Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Recherche

25 mars 2020 3 25 /03 /mars /2020 09:14

 

Partager cet article
Repost0
25 mars 2020 3 25 /03 /mars /2020 09:04
Coronavirus : la Palestine, confinée, subit de plein fouet les exactions de l’occupation israélienne

http://www.france-palestine.org/Coronavirus-la-Palestine-confinee-subit-de-plein-fouet-les-exactions-de-l

Partout dans le monde les populations, les unes après les autres, vivent le confinement pour lutter contre la pandémie. Tous confrontés au même problème, nous ne sommes pas tous dans les mêmes conditions pour y faire face.

On aurait pu imaginer que la « start-up nation », obsédée par sa propre sécurité, consacre toute son énergie à assurer la sécurité sanitaire des populations qu’elle « administre ». Au lieu de cela, depuis deux semaines, entre la protection des populations et l’application du plan Trump, Israël a choisi : destruction de maisons pour « punir » des familles ou pour prolonger le mur au sud de Jérusalem, construction de nouvelles routes interdites aux Palestiniens pour relier les colonies, arrestations et meurtres d’enfants, incursions toutes les nuits dans les quartiers populaires de Jérusalem…

Plus de limites à l’imagination de cette armée qui ose encore se prétendre la plus éthique du monde : arrêter des volontaires qui désinfectent les rues d’un quartier de Jérusalem abandonné par les services de la ville, quoi de plus normal. Les jeter sans ménagement dans des véhicules en leur hurlant dessus, c’est une conception particulière de la distanciation sociale. Interdire l’accès à l’Esplanade des mosquées pour les musulmans par mesure sanitaire alors que les colons sont toujours accompagnés par l’armée pour y parader : quelle logique si ce n’est d’affirmer la domination d’un peuple sur un autre, et de rappeler aux Palestiniens qu’ils vivent sous un régime d’apartheid ?

Depuis hier, la Cisjordanie est isolée du monde « par mesure sanitaire ». Tous les points de contrôle ont été fermés, isolant complétement du monde des lieux comme le camp de réfugiés de Shuafat où vivent 20 000 personnes entassées les unes sur les autres.
La nuit précédente, Sofian Al-Khawaja, 29 ans, a été tué par balle alors qu’il circulait en voiture à l’entrée de son village de Nil’In.
Les travailleurs palestiniens qui travaillent en Israël se retrouvent dans l’impossibilité de rentrer chez eux le soir et dépendent du bon vouloir de leur employeur pour espérer un hébergement.

Les colons eux aussi ont passé la vitesse supérieure : des milliers d’arbres arrachés ou tronçonnés ces deniers jours, des tentes plantées dans la vallée du Jourdain, des mobile-homes au sud de Bethléem, sur des terres privées palestiniennes pour accaparer toujours plus de terres. Confinés chez eux, comment les Palestiniens pourront-ils y résister ?

Des décennies d’occupation font que des millions de Palestiniens vivent dans des conditions de surpeuplement et des conditions sanitaires déplorables. Que ce soit dans les camps de réfugiés, dans la Bande de Gaza ou dans les prisons israéliennes, bien plus que d’autres ils sont à la merci de ce virus et sont démunis pour y faire face.

Dans le nouveau contexte de la crise sanitaire, nous devons exiger d’Israël un changement radical de politique et le respect du droit humanitaire : libérer les prisonniers politiques - à commencer par les enfants, les femmes et les malades -, permettre aux populations civiles sous occupation de vivre dans des conditions sanitaires humaines, lever toute restriction à l’entrée de matériel et de personnel médical à Gaza, cesser toute entrave aux soins pour les Palestiniens comme le lui impose la 4ème convention de Genève.

Nous sommes à juste titre mobilisés contre la pandémie dans notre propre pays. Mais cela ne doit pas nous empêcher de voir ce qui se passe en Palestine, où l’arrivée de l’épidémie éclaire d’un jour particulièrement odieux la politique israélienne de domination et d’oppression du peuple palestinien.
Ces exactions doivent cesser et la politique israélienne doit changer radicalement : nous le demandons solennellement et nous demandons au gouvernement français d’agir dans ce sens.

Le Bureau National, 24 mars 2020


--

Partager cet article
Repost0
24 mars 2020 2 24 /03 /mars /2020 09:26

 

 

L’UFAL constate avec consternation la très grande confusion qui préside au discours du gouvernement dans cette période de grave crise sanitaire.

Les discours se contredisent d’un ministre à l’autre : le ministre de la Santé demande la stricte application de la mesure de confinement ; la ministre du Travail et le ministre des Finances demandent aux salariés qui ne peuvent télétravailler de se rendre au travail ; le Premier ministre donne raison au dernier qui a parlé.

Ces injonctions paradoxales génèrent une confusion préjudiciable à l’application de la mesure de confinement qui, dans l’esprit de beaucoup de nos concitoyens, semble, à cause d’elles, à géométrie variable. Plus grave, le confinement des salariés est laissé dans les faits à la discrétion des employeurs qui peuvent décider de l’obligation de faire venir les salariés sur leur lieu de travail lorsqu’ils jugent que le télétravail n’est pas possible y compris dans des secteurs qui ne sont pas essentiels en cette période de crise sanitaire. Cette situation risque de créer de nouveaux foyers épidémiques et expose les salariés concernés à d’importants risques sanitaires.

On peut comprendre qu’il soit difficile de concilier ces deux impératifs que sont le maintien d’une activité économique a minima avec la protection des personnes contre la contagion. Cette conciliation, toutefois, n’est pas impossible mais cela exige que le Gouvernement clarifie de toute urgence sa position sur le confinement des travailleurs de notre pays.

Pour ce faire, il est indispensable, et à très brève échéance, que le gouvernement dresse la liste des secteurs d’activité considérés comme absolument prioritaires en cette période de crise aiguë et limite la liste des entreprises habilitées à maintenir une activité sur le lieu de travail par dérogation aux mesures de confinement. Cette liste doit compléter celle établie dans l’arrêté ministériel du 16 mars qui ne concerne que les lieux recevant du public.

Le gouvernement doit en outre assurer par tous les moyens la protection sanitaire des travailleurs contraints de se rendre sur leur lieu de travail et garantir l’exercice du droit de retrait des salariés lorsque les conditions de protection ne seront pas réunies. 

Enfin, nous attendons du gouvernement qu’il fasse respecter le strict confinement de tous les actifs non concernés par une obligation de continuité d’activité, comme cela est exigé du reste de la population.

L’UFAL demande donc au gouvernement de clarifier en ce sens le discours adressé aux travailleurs, notamment envers ceux d’entre eux (caissiers, ouvriers, facteurs, routiers …) qui sont massivement contraints de s’exposer au risque épidémique sur leur lieu de travail. 

Le gouvernement est responsable du tri des patients dans les hôpitaux, qu’il l’assume !

Face à l’afflux des patients atteints par les formes les plus graves de coronavirus, les services hospitaliers sont débordés. Certains sont d’ores et déjà obligés de faire le tri parmi les patients ; d’autres seront bientôt contraints de le faire. Le personnel hospitalier se trouve confronté à cette tragique nécessité : choisir qui il faut sauver et qui il faut laisser mourir. 

Alors qu’il a contribué à ce désastre en amplifiant les politiques néolibérales de casse des services publics, le gouvernement cherche à se défausser de sa responsabilité. 

Le ministre de la Santé a en effet saisi le CCNE(1) pour qu’il rende un avis sur les critères de sélection des patients qu’il convenait de retenir. Il a interrogé en ce sens les associations de représentants d’usagers de santé à travers France Assos Santé. Sur le terrain, des chefs des services d’urgence ont annoncé qu’ils n’auraient désormais d’autre choix que de soigner en priorité les patients ayant le plus de chance de survie. Les patients atteints de comorbidités ou de plus de 70 ans ne seront plus placés sous respirateur et donc condamnés à mourir. 

Il est inadmissible que la responsabilité de cette sélection incombe aux associations d’usagers et aux médecins, qui sont en première ligne. Ni l’éthique ni la déontologie médicale ne peuvent pallier la pénurie de matériels et le manque de lits dans les hôpitaux. Cette situation intolérable, déjà dénoncée par l’UFAL, est la conséquence prévisible de décisions politiques : depuis plus de 30 ans, les gouvernants, réforme après réforme, plan d’économie après plan d’économie, « réorganisation » après « réorganisation », ont cassé méthodiquement les services publics, dont l’hôpital. 

Sous l’impulsion du Président Macron, le gouvernement a poursuivi cette politique. Il a fait la sourde oreille aux cris d’alarme et aux demandes des personnels soignants en grève depuis plus d’un an dont le constat était pourtant sans appel : « L’hôpital public se meurt », écrivaient encore 660 médecins en décembre 2019, qui menaçaient de démissionner et demandaient dans leur tribune « de réelles négociations pour desserrer la contrainte imposée à l’hôpital », car « la rigueur est devenue austérité, puis l’austérité, pénurie ».

Plutôt que chercher à se défausser de sa responsabilité, le gouvernement devrait avoir le courage de l’assumer, en disant haut et fort que les services de santé doivent sacrifier les plus âgés et les plus fragiles au nom du « dieu Marché ». Que le gouvernement assume les conséquences de son idéologie. Qu’il assume l’impossibilité de faire face à une pandémie autrement qu’en recourant aux méthodes de la médecine de guerre. Qu’il assume l’insécurité dans laquelle sa politique a plongé la population. 

Le darwinisme appliqué à l’économie a maintenant atteint l’hôpital. Pour l’UFAL, la crise sanitaire que notre pays est en train de traverser doit être l’occasion d’enterrer les politiques néolibérales. 

Partager cet article
Repost0
23 mars 2020 1 23 /03 /mars /2020 09:40

 

Partager cet article
Repost0
21 mars 2020 6 21 /03 /mars /2020 09:30
Vendredi, 20 Mars, 2020

Sous couvert de lutte contre le coronavirus, le gouvernement est en passe de faire voter des ordonnances qui permettront à certaines entreprises de revenir sur la durée légale du travail, sur l’acquisition et les prises de congés payés, et sur les réunions des instances représentatives du personnel.

lire la suite sur

 

Partager cet article
Repost0
21 mars 2020 6 21 /03 /mars /2020 09:19

 

Mardi, 17 Mars, 2020

 

Depuis 2003, Bruno Canard, chercheur à Aix-Marseille, travaille sur les coronavirus. Il dénonce le désengagement européen et français dans le secteur des sciences.
 

Lorsqu’il relit les lettres d’intention qu’il avait adressées en 2015 à la Commission européenne avec ses collègues belges et hollandais, Bruno Canard en a les poils qui se hérissent. Le directeur de recherche CNRS à Aix-Marseille, spécialiste des coronavirus, y expliquait qu’il existait neuf familles de virus pour lesquelles une émergence était possible. « Le premier sur la liste était le flavivirus, explique-t-il. Le second, le coronavirus. Un an plus tard, apparaissait Zika, un flavivirus. Et aujourd’hui, le ­Covid-19, un coronavirus ! » La Commission européenne ne donnera jamais de réponse. Aujourd’hui, l’Europe met 10 millions d’euros sur la table. « Ridicule », rétorque Bruno Canard. « Dans l’urgence, nous devons rédiger des programmes jour et nuit. Monter des projets en un temps record. Au bout de deux ou trois ans, le virus aura disparu et on n’en parlera plus. »

Il faudra tirer les conséquences de cette épidémie

Le chercheur sait de quoi il parle. En 2002, avec l’apparition du Sars-CoV, un virus qui provoque une maladie infectieuse des poumons, l’Union européenne décide de lancer plusieurs programmes afin de ne pas être prise au dépourvu en cas de nouvelles émergences. Dès 2004, l’équipe de Bruno Canard, grâce à des réseaux collaboratifs européens, affiche des résultats prometteurs. « Nous avions eu cette idée qui s’est révélée fructueuse : les virus ont une capacité énorme à être différents, variés, avec de larges familles. Nous les avons donc étudiés tous en même temps, afin d’en avoir un modèle type qui nous permettrait, en cas de menace d’un virus inconnu, d’en trouver un proche, d’où nous pourrions extraire des données scientifiques. » Mais dès 2006, l’intérêt des politiques pour le Sars-CoV avait disparu. La crise financière de 2008 accélère le désengagement de l’Europe et de la France pour la recherche. Résultat : des stratégies de recherche fondamentale sont mises de côté ou perdent leurs crédits.

Pourtant, explique Bruno Canard, « l’émergence des virus va être de plus en plus rapide, du fait du changement climatique, de la perte de la biodiversité, de la déforestation ». Si cette recherche fondamentale n’avait pas été maltraitée, mais au contraire poursuivie de manière assidue, la science aurait eu la capacité de développer un médicament pan-corona, actif contre n’importe quel nouveau coronavirus qui apparaîtrait, assure le chercheur. Il dissipe au passage la confusion qui règne entre un vaccin et un médicament. « Un vaccin demande au mieux 18 mois de recherches. Et pour des virus non prévisibles, qui changent, il n’est pas adapté. Mieux vaut faire des médicaments qui ont un large spectre dans une famille virale. Cela peut nécessiter 5 ans, parfois 10. D’où l’importance de l’anticipation scientifique. » Aujourd’hui, dit-il, l’heure n’est pas à la polémique. « Il y a un devoir impératif d’écouter ce que nous dit le gouvernement. » Mais il faudra tirer les conséquences de cette épidémie. « Si seulement un peu de crédit impôt recherche pouvait être reversé pour irriguer la recherche, ça serait un bol d’air énorme. Et surtout productif. »

Nadège Dubessay
Partager cet article
Repost0
20 mars 2020 5 20 /03 /mars /2020 15:14

 

A la une
Comment préparer le mouvement social capable de destituer les responsables et de constituer la République des solidarités, de la liberté et de l’intérêt général
vendredi 20 mars 2020 Par
 
 

Là où croît le danger, croît aussi ce qui sauve
Friedrich Hölderlin
1 (20 mars 1770-7 juin 1843)

Depuis la fin de la semaine dernière et probablement jusqu’en mai, l’Europe et une grande partie du monde vivront dans le rythme étrange qu’imposent d’un côté l’attente fébrile d’informations sur l’évolution rapide de la pandémie de Cov19, et de l’autre, le confinement général de la population : tout s’accélère, tout ralentit. Nous assistons aux noces de l’urgence et de l’immobilisation. Seul point commun à ces deux temporalités : elles semblent mettre le politique sous cloche.

Et pourtant, cette crise est éminemment politique, et quand il faudra lever la cloche, le combat politique sera là comme une évidence. Mais en réalité, il a déjà commencé. La première bataille stratégique se joue aujourd’hui pour savoir de quoi cette crise est la crise ; de son issue dépendra potentiellement notre avenir démocratique à moyen terme.

Pour nous, cette crise est une crise du néolibéralisme autoritaire incarné jusqu’à la caricature par la synthèse jupitérienne entre Cinquième République, turbocapitalisme et expertocratie ; il ne s’agit bien sûr pas de dire que le virus a été produit par le capital. Mais s’il y a crise, et singulièrement si l’Union Européenne est si vite devenue le deuxième foyer mondial de la pandémie, c’est d’abord du fait de l’incapacité totale des gouvernements en place à anticiper l’avancée du mal ; à organiser une réponse exempte de complaisance pour les intérêts économiques, mais aussi de calculs électoralistes à la petite semaine, dont le cas de l’ex-ministre Buzyn constitue assurément un sommet digne d’entrer dans les Annales ; au-delà, ou en-deçà, la force de la secousse endurée s’explique aussi par une politique d’aménagement du territoire anti-écologique, anti-républicaine et anti-sociale, obsédée par la concentration des moyens et des habitants dans des métropoles-mondes réduisant le reste du pays à un désert social et sanitaire, et sacrifiant comme superflus tous les services publics qui ne servent pas la religion de l’innovation. C’est ainsi qu’on a assisté au sabotage systématique de la recherche française de long terme, en l’occurrence la recherche biomédicale sur les coronavirus, que l’Agence Nationale de la Recherche française traitait l’an dernier encore comme des broutilles. C’est ainsi également, et surtout, qu’on a vu détruire la sécurité sociale, démanteler la médecine de proximité, en ville et à la campagne, et qu’on a vu l’hôpital public être asservi à la folie gestionnaire des beds managers. « Abaissez la courbe ! », nous dit-on, signifiant par là qu’il faut ralentir la progression du virus pour éviter que le pic épidémique ne dépasse trop le seuil des capacités de l’hôpital. Et si on parlait de celles et ceux qui, depuis quinze ans, ont méthodiquement abaissé ce seuil ?

Ne nous voilons pas la face : le discours d’en face est en train de s’organiser en même temps qu’une réponse politique qui, si elle trouve à s’articuler, représentera un danger immédiat de synthèse finale entre l’ordolibéralisme et une forme de post-fascisme, ce qu’on pourrait appeler, révérence gardée pour Lénine, le « néolibéralisme de guerre », puisqu’apparemment « nous sommes en guerre ». Cette crise, nous dit-on, est d’abord une crise morale, celle de la responsabilité individuelle de citoyens hédonistes, insouciants, dont on oublie au passage qu’on les a soi-même gavés d’informations minorant le mal ; c’était la teneur du discours du Premier ministre samedi 14. Il faut dire qu’en bonne logique shadok, on identifiera le problème à partir de la solution qu’on aura trouvée. Et comme on a trouvé l’assignation à résidence (sauf pour ceux qui ont les moyens d’entretenir une maison de campagne où fuir), le télétravail pour les uns, la réquisition pour les autres et la fermeture des frontières pour tous, mais pas pour les marchandises bien sûr, on identifiera le problème comme suit : c’est une crise des solidarités du vieux monde, de cette façon « inadaptée » de s’inscrire dans des collectifs de travail, des collectifs de vie, des collectifs de lutte aussi parfois ; le collectif, c’est contagieux ! La solution, c’est donc la « distanciation sociale », terme sublime et terrible, qui trouve le moyen de mettre en avant une rupture du lien social derrière des gestes qui sont, foncièrement, des gestes altruistes, solidaires, collectifs : appeler les choses ainsi est déjà un aveu du monde que ces gens désirent. La destruction finale de ces mêmes institutions sociales qui auront sauvé des milliers de vie sera bien sûr présentée comme le contraire de ce qu’elle sera réellement, comme un moment de « refondation nationale », de « résilience collective », à grands renforts de déclarations effusions chauvines et moralistes associant triomphalisme de bon aloi et prêchi-prêcha clérical sur la régénération par l’effort (Macron, lundi 16 : la « guerre » va nous rendre « plus forts moralement » – passage étrangement supprimé du texte publié sur le site du gouvernement). On peut d’ailleurs compter sur les calotins de toutes chapelles pour soutenir ce discours et tenter ainsi de récupérer le monopole de la collectivité tolérable.

Parallèlement, on nous dira que c’est une crise des mobilités, pas celle des biens, non, celle des gens qui ne veulent pas rester là où est leur place. On oubliera à l’occasion le mythe de la mobilité heureuse auquel on a longtemps voulu croire, pour en revenir à l’essence profonde de l’ordolibéralisme : l’assignation à résidence, sociale, géographique, économique, qu’il s’agira cette fois de comprendre dans le sens le plus littéral possible. Et donc, face à l’inconséquence des gens mal informés (par qui ?), mal socialisés (par qui ?) et trop mobiles (à l’appel de qui ?), on en appellera aux « experts », qui ne sont bien entendu pas les chercheurs qu’on aura préalablement étranglés, ni les médecins hospitaliers qu’on aura acculés au burn-out. Et il faudra réparer les dégâts économiques causés par le confinement, lui-même conséquence de cette inconséquence civique : « L’État paiera ». Comme en 2008 ? La suite est déjà écrite : dans six mois, un an, on s’indignera de « la dette ». Qui paiera la dette ? Les fautifs ! Et comme en Grèce, on lancera une cure d’austérité pour soigner le patient.

Il pourrait y avoir quelque chose de désespérant à se dire que tout est aussi cousu de fil blanc. Mais en un sens, cette situation est rassurante : pendant que les masques du « progressisme libéral » finiront de tomber à la faveur du confinement, nous savons que nous avons quelques semaines pour mener une bataille culturelle dont nous avons identifié les enjeux, sur laquelle il y a dès aujourd’hui un très large consensus dans le mouvement social et politique, et où nos positions d’émancipation démocratique, sociale et écologique entrent en résonance avec les préoccupations et les diagnostics d’une très large part de la population. Nous avons un avantage sur le gouvernement, qui est que nous sommes sous la cloche avec nos concitoyens. Les fils de communication ne sont pas rompus. À nous, donc, de faire monter la température sous la cloche pour que le jour où le gouvernement la lèvera, car il devra bien la lever au moins en partie, ne serait-ce que pour des raisons économiques, il trouve face à lui un mouvement social déterminé à destituer celles et ceux qui porteront la responsabilité des milliers voire des dizaines de milliers de morts du virus en France ; mais aussi déterminé à constituer, socialement, politiquement, institutionnellement, la République des solidarités, de la liberté et de l’intérêt général humain. L’enjeu est crucial, et la bataille sera terrible, car cette crise est continentale voire mondiale, et plus qu’aucune autre depuis dix ans, elle met en jeu toute l’organisation institutionnelle, géographique et sociale du capitalisme dans les pays de l’OCDE. Le pays qui arrivera à destituer les coupables et à constituer la solidarité ouvrira la voie à tout un monde.

A nous d’être prêts.

NOTE

1 Le 20 mars 2020 marque le 250e anniversaire de la naissance de « l’étoile Hölderlin » (Louis Aragon). Poète, romancier, traducteur, philosophe, il est une figure centrale de l’idéalisme allemand, compagnon intime de Hegel durant leurs années de jeunesse et jusque vers 1800. Hölderlin, qui a vécu quelques temps à Bordeaux, est aussi un défenseur de la liberté politique en Europe, inspiré à la fois par le soulèvement héroïque du peuple grec et par l’espérance républicaine et révolutionnaire française, qu’il défendit jusqu’au bout. Son œuvre associe le combat pour l’émancipation collective, la réconciliation de l’humain avec la nature et l’exigence de la pensée dialectique.

Partager cet article
Repost0
19 mars 2020 4 19 /03 /mars /2020 13:36

Bonjour à tous,

En raison de la crise sanitaire liée au coronavirus et du confinement que nous respectons, l'assemblée générale que nous avions prévue le 31 mars est reportée.
Vous trouverez ci-dessous, le communiqué que nous adressons à la presse pour manifester notre soutien et notre reconnaissance aux personnels des hôpitaux.
Nous vous souhaitons de passer cette période difficile le plus sereinement possible.
 
Le Comité d'Usagers pour la défense de l'hôpital public de proximité

usagers.hopital.granville@gmail.com

Aujourd'hui tout le monde a les yeux tournés vers l'hôpital public ! L'Hôpital pourra-t-il faire face à la pandémie ?

Nous trouvons scandaleux, les hommages et remerciements de pure forme pour les soignants des Hôpitaux qui ont manifesté leur épuisement depuis des mois sans obtenir aucun moratoire des suppressions de postes.

Le Comité pour la défense de l'Hôpital public de proximité, représentant les usagers qui, depuis des années, dénonce,  avec le personnel hospitalier , la politique entreprise des ministres de la santé qui se sont succédés, responsables de la pénurie de lits, de professionnels, de matériel. Loi après loi, ils ont supprimé des lits, des postes par milliers, ont refusé de recruter, de revaloriser les salaires.

Aujourd'hui, cette pandémie met en exergue la crise profonde que traverse    l’ Hôpital public, et les établissements d'action sociale.

Arrêter les politiques de destruction du service public de santé, c’est arrêter de compter ce que coûtent les vies humaines.

 

 Aucun doute TOUS les personnels sont mobilisés ; les soignants font bloc!  Ils n'ont que faire de l’héroïsme, ils veulent simplement  exercer leur métier dignement.

Les usagers leur en sont infiniment reconnaissants et sont à leurs côtés pour que leurs revendications légitimes soient prises en compte.

Comité d'usagers pour la défense de l' Hôpital public de proximité 

Partager cet article
Repost0
16 mars 2020 1 16 /03 /mars /2020 10:13

Par Raffaele MORELLI, psychiatre et psychothérapeute italienne : 

« Je crois que le cosmos a sa façon de rééquilibrer les choses et ses lois, quand celles-ci viennent à être trop bouleversées.
Le moment que nous vivons, plein d’anomalies et de paradoxes, fait réfléchir…

Dans une phase où le changement climatique, causé par les désastres environnementaux, a atteint des niveaux inquiétants.
D’abord la Chine, puis tant d’autres pays, sont contraints au blocage ; l’économie s’écroule, mais la pollution diminue de manière considérable.
L’air s’améliore ; on utilise un masque, mais on respire…

Dans un moment historique où, partout dans le monde, se réactivent certaines idéologies et politiques discriminatoires, rappelant avec force un passé mesquin, un virus arrive, qui nous fait expérimenter que, en un instant, nous pouvons nous aussi devenir les discriminés, les ségrégués, ceux qu’on bloquent aux frontières, qui amènent les maladies.
Même si nous n’y sommes pour rien.
Même si nous sommes blancs, occidentaux, et que nous voyageons en première classe, complexe de toute puissance.

Dans une société fondée sur la productivité et la consommation, dans laquelle nous courons tous 14 heures par jour après on ne sait pas bien pourquoi, sans samedi ni dimanche, sans plus de pause dans le calendrier, tout à coup, le «stop» arrive.

Tous à l’arrêt, à la maison, pendant des jours et des jours.
À faire le compte d’un temps dont nous avons perdu la valeur, dès qu’il n’est plus mesurable en argent, en profit.
Sait-on seulement encore quoi en faire ?

Dans une période où l’éducation de nos propres enfants, par la force des choses, est souvent déléguée à des figures et institutions diverses, le virus ferme les écoles et nous oblige à trouver des solutions alternatives, à réunir les mamans et les papas avec leurs propres enfants.
Il nous oblige à refaire une "famille".

Dans une dimension où les relations, la communication, la sociabilité, se jouent essentiellement dans ce non-espace du virtuel des réseaux sociaux, nous donnant l’illusion de la proximité, le virus nous enlève la proximité, celle qui est bien réelle : personne ne doit se toucher, pas de baisers, pas d’embrassades, de la distance, dans le froid du non-contact.
Depuis quand avons-nous pris pour acquis ces gestes et leur signification ?

Dans un climat social où penser à soi est devenu la règle, le virus nous envoie un message clair : la seule manière de nous en sortir, c’est la réciprocité, le sens de l’appartenance, la communauté, se sentir faire partie de quelque chose de plus grand, dont il faut prendre soin, et qui peut prendre soin de nous.
La responsabilité partagée, sentir que de nos actions dépendent, non pas seulement notre propre sort, mais du sort des autres, de tous ceux qui nous entourent. Et que nous dépendons d’eux.

Alors, si nous arrêtons la "chasse aux sorcières", de nous demander à qui la faute et pourquoi tout ça est arrivé, pour nous interroger plutôt sur ce que nous pouvons apprendre, je crois que nous avons tous beaucoup de matière à réflexion et à agir.
Parce qu’avec le cosmos et ses lois, de manière évidente, nous avons une dette excessive.
Il nous le rappelle au prix fort, avec un virus.

Partager cet article
Repost0
13 mars 2020 5 13 /03 /mars /2020 17:21

 

Partager cet article
Repost0