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22 mars 2016 2 22 /03 /mars /2016 09:29
Pour avoir dit la vérité, il risque 1.3 M€ d’amende et 10 ans de prison

Sources : lefigaro.fr / republicain-lorrain.fr / vosgesmatin.fr / liberation.fr /

Le procès du français Antoine Deltour débute le 26 avril. Son « crime » ? Avoir dévoilé au monde entier l’un des plus grands scandales financiers du siècle qui prendra le nom d’affaire LuxLeaks. Mais voilà, ce ne sont pas les multinationales qui furent inquiétées par ces révélations, mais le lanceur d’alerte lui-même dont on tente aujourd’hui de détruire la vie.

On en avait déjà une petite idée avec le cas de Julian Assange et l’affaire Snowden, les puissants de ce monde n’aiment pas que la vérité soit dévoilée, surtout quand elle ébranle les rouages d’un capitalisme de connivence entre États et multinationales. Plus que jamais, il semble risqué de jouer le rôle de lanceur d’alerte. L’histoire d’Antoine Deltour, l’homme à l’origine du scandale LuxLeaks, peut en témoigner. Après avoir mis son existence en péril pour dévoiler les coulisses de l’évasion fiscale, l’homme risque aujourd’hui 10 ans de prison et 1,3 million d’euros d’amendes. Quand dire la vérité devient un crime, vous pouvez commencer à vous questionner sur les institutions qui organisent l’économie.

Le 26 avril prochain, Antoine Deltour tentera donc de défendre sa cause devant le tribunal correctionnel du Luxembourg. Face à lui, PricewaterhouseCoopers (PWC), un cabinet d’audit où il travaillait quand l’affaire a éclaté. Alors âgé de 28 ans, dans le cadre de son travail, il met la main sur un ensemble de documents liés à des accords fiscaux secrets entre le Luxembourg et de grandes multinationales. Des accords qui permettent à des entreprises bien connues d’éluder une partie de l’impôt à l’aide de diverses filiales. Au total, on parle de plusieurs centaines de milliards d’euros transférés au Luxembourg au profit de sociétés comme Apple, Amazon, Heinz, Pepsi, Ikea ainsi que des banques.

De Edgar Morin à Edward Snowden

Antoine Deltour, visiblement aidé d’autres personnes, prend alors le risque de dévoiler ces informations explosives : 28 000 pages de documents secrets exposant 548 accords confidentiels qui organisent, en catimini, l’exil fiscal de plus de 300 entreprises avec l’aval de l’administration luxembourgeoise des impôts. Entre ses mains, les preuves d’un des plus grands scandales du siècle. Mais voilà. Deux ans après la sortie d’un numéro de l’émission Cash investigation relatant ses découvertes, le lanceur d’alerte s’est vu placé en garde à vue et inculpé par la justice luxembourgeoise pour vol domestique, violation du secret professionnel, violation de secrets d’affaires et blanchiment.

Sa vie bascule, mais Antoine Deltour refuse d’être considéré comme un héros malgré sa nomination au Prix Sakharov et son prix du citoyen européen 2015. « La figure médiatique parfois décrite du lanceur d’alerte comme quelqu’un d’isolé et courageux. Oui on l’est, mais on n’est pas seul, je sais qu’aujourd’hui des milliers de personnes sont les témoins silencieux de pratiques qui devraient être portées à l’attention du public » expliquait-il au Figaro. Sans le vouloir, son combat est devenu celui d’une vie au profit d’une meilleure protection des lanceurs d’alertes et pour une justice fiscale. Derrière lui, des milliers de citoyens le soutiennent, ainsi qu’un nombre impressionnant de personnalités dont José Bové, Olivier Besancenot, Didier Porte, Bruno Solo, Edgar Morin ou encore Edward Snowden, pour ne citer qu’eux. Parmi eux, on trouve également le journaliste Denis Robert, victime de l’affaire Clearstream très similaire. À l’approche du procès, une cagnotte citoyenne de 18 000 euros a été récoltée pour payer une part des frais de justice.

Pour avoir dit la vérité, il risque 1.3 M€ d’amende et 10 ans de prison

Quoi qu’il arrive, l’affaire LuxLeaks est déjà une grande victoire pour la vérité et la justice sur le plan européen. En dépit de ce procès qui ne manquera pas d’être politisé, l’affaire n’a pas laissé indifférentes certaines institutions. L’Organisation de Coopération et de Développement Économiques a notamment lancé un vaste plan d’action pour endiguer l’évasion fiscale des multinationales, véritable pillage fiscal nuisant à l’ensemble de la société. En février 2015, c’est le Parlement européen qui votait la mise en place d’une commission spéciale chargée d’examiner les rescrits fiscaux, ces faveurs accordées par une administration fiscale d’un pays au bénéfice d’une entreprise. Des faveurs qui violent les principes de concurrence non faussée. Leur rapport préconise la protection accrue des lanceurs d’alertes, l’obligation pour les multinationales de publier leur résultats pays par pays, mais aussi la nécessité d’une assiette fiscale commune pour les sociétés européennes. Par ailleurs, le conseil de l’Union européenne adoptera le « paquet transparence fiscale » qui, en dépit de sa dénomination, n’offre pas l’accès au grand public, ni à la commission européenne, des rescrits fiscaux (tax rulings).

Entre 100 et 240 milliards de dollars par an

Au moment même où des États sont au bord de la faillite, où les hôpitaux et les écoles voient leurs effectifs fondre, où les coupes budgétaires imposent l’austérité aux peuples européens, les documents révélés par Antoine Deltour permettent de recentrer certains débats de société. Et pour cause, l’OCDE a récemment estimé que le manque à gagner de l’évasion fiscale en Europe s’élèverait jusqu’à 240 milliards de dollars par an. Ainsi, la « crise » est toute relative. L’argent ne manque pas. Il est, de manière certaine, concentré dans les mains d’entreprises privilégiées (et de leurs actionnaires) qui font leur possible pour ne pas participer à l’effort collectif. Un effort qui se répercute inévitablement, via l’austérité, sur l’ensemble de la population et des services publics. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la pratique des rescrits fiscaux demeure en vigueur au Luxembourg, comme dans 22 des 28 pays de l’Union Européenne.

Quant à Antoine, il assume son combat pour la vérité jusqu’au bout : « J’ai agi par conviction, la cohérence était d’assumer » déclarait-il à Libération au moment de sa mise en examen. Et pour cause, le lanceur d’alerte reste positif : « Je n’aime pas trop le terme d’optimisation fiscale, un euphémisme, car il s’agit de planification fiscale agressive mise en place par certains États, de stratégies complexes pratiquées à échelle industrielle par certains cabinets. La régulation sera toujours en retard sur l’ingénierie financière, alors que l’évaporation de recettes fiscales devient cruciale en temps de crise. Les répercussions politiques du LuxLeaks sont pour moi inespérées : il va être enfin question d’une harmonisation des bases ­fiscales en Europe. » conclue-il. La pétition de soutien touche les 65 000 signatures. Il existe également un site dédié pour le soutenir et lui souhaiter le meilleur dans cette épreuve.

Pour avoir dit la vérité, il risque 1.3 M€ d’amende et 10 ans de prison

Entre 100 et 240 milliards de dollars par an

Au moment même où des États sont au bord de la faillite, où les hôpitaux et les écoles voient leurs effectifs fondre, où les coupes budgétaires imposent l’austérité aux peuples européens, les documents révélés par Antoine Deltour permettent de recentrer certains débats de société. Et pour cause, l’OCDE a récemment estimé que le manque à gagner de l’évasion fiscale en Europe s’élèverait jusqu’à 240 milliards de dollars par an. Ainsi, la « crise » est toute relative. L’argent ne manque pas. Il est, de manière certaine, concentré dans les mains d’entreprises privilégiées (et de leurs actionnaires) qui font leur possible pour ne pas participer à l’effort collectif. Un effort qui se répercute inévitablement, via l’austérité, sur l’ensemble de la population et des services publics. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la pratique des rescrits fiscaux demeure en vigueur au Luxembourg, comme dans 22 des 28 pays de l’Union Européenne.

Quant à Antoine, il assume son combat pour la vérité jusqu’au bout : « J’ai agi par conviction, la cohérence était d’assumer » déclarait-il à Libération au moment de sa mise en examen. Et pour cause, le lanceur d’alerte reste positif : « Je n’aime pas trop le terme d’optimisation fiscale, un euphémisme, car il s’agit de planification fiscale agressive mise en place par certains États, de stratégies complexes pratiquées à échelle industrielle par certains cabinets. La régulation sera toujours en retard sur l’ingénierie financière, alors que l’évaporation de recettes fiscales devient cruciale en temps de crise. Les répercussions politiques du LuxLeaks sont pour moi inespérées : il va être enfin question d’une harmonisation des bases ­fiscales en Europe. » conclue-il. La pétition de soutien touche les 65 000 signatures. Il existe également un site dédié pour le soutenir et lui souhaiter le meilleur dans cette épreuve.

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25 mars 2015 3 25 /03 /mars /2015 22:03

 


Peuples Solidaires
TANZANIE : DES MILLIERS DE PAYSANS CHASSÉS PAR UN PROJET DU G8 !


 COMMENT POURRAIS-JE EXPRIMER CE QUE SIGNIFIE MA TERRE POUR MOI ? ELLE EST MON ENFANT, MON PARENT ET MON MOYEN DE SUBSISTANCE ! 

S. Uzageni, agricultrice dans le distrcit de Bagamoyo en Tanzanie

SIGNEZ MAINTENANT !
Travailleur Paper Bags


LES FAITS

L’entreprise suédoise EcoEnergy projette d’accaparer 20 000 hectares de terres pour produire du sucre dans le district de Bagamoyo en Tanzanie provoquant le déplacement des populations vivant sur et de ces terres. 

Pendant les premières phases du projet, près de 1 300 familles d’agriculteurs-rices perdront tout ou partie de leurs terres et de leurs habitations.
 EcoEnergy et le gouvernement tanzanien prétendent que ce projet apportera de nombreux avantages aux communautés locales, mais sans l’obtention de leur consentement libre, préalable et éclairé, l’entreprise se rend coupable d’accaparement des terres.



FAITES PRESSION SUR LE GOUVERNEMENT TANZANIEN POUR QU'IL STOPPE CET ACCAPAREMENT DE TERRES !


Je signe cet appel !



UNE INITIATIVE DU G8 CONTROVERSÉE ET RISQUÉE POUR LES COMMUNAUTÉS LOCALES 

Le projet d’EcoEnergy est un projet phare de la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition (Initiative du G8 en matière d’investissement dans l’agriculture africaine). 

Bien qu’EcoEnergy ait mené un processus de consultation auprès des communautés locales, des informations cruciales liées aux effets du projet sur leur mode de subsistance et leur droit à l’alimentation et à la terre ne leur ont pas été données. Sans l’obtention du consentement libre, préalable et éclairé des communautés locales, EcoEnergy se rend coupable de l’accaparement des terres de ces communautés, ou en prend le risque.

EcoEnergy propose également d’établir un programme d’agriculture contractuelle  dans lequel 1 500 petit-e-s exploitant-e-s créeraient leur propre entreprise de sous-traitance.
Cependant, une grande partie des exploitant-e-s de la zone ignorent les modalités de ce programme qui présente des risques puisqu’il leur faudra souscrire des prêts colossaux qu’ils mettront plus de 7 ans à rembourser.

Les communautés du district de Bagamoyo
ont donc publiquement demandé au gouvernement tanzanien de suspendre le projet et de mener un nouveau processus de consultations.

Les gouvernements, notamment la France, soutenant la Nouvelle Alliance doivent mettre fin à leur engagement dans cette initiative et la remplacer par des initiatives visant à soutenir véritablement les petit-e-s producteurs-rices et à faire progresser l’agriculture durable. 




 NOUS N’AVONS JAMAIS EU LA MOINDRE INFLUENCE SUR LES DÉCISIONS CONCERNANT NOS TERRES. NOUS NE SAVONS PAS SI NOUS SERONS RÉINSTALLÉS OU ENCORE INDEMNISÉS... 

Anza Ramadhani, agricultrice à Bagamoyo

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16 mars 2015 1 16 /03 /mars /2015 10:36
Bruno Odent Jeudi, 12 Mars, 2015 L'Humanité
Photo : Fabrizio Bensch/Reuters
Les tractations, entamées il y a trois ans, sont entourées d’un maximum de précautions pour assurer une confidentialité des discussions autour des services publics.
Photo : Fabrizio Bensch/Reuters
Le Conseil européen a rédigé ses directives aux représentants de l’UE pour la dernière phase des négociations secrètes engagées à Genève pour une libéralisation globale des services (accord Tisa). Du sur-mesure pour les multinationales garanties du risque de « différends » avec les États.

 

Les Vingt-Huit s’apprêtent à donner en catimini des instructions pour accélérer la négociation d’un accord entre 48 États à Genève sur une libéralisation globale du commerce des services. Le Conseil européen, ou plutôt l’une de ses branches consacrée à… l’agriculture et à la pêche, a mis à son ordre du jour le 18 mars prochain un « projet de directives pour l’adoption d’un accord plurilatéral » sur ce thème des services (Tisa). Les tractations, entamées il y a trois ans, sont entourées d’un maximum de précaution pour assurer une confidentialité totale aux discussions avec classification des textes établissant l’avancée des pourparlers et utilisation d’ordinateurs en lieu clos et sous haute surveillance. En juin 2014 l’Humanité avait pu révéler l’avancée de ce projet grâce aux lanceurs d’alerte de WikiLeaks qui étaient parvenus alors à récupérer la partie des textes surprotégés consacrée à la libéralisation des services financiers.

Le Medef aux avant-postes 
des lobbyistes

Au stade actuel les dirigeants de l’Union européenne (UE) veulent ouvrir la voie à d’ultimes tractations avant la conclusion d’un traité prévu pour la fin de cette année. Outre les services financiers, la protection des données et toutes les activités de services publics sont dans le collimateur. Et les grands groupes privés rassemblés au sein d’une Global Services Coalition (GSC, Coalition globale des services), pilotée par les champions états-uniens du secteur sont à la manœuvre. Au point que l’on peine à discerner les différences entre les formules choisies des lobbyistes et ce qui a pu filtrer des travaux sur certains des chapitres du traité. Dans la partie consacrée au contenu de l’accord, le projet proposé à la ratification des Vingt-Huit insiste sur la nécessité d’y intégrer « un mécanisme efficace de règlement des différends ». Entendez ce recours à des juridictions d’arbitrage privées, réputées indépendantes des États, qui figure également dans l’ébauche du traité transatlantique (Tafta), dont la négociation a lieu parallèlement. Les résistances rencontrées sur ce terrain jusqu’au sein du Parlement européen (l’Humanité du 4 mars) expliqueraient-elles cette détermination à faire avec Tisa au moins un précédent qui aplanisse le terrain d’un futur règlement global dont l’émergence est si désirée par Bruxelles, Washington et les lobbyistes du GSC. Avec aux avant-postes le Medef et les fleurons d’un capitalisme français très porté sur les services (Veolia, GDF Suez, Orange, etc.) ? La question peut être posée. Car Tisa a déjà été entièrement conçu comme un instrument destiné à contourner les obstacles à une libéralisation globale. C’est en effet après l’échec des négociations dites du cycle de Doha de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dans le courant de la décennie 2000 que des pourparlers plurilatéraux secrets ont été engagés par 48 pays dans le charme discret des locaux de l’ambassade d’Australie à Genève. Il s’agissait, sous l’impulsion des États-Unis, de l’UE et d’une vingtaine d’autres nations, de court-circuiter l’opposition des pays en développement et des émergents qui refusaient de conclure à l’OMC un accord global sur le commerce des services (AGCS). À bon droit, bien entendu, puisqu’il n’est guère difficile de se représenter comment cette libéralisation aurait conduit au pillage de leurs services publics parfois réduits encore à l’état d’embryon.

Le service public asservi 
aux règles de libre concurrence

L’accès aux marchés des services publics est inscrit comme l’un des objectifs prioritaires dans les directives du Conseil européen. Les groupes privés sont censés pouvoir s’y installer aux mêmes conditions que les entreprises publiques existantes au nom du respect des sacro-saintes règles de libre concurrence. Les discriminations favorisant les firmes publiques locales doivent être systématiquement levées. Et s’il demeure des « exemptions », dit le texte, elles doivent « faire l’objet d’une clause à effet de cliquet ». Soit, traduit du sabir technocratique : interdire tout retour en arrière. Comme une renationalisation après privatisation. Ce « deal », s’indigne Rosa Pavanelli, la secrétaire générale du Syndicat international des services publics (PSI), revient de fait à « transférer les services publics dans les mains du privé et de compagnies étrangères motivées uniquement par le profit ». Au détriment du droit des peuples à un accès aux biens 
communs les plus vitaux.

Révélations sur la santé. Après Wikileaks, sur les services financiers, une association de lanceurs d’alertes (Associated Whistle-Blowing Press) 
est parvenue début février dernier à dévoiler une autre partie des discussions secrètes de Genève. Elle porte sur la privatisation des services de santé et la facilitation de soins « offshore » 
dans des établissements étrangers pour 
les patients privilégiés.

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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 14:49
Les salariés de l’Etablissement Français du Sang sont en grève pour dénoncer l’arrêt obligatoire de la fabrication de plasma thérapeutique. Ils craignent aussi de perdre le monopole de la collecte.
Don de sang : l’EFS en grève pour défendre le monopole de la collecte
GELEBART/20 MINUTES/SIPA

Le sang attire bien des convoitises. En grève, les salariés de l’Etablissement Français du Sang (EFS) en font l’amère expérience. Dans un marché mondial estimé à douze milliards d’euros, le statut du seul et unique fournisseur de sang en France semble quelque peu compromis.

Le plasma thérapeutique, fabriqué par des groupes privés
De fait, le modèle hégémonique de l’EFS a déjà perdu en vitesse - raison pour laquelle les salariés manifestent ce mardi. En juillet 2014, le Conseil d’Etat a porté un coup de massue à l’établissement en mettant fin à son droit exclusif de fabriquer et de commercialiser du plasma thérapeutique. Dès le 1er février, l’EFS devra donc abandonner cette partie de son activité, pour la céder à des entreprises privées, et notamment au groupe suisse Octapharma.

Le laboratoire helvétique est à l’origine de la procédure qui a mis fin au monopole. En effet, l’EFS était, jusqu’ici, la seule structure autorisée à produire du plasma SD en France. Le plasma correspond à la partie liquide du sang, qui contient des protéines d'un intérêt thérapeutique majeur. Pour inactiver les virus potentiellement présents, l’établissement utilise un solvant-détergent (SD). Selon le Conseil d’Etat, ce procédé constitue une technique industrielle qui fait du plasma un médicament à part entière.

Résultat : l’EFS, qui n’a pas le statut d’établissement pharmaceutique, perd le droit de produire le plasma SD. Pour la structure publique, cela signifie la destruction de plusieurs dizaines d’emplois.

Un rapport qui suscite des craintes
Un autre point inquiète davantage les salariés de l’EFS. Un rapport de l’IGAS sur la filière plasma, commandé par le ministère de la Santé, émet des recommandations qui n’augurent rien de bon pour l’établissement. Selon les syndicats CGT, CFDT, CFE-CGC et FO, ses auteurs proposent en effet de casser le monopole de la collecte et de permettre à une autre structure publique de prélever le plasma des donneurs.

Ainsi, le Laboratoire français de fractionnement et des biotechnologies (LFB), qui commercialise des médicaments à base de sang, pourrait lui aussi obtenir le droit de collecte. Selon l’IGAS, une telle ouverture du monopole devrait lui permettre de gonfler ses stocks, puisque le LFB ne peut se fournir en plasma qu’auprès de l’ESF.

« Qu’en est-il des principes sécuritaires, instaurés à la suite de l’affaire du sang contaminé, de séparer le collecteur du fractionneur ? », s’interrogent les syndicats dans un communiqué. De fait, la séparation des deux organismes a été décidée en 1993 pour éviter tout conflit d’intérêt.

« Nous ne comprenons pas de telles décisions, si ce n’est une volonté de limiter considérablement le monopole et le rôle de l’EFS, en favorisant les lobbies pharmaceutiques », dénoncent encore les syndicats, qui craignent, à terme, de voir disparaître le modèle français du don de sang, fondé sur la gratuité.

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29 janvier 2015 4 29 /01 /janvier /2015 15:01
Secret des affaires : informer n’est pas un délit!

Le Monde | 28.01.2015 à 10h09 • Mis à jour le 28.01.2015 à 15h46

Il y a un loup dans la loi Macron. Le projet de loi actuellement discuté à l’Assemblée nationale contient un amendement, glissé en catimini dans le texte, qui menace d’entraver le travail d’enquête des journalistes et, par conséquent, l’information éclairée du citoyen. Sous couvert de lutte contre l’espionnage industriel, le législateur instaure comme nouvelle arme de dissuasion massive contre le journalisme un « secret des affaires » dont la définition autorise ni plus ni moins une censure inédite en France.

Lire aussi : Une loi pour protéger le secret des affaires

Selon le texte, le « secret des affaires » recouvre « une information non publique, qui fait l’objet de mesures de protection raisonnables » et qui a « une valeur économique ». Notre métier consistant à révéler des informations d’intérêt public, il sera désormais impossible de vous informer sur des pans entiers de la vie économique, sociale et politique du pays.

Le texte, qui a été préparé sans la moindre concertation, laisse la libre interprétation aux seules entreprises de ce qui relèverait désormais du « secret des affaires ». Autrement dit, avec la loi Macron, vous n’auriez jamais entendu parler du scandale du Médiator ou de celui de l’amiante, de l’affaire Luxleaks, UBS, HSBC sur l’évasion fiscale, des stratégies cachées des géants du tabac, mais aussi des dossiers Elf, Karachi, Tapie-Crédit lyonnais, ou de l’affaire Amésys, du nom de cette société française qui a aidé une dictature à espionner sa population. Et on en passe…

La simple révélation d’un projet de plan social pourrait, en l’état, elle aussi, tomber sous le coup de la loi Macron.

Dérives liberticides

Avec ce texte, un juge saisi par l’entreprise sera appelé à devenir le rédacteur en chef de la nation, qui décide de l’intérêt ou non d’une information. Une disposition spéciale prévoit même que la justice puisse empêcher la publication ou la diffusion d’une enquête. Dans le cas où le journaliste viole ce « secret des affaires », il encourt trois ans d’emprisonnement et 375 000 euros d’amende. La mise est doublée en cas d’atteinte à « la souveraineté, à la sécurité ou aux intérêts économiques essentiels de la France ». Une triple notion suffisamment vague pour autoriser toutes les dérives liberticides.

Même tarif pour les lanceurs d’alerte, les fameuses sources sans lesquelles certaines affaires ne sortiraient pas. Ce texte inacceptable est mis au vote alors même qu’une loi prévoyant le renforcement de la protection des sources des journalistes a été discrètement enterrée l’été passé.

Nous, journalistes, refusons de nous contenter de recopier des communiqués de presse pour que vous, citoyens, restiez informés. Et comme disait George Orwell : « Le journalisme consiste à publier ce que d’autres ne voudraient pas voir publié : tout le reste n’est que relations publiques. » C’est pourquoi nous demandons le retrait pur et simple de ce texte.

 

Projet de directive européenne visant à protéger les secrets d’affaires

La Commission européenne a proposé jeudi 28 novembre un projet de directive visant à protéger les secrets d’affaires, souvent des technologies ou savoir-faire particuliers, contre le vol par des entreprises concurrentes.

Le projet de directive prévoit des dommages et intérêts pour les entreprises victimes d’un vol ou d’une appropriation illicite de ces informations confidentielles. En Europe, 25% des entreprises se sont plaintes de vol d’informations confidentielles en 2013, selon un sondage cité par la Commission. « La cybercriminalité et l’espionnage industriel font malheureusement partie de la réalité quotidienne des entreprises européennes », a souligné le commissaire européen chargé du Marché intérieur, Michel Barnier, cité dans le communiqué. La proposition législative de la Commission européenne « vise à renforcer la confiance des entreprises, des créateurs, des innovateurs et des chercheurs dans l’innovation collaborative dans tout le marché intérieur ».

Actuellement, la législation diffère fortement au sein de l’UE. Certains pays comme la France, la Belgique ou le Royaume Uni n’ont aucune législation spécifique en matière de secrets d’affaires, contrairement à l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne par exemple. Le projet de directive de la Commission propose également une définition commune du secret d’affaires. Il s’agit d’informations confidentielles qui permettent à une entreprise d’avoir un avantage compétitif par rapport à ses concurrents, mais qui ne sont pas couvertes par le droit d’auteur ou par des brevets.

La Commission cite à titre d’exemples le processus de fabrication des pneus Michelin, la recette des « pasteis de Belem », une pâtisserie portugaise renommée, la technologie et le savoir-faire d’Airbus pour la fabrication des avions, ou l’algorithme de recherche de Google. Mais il peut s’agir aussi d’éléments plus éphémères, comme les résultats d’une enquête marketing ou une liste de clients. « La protection des secrets d’affaires est particulièrement importante pour les entreprises de l’UE les plus petites et les moins bien établies », a souligné de son côté le commissaire chargé des PME, Antonio Tajani, car "la perte d’un secret d’affaires et la divulgation d’une invention clé à des concurrents représente une perte de valeur et une baisse des performances futures désastreuses pour une PME".

décembre 2013, par HASSID Olivier

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