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11 avril 2023 2 11 /04 /avril /2023 16:25

par lundi 10 avril 2023

Le pays semble suspendu à la décision du Conseil constitutionnel qui doit intervenir ce vendredi 14 avril et aucun changement décisif concernant la situation politique et sociale n’est intervenu la semaine passée. Comme prévu, la rencontre entre la Première ministre et les syndicats a tourné court. La mobilisation était en recul le jeudi 6 avril pour la onzième journée de manifestation, ce qui est compréhensible au bout de trois mois en période de forte inflation… et avec cette stratégie de journées saute-moutons que nous avons maintes fois critiquée ! Mais tout de même, voici quelques faits intéressants à relever.

Une fois n’est pas coutume, les bonnes nouvelles

On a pu constater cette semaine le renforcement des soutiens venant de l’international. Tout d’abord avec deux actions notables : jeudi 6 avril, les travailleurs de la FGTB ont bloqué les départs de camions au dépôt pétrolier de Total à Anvers et le même jour, des pompiers belges étaient aussi venus à Paris faire une action symbolique avec les pompiers français à l’Arc de triomphe(1), pour apporter leur soutien et dénoncer des difficultés communes, notamment le sous-effectif. Espérons la multiplication de ces initiatives et le renforcement des liens syndicaux avec nos pays voisins ! Car la France est en train de donner l’exemple et fera peut-être des émules pour résister à la casse sociale, ce qu’a montré le succès du hashtag #BeMoreFrench (Soyons plus français).

Des personnalités de premier plan comme Naomi Klein ou Ken Loach ont également apporté leur soutien aux Soulèvements de la terre après l’annonce de la procédure de dissolution(2).

Enfin, signalons aussi la tribune « Nous nous tenons aux côtés des Français », initiée par des parlementaires de gauche européens.

Ce que dit le peuple, dehors et dans les sondages

L’actualité me rappelle cette scène (voir ici) de la dernière saison de la série Baron noir où la présidente Amélie Dorendeu (inspirée d’Emmanuel Macron) se fait gifler par un manifestant et se demande ensuite auprès de son cabinet pourquoi personne ne l’avait prévenue qu’elle était aussi détestée dans le pays…

Aujourd’hui la détestation envers Emmanuel Macron est si générale que même Jean-Michel Apathie s’en est aperçu(3)… Quand la chanteuse Girl in Red, en concert à l’Olympia le 2 avril, demande à la jeunesse venue l’écouter de lui apprendre un mot en français, ça fuse : Macron, démission ! C’est dire…

Le climat est tel que ni Emmanuel Macron ni Elisabeth Borne n’osent désormais se déplacer sans un important dispositif qui permet d’éloigner les manifestants présents à chaque occasion. Le résultat ? Des images de nos responsables politiques qui s’expriment dans une France vidée de ses habitants.

Les sondages ne disent pas autre chose : le sondage Viavoice publié dans Libération montre que notre président apparaît comme autoritaire pour 61 % de la population, compétent pour 21 %, capable de rassembler pour 11 %, proche des préoccupations des Français pour 9 %…

Plus inquiétant, dans un autre sondage (Yougov pour le HuffPost), un Français sur deux (53 %) dit avoir « peur » de se rendre dans les défilés syndicaux et d’y être « victime de violence » ! La stratégie d’intimidation a donc porté ses fruits… Le même sondage pointe également une la bonne opinion croissante envers les syndicats, pourvu que cela se traduise par de nouvelles adhésions !

Darmanin ou le « syndrome Pasqua »

Pas une semaine ne se passe sans que notre ministre de l’Intérieur produise une nouvelle polémique avec de grosses ficelles. Comment ne pas parler de ses déclarations pendant les auditions à l’Assemblée nationale et au Sénat sur le maintien de l’ordre ? En somme, il n’y a pas d’usage excessif de la force, toute la faute revient à l’ultra-gauche, circulez il n’y a rien à avoir. Quant à ceux, comme la Ligue des droits de l’Homme, qui justement veulent voir avec des observateurs :

« Je ne connais pas la subvention donnée par l’État [à la LDH], mais ça mérite d’être regardé dans le cadre des actions qui ont pu être menées », a répondu Gérald Darmanin. Avant d’ajouter : « Beaucoup de collectivités locales aussi les financent, il n’y a pas que l’État. »

Une telle menace, aussi lointaine soit-elle, est terriblement inquiétante. L’association a rappelé que la seule période où elle avait été empêchée de faire son travail, c’était sous Vichy.

Pour la doctrine du maintien de l’ordre, même son de cloche du côté du préfet Laurent Nunez dans une interview de « Complément d’enquête » dont le visionnage vaut le détour(4).

L’équipe a notamment filmé à Sainte-Soline une équipe de gendarmes assistant aux tirs de leurs collègues qui se « trompent de cortège »…

La Macronie a également commis une nouvelle fourberie pour éviter tout débat un peu consistant sur le maintien de l’ordre en enterrant purement et simplement la pétition sur la dissolution de la Brav-M (qui avait obtenu plus de 260 000 signatures en treize jours seulement) en changeant la date limite de recueil de signatures…

Dernier enseignement de la semaine sur notre police nationale, c’est que l’IGPN est bien capable de reconnaître des policiers ou ex-policiers cagoulés et sans matricule RIO… mais seulement quand ils passent chez Hanouna ! Par contre quand ils commettent des violences, on peut toujours attendre, d’autant que le Conseil d’État a refusé d’en imposer le port(5), tout en reconnaissant de nombreux manquements.

Mais où est donc passée la République exemplaire ?

La palme de la meilleure tentative de diversion est attribuée cette semaine à Marlène Schiappa qui a posé dans le magazine Playboy, sans doute pour que l’on évite de parler du scandale du fonds Marianne révélé par l’hebdomadaire du même nom(6). Ce scandale s’ajoute à la très longue liste de scandales financiers ou d’une autre nature à mettre au palmarès de la Macronie. Marianne a également révélé que l’Elysée traitait très mal son personnel :

« Il n’y a pas que sur la réforme des retraites que la présidence de la République se révèle défaillante à entretenir le dialogue social. Au Palais, où travaillent plus de 800 personnes, il n’y a ni syndicat ni représentant du personnel ! Pourtant, comme ailleurs, les tensions internes y sont fortes. En mars, un employé chargé de l’argenterie, remercié après vingt-trois ans de services, s’est jeté sous le RER… »(7)

On n’est malheureusement guère surpris. Des miettes pour les pauvres, des jets pour les riches !

Car, pour terminer ce tour d’horizon, la lutte des classes ! Désormais, l’homme et la femme les plus riches du monde sont français, il s’agit de Bernard Arnault (211 milliards) et Françoise Bettencourt (80 milliards). On savait depuis un certain temps que la France était un paradis fiscal pour les ultra-riches : l’économiste Gabriel Zucman a calculé que 0,001 % des plus riches Français ont un taux d’imposition de 2 %(8).

Désormais le monde entier est au courant ! Il n’est pas question dans notre pays de contraindre un tant soit peu ceux qui confisquent sans limites les richesses et polluent à outrance. Tenez-vous bien, « interdire brutalement les jets, ce serait se priver d’un outil de développement économique et de désenclavement pour nos territoires ruraux » selon le député Les Républicains Nicolas Ray. Il s’agit pourtant d’une mesure de justice sociale indispensable.

Pour rappel, un milliardaire émet en moyenne, dans le monde, 8 190 tonnes de CO2 par an soit 1 000 fois plus qu’un Français moyen (8 tonnes de CO2 pour la consommation moyenne hors patrimoine financier).

Quant au patrimoine financier, 63 milliardaires français émettent autant de gaz à effet de serre que la moitié de la population française(9).

Pendant ce temps-là, en pleine période d’inflation, le gouvernement et ses alliés libéraux ont refusé toute avancée visant à lutter contre la précarité alimentaire lors de l’examen des propositions écologistes. Dans le même état d’esprit, la proposition de loi anti-squat vient encore accabler les plus pauvres de notre pays, même l’ONU s’en est émue ! Le rapporteur spécial de l’ONU sur le logement convenable, BalakrishnanRajagopal, et le rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et les droits humains, Olivier De Schutter, ont adressé au gouvernement une communication officielle longue pour alerter « sur la régression que constitue cette proposition de loi, et sur le risque qu’elle conduise la France à violer ses engagements internationaux ».

Et nous sommes loin d’être les seuls à ReSPUBLICA à rappeler l’actualité de la lutte des classes : selon un sondage IFOP, « 83 % des sondés pensent que la lutte des classes est toujours une réalité ». Dans un contexte de crise climatique et sociale, la réalité du conflit de classe rattrape la propagande autour de sa prétendue disparition

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10 avril 2023 1 10 /04 /avril /2023 09:02

 

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8 avril 2023 6 08 /04 /avril /2023 09:41

 

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7 avril 2023 5 07 /04 /avril /2023 07:48

Ce jeudi, les syndicats ont organisé une 11e journée de mobilisation contre la réforme des retraites.

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6 avril 2023 4 06 /04 /avril /2023 16:12

 

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5 avril 2023 3 05 /04 /avril /2023 09:14

 

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29 mars 2023 3 29 /03 /mars /2023 18:01
 
Nous vous invitons à une conférence sur l'écoféminisme avec Noémie Moutel, chercheuse à l'Université de Caen.
C'est samedi à 18h00, dans le cadre " Des Demoiselles en Campagne", en partenariat avec Chauffer dans La Noirceur.
A ne pas manquer !!!
 

 

 
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29 mars 2023 3 29 /03 /mars /2023 16:29
APPEL DES ORGANISATIONS SYNDICALES DU CALVADOS
Manifestation régionale. Une visite au pays de Borne !

 

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29 mars 2023 3 29 /03 /mars /2023 07:37

 

Nous, Personnel-les et Usager-ères de la Santé, du Social et du Médico-social, nous vous accusons !
Vous, Emmanuel Macron et les gouvernements précédents, d’avoir mené des politiques mettant désormais en péril la santé de la population, dans toutes ses dimensions, physique, psychique et sociale.

Nous vous accusons d’avoir fait dangereusement progresser les déserts médicaux. Ainsi, 15 millions de personnes n’ont plus accès à un médecin traitant et les délais d’obtention d’un rendez-vous chez un spécialiste ou un paramédical, orthophoniste, kiné… s’allongent indéfiniment

Nous vous accusons d’avoir multiplié les obstacles financiers à l’accès aux soins : dépassements d’honoraires qui atteignent 3,5 milliards d’euros en 2021, franchises médicales, forfaits, restes à charge, remise en cause de l’AME pour les sans-papiers. Avec, pour conséquence, 30% des personnes qui reportent leurs soins et une forte progression des tarifs des mutuelles.

Nous vous accusons d’avoir organisé la casse de l’hôpital public, comme l’ont révélé la crise covid et la crise des Urgences :

  • Suppressions massives de lits (4100 en 2021 en pleine pandémie), fermetures de services d’accueils d’urgence, de maternités, de centres d’IVG, démantèlement des hôpitaux de proximité vidés de la plupart de leurs activités, ayant abouti à priver des territoires entiers d’accès aux soins hospitaliers
  • Destruction du secteur psychiatrique public ne permettant plus la continuité des soins psychiques en hospitalisation et en ambulatoire
  • Concentration des établissements sanitaires et sociaux, privatisation et marchandisation rampante
  • Étranglement financier et gestion de l’hôpital comme une entreprise de production, dont la tarification à l’activité (T2A) est la signature

Nous vous accusons d’avoir institué des politiques managériales génératrices de souffrance pour les personnel-le-s, non reconnu-e-s, maltraité-e-s, contraint-e-s à la démission, et de faire preuve de mépris vis-à-vis de ces métiers féminisés sous-payés du soin et de l’accompagnement.

Nous vous accusons de mettre en œuvre une déshumanisation du soin, de l’accompagnement
médico-social et social, par une protocolisation à outrance et des pratiques inadmissibles et
dégradantes d’isolement et de contention qui se multiplient en psychiatrie, mais aussi dans les EHPADs
et dans d’autres secteurs de soins.

Nous vous accusons d’avoir fait le choix de l’austérité budgétaire conduisant à une insuffisance criante de soignant-e-s et de personnel-le-s dans tous les secteurs de la santé du médico-social et du social.

Nous vous accusons de carences graves dans les politiques d’accompagnement et de soins des personnes en perte d’autonomie, à domicile et en institution, comme le scandale Orpéa l’a encoredémontré.

Nous vous accusons d’inaction coupable face aux pénuries de médicaments, aux prix scandaleux exigés par les laboratoires pharmaceutiques qui ponctionnent la Sécurité Sociale, aux scandales sanitaires.

Nous vous accusons d’avoir laminé la médecine préventive à l’école et au travail, supprimé les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) et d’avoir abandonné une authentique politique de prévention sanitaire (malbouffe, maladies professionnelles et accidents de travail, pollution de l’air, pesticides, pollutions industrielles, pandémies, filtration de l’air intérieur, …).

Nous vous accusons d’inaction coupable face aux inégalités sociales de santé.

Nous vous accusons d’avoir considérablement affaibli la Sécurité sociale par des exonérations récurrentes de cotisations sociales pour les entreprises.

Nous vous accusons de conduire des politiques sociales déshumanisantes, maltraitantes envers les populations et les personnel-le-s de la santé, du social et du médico-social, d’avoir oublié qu’une politique de santé et de prévention se bâtit avec les populations.

Personnel-les et Usager-ères, mobilisons-nous tou-te-s ensemble, pour contrer ces politiques et porter nos exigences :
  • D’un accès aux soins et à un accompagnement social pour toutes et tous sur tout le territoire, sans discrimination financière, géographique, culturelle, numérique, sociale, de genre, d’origine et de situation administrative.
  • De la suppression des dépassements d’honoraires, vers la suppression des restes à charge.
  • D’un Service public de santé de premier recours sur tout le territoire avec ouverture de centres de santé pluriprofessionnels, pour permettre une répartition des professionnel-le-s de santé en fonction des besoins.
  • D’un Service public hospitalier présent sur tout le territoire, répondant à l’ensemble des besoins
    de la population.
  • De réouvertures de lits, de services, d’hôpitaux de proximité, de maternités, de centres d’IVG… partout où cela est nécessaire, selon les besoins définis par les professionnels (médecins ou non), les usager-ère-s, associations, élu-e-s…
  • D’un accès direct à un service d’urgence à moins de 30 minutes.
  • Du retour à une réelle politique de secteur en psychiatrie.
  • D’un arrêt des fermetures de lits et de services.
  • De la définition d’un nombre maximum de patient-e-s par soignant-e et par activité, co-élaboré avec les équipes soignantes et les usager-ère-s
  • D’un plan de formation à la hauteur des besoins, de l’instauration d’un pré-salaire étudiant, de moyens octroyés immédiatement pour ouvrir les places nécessaires dans les écoles et universités.
  • De recrutements à la hauteur des besoins, co-évalués par unité avec les personnel-le-s, usager- ère-s, dans tous les établissements sanitaires et médico-sociaux
  • De la reconnaissance des professionnel-le-s de santé par des mesures salariales et statutaires prenant en compte l’engagement, la responsabilité, la formation et la pénibilité.
  • De la participation effective aux décisions des personnel-le-s, de toute catégorie, de santé, du social et du médico-social, et des usager-ère-s.
  • De la reconnaissance du médicament comme bien commun, et non comme marchandise, pour permettre un accès au meilleur prix.
  • De la reconquête et du renouvellement de la Sécurité Sociale, avec un 100% Sécu, un financement à la hauteur des besoins, le retour à une gestion par les représentant-e-s des usager-ère-s et assuré-e-s sociaux.
  • De la sortie de la gestion marchande du système de santé et de la politique d’austérité imposée par l’ONDAM (Objectif National des Dépenses d’Assurance Maladie), avec son enveloppe fermée qui empêche de répondre à la satisfaction des besoins.
  • D’une modification de la loi de finance de la Sécurité Sociale dans l’urgence, dès 2023, et d’une
    augmentation des budgets.
Il y a urgence à défendre le droit à la santé, à l’accès aux soins, à l’accompagnement social et à une protection sociale de qualité pour tous et toutes, c’est une exigence d’égalité !
Personnel-les, Usager-ères, participons nombreux-ses aux initiatives portant ces propositions et revendications et en particulier
  • Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes,
  • Dans la semaine du 7 avril, journée mondiale de la santé,
  • Le 13 mai, la manifestation nationale pour les services publics à Lure.

Premiers signataires

Syndicats : Fédération CGT Santé Action Sociale, Fédération des Orthophonistes de France, Fédération Syndicale Unitaire (FSU), Fédération Sud Collectivités territoriales, Fédération Sud Éducation, Fédération Sud Santé Sociaux, Solidaires, SUD Chimie Sanofi Montpellier, Syndicat National des Infirmier(e)s Conseiller(e)s de Santé-FSU, Syndicat de la Médecine Générale, Union Fédérale Médecins Ingénieurs Cadres Techniciens-CGT Santé Action Sociale, Union syndicale de la psychiatrie,

Associations et collectifs : Act Up Sud-Ouest, Association des Médecins Urgentistes de France, Appel des appels, Association ETM46, Association nationale des sage-femmes orthogénistes, ATTAC, Coordination des Associations pour le Droit à l’Avortement et à la Contraception, CapitalExit, Cerises la coopérative, Collectif CIVG Tenon, Collectif National Droit des Femmes, Collectif antisanofric, Collectif Inter-Urgences, Comité Ivryen pour la santé et l’hôpital public, Comité de Vigilance des Services publics de Haute-Saône, Confédération internationale solidaire et écologiste, Convergence nationale des collectifs de défense et de développement des services publics, Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, Europe solidaire sans frontières, Femmes égalité, Fondation Copernic, La santé n’est pas une marchandise, LaSantéUnDroitPourTous, Le fil conducteur psy, Médicament bien commun, People’s Health Movement France, Planning familial de Loire-Atlantique, Planning familial du Val de Marne, Printemps de la psychiatrie, Printemps du CARE, Résistance sociale, Stop précarité

Avec le soutien des organisations politiques : ENSEMBLE!, Europe-Écologie Les Verts, Génération.s, Gauche écosocialiste, France insoumise, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti Communiste Français.

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28 mars 2023 2 28 /03 /mars /2023 16:58

 

Martine Orange 28 mars 2023 à 07h32

Le monde de la finance le créditait d’un succès depuis le début de sa présidence : sa politique pro-business. Alors que la crise sociale et politique s’approfondit en France, il redoute de voir toute cette politique remise en cause. Par la seule faute d’Emmanuel Macron.

Pendant deux mois, ils n’y avaient prêté qu’une attention distraite. Les manifestations, les grèves, tout cela pour s’opposer au report de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans… Pour ce monde de la finance internationale, cela relevait du folklore français habituel. Depuis la fin de la semaine dernière, ce n’est plus le cas.

Le coup de force d’Emmanuel Macron avec le recours au 49-3, la permanence des manifestations et des grèves, les violences policières, la montée de l’exaspération de la population allant jusqu’à obliger le roi Charles III à repousser sa visite en France les amènent à s’interroger. Le président de la République peut-il encore contrôler la situation ? Sa présidence n’est-elle pas déjà condamnée ?

Il y a longtemps que l’engouement suscité par Emmanuel Macron après son élection de 2017 est retombé chez les investisseurs internationaux. Au fil des années, ceux-ci ont appris à relativiser les envolées du chef d’État français, si prompt à faire la leçon à tout le monde. Mais tous lui reconnaissent un acquis essentiel à leurs yeux : il mène une politique pro-business.

« Son extraordinaire ascension politique a été suivie par l’obtention d’une large majorité au Parlement, ce qui lui a permis de lancer à toute vitesse une liste de réformes favorables aux entreprises, notamment la baisse des impôts sur les sociétés et une refonte de la législation du travail, rappelle un article de Bloomberg. Celles-ci ont réduit les risques financiers pour les entreprises licenciant des travailleurs et supprimé les couches complexes de négociation entre les employés et les employeurs. »

Mais tout cela n’est-il pas sur le point d’être remis en question, s’inquiètent de nombreux observateurs financiers qui se relaient dans la presse internationale ? Pour tous, la semaine dernière marque un tournant politique, plongeant la France dans l’incertitude.

Sur la responsabilité de la situation actuelle en France, le verdict est sans appel : la faute en incombe à Emmanuel Macron lui-même, à son style, à sa façon d’exercer le pouvoir, de s’emparer des institutions. « Le responsable de cette dernière régression est l’architecte du changement », note le Financial Times, qui a consacré pas moins de cinq articles ces derniers jours à la crise politique en France. « Depuis son entrée en fonction, M. Macron a exercé son autorité d’une manière, qui, selon les critiques, ferait rougir le général de Gaulle »ironise le Wall Street Journal. Critiquant le style monarchique d’Emmanuel Macron, qui se présente comme « le maître des horloges », le quotidien financier italien Il sole 24 Ore enfonce le clou : « Le président français a toujours revendiqué le droit de décider de quoi et quand intervenir, mais la succession des décisions a été la source de ses erreurs. » 

Déficit démocratique

Alors qu’avec la guerre en Ukraine, le camp occidental se veut le défenseur des libertés et de la démocratie face à l’autoritarisme, la manière dont Emmanuel Macron a ignoré les syndicats et les manifestations puis contourné le Parlement pour n’avoir pas à essuyer un refus les met particulièrement mal à l’aise. « Ce déficit démocratique » souligné par Der Spiegel leur semble une faute impardonnable. « Il a balayé l’opposition parlementaire et l’opinion publique d’une manière qui ne convient pas à la politique démocratique et à l’état d’esprit de la société », poursuit un article du Financial Times.

La dérive technocratique du pouvoir présidentiel et son incapacité à tenir compte de l’opinion publique soulèvent de nombreuses critiques. « Mercredi, il se lamentait encore : nous n’avons pas réussi à partager la nécessité de faire cette réforme, comme si le problème était l’inaptitude de la population à comprendre la réalité », grince Simon Kuper dans le Financial Times. « La marche forcée de M. Macron pour transformer l’économie française en un environnement pro-business se fait cependant au prix de la cohésion sociale en France », relève le Wall Street Journal.

À ce stade de tension, la présidence d’Emmanuel Macron leur semble dans une impasse. Ou en tout cas considérablement affaiblie. Lors du conseil européen du 24 mars, le chef de l’État a tenté de donner le change, clamant que de nouvelles réformes étaient toujours à l’ordre du jour. Les journalistes ont surtout noté un président isolé, fatigué, perdant la plupart des arbitrages au niveau européen, se demandant avec quelle majorité il pourrait travailler dans les quatre ans à venir.

La présidence Macron court le risque de devenir « un canard boiteux » pour Bloomberg, « le forçant à abandonner ses nouvelles initiatives pro-business, alors que ses politiques précédentes avait fait de la France la destination privilégiée des investissements internationaux et le premier bénéficiaire du Brexit ».

 « Après moi, le déluge »

« La rébellion parlementaire à laquelle a fait face le gouvernement cette semaine, et le chaos qui s’étend dans le pays soulèvent des questions inquiétantes sur l’avenir pour quiconque espère voir la France rester fermement ancrée dans le camp libéral, pro-UE, pro-Otan », écrit Politico, reprochant à Emmanuel Macron d’opter pour la voie d’« après moi le déluge ». Une attitude irresponsable, pour beaucoup de commentateurs. « Il ne s’agit plus de réformer les retraites. Les manifestants voient la démocratie elle-même en danger. Et il est facile pour les populistes de droite de capitaliser sur leur colère », s’alarme l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, qui ne voit qu’un vainqueur dans ce moment : le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen

Une crainte largement partagée par le Financial Times qui redoute de voir la France « suivre les Américains, Britanniques et Italiens et opter pour le vote populiste : Marine Le Pen en 2027 ». Au point que certains financiers se demandent s’il ne faut pas désormais inclure « un risque géopolitique » dans leurs investissements en France.

« La France ne peut pas continuer comme cela. Il est temps d’en finir avec la Ve République, avec sa présidence toute-puissante – la plus proche dans le monde développé d’un dictateur élu – et d’inaugurer une sixième République moins autocratique », en appelle le Financial Times, demandant à Emmanuel Macron d’engager lui-même cette réforme. Sourd aux appels de la population, des syndicats, des politiques, ces mises en garde du monde de l’argent sont peut-être les seules qui pourraient l’incliner à changer.

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