelle sera la

prochaine étape ?

 

Au-delà de cette parodie de négociation, il faut revenir sur la stratégie économique qui est mise en

oeuvre : le coût du travail trop élevé pénaliserait la compétitivité des entreprises et les dissuaderaient

d’embaucher. La baisse du coût du travail devient donc, dans ce cadre, le passage obligé de la

politique économique. C’est l’objectif de la suppression des cotisations familiales employeurs.

Remarquons d’abord que cette suppression se traduira par une baisse minime des coûts de production1,

de l’ordre de 1,2 %. En supposant même que cette baisse des coûts soit entièrement transférée sur les

prix, comment croire que cela pourra réellement améliorer la compétitivité des entreprises ? Qui peut

penser qu’une baisse de prix de cet ordre permettra aux entreprises de gagner des parts de marché ?

Mais surtout, la volonté de baisser le coût du travail repose sur une erreur de diagnostic. L’économie

française ne souffre pas d’un problème de compétitivité-prix, mais d’un problème de compétitivité

hors-prix2 : manque criant d’innovation, inadéquation à la demande, niveau de gamme insuffisant de

l’industrie, tissu industriel désarticulé dominé par de grands groupes pressurant leurs sous-traitants et

difficulté des PME à avoir accès au crédit bancaire. On ne voit pas comment une baisse du coût du

travail pourrait être la réponse adéquate à ces problèmes.

 

Il faut y ajouter la « préférence française » pour les dividendes. La baisse des cotisations sociales a eu

comme principale contrepartie l’augmentation de la part des dividendes nets versés dans la valeur

ajoutée3. Les seules entreprises du CAC 40 ont versé 43 milliards d’euros à leurs actionnaires en 2013,

en dividendes et en rachat d’actions, montant en hausse de 4 % par rapport à 2012 et les revenus

distribués par les sociétés non financières sont à leur niveau le plus haut depuis la seconde guerre

mondiale. Dans le même temps, l’investissement des entreprises a stagné. Ce coût du capital n’est

évidemment jamais pris en compte quand le patronat évoque la compétitivité des entreprises.

 

Cette baisse de cotisations sociales permettra-t-elle de créer des emplois supplémentaires ? Le bilan

des exonérations passées4 laisse sceptique. Il diffère suivant les hypothèses retenues, les méthodes

employées… et le parti-pris idéologique des auteurs. Voici ce qu’en disait la Cour des comptes en

2009 : « La Cour avait relevé que les nombreux dispositifs d’allègements des charges sociales étaient

insuffisamment évalués en dépit de la charge financière croissante qu’ils représentaient pour les

finances publiques (27,8 milliards d’euros en 2007, soit 1,5 % du PIB). S’agissant des allègements

généraux sur les bas salaires, leur efficacité sur l’emploi était trop incertaine pour ne pas amener à

reconsidérer leur ampleur, voire leur pérennité. » Si l’on prend comme hypothèse un chiffre de 300

000 emplois créés avec le dispositif Fillon de 2003, chiffre déjà très élevé, le coût annuel de chacun de

ces emplois pour les finances publiques s’élève à près de 75 000 euros5. Il s’agit d’un coût exorbitant,

alors même que les emplois créés sont des emplois à bas salaire et à faible qualification. Les

subventions au patronat atteignent là des sommets.

 

Mais surtout, comme le faisait remarquer à juste titre le président de la CGPME, pour créer des

emplois « encore faut-il que les carnets de commande se remplissent ». Car ce qui incite les

employeurs à embaucher, c’est d’avoir une demande assurée pour leurs produits. Et c’est là que la

baisse massive des dépenses publiques prévue pour financer ce pacte aura un effet délétère. Alors que

l’investissement des entreprises est au plus bas et que les revenus des ménages stagnent ou régressent,

ces mesures auront un effet récessif qui aggravera davantage la situation économique, rendant par

ailleurs encore plus difficile la réduction des déficits publics. Non seulement ce pacte ne créera pas

d’emplois, mais il risque d’en détruire.

Pire, tous les pays européens sont aujourd’hui en train de mettre en oeuvre des orientations similaires.

Il s’agit en théorie de favoriser les exportations. Mais cette logique est prise dans des contradictions

dont elle ne peut sortir. En effet, l’essentiel des relations commerciales des pays de l’Union

européenne a lieu à l’intérieur de l’Union. Les clients des uns sont les fournisseurs des autres et les

déficits des uns font les excédents commerciaux des autres. Vouloir, dans cette situation, que tous les

pays copient le modèle allemand et se transforment en exportateurs est impossible. La contraction de

la demande interne dans tous les pays, produite par la réduction des coûts salariaux et les coupes dans

les dépenses publiques, pèse sur le commerce extérieur de tous. Où exporter lorsque tous les pays

réduisent leur demande ? La baisse de la demande interne dans la zone euro est en train d’ouvrir la

porte à la déflation.

 

Les exportations hors zone euro permettront-elles de se substituer à une demande interne défaillante et

relancer ainsi l’activité économique et l’emploi ? On peut en douter. Outre que, au vu de ses

caractéristiques, l’industrie française est particulièrement sensible aux évolutions du taux de change de

l’euro, la demande dans les pays émergents tend à stagner et n’est de toute façon pas assez forte pour

entraîner par elle-même une croissance dynamique en Europe. Au-delà même de savoir si l’objectif de

toujours plus de croissance est souhaitable alors que nous connaissons une crise écologique majeure,

une telle stratégie s’avère totalement illusoire.

 

Économiquement absurde, ce pacte sera socialement destructeur. Avec les coupes massives dans les

dépenses publiques prévues pour le financer, le démantèlement des services publics et de la protection

sociale va se poursuivre. Le financement des collectivités locales, qui jouent un rôle prépondérant en

matière d’investissements publics et d’aides sociales, en sera impacté. Ces coupes aggraveront ainsi le

délitement des liens sociaux et la paupérisation en cours. La course à la compétitivité est une course

sans fin où il n’y a pas de gagnants et où les seules perdantes sont les populations.

 

1 Voir le calcul fait par Christian Chavagneux d’Alternatives économiques.

2 Voir Attac/Fondation Copernic, En finir avec la compétitivité, Éditions Syllepse.

3 Voir Michel Husson, Les cotisations sont une « charge », mais pas les dividendes ?, note hussonet n°72, 3

mars 2014Â.

4 Antoine Math, Le financement de la politique familiale : faut-il supprimer les cotisations sociales de la branche famille ?, Revue de droit sanitaire et social n°6, novembre-décembre 2013

5 Ibid.

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26 février 2014 3 26 /02 /février /2014 09:38

Par l'UFAL Mardi 25 février 2014

depenses_sante.jpgLe journal Les échos du 18 février nous annonce le projet que prépare le gouvernement Hollande/Ayrault en matière de réduction drastique des dépenses de santé. Principal poste de dépenses visées par le plan d’économies gouvernemental de 50 milliards d’euros à l’horizon 2017, les dépenses de santé – 185 milliards d’euros par an- sont une nouvelle fois dans le collimateur.

Déjà fortement affectées par 10 années de plans d’économies aveugles qui se sont traduites par une explosion du reste à charge pour les assurés sociaux et par une asphyxie de l’hôpital public, les dépenses de l’assurance maladie ne devraient pas dépasser 2 % par an entre 2015 et 2017. Bien que la progression des dépenses soit devenu systématiquement inférieure à l’ONDAM (l’objectif d’évolution des dépenses d’assurance maladie votée par le Parlement), le gouvernement estime qu’il y a lieu d’aller beaucoup plus loin et de viser un progression maximale des dépenses remboursées de 1,75%.Que l’on ne s’y trompe pas, c’est un “tour de vis historique”.

Rappelons que l’augmentation des dépenses de santé ne tient nullement à l’incurie de l’assurance maladie et encore moins au comportement irresponsable des assurés sociaux. Les facteurs d’augmentation ds dépenses de santé sont avant tout socio-démographiques : vieillissement de la population, techniques : mise sur le marché de nouveaux traitements innovants donc plus coûteux, économiques : effet prix lié au rattrapage de l’inflation ou à l’augmentation des honoraires des professionnels de santé… Précisons en outre que les 2/3 des dépenses de santé concernent une minorité des patients admis en affection longue durée, autrement dit des malades souffrant d’affections graves, durables et hautement invalidantes et qui bénéficient (encore) d’une prise en charge quasi-intégrale de leurs dépenses de soins. Enfin, les plus pauvres bénéficient de la CMU qui garantit un panier de soins a minima pour ceux qui n’ont aucune ressource.

 

Les mesures d’économies annoncées ne seront pas décidées avant avril et le gouvernement s’est engagé à ne pas diminuer le montant des remboursements des assurés. Comment le croire ? Certes, le gouvernement va ressortir la recette déjà usée jusqu’à la corde de restructuration des hôpitaux ou de déremboursement des médicaments dont le service médical rendu est jugé insuffisant. Autant de solutions déjà surexploitées et qui ne pourront empêcher le gouvernement de précipiter le basculement de nouveaux pans entiers de dépenses de l’assurance maladie vers l’assurance complémentaire privée. Les Echos relatent pour finir les propos -d’un rare cynisme- d’un conseiller gouvernemental : « Difficile mais pas impossible. L’avantage de la période actuelle, c’est qu’on pourra accélérer des chantiers qui n’avancent pas assez vite ». Façon assez obscène de se féliciter de la crise économique et sociale actuelle !

 

Les économies ne pourront être trouvées qu’à travers un nouveau déremboursement des dépenses de santé pour le plus grand nombre, ce qui touchera durement les assurés sociaux “trop pauvres pour être riches et trop riches pour être pauvres”, ne bénéficiant ni d’une complémentaire santé généreuse ni du bénéfice de la CMU. Voilà qui ne manquera pas de conforter le sentiment d’exaspération sociale actuel de la part de travailleurs pauvres qui ont le sentiment d’être les sempiternels laissés pour compte de notre système social. Déjà lourdement pénalisés par les diverses générations de déremboursement (participation forfaire, franchises, augmentation du forfait hospitalier etc…), les assurés sont déjà près de 15 %, selon l’IRDES, à renoncer aux soins. Cela ne fait que retarder les traitements et … accroît in fine le montant de la facture de santé car les assurés sociaux sont de plus en plus nombreux à consulter en dernier recours.

 

L’UFAL fait de l’accès à la santé pour tous l’un des points d’ancrage de sa revendication militante. Notre mouvement est bien sûr favorable à une réforme de notre système de santé. Mais nous estimons qu’elle doit passer avant tout par le renforcement de l’assurance maladie et la sanctuarisation de l’hôpital public. De même nous estimons urgent de sortir du carcan de l’exercice libéral de la médecine et de jeter les bases d’une médecine salariée de haut niveau alliant prévention et renforcement du rôle social des praticiens et qui s’exercerait dans un cadre expurgé des réflexes corporatistes et des ordres professionnels réactionnaires. Autant de réformes qui sont à l’opposé du renforcement et de l’extension d’un système de santé à plusieurs vitesses que le gouvernement socialiste prépare.

 

En réalité, si le gouvernement annonce 50 Milliards d’économies au détriment des services publics et des dépenses sociales, donc sur le dos des citoyens et des familles, c’est pour mieux continuer à verser des centaines de milliards de subventions au patronat (allègement de charges, crédit impôt compétitivité, pacte de responsabilité -le tout sans aucune garantie de création d’emploi), et à alimenter la finance internationale via le remboursement de la dette publique privatisée.

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23 février 2014 7 23 /02 /février /2014 10:00

arton936L’UNION LOCALE CGT D’AVRANCHES

 

 

 

Vous invite à UNE REUNION D’INFORMATION DEBAT  sur le thème :

 

LE COUT DU CAPITAL

 

(= Dividendes versés aux actionnaires des entreprises)

 

 

 

le JEUDI 27 FEVRIER à 20H30, Salle Ernest Lenoël place du marché

 

à AVRANCHES

 

L’augmentation des salaires est possible et nécessaire pour améliorer les conditions de vie des salariés et relancer l’économie Française, venez vous informer et en débattre avec nous le 27 février.

 

 

 

Union Locale CGT – 2, rue Boudrie – 50300 Avranches

 

Tél : 02.33.58.33.30-Courriel : ulcgtavranches@orange.fr

 

Permanences juridiques : lundi et samedi de 10 heures à 12 heures

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9 février 2014 7 09 /02 /février /2014 09:30
Cette déclaration sera remise à la préfecture de St Lô le vendredi 14 février à 18 h.

 Déclaration du front de gauche de la Manche
A la présidence de a République 
Sous couvert de M. Le préfet représentant de l’Etat dans le département

Notre ennemi c’est la finance….

Le Front de gauche de la Manche tient à informer les autorités de l’État du département de sa condamnation des choix politiques du Président de la République instaurant une austérité durable dans le pays.

Cette politique mise en œuvre partout en Europe depuis de nombreuses années impose misère et régression à la population.

Alors que le chômage réel touche près de 5 millions de personnes, que la précarité et les temps partiels explosent, que la courbe du chômage loin de s’inverser continue inexorablement sa progression, que l’augmentation des salaires est bloquée depuis de nombreuses années, le gouvernement poursuit aveuglément l’application du dogme libéral considérant le travail comme un coût dans la course à la compétitivité et les cadeaux au patronat s’accumulent.

Après les 20 milliards d’euros sans aucune contrepartie, alloués aux entreprises par l’intermédiaire du crédit impôt compétitivité, c’est un nouveau cadeau de 30 milliards que le pacte de responsabilité institue, en mettant fin aux cotisations familiales.

Pourtant, contrairement à ce que déclare le MEDEF, la part des profits dans la richesse nationale ne cesse d’augmenter, et la part des dividendes donnés aux actionnaires a grimpé de 13% en 1980 à 30% en 2013. Pourtant ce sont 312 milliards d’euros de revenus financiers qui ne sont pas soumis à cotisation sociale, ce sont 30 milliards d’euros qui sont exonérés des cotisations patronales, ce sont 80 milliards d’euros de bénéfices que se répartissent les entreprises du CAC 40.

Aujourd’hui, il faut une politique qui réponde aux urgences sociales. La majorité de la population n’a pas à payer les cadeaux fiscaux dont bénéfice le patronat, comme le fait l’augmentation de la TVA pour compenser le crédit impôt compétitivité. Cet impôt est le plus injuste car il ampute le pouvoir d’achat des familles qui n’y arrivent déjà plus. La population n’a pas non plus à compenser le pacte de responsabilité par des économies drastiques dans les finances publiques qui vont dégrader durablement les services publics et la protection sociale.

« Sans impôts, il n’y a pas d’état moderne » disait Galbraith, le conseiller économique de Roosevelt. Nous réclamons une réforme fiscale qui rétablisse la progressivité de l’impôt et mette un coup d’arrêt à la contre révolution fiscale dont ont bénéficié les ménages les plus riches et les grandes entreprises. Avec un taux d’imposition directe, passé de 68% en 1986 à 45% aujourd’hui, l’impôt ne permet pas de répondre à la nécessaire justice sociale auquel a droit et aspire chaque individu.

  • Nous réclamons aussi la fin de la multiplication des niches fiscales qui appauvrissent l’état de 150 milliards.
  • Nous réclamons enfin une véritable lutte contre l’évasion fiscale qui coûte entre 50 et 60 milliards chaque année à l’état.
La population souffre. Elle a besoin d’une politique qui instaure une réelle répartition des richesses et ouvre ainsi un nouveau chemin vers l’égalité.

Pour télécharger la déclaration
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14 décembre 2013 6 14 /12 /décembre /2013 17:18

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Le Parlement a définitivement adopté mardi 3 décembre le budget de la Sécurité sociale pour 2014. L’Assemblée nationale a procédé au vote de ce projet de loi alors que le Sénat l’avait rejeté en première et en nouvelle lecture. L’ensemble des mesures du PLFSS1 doit permettre de ramener le déficit du régime général à 12,8 milliards d’euros en 2014. 

La LFSS2 pour 2014 confirme la politique d’austérité du Gouvernement en matière sociale en imposant près de 4 milliards d’euros d’économies sur les dépenses sociales au travers d’un ensemble de mesure d’économies qui nuiront aux conditions de vie de l’ensemble des Français :

  • ralentissement à 2,4 % de la croissance de l’Ondam3,
  • économies décidées dans le cadre des réformes de la politique familiale et des retraites,
  • 500 millions d’euros d’économies de gestion sur les caisses de sécurité sociale.

A cet égard l’UFAL dénonce une restriction sans précédent des moyens de fonctionnement des organismes de Sécurité sociale qui dégradera considérablement les conditions de travail des salariés des ces organismes et nuira évidemment à la réalisation de leur mission de service public.

Par ailleurs, la LFSS confirme le basculement du financement de la politique familiale sur les ménages en décidant d’accroître le financement fiscal de la branche famille au détriment de la cotisation sociale. La CNAF4 se verra en effet affecter le rendement de la baisse du plafond du quotient familial décidée dans le cadre de la réforme de la politique familiale. Si l’UFAL s’est exprimée à plusieurs reprises pour une réforme du quotient familial dans le cadre d’un projet ambitieux de création d’une Allocation Sociale de l’Enfant et du Jeune (ASEJ) versée à l’ensemble des familles dès le premier enfant, il va sans dire que notre revendication n’a rien à voir avec cette nouvelle baisse du plafond du quotient familial qui augmentera les impôts des familles sans réelles contreparties en termes de prestations sociales à l’égard des familles.

L’UFAL, en tant qu’association familiale, a eu l’occasion de s’exprimer au Sénat et à l’Assemblée Nationale sur les mesures relatives aux réformes de la politique familiale. Notre mouvement a eu l’opportunité de déclarer son scepticisme face aux réformes annoncées qui s’apparentent davantage à des mesures d’économie qu’à une politique d’amélioration des conditions de vie des familles. En dépit de mesures appréciables, mais limitées à l’égard des familles les plus modestes (majoration du complément familial pour les familles en dessous du seuil de pauvreté), la LFSS confirme la volonté politique de gouvernement de mettre fin à l’universalité des politiques familles en réduisant progressivement le montant des prestations familiales des classes moyennes : modulation de l’allocation de base de la PAJE et suppression du CLCA majoré. Si ces mesures s’apparentent à première vue à des mesures d’équité sociale, elles précipitent malheureusement l’éloignement des classes moyennes d’un système de prestations familiales dont elles deviennent les laissées pour compte alors même qu’elles le financent majoritairement.

En outre la LFSS vient confirmer la baisse de 0,15 point de la cotisation patronale d’allocation familiale en compensation de l’augmentation équivalente de la cotisation patronale “retraite” décidée dans le cadre de la réforme des retraites. La compensation fiscale de cette baisse de ressources de la branche famille sera réalisée au travers de l’affectation d’une multitude de taxes, sans aucune lisibilité ni garantie de pérennité. Nous redoutons par ailleurs que cette baisse de la cotisation familiale soit la première d’une longue série, qui serait compensée par une augmentation des impôts les plus injustes : augmentation de la CSG ou TVA sociale.

L’emprise fiscale de la branche maladie se poursuit avec l’affectation à la CNAMTS5 du rendement de la fiscalisation de la participation de l’employeur aux contrats complémentaires santé collectifs décidée dans le cadre de la généralisation de l’accès à la complémentaire santé. L’UFAL s’est d’ores et déjà exprimée pour rappeler que cette mesure constitue une nouvelle défaite de l’Assurance Maladie face au secteur assurantiel privé dans le domaine de la santé en posant le principe d’une socialisation externe de l’accès aux soins au détriment d’une prise en charge collective et solidaire des dépenses de soins. Le relèvement du plafond de ressources de la CMU Complémentaire et de l’Aide aux Complémentaires Santé orienté vers les ménages les plus pauvres s’avèrent malheureusement insuffisant pour endiguer le mouvement préoccupant de renoncement aux soins qui se généralise au sein de la population, du fait du déremboursement massif des dépenses d’assurance maladie décidées depuis 10 ans.

Comme le Conseil National de la Résistance en son temps, l’UFAL considère que la protection sociale solidaire est trop importante pour être confiée à l’État (au travers de la fiscalité) ou au secteur privé (système assurantiel). C’est pourquoi elle a fait de la défense de la cotisation sociale une de ses priorités. Et c’est pourquoi aujourd’hui elle dénonce ce budget d’austérité sur le dos de la Sécurité sociale des citoyens et des familles pour payer des errements politiques et économiques dont ils ne sont pas redevables.

  1. Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale []
  2. Loi de Financement de la Sécurité Sociale []
  3. Objectif national des dépenses d’assurance maladie []
  4. Caisse Nationale des Allocations Familiales []
  5. Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés []
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14 novembre 2013 4 14 /11 /novembre /2013 09:29

 LOGO HQ NEW le 13 novembre

 

Montebourg obligé de se substituer aux banques

 

Le ministre du Redressement productif, a présenté ce mercredi en Conseil des ministres ce qu’il appelle un plan de "résistance économique". C’est concrètement un fonds public chargé de prêter aux entreprises en difficulté, devenu urgent puisque les banques ne remplissent pas leur rôle, bien au contraire.

 

Ce plan d’aide est le triste constat de la toxicité des banques et qu’aucune leçon n’a été retenue de la crise du système bancaire. Arnaud Montebourg le disait, gêné, ce mercredi matin sur France Inter : alors qu’on n’a pas nationalisé les banques en 2008, qu’on les a refinancées sans condition, il faut aujourd’hui se substituer à elles puisqu’elles ne prêtent plus. "Nous avons décidé d'organiser la résistance économique par des décisions et des moyens exceptionnels pour faire en sorte que nous puissions préserver nos outils industriels et sauver le plus possible d'emplois", a expliqué le ministre lors de la présentation de son plan. Ce fonds doté de 380 millions d'euros, a pour but de faire face à la "vague" de plans sociaux qui ont lieu puisque les banques ne prêtent plus aux entreprises. Arnaud Montebourg a pour ce faire sorti du placard le Fonds de développement économique et social (FDES), créé en 1948. Il a donc pour but de  prêter aux entreprises en difficulté de trésorerie, de plus de 400 salariés, comme le fabricant d'électroménager FagorBrandt, Kem One, l'ex-pôle vinylique du groupe chimique Arkema, le leader mondial des arts de la table Arc International ou le transporteur Mory Ducros. "Si ces sociétés n'étaient pas secourues, elles affecteraient des secteurs entiers ou risqueraient de porter atteinte à des régions entières", a justifié le ministre.

 

"Le système bancaire ayant durci les conditions d'accès à son crédit, nous sommes aujourd'hui confrontés au refus par les banques de faire leur travail, c'est-à-dire de prendre des risques" a déploré le ministre.  Par conséquent, "c'est l'Etat qui empruntera la somme de 300 millions sur les marchés financiers et prêtera aux entreprises pour accompagner les reprises, les investisseurs et les stratégies de relance industrielle de ces sociétés".

 

Pourtant, les banques européennes se financent à des taux jamais vus. La BCE a baissé son taux directeur à 0,25%. Ce taux était à plus de 4 % en janvier 2009… Mais surtout il était tout de même à 2 % (et le taux de la banque centrale américaine à 1%) autour de 2004, lorsque les établissements bancaires se sont mis à prêter à n’importe qui n’importe quand, générant les bulles spéculatives, des subprimes comme de l’immobilier en Espagne par exemple. Depuis 2010-2011, les taux sont de plus en plus bas, bien plus qu’en 2004… Malgré tout les banques ne prêtent pas, bien qu’elles se financent quasiment gratuitement. En coupant le robinet du crédit, pas d’investissement, pas de retour de l’activité, pas de croissance. Et les banques constatant l’absence de reprise, se félicitent de ne pas avoir pris de risque, c’est un absurde cercle vicieux. La BCE n’a selon ses statuts aucun autre pouvoir, pour inciter les banques à rouvrir le robinet du crédit, que de baisser ses taux, créant par la même un nouveau terreau à bulles spéculatives.

 

C’est ainsi qu’Arnaud Montebourg se retrouve à devoir emprunter sur les marché financiers avec les garanties de l’Etat Français, pour pouvoir prêter à nouveau aux entreprises asséchées. Mais pourquoi n’a-t-on pas nationalisé ces banques, regrettait le ministre.

 

Pour aller plus loin sur le rapport entre les taux directeurs et les bulles spéculatives, se reporter au blog 

Les-Crises, d’Olivier Berruyer.

La BCE baisse ses taux 
Trading hautes fréquences: la guerre des millisecondes s’amplifie
"Qui sait que la bourse de Paris est aujourd'hui dans un hangar dans la banlieue de Londres ?"

 

Pi.M.

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4 juillet 2013 4 04 /07 /juillet /2013 12:34

402977293vu sur le site de Regards

Même fonction, même famille politique, même âge, même sexe. Delphine Batho et Aurélie Fillipetti ont des points communs. Symboles de la parité, elles font partie de la jeune garde du Parti socialiste, ont été proches de Ségolène Royal avant d’arriver à 39 ans à la tête de ministères importants. Chemin faisant, elles ont su gravir les échelons du pouvoir, mais voilà que face à l’austérité gouvernementale leurs routes ont soudain divergé. La première vient d’être virée pour avoir eu l’outrecuidance de critiquer la rigueur budgétaire imposée à l’Ecologie, tandis que la seconde s’évertue à assumer en bloc les coupes dans la Culture.

On n’en attendait pas tant de Delphine Batho qu’on imagine rompue à l’art d’avaler des couleuvres. Ainsi n’avait-elle pas rechigné à remplacer Nicole Bricq, débarquée pour avoir refusé d’accorder à Shell des autorisations de forage pétrolier au large de la Guyane. Avant d’être limogée à son tour… Ce n’est pourtant pas une novice. L’ex-ministre de l’Environnement est tombée très tôt dans la marmite politique. Ses classes, elle les a faites dans un syndicat lycéen (la Fidl), puis comme vice-présidente de SOS Racisme. A 21 ans, elle prend sa carte au PS dans l’Essonne et devient membre du courant la « Gauche socialiste » fondé par Julien Dray et Jean-Luc Mélenchon, avant de se rapprocher de Ségolène Royal, puis de s’engager aux côtés de François Hollande. Un parcours aussi studieux qu’exemplaire. Quelle mouche a donc piqué ce mardi 2 juillet celle qui affirmait encore fin mai « Je ne suis pas là pour faire des couacs » ? Pourquoi cette plainte subite contre un « mauvais budget » [une baisse de 7% des crédits accordés à l’Environnement en 2014, ndlr] sortie sur RTL ? Cri du cœur ou coup de com’, au fond peu importe. Ce qu’on retiendra surtout, c’est que la loi du silence (pardon, de la solidarité) a encore frappé. Et que décidément François Hollande a retenu la leçon du sondage Ifop réalisé en avril 2013 : 86% des Français trouveraient que le Président manque d’autorité et 87% désireraient un « vrai chef pour remettre de l’ordre ». Alors, c’est qui le chef ?

Pendant ce temps-là, Aurélie Filippetti se la boucle. Mieux, elle assume la nécessité de baisser les crédits alloués à son ministère qui ne représentent que 1% du budget de l’Etat. Cette fille de sidérurgiste, auteure des Derniers jours de la classe ouvrière, n’a pas toujours été au PS. Adhérente des Verts à 26 ans, elle rejoint sept ans plus tard l’équipe de campagne de Ségolène Royal puis soutient Hollande dès 2011. Aujourd’hui, la pilule est d’autant plus difficile à avaler que le candidat socialiste avait annoncé pendant la campagne, en janvier 2012, sa volonté de « sanctuariser » entièrement le budget de la Culture. Quelques mois plus tard, la donne a changé. « C’est surtout la première fois qu’un ministre de la Culture assume de dire publiquement que son budget est en baisse, quand d’autres le dissimulaient par de subtils habillages, se défend la ministre dans un entretien accordé à la revue Mouvement en janvier 2013. J’ai effectivement choisi d’affirmer que le ministère participait de l’effort budgétaire. » Et de marteler : « Nous ne sommes pas dans un monde où l’on dépense sans compter ». Pourtant, quand elle veut... Aurélie Filippetti a ainsi obtenu gain de cause contre Bercy qui voulait réduire les avantages fiscaux des entreprises mécènes. En même temps c’est logique : elle n’allait pas en plus décourager le privé de pallier le désengagement de l’Etat…

Dans le rôle de l’arbitre, Europe Ecologie peine à trancher dans le vif. Les écolos se tâtent. Rester ou partir, that is the question. La balle est dans leur camp.

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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 08:28

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Une confiscation en bonne et due forme de l’appareil économique a été entreprise depuis la fin des années 70 par une infime minorité qui a redistribué le produit du travail des autres largement en sa faveur. Ce ne sont effectivement pas tant nos usines, nos industries et nos entreprises qui ne sont pas productives. Cette productivité a en fait été monopolisée au bénéfice d’une élite qui a assisté, totalement indifférente, au creusement d’un fossé entre les salaires réels et la productivité. 

L’Allemagne elle-même, qui s’érige en donneuse de leçon de productivité, n’a pu bénéficier d’une croissance au-dessus de la moyenne européenne qu’à la faveur de sacrifices constants exigés à sa population. Le moteur à l’exportation allemand ne rugit pas seulement par la grâce de la force productive de ses entreprises. 

En réalité, c’est aux réformes dites « Hartz » entreprises entre 2003 et 2005 – et qui ont consisté à transférer des ressources et des richesses du citoyen vers les entreprises et vers le secteur financier – que l’Allemagne doit d’avoir dopé ses exportations. Ce sont effectivement les réductions salariales et les réformes drastiques de son marché du travail qui ont amélioré notablement sa productivité, en y comprimant à l’extrême le coût du travail. 


Ces réformes sinistres ont été initiées le 16 août 2002 par un groupe d’experts dirigés par le directeur des ressources humaines de Volkswagen, Peter Hartz, qui a présenté au chancelier allemand Gerhard Schröder ses propositions relatives aux réformes du marché du travail. 

Dix ans plus tard, la société allemande se retrouve profondément transformée par ces réformes. 

En effet, une étude de l’OCDE, publiée à fin 2012, conclut à un accroissement spectaculaire de l’inégalité des revenus en Allemagne, bien plus que dans n’importe quel autre pays membre de cette organisation. 

Ayant très finement manœuvré, la commission Hartz a réussi à créer dans son pays un marché du travail subsidiaire – ou parallèle – dominé par des salaires bas et non soumis aux droits sociaux. 

De fait, ces réformes privent les chômeurs allemands de tous leurs droits aux allocations chômage. Ils sont dès lors réduits à l’état de mendiants sociaux ! 

Ainsi, ce n’est qu’après une année entière de chômage que le travailleur est en droit de demander une misérable allocation mensuelle de 347 euros par mois, à la seule condition toutefois d’avoir préalablement épuisé son épargne et à la condition expresse que son conjoint soit incapable de subvenir à ses besoins. 

Pourquoi ne pas évoquer également l’obligation lui étant imposée d’accepter n’importe quel emploi, indépendamment de ses qualifications et de ses revenus antérieurs ? 

Hartz est donc tout à la fois un piège et la meilleure voie pour la pauvreté, ou pour un état de précarité absolue inconcevable et intolérable dans un pays riche comme l’Allemagne. Une étude réalisée par l’Association à l’aide sociale paritaire allemande dévoile effectivement que les trois-quarts des personnes touchées par ces lois restent à jamais tributaires de Hartz. 

Par ailleurs, la simple menace de tomber dans Hartz contraint les chômeurs à accepter des emplois à salaire bas, à temps partiel, dénués de toute sécurité, de droits à la retraite et autres allocations. 

Le dogme allemand du travailleur « low cost » était donc né de ces réformes… Et, de fait, seuls 29 millions d’Allemands (sur près de 42 millions de travailleurs) disposent aujourd’hui d’emplois soumis au régime de la sécurité sociale, pendant que quelque 5,5 millions d’entre eux travaillent à temps partiel, et que plus de 4 millions gagnent moins de 7 euros de l’heure ! 



Le secteur allemand des bas salaires tire par le fond tous les salaires du secteur industriel en agissant comme une sorte de levier infernal. Le travailleur y subit des conditions similaires à celles encore en vigueur dans le Tiers-monde et dans les pays émergents. 

La compétitivité elle-même – maintes fois invoquée – n’est-elle pas une notion floue désignant la capacité d’un pays et de ses entreprises à affronter la concurrence ? La compétitivité par le bas – en réalité dévaluation interne – consiste à baisser les prix à l’exportation en diminuant les coûts à la production. Le débat public se concentre donc sur le coût du travail tandis que le coût du capital n’est jamais évoqué, alors que les revenus nets distribués représentent aujourd’hui 10 % de la valeur ajoutée des sociétés non financières. 

Ce niveau historiquement record depuis la Seconde Guerre mondiale, par rapport à 5,5% en 1999, permet de conclure que la part dévolue aux actionnaires a donc crû dans des proportions considérables ces douze dernières années. 

Autrement dit, la complainte patronale faisant de la baisse du taux de marge la raison profonde des faibles investissements et du moindre effort en matière de recherche et développement ne tient pas la route. Elle passe en effet sous silence la part de plus en plus lourde que les entreprises choisissent de distribuer aux propriétaires de capital, quelle que soit l’intensité de la crise économique et financière. 

Voilà pourquoi les droits des salariés subissent une attaque sans précédent. Voilà pourquoi les coûts doivent être comprimés si le but est bien de gagner des parts de marché à l’export. Tels sont à l’évidence les impératifs si le but est bien de toujours plus rémunérer l’actionnariat, les capitaux et en finalité les parieurs en bourses… 

Cette logique débouche sur des contradictions inextricables, illustrées par le discours orwélien des industriels et des patrons d’entreprise expliquant que lutter contre les plans de licenciements revient à…lutter contre l’emploi ! 

Comprenons une fois pour toutes que compétitivité ni rime pas nécessairement avec chômage, avec précarité, ni avec explosion des inégalités, contrairement à ce que marchés et patrons imposent aux salariés et aux travailleurs depuis plus de vingt ans. Rebellons-nous contre les allégations de la Présidente du 
MEDEF, Laurence Parisot, qui se demandait en 2005 dans le Figaro : « La vie est précaire, l’amour est précaire, pourquoi le travail ne serait pas précaire ? » 

De telles déclarations consacrent la défaite du politique. En effet, l’une de ses missions devrait être la détermination des règles du jeu économique et la mise sous tutelle du néo-libéralisme qui n’est qu’une manœuvre visant à mettre l’Europe en pilotage automatique d’une concurrence supposée régler toutes les problématiques. 

Remplacer la culture de l’Etat par l’obsession du chiffre revient à fouler aux pieds l’essence même du travail, pourtant source de toute valeur économique. 

Par Michel Santi, économiste, auteur de Splendeurs et micères du libéralisme, (éd. l’Harmattan) 

vu sur le site de Marianne.net

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