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3 décembre 2023 7 03 /12 /décembre /2023 08:27

«Ils créent une catastrophe humanitaire»

Dans la bande de sable assiégée, l’électricité est coupée et la plupart des gens n’ont pas Internet pour lire le QR code. «Cela ne fait juste qu’accroître la peur des gens, poursuit Samir Zaqout. Ils ne savent plus où aller.Depuis ce matin, on vit notre pire journée à Rafah. Ils ont menacé Khan Younès, exigeant d’évacuer vers Rafah, et pourtant c’est là que les frappes sont les plus intenses et les plus violentes. L’expérience nous montre qu’il n’y a aucun lieu sûr: tout cela n’est qu’inepties.»Sa voix fatiguée marque une pause dans les messages vocaux qu’il parvient à envoyer à la faveur d’un quart d’heure de connexion Internet. «La trêve n’a pas changé grand-chose», constate-t-il. Israël, selon lui, continue de bombarder de manière aveugle,causant des dégâts gigantesques et tuant,«en grande majorité, des civils». «Aujourd’hui, ils ont visé la maison à côté de celle d’un collègue: ses deux enfants se sont retrouvés sous les décombres et sa femme a été blessée, sans raison. Ils tuent pour tuer, ajoute-t-il.Je crois que c’est une manière de contraindre les gens à faire pression sur le Hamas, à défaut de remplir de vrais objectifs militaires. Ils créent une catastrophe humanitaire de toutes pièces.»Eau et nourriture manquent. Vendredi, les Israéliens ont mis leur veto au passage du moindre convoi humanitaire par le terminal de Rafah, la seule porte d’accès à Gaza. Les Américains prévoient que l’aide soit à nouveau autorisée, mais en quantité très réduite.Les organisations internationales alertaient pourtant déjà, pendant la trêve, sur l’insuffisance de cette assistance. Les étals des supermarchés sont vides, et l’aide ne parvient pas à tous les habitants.

«Une guerre contre les enfants»

«Même pendant le cessez-le-feu, il y avait une grave pénurie de fournitures médicales, s’inquiète Sarah Davies, responsable des relations publiques au sein du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Un de nos chirurgiens vient de me dire qu’ils ont dû amputer la moitié de la jambe d’une fillette de 4ans, car sa blessure ne pouvait pas être traitée. Il y a des patients hospitalisés pendant plusieurs jours, avec des brûlures et des blessures graves qui ne peuvent être soignées faute de ressources humaines suffisantes, de matériel disponible, de médicaments.»Sur les 35 hôpitaux de la bande de Gaza, seule une quinzaine fonctionne encore, de manière partielle. En visite dans l’un d’eux, un des représentants de l’Organisation mondiale de la santé, Rob Holden, a décrit une situation «digne d’un film d’horreur. Quand vous entrez là-bas, vous trouvez des patients étendus au sol avec les blessures les plus graves que vous pouvez imaginer». «Des corps sont alignés sur un parking, dehors, [et] le sol est juste recouvert de sang», en attendant que les proches viennent les identifier, ajoute-t-il, dans un compte rendu publié par les Nations unies.Son collègue de l’Unicef, James Elder, lançait ainsi quelques heures après la fin de la trêve un cri d’alarme dans une vidéo tournée dans un autre hôpital, dans le Sud: «Nous ne pouvons pas voir plus d’enfants avec des blessures de guerre, des brûlures, des éclats d’obus recouvrant leur corps, des os brisés. L’inaction de ceux qui ont de l’influence permet que des enfants soient tués. Ceci est une guerre contre les enfants».

Clothilde Mraffko(Jérusalem, correspondance) et Ghazal Golshiri

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