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14 mars 2021 7 14 /03 /mars /2021 15:08
 

Madame et Monsieur Uddin et leur fille aînée Humayra, alors âgée de sept ans, sont arrivés du Bangladesh sur le territoire français en mars 2016, il y a maintenant cinq ans. Carollais depuis deux ans, leur installation au village est le fruit de l’engagement collectif porté par l’Association Itinérance Sud Manche, l’Association des Parents d’Elèves de l’école Marin Marie de Carolles, les municipalités de Carolles et de Jullouville et par Monsieur David Lerouge, le prêtre de la Paroisse.

Menacés dans leur pays, où leur maison, leur commerce et leurs biens ont été spoliés, et pour permettre à Madame Uddin l’accès à des soins impératifs, que sa santé exigeait et exige toujours, ils tentent depuis leur arrivée de construire pour leurs filles un avenir meilleur, une vie qui permette à leurs enfants de s’épanouir et de se construire en sécurité.

Humayra est aujourd’hui scolarisée à l’école de Jullouville, dans la classe de C.M.2. Par son assiduité, son travail et son courage, elle s’est toujours attiré les compliments de ses professeurs successifs, et a su créer des liens amicaux forts, comme n’importe quelle petite fille de son âge. Son sérieux et la maturité dont elle fait preuve face à la situation sont sans équivoques. Cinq ans de scolarisation et de vie dans un pays, la France, c’est toute une vie pour une petite fille de douze ans.

Ses deux petites sœurs Zenifar et Nazifa sont scolarisées à l’école maternelle de Carolles. Elles sont toutes deux, comme la petite dernière Areesha, nées en France, et grandissent au village, où elles sont heureuses, partagent le même quotidien que nos enfants, car elles sont, comme eux, de petites carollaises. S’épanouissant dans le paysage où elles sont nées, entre terre et mer, entre les falaises et la plage, les chemins de campagne et le bourg.

Monsieur et Madame Uddin font partie de notre communauté villageoise, dans laquelle ils ne demandent qu’à s’inscrire davantage. Leurs filles ont trouvé un équilibre certain, ici, auprès de leurs camarades, et un cadre de vie harmonieux loin des traumatismes subis par leurs parents.

Nous ne pouvons pas, en toute conscience, laisser cette famille être expulsée ; retourner dans un pays où rien ne les attend que la misère et l’isolement, sans penser à l’avenir de ces quatre petites filles qui partagent la langue, les jeux, les rêves de nos enfants, sans penser au devenir de ces petites filles qui sont ici, chez elles.

C’est pourquoi, nous, parents d’élèves, habitants de Carolles et de Jullouville demandons que soient abandonnées l’obligation de quitter le territoire et l’interdiction de retourner sur le territoire auxquelles est soumise la famille Uddin.

Nous, parents d’élèves, habitants de Carolles et de Jullouville demandons leur régularisation.

Aidez-nous en signant cette pétition.

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17 janvier 2021 7 17 /01 /janvier /2021 18:01

 

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14 décembre 2020 1 14 /12 /décembre /2020 15:16

 

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11 décembre 2020 5 11 /12 /décembre /2020 09:41

 

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27 novembre 2020 5 27 /11 /novembre /2020 09:12

 

 

La scène a été capturée par les caméras de vidéo-surveillance. Pendant près de cinq minutes, on voit un homme se faire frapper à plusieurs reprises par des policiers. Une vingtaine de coups de poing, de coups de pied et de matraque. Michel Zecler est producteur de musique. Ses blessures ont nécessité six jours d'interruption de travail. "À ce moment-là, je me dis que j'ai peur. Je me dis que c'est peut-être mon dernier jour aujourd'hui", raconte-t-il. Les faits se sont déroulés samedi 21 novembre, vers 19h40. Michel Zecler était dans la rue, sans masque lorsqu'il a vu des policiers. Il raconte alors avoir décidé de rentrer dans son studio d'enregistrement.

Les agents l'ont suivi à l'intérieur. De jeunes artistes présents dans le studio lui sont finalement venus en aide. Les agents ont alors appelé des renforts et ont jeté une grenade lacrymogène dans le studio pour le faire sortir. Après les faits, les policiers ont accusé Michel Zecler d'usage de stupéfiants et d'avoir tenté de subtiliser leurs armes. Mais aucun élément n'étaye pour l'instant leurs propos. Le parquet a classé sans suite toutes les poursuites contre le producteur de musique et il a également saisi l'IGPN.

Invité du 20 Heures de France 2, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé qu’il allait demander leur révocation, « dès que les faits seront établis par la justice ». Il les a accusés d’avoir « sali l’uniforme de la République ». Le ministre a été reçu le président de la République jeudi après midi, selon une source gouvernementale. Interrogé, l’Elysée a seulement indiqué que le président suit la situation de près. Plusieurs proches d’Emmanuel Macron ont exprimé sur Twitter leur indignation après le passage à tabac du producteur. Dans une rare déclaration publique, le procureur de Paris Rémy Heitz a souhaité que l’IGPN, saisie du dossier, enquête « le plus rapidement possible ».

Le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé jeudi 26 novembre qu'il allait instaurer "une commission indépendante chargée de proposer une nouvelle écriture de l'article 24" de la proposition de loi sur la "sécurité globale", a indiqué Matignon. L'article litigieux, voté en première lecture par l'Assemblée nationale vendredi et qui doit être soumis au Sénat, prévoit de pénaliser la diffusion malveillante de l'image des policiers et gendarmes. Il est d'autant plus critiqué par les oppositions qu'une succession d'affaires présumées de violences policières a soulevé l'émotion dans le pays ces derniers jours. La commission, créée sur proposition du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et qui verra à sa tête le président de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH), Jean-Marc Burguburu, doit rendre ses travaux "pour la fin du mois de décembre". L'objectif est de "nourrir utilement l'examen de la proposition de loi sur la sécurité globale en janvier au Sénat dans le respect des prérogatives de la représentation nationale", ont indiqué les services du Premier ministre.

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25 novembre 2020 3 25 /11 /novembre /2020 15:41

 

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17 novembre 2020 2 17 /11 /novembre /2020 09:12

Une fois de plus, le Parlement examine une proposition de loi présentée par des députés de la majorité gouvernementale « relative à la sécurité globale » qui s’inscrit dans le sillage sécuritaire des abondantes réformes des dernières années et des recours successifs à l’état d’urgence. Alors que cette proposition de loi porte lourdement atteinte à des libertés et droits fondamentaux, elle est l’objet d’une procédure accélérée qui évince, de fait, le rôle législatif des parlementaires. La Ligue des droits de l’Homme (LDH) invite chacune et chacun à interpeller les députés et sénateurs avant le 17 novembre prochain, date du vote de cette proposition de loi à l’Assemblée nationale, à l’aide du formulaire ci-dessous. Il vous permet de reprendre l’argumentaire de la LDH en l’enrichissant et le personnalisant comme vous le souhaitez.

Nous vous proposons d’ajouter en copie cachée de votre envoi un courriel LDH (cyberaction-copie@ldh-france.org) qui nous permettra d’assurer le suivi de la campagne. Si vous l’acceptez, la LDH s’engage à ne pas utiliser votre courriel en dehors de cette campagne.

Bonjour,

Je viens d'envoyer le message de la LDH aux députés de  la Manche.
Je vous invite à  en faire de même jusqu'à lundi.Il est urgent de faire pression!!!!
Facile! suivez les instructions sur le site qui les envoie directement à nos députés de la Manche.
Faites moi signe quand vous l'avez fait, merci!
Bien amicalement
Chantal Tambour, secrétaire de la fédé 50 de la LDH
pour information, voici le texte ci-dessous
voici le texte pour info!
Madame la députée, monsieur le député,
Vous serez amené-e le 17 novembre à vous prononcer sur la proposition de loi « Sécurité globale ».
Ce texte prévoit d’étendre aux polices municipales des compétences de la police nationale. De plus, il organise une privatisation de la police en contradiction flagrante avec les normes constitutionnelles en déléguant aux agents privés de sécurité des pouvoirs réservés à la police judiciaire.
Allant encore plus loin dans la surenchère sécuritaire, il prévoit d’instaurer une surveillance généralisée de l’espace public, en autorisant l’Etat à utiliser des drones avec caméras.
Il permettrait aussi l’utilisation immédiate des images des « caméras mobiles » portées par les policiers et leur analyse automatisée pour reconnaître en temps réel l’identité de tous les manifestants (reconnaissance faciale).
Enfin, le texte prévoit la pénalisation de la diffusion d’images de policiers ou de gendarmes agissant dans le cadre de leurs missions d’ordre public, portant atteinte à la nécessaire transparence de ces opérations. Une telle mesure, avec des sanctions très lourdes (1 an d’emprisonnement et 45 000 € d’amende) empêcherait tout contrôle citoyen, voire le travail des journalistes, en favorisant l’impunité d’auteurs de violences policières.
Parce que les risques sont considérables, je vous appelle à rejeter cette proposition de loi liberticide qui menace gravement les principes fondamentaux de notre démocratie et l’Etat de droit.
Dans l’attente d’une réponse de votre part, veuillez agréer, Madame, Monsieur, l’expression de ma respectueuse considération.
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17 novembre 2020 2 17 /11 /novembre /2020 08:46
Institutions
dimanche 15 novembre 2020
 
 
Un décret, pris au cœur de l’été, a modifié radicalement la façon d’administrer le pays. Désormais, tout ce qui organise la vie sociale locale (urbanisme, biodiversité, éducation…) est devenu le fait du ministère du « maintien de l’ordre ». La mise en œuvre de l’état d’urgence l’illustre déjà, explique l’auteur de cette tribune (tribune initialement publiée sur le site d’information Reporterre).

 

Jean-Claude Boual, syndicaliste et militant associatif, a été président du Collectif des associations citoyennes pendant cinq ans (2014-2019). Il a aussi travaillé près de quarante-cinq ans sur la question des services publics, en tant que fonctionnaire, dans plusieurs ministères.

 

Dans une discrétion totale, au cœur de l’été, le gouvernement a modifié l’organisation des services déconcentrés de l’État dans les départements. Par un décret du 14 août 2020, les Directions départementales interministérielles (DDI), sous la responsabilité du Premier ministre depuis leur création, en décembre 2009, deviennent « des services déconcentrés de l’État relevant du ministre de l’Intérieur. Elles sont placées sous l’autorité du préfet de département ».

Ce texte change fondamentalement la façon d’administrer le pays, subrepticement.

Pour comprendre, il faut s’intéresser au fonctionnement de l’administration de l’État dans les territoires, et remonter un peu en arrière. Jusqu’en 2009, les ministères avaient chacun des services déconcentrés, dans les régions et les départements. Les questions d’écologie étaient traitées par les services et des personnels qualifiés du ministère de l’Écologie, les questions d’emploi et sociales par le ministère du Travail et des Affaires sociales.

En 2009, il a été décidé de regrouper les services départementaux de ministères différents dans des directions communes (par exemple, la Direction départementale des territoires, DDT, regroupe à la fois des missions liées aux ministères des Transports, du Logement et de la Transition écologique). Les Directions départementales interministérielles ont donc été créées. Dépendant auparavant de plusieurs ministères à la fois, elles ont logiquement été placées sous l’autorité du Premier ministre, les préfets de département en assurant la coordination sous son autorité. Elles restaient en liaison avec leurs anciens ministères de tutelle, les ministères techniques (Écologie, Agriculture, etc.).

La grande rupture instituée par ce décret du mois d’août, c’est qu’il évince le Premier ministre, et prévoit que, désormais, ces directions départementales seront rattachées au ministère de l’Intérieur. C’est-à-dire que tous les champs de compétences de ces directions, qui organisent la vie sociale (urbanisme, logement social, biodiversité, transition écologique, agriculture, éducation populaire, jeunesse et sport…), vont désormais être placés sous l’autorité du ministère de l’Intérieur et du préfet de département (dont la carrière dépend du ministère de l’Intérieur).

Les significations politiques et administratives de ce changement de tutelle sont lourdes.

Le social, l’écologie… désormais subordonnés au maintien de l’ordre

Tout d’abord, ces services perdent ainsi leur caractère interministériel. Tout n’est plus vu que sous le prisme d’un seul ministère, le ministère de l’Intérieur. Or, pour ce ministère, la priorité est l’ordre public.

Toutes les missions énumérées ci-dessus (social, écologie, agriculture…) passent au second plan. Considérons, par exemple, celles du ministère de la Transition écologique. Eh bien ! L’écologie est aujourd’hui subordonnée au maintien de l’ordre. Après l’incendie de l’usine Lubrizol, à Rouen, le 26 septembre 2019, nous en avons eu une illustration : ce n’est pas le ministère de l’Écologie qui, normalement, a la tutelle de ces installations classées Seveso, qui a communiqué, mais le préfet. Or les fonctionnaires du ministère de l’Écologie avaient des choses à dire, qu’ils n’ont pu dire. Autre exemple, actuel celui-ci, la mise en œuvre de l’état d’urgence sanitaire est réalisée par l’Intérieur et les préfets, le ministère de la Santé restant au second plan. Ce qui explique que la gestion de la crise passe d’abord par des mesures répressives.

Il est donc à craindre que l’action contre le dérèglement climatique, et en faveur de la transition énergétique et de la biodiversité — dont le gouvernement parle pourtant beaucoup —, devienne subsidiaire.

Un retour subreptice à l’Ancien Régime

Cette réforme renforce également les pouvoirs des préfets, pour lesquels la fonction d’agent du ministère de l’Intérieur prend le dessus sur la fonction de représentant de l’État. L’article 2 du décret prévoit en outre que les carrières des fonctionnaires de ces directions départementales, l’organisation du service, les conditions de travail et ses missions dépendent désormais aussi du ministère de l’Intérieur. C’est donc comme si les ministères de la Transition écologique, de la Santé, du Logement, de la Jeunesse et des Sports perdaient leurs fonctionnaires dans les départements, au profit, là encore, de l’Intérieur. Il devient le seul ministère présent dans les territoires.

Ce mode de gouvernement est donc une sorte de retour à l’Ancien Régime. Aujourd’hui, tout comme le roi jadis, Jupiter-Macron ne gouverne plus qu’avec deux ministres : le ministre des Finances pour les questions de budget (l’Intendant de la Ferme générale d’autrefois, l’une des figures les plus honnies des révolutionnaires, car chargé de récolter l’impôt auprès de la population, quand les nobles et le clergé en étaient dispensés), et le ministre de l’Intérieur (le Lieutenant général de la police sous l’Ancien Régime, qui avait tout pouvoir sur les questions d’ordre public, notamment pour réprimer les pauvres), pour le maintien de l’ordre public et les autres affaires intérieures de l’État — les autres ministres étant là pour la décoration.

Une politique qui conforme l’État aux desiderata des multinationales

Cette décision n’a rien d’isolé et d’arbitraire. Elle relève d’un mode de gouvernement réfléchi, qui vise à favoriser l’activité économique des multinationales dans le contexte de la mondialisation. Celles-ci n’ont pas besoin d’une administration comme celle du ministère de la Transition écologique, qui demande de respecter la loi sur l’eau ou la qualité de l’air, et rallonge le temps nécessaire à la mise en œuvre d’un projet. Pour embêter le moins possible les multinationales, on relègue les administrations techniques au second plan. Les autorisations pour construire les « grands équipements inutiles », comme les immenses centres commerciaux, les fermes de mille vaches ou à plusieurs milliers de porcs ou dizaines de milliers de poulets, seront accordées plus rapidement et facilement, avant même que le public soit averti, afin que la décision ne puisse pas être contestée, notamment en justice.

Dans le même temps, l’État assure à ces multinationales la sécurité publique pour mener à bien leurs projets. Une sécurité face aux contestations, aux manifestations, mais aussi une sécurisation de leurs démarches auprès de l’administration ou de la justice. C’est-à-dire la garantie que les normes ou les recours n’empêcheront pas un projet de construction d’usine, d’installation potentiellement polluante, d’aboutir.

Le message envoyé par cette décision est clairement que l’écologie n’est ni une priorité ni digne d’être au cœur d’une politique publique.

Ce décret, apparemment technique et difficilement compréhensible par le grand public, montre donc une dérive autoritaire du pouvoir. Du point de vue du bon gouvernement du pays et des territoires, concentrer tous les pouvoirs sur un seul ministère axé sur le maintien de l’ordre, et laisser tous les autres domaines (économique, social, financier, culturel, etc.) entre les mains des multinationales est une faute grave, ou alors il s’agit d’un choix politique délibéré : ce qui compte, c’est le maintien par la force de l’ordre capitaliste néolibéral.

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22 octobre 2020 4 22 /10 /octobre /2020 08:33

 

 

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11 juin 2020 4 11 /06 /juin /2020 09:16

 

 
 
 
 
mercredi 10 juin 2020

NDLR – La mort de George Floyd, tout comme celle de Adama Traoré en 2016, montre que le chemin qui conduit à ce que chacun et chacune se considère comme frère (et sœur) en humanité, au-delà des origines sociales, culturelles ou géographiques, est encore long, semé d’embûches et nécessite une vigilance permanente et une lutte sans cesse recommencée.
Il est donc indispensable de défendre et illustrer le contenu universaliste de l’antiracisme et du féminisme et de ne pas tomber dans le piège des assignations à résidence ethnique et/ou spirituelle, qui ne favorisent que les entreprises d’oppression et de domination en empêchant la construction d’une communauté de destin entre les citoyens.
Les  causes du racisme ambiant ne sont pas les mêmes aux Etats-Unis (esclavage, ségrégation … ) et en France (Empire coloniale, travail forcé, indigénat des colonies) mais le quotidien vécu des deux côtés de l’Atlantique se ressemble de par le contrôle au faciès, les discriminations à l’embauche, les difficultés à se loger…
En France, en évitant de jeter l’opprobre sur toute une profession tout en condamnant avec la plus grande vigueur les actes indignes voire meurtriers de certains éléments de la Police, la recherche de la justice et de la vérité s’impose plus que jamais. (Ph. D.)

*

*       *

Depuis fin mai, les États-Unis d’Amérique connaissent une contestation populaire d’une ampleur inédite dans leur histoire récente. La revendication centrale de ce mouvement est la fin de l’ordre sécuritaire, politique et économique raciste qui perdure encore, 52 ans après l’assassinat de Martin Luther King. La mort de George Floyd, étouffé pendant plusieurs minutes par un policier pendant que trois autres agents restaient passivement regarder ce meurtre, a agi comme un détonateur. Par sa réaction outrancière et autoritaire, Donald Trump, fidèle à son racisme et à sa xénophobie, a fait une fois de plus la preuve de son insensibilité complète à l’intérêt majoritaire du peuple qu’il prétend présider. Mais ce véritable soulèvement populaire est aussi marqué par une solidarité complète avec le mouvement féministe, et par des participations directes de policiers aux manifestations, très au-delà des images de policiers agenouillés qui ont retenu l’attention. À Houston (Texas) et surtout à Flint (Michigan), ville symbole et martyre de la classe ouvrière américaine, les shérifs locaux ont défilé en uniforme au milieu des manifestants.
Cet élargissement populaire de la contestation du racisme est un événement politique majeur. Il faut sans doute voir dans ce bouleversement en cours une réponse au verrouillage de la voie électorale vers la révolution citoyenne après la défaite de Bernie Sanders face à l’establishment centriste et libéral du Parti Démocrate. Il est encore trop tôt pour dire si c’est un processus de révolution citoyenne qui s’est enclenché aux USA sur une base antiraciste, mais à ce stade il s’agit certainement d’une accélération du mouvement destituant amorcé lors des primaires démocrates et républicaines de 2016, et il faut se féliciter de voir cette accélération se faire dans le sens de l’émancipation collective.

Ce mouvement américain est porteur d’une colère et d’une espérance qui rencontrent un écho non négligeable en Europe. On ne compte plus les manifestations de solidarité impressionnantes par leur nombre, par leur détermination, mais aussi par leur pacifisme et leur dignité, notamment au Royaume-Uni et en France.
Les désaccords politiques entre ReSPUBLICA et une partie des organisateurs de ces manifestations en France sont connus et portent essentiellement sur la pertinence du modèle républicain universaliste hérité de 1792. Mais c’est précisément en tant que républicains que nous nous sommes fait l’écho de l’appel d’anciens hauts syndicalistes de la police à reconstruire une police républicaine, aux antipodes d’un syndicalisme policier de gamelle dont la complaisance pour l’autoritarisme gouvernemental et l’intimidation des mouvements sociaux ne semble connaître aucune limite.
C’est en républicains également que nous nous sommes inquiétés des données relatives aux contrôles de police durant le confinement, qui suggèrent fortement que le dispositif policier était sujet à des biais sociaux et géographiques ressemblant lourdement à du délit de sale gueule. C’est aussi en républicains que nous devons nous indigner de l’existence de groupes de policiers racistes, sexistes, antisémites sur la toile, récemment confirmée par la presse.
C’est en républicains, enfin, que nous devons acter l’existence d’un problème majeur lorsqu’un sondage révèle qu’un tiers des Français ont peur de la police. Enfin, que dire de l’attitude du préfet de police de Paris, celui-là même qui se revendiquait il y a peu d’un « camp » qui n’est « pas le même » que celui de manifestants dont on se demande s’il les considère vraiment comme des citoyens ? En décidant de donner l’interprétation la plus restrictive possible des consignes sanitaires et en faisant expressément interdire les rassemblements pacifiques, le préfet de police s’est comporté en pompier pyromane et a objectivement concouru à tendre la situation vis-à-vis de manifestants pacifiques. Ses avis ont fort heureusement été ignorés, réduisant au passage en charpie l’autorité de l’État.
Mais il est vrai qu’être républicain, c’est aussi savoir que l’autoritarisme est le contraire de l’autorité. Sur ce point, il est permis de douter de la lucidité républicaine d’un certain nombre de hauts fonctionnaires du ministère de l’Intérieur. Les pitreries du pauvre Christophe Castaner n’y changeront rien : la doctrine de maintien de l’ordre qu’il poursuit et aggrave, s’inscrivant dans le sillage de tous ses prédécesseurs depuis plus de quinze ans, est un désastre politique et suscite aujourd’hui un rejet inouï de la part du mouvement social et de très larges secteurs des classes populaires. Il faut, aujourd’hui, républicaniser les forces de l’ordre pour en faire de nouveau ce que les gouvernements successifs ont voulu qu’elles ne soient plus : des gardiens de la paix. Faute de quoi le gouvernement devra s’habituer à entendre crier « Police partout, Justice nulle part », avec cette certitude : s’il faut vraiment choisir, le peuple français choisira toujours la justice.

Lire dans un précédent numéro (11 mai)  : http://www.gaucherepublicaine.org/service-public/enfin-un-appel-pour-une-police-republicaine-au-cote-du-peuple-travailleur/7412887

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