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10 juin 2018 7 10 /06 /juin /2018 08:00

 

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9 juin 2018 6 09 /06 /juin /2018 07:40

Une forêt de renoncements

Le rejet de plusieurs amendements gravant dans la loi l’engagement présidentiel d’interdire l’usage du glyphosate, cet herbicide soupçonné d’avoir des effets cancérigènes, d’ici à 2021 est le signe le plus spectaculaire de cette pusillanimité. Mais il n’est que l’arbre qui cache une forêt de renoncements.

L’interdiction de diffuser des publicités pour l’alimentation transformée, facteur d’obésité chez les enfants ? Rejetée. L’interdiction des élevages hors sol de poules pondeuses en cage, autre promesse de campagne d’Emmanuel Macron ? Rejetée. L’interdiction des pratiques brutales dans la production animale, la castration à vif, le broyage de poussins vivants ? Rejetée. La vidéosurveillance obligatoire dans les abattoirs, qui permettrait de protéger autant les personnels, soumis à des cadences intenables, que les animaux ? Renvoyée à des expérimentations. Même l’interdiction des épandages de pesticides à proximité des lieux de vie a été écartée. Tout comme le projet d’établir, sur un autre dossier, un Fonds d’indemnisation des victimes des produits phytosanitaires. Même l’interdiction de l’épandage aérien des pesticides est remise en cause – au mépris du droit européen.

Les artisans du projet de loi peuvent mettre en avant quelques avancées, comme la séparation des activités de vente de pesticides et de conseil technique sur leurs usages, ou la libre commercialisation des semences paysannes. Mais celles-ci pèsent bien peu face au manque d’ambition général du texte.

Pourtant, les alertes des scientifiques se multiplient, qui dénoncent le modèle agricole dominant comme un facteur majeur d’érosion de la biodiversité, de dégradation de l’environnement et de l’émergence de sérieux problèmes sanitaires. Le gouvernement et le Parlement n’en ont cure, à l’évidence. Or c’est, précisément, ce modèle qui a contribué à décourager les agriculteurs, à vider les campagnes et à dévitaliser les territoires.

Les lobbys de l’agro-industrie ont donc, jusqu’à présent, très efficacement défendu leurs intérêts. Leur succès entérine, en quelque sorte, la défaite de Nicolas Hulot, ministre d’une transition écologique et solidaire de plus en plus évanescente. Mais il témoigne aussi du grand écart entre les déclarations du président de la République (du tonitruant « Make Our Planet Great Again » au cri d’alarme lancé, le 24 mars, sur l’érosion catastrophique de la biodiversité) et la politique effective du gouvernement.

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3 juin 2018 7 03 /06 /juin /2018 14:54
Bonjour,
 
Il y a une explication aux absences des députés lors du vote de l'amendement sur le glyphosate.
Voici ci-dessous ce qu'en dit François Ruffin (FI). D'autres députés disent la même chose.
 
"Glyphosate: de Rugy sabote son Assemblée par F.Ruffin
 
"Un seul député insoumis présent, sur 17, sur l'interdiction du glyphosate. Je suis trop déçue !" 
On a reçu un paquet de courriels comme ça, et des remarques sur Facebook.
Alors que répondre ? La vérité. Je vais parler pour moi, à la première personne : je suis un bleu à l'Assemblée, et ils m'ont blousé. Ils ont réussi, sur le glyphosate, un tour de force. Dans cette guérilla parlementaire, ils ont œuvré pour bafouer la démocratie.
Qui ça, "ils"? C'est le président de Rugy, en première ligne.
 

Qu'on résume : depuis une semaine, sur le projet de loi agriculture, nous siégeons de 9 h 30 le matin à 1 h du matin suivant. Samedi et dimanche compris. Avec, en parallèle, les missions et les commissions. Dans ce tunnel continuel d'amendements, plus de deux mille au total, difficile de deviner quand vont passer les trucs importants. On fait le guet. On perd des centaines et des centaines de votes, à lever la main en cadence. Et après sept jours de cette guerre d'usure, ce mardi, à 1 h moins deux minutes, le président de Rugy décide, arbitrairement, de prolonger les débats. Comme si le glyphosate était un point anecdotique, ou justement parce qu'il ne l'est pas. Parce que, sinon, ça repoussait la discussion au mardi 16 h 30. Et alors, l'hémicycle serait plein, les débats animés sur cette promesse du président Macron, la passion soulèverait les rangs.
Et ça, il ne faudrait surtout pas.
Surtout pas.
Que la chambre d'enregistrement demeure froide et morte.
Que de Rugy veille sur elle comme un croque-mort sur un cadavre.

Oui, il faut accuser : le président de Rugy, qui organise lui-même le sabotage du parlement! Comment? Par ces prolongations nocturnes, certes, ces méthodes de cosaques. Mais au-delà: lui qui devrait nous protéger, lui qui devrait préserver le législatif contre l'exécutif, lui s'en fait le complice quotidien pour nous gaver de lois. Car, pour ce projet Agriculture, qui s'annonçait un marathon, de Rugy aurait pu bloquer deux semaines. On serait retournés chez nous le vendredi, en circo, les idées remises au clair. Mais non, il fallait faire vite. Au pas de charge. Parce que, derrière, arrive Elan, sur le logement, et là encore, on bouclera et bâclera en une semaine, samedi et dimanche compris. Et qu'on se souvienne, juste avant, du projet de loi "Asile et immigration", voté en catimini un dimanche soir ! C'est un dimanche, encore, ce dimanche dans la nuit, que fut rejetée la fin des poules en cages, autre engagement du candidat Macron.
Et qu'importe, ici, qu'on soit pour ou contre tout ça.
Qu'importe.
On voit bien que ces sujets mobilisent des citoyens, des pans de l'opinion.
Que les controverses et les décisions du Parlement sont attendues.
Le président de l'Assemblée fait tout, alors, non pour permettre le débat, mais au contraire, pour le miner, pour l'enterrer, pour l'amoindrir. Plutôt que de résister à la toute-puissance de l’Élysée, il agit en porte-flingue.

Répétons-le: c'est du sabotage législatif.
Conscient.
Volontaire.
De la maltraitance des députés. On s'en fiche, admettons.
De la maltraitance des salariés, aussi. Cette nuit, alors que les débats venaient de s'achever (à 3 h du matin!, la présidente de séance a d'ailleurs décidé, en dernière minute, de supprimer les "positions de vote" des députés), un copiste de l'Assemblée me chuchotait: "On en a marre. Ça fait onze jours sans pause, pour moi. Avec des horaires impossibles. On est épuisés. On n'a jamais vu ça."
Et surtout, de la maltraitance des citoyens, quand les lois sont ainsi passées, en vitesse, presque en clando, dans le dos de leurs représentants.

Alors, que Les Républicains soient plus aguerris à cet art du siège: on peut le dire. Qu'on manque d'expérience face à ces stratagèmes, et qu'il nous faille progresser: on peut le dire. Que le gouvernement, allié au président de l'Assemblée, nous ait efficacement dupés: on peut le dire.

On ne peut pas dire, en revanche, que les camarades Insoumis et moi-même soyons paresseux (matez les stats de nosdeputes.fr), ou qu'on s'en fiche du glyphosate (au contraire, c'est presque transformé en symbole identitaire), ou même, même, même, que l'amendement serait passé (un coup de sonnerie, une suspension de séance, et les presseurs de bouton de la majorité rappliquaient, bien plus plus nombreux que nous).

N'empêche que.
N'empêche que.
A ce jeu injuste, on va s'efforcer de progresser."

 

 
 
 


 

 
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14 mai 2018 1 14 /05 /mai /2018 17:37

Dernièrement l’association Manche-Nature a été alertée sur un arrachage massif de haies sur la commune d’Equilly.

Cette commune située sur le territoire de la communauté de communes Granville Terre et Mer n’est apparemment pas un modèle de protection de l’environnement et de la biodiversité.

Malheureusement encore cette commune n’est dotée d’aucun document d’urbanisme, donc elle est soumise au règlement national d’urbanisme que définit le code de l’urbanisme.

En conséquence en l’absence de document d’urbanisme qui permettrait de classer les linéaires de haies soit en Espaces Boisés Classés (Art L113-1 du Code de l’Urbanisme) soit en éléments de paysages à protéger (Article L 151-19 du Code de l’Urbanisme) il reste la protection du Code Rural.

En effet en vertu de l’article L 126-3 du Code Rural le préfet peut prononcer la protection des linéaires de haies, mais à deux conditions :

- Que ces linéaires aient été identifiées par la commission communale d’aménagement foncier si ces linéaires présentent un intérêt pour la continuité écologique et les paysages.

- Si le propriétaire fait la demande de protection de ses linéaires de haies.

Ce processus a l’avantage de soumettre à autorisation préfectorale toute demande de destruction.

Mais sur la commune d’Equilly rien de tel, et il est fort à penser que d’autres arrachages suivront.

Ce qui est intéressant de constater c’est l’alarme lancé par plusieurs associations environnementale et personnalités sur la perte importante de la biodiversité depuis 30 ans.

L’ensemble des insectes, mais aussi les oiseaux, les petits mammifères nichant dans les haies plates ou talutaires disparaissent principalement à cause de l’utilisation des pesticides que l’agriculture productiviste française utilise sans modération aucune malgré les plans Eco-Phyto.

Mais participe à cette disparition les atteintes intempestives et brutales au bocage du pays Normand et Manchois en particulier.

Tout ceci pour produire du maïs destiné principalement à l’alimentation des bovins, au détriment de l’herbe, avec deux conséquences majeures :

- la mise en péril de manière accélérée des haies bocagères.

- une production laitière de piètre qualité à cause d’une alimentation des bovins non conforme à leur appareil digestif, quant en plus certains y ajoutent des tourteaux de soja transgénique.

La protection du bocage est l’affaire de tous, il ne faut pas hésiter à interpeler les élus et responsables politiques, mais aussi informer les associations environnementales qui dans les structures départementales où elles siègent, pèsent de tout leur poids pour empêcher ou limiter cette perte bocagère.

 

Joël BELLENFANT

 

 

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8 mai 2018 2 08 /05 /mai /2018 07:01

 

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25 avril 2018 3 25 /04 /avril /2018 07:43
Les négociations de la future Politique agricole commune (PAC) ont démarré. C’est donc maintenant qu’il faut agir pour obtenir une PAC plus juste, plus verte, plus solidaire !

Cela commence par savoir précisément où va l’argent de la PAC aujourd’hui. Grâce à
l’enquête d’un journaliste d’investigation, nous avons découvert que le système des subventions de la PAC encourage l’intensification de l’agriculture et l’agrandissement des exploitations, et contribue ainsi aux pollutions liées à l’élevage. Tout cela, avec notre argent ! 
 
Découvrez les conclusions de l’enquête
N’hésitez pas à partager cet article ! Ce qui se passe dans nos champs, c’est aussi ce qu’il y a dans nos assiettes.
 

 

Maud, pour l’équipe Agriculture de Greenpeace France
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20 avril 2018 5 20 /04 /avril /2018 07:09

Trois millions d’euros depuis le début des opérations.

Jamais, depuis 1968, autant de forces de l’ordre n’ont été mobilisées sur une opération de maintien de l’ordre en métropole.

 3 000 agents mobilisés 
 25 escadrons de gendarmerie 
 7 compagnies républicaines de sécurité 
 1 hélicoptère en rotation 
 1 650 hectares de bocage

 Hélico : 1 500 € par heure, et une heure de rotation estimée par jour 
 Rémunération : 120 000€ par jour, soit 44,21€ d’indemnité journalière d’absence temporaire pour une journée de déplacement, pour 25 escadrons de gendarmerie et 7 compagnies républicaines de sécurité. 
 Hôtel : 100 000€ environ par jour, soit 2 500 à 3 000 euros par nuit pour une compagnie CRS + hébergement dans des casernes 
 Restauration : 50 000€ environ Soit 7€/jour en caserne et 30€/jour de forfait pour ceux qui sont en déplacement. 
 Munitions : 5 000€ minimum Une grenade lacrymogène coûte 30€, une lacrymo à effet sonore 40€ et une grenade de désencerclement 50€. Au moins 1 500 ont été lancées depuis le début des opérations. 
 + les coûts inconnus (déménageurs, tracteurs, vétérinaires, ITT, etc.) = 300 000€ environ/jour soit 3 millions d’euros depuis le début des opérations

Source : LeTelegramme.fr

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16 avril 2018 1 16 /04 /avril /2018 07:46
On peut lire sur les pancartes : "Madame la Prefete Livraison à la Pref" et "les gendarmes se sont radicalisés"

Les quelques jours que nous venons de vivre à la Zad ne s'expliquent pas simplement. Comme pour beaucoup de batailles politiques, il faut longuement décrire le tableau des forces en présences pour expliquer l'enchaînement soudain des événements. Car plus qu'une bataille militaire, c'est bien d'une bataille politique qu'il s'agit.

 

Le gouvernement n'avait pas besoin d'évacuer la Zad pour en récupérer les terres : la situation juridique complexe créée par l'abandon du projet d'aéroport laissait un an ou deux pour imaginer des solutions avant le retour des terres réquisitionnées à leur vocation agricole, et le dialogue avait fini par s'entamer entre le mouvement (zadistes compris) et l'État.

 

Le gouvernement avait besoin de cette opération policière spectaculaire sur la Zad, pour trois raisons politiques :

- D’abord, ne pas laisser une victoire totale aux opposants, après une bataille politique de 50 ans ! Tenter de tuer l'espoir qu'à fait naître la victoire à NDDL. La mobilisation ayant pris une ampleur nationale depuis la tentative d'évacuation de 2012, cette victoire redonne de l'énergie à toutes celles et ceux qui se battent contre la multitude de projets « inutiles et imposés » ; elle démontre que, même réprimée, une mobilisation contre l'État et les multinationales peut être victorieuse. 

- Ensuite, ne pas laisser « s’enkyster » (le mot est de Valls) un mouvement. La Zad aurait joué le même rôle militant que le plateau du Larzac, avec cette différence fondamentale : elle est à 20 km de Nantes, une des villes historiquement les plus remuantes de France.

- Enfin et surtout, l'État doit montrer sa force, laver le camouflet policier de 2012 et démontrer qu'il peut intervenir partout. Cette opération policière est donc avant tout une démonstration politique, une opération de communication en somme. C'est un avertissement à tout le mouvement militant, au moment où les facs sont occupées, où les cheminots se lancent dans un mouvement périlleux pour le gouvernement.

 

« Karchériser les opposants »

Si l'on suit cette logique, le gouvernement a intérêt à « karchériser les opposants » (pour reprendre l'expression de Jacques  Auxiette, ancien président PS de la région). Ne rien laisser subsister de cette expérience militante hors du commun.

D'où la débauche de moyens policiers (on ne peut employer le mot « militaire » car, s'il y a bien des fusils d'assaut et des blindés sur la Zad, le gouvernement ne peut pas se permettre la mort d'un opposant, comme celle de Rémi Fraisse en 2015). 

D'où la main-mise de l'État sur l'espace médiatique : un service de presse de la gendarmerie, renforcé par 200 caméras personnelles, fournit des images choisies aux médias. Les journalistes sont largement dissuadés d'entrer sur la zone, les rédactions télévisées largement muselées.  

 

Cette « option forte » du gouvernement ne tient pourtant pas compte de la profondeur du mouvement de NDDL. 

Certes, l'aéroport est abandonné, et beaucoup de soutiens maintenant veulent passer à autre chose : le mouvement a perdu des forces. S'il était aisé de s'unir contre l'aéroport, il est plus difficile de s'unir pour quelque-chose (la Zad et les expériences sociales qui y naissent). 

Mais les « zadistes » ne sont pas les « black blocks » nomades que les gouvernements nous présente à travers la mise en scène médiatique de la répression. Ce sont d'abord de jeunes (et moins jeunes) écolos qui aspirent à un autre mode de vie, appelés par des paysans en 2009 à occuper une zone laissée libre. De cette alliance improbable est née une multitude de projets agricoles ou artisanaux. En 10 ans, des liens se sont noués, des projets partis de rien ont grandi. La formidable solidarité populaire de 2012 contre l’évacuation était fondée sur le refus de l'aéroport et le refus d'une répression jugée illégitime contre « les jeunes ». En 2018, la Zad s'est fait largement connaître pour ce qu'elle est : beaucoup connaissent la ferme de Bellevue, le « non-marché » du Gourbi ou la bibliothèque du Talu. Le mouvement a volontairement fait connaître la Zad depuis trois ans, pour contrer l'image de violence véhiculée par les médias et certains zadistes eux-mêmes.

 

Coup de tonnerre sur « Les 100 Noms » 

Les jours précédents, et jusqu'au début de l'intervention, les déclarations sont variées : des appels à l'unité certes, mais aussi des reproches adressés publiquement à certains des zadistes, qui empêchent la réouverture de la fameuse « route des chicanes », offerte au gouvernement par le mouvement, en cadeau de bienvenue, pour ouvrir les négociations et démontrer sa capacité à « gérer » la Zad. 

Des reproches publics aussi car la grande majorité des occupants refuse de déclarer individuellement leurs projets agricoles, ainsi que l'exige l'État. C'est que cette déclaration individuelle, liée à une parcelle agricole précise, est inappropriée sur la Zad, où les projets sont collectifs, et pas toujours strictement localisés. C'est précisément ce que le mouvement tente de négocier : conserver les caractères collectifs et originaux des projets paysans et artisanaux de la Zad.

Chacun sur la Zad et autour s'attendait à ce que l'État détruise divers lieux de vie (qu'il appelle « squat ») sans projet agricole défini, qu'il détruise les habitats des plus radicaux ou des plus précaires, qu'il chasse quelques tentes et caravanes. L'objectif aurait été de diviser les zadistes eux-mêmes, entre celles et ceux qui participent à un projet collectif (paysan ou artisanal) acceptables par le gouvernement, et les autres, plus marginaux ou simple militants. On pouvait penser qu'une fois ceux-ci chassés, on pourrait retourner à la table des négociations, et sauver une partie de la Zad.

Cette distinction entre « bons zadistes » (paysans et pacifiques) et « mauvais zadistes » (précaires et provocateurs) est une des querelles internes du mouvement d'opposition, un point faible sur lequel le gouvernement appuie depuis des années.

La fin du premier jour d'intervention policière sera un coup de tonnerre au milieu des lacrymogènes : l'Etat détruit la Ferme des 100 noms. 

C'est des lieux les plus emblématiques de la Zad : une ferme collective, très appréciée des zadistes, une bergerie, un jardin maraîcher qui produit des semences pour les autres lieux, qui nourrit largement alentour, un projet soutenu par les paysans alentour. Un des lieux les plus légitimes aux yeux du mouvement. Cette destruction cristallise aussitôt le mouvement, et semble effacer toutes les divisions de la veille. L'État touche au cœur même du projet de la Zad, et anéantit tout espoir de négociation (« l'État n'a pas de parole ! »).

 

Bataille dans l'espace médiatique

Les militants, aguerris par des années de lutte politique, sauront présenter aux médias cette destruction comme elle doit l'être : avec le cœur. Les larmes sont vraies devant les caméras. L'agnelle dans les bras d'une jeune femme est bien mort sous les décombres de la Ferme des 100 noms. 

C'est ainsi que le mouvement répond au gouvernement, à cette opération de communication autant que policière. Il perce le brouillard médiatique. L'écho est immédiat : les plus modérés se rallient à la défense de la Zad.  Comme en 2012, la légitimité de l'intervention policière bascule un peu du côté de la Zad, cristallise les réactions politiques, et oblige dans les jours suivants chaque organisation, associative, syndicale ou politique à se positionner. 

Les 200 habitants sont bientôt rejoints par des centaines d'autres militants, de tous âges et de toutes sensibilités : environ 700 personnes seraient sur le site actuellement, des milliers d'autres sont attendus dimanche 15 pour une grande manifestation 

L'État a t-il fait une erreur en détruisant Les 100 noms et d'autres lieux ? 

Les opérations d'évacuations sont suspendues.

La Préfète Klein annonce maintenant vouloir rouvrir les « négociations » entamées avec l'ensemble des opposants, et fixe au passage un nouvel ultimatum : dans 10 jours, les projets agricoles individuels devront être déposés en préfecture. 

Le message semble clair : l'État affirme qu'il a les moyens de détruire la Zad. Les moyens policiers, il les a très certainement. Mais la bataille politique n'est pas terminée.

 

Bertrand Achel, Nantes, le 13 avril

 

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13 avril 2018 5 13 /04 /avril /2018 17:05
EDF vient de présenter en conseil d’administration sa stratégie énergétique long terme. Alors que le coût du solaire et de l’éolien baisse chaque année – il est déjà moitié moins cher que le nouveau nucléaire -, que la Belgique confirme sa sortie du nucléaire en 2025 et que le Portugal a couvert en mars plus de 100 % de ses besoins en électricité par des sources renouvelables, EDF défie son actionnaire principal, l’Etat, et s’entête dans le tout nucléaire. Le groupe confirme ne pas avoir l’intention de fermer de réacteur nucléaire, hormis ceux de Fessenheim, avant 2029, mettant en péril sa rentabilité et sa viabilité avec des surplus d’électricité qui vont faire chuter les prix de vente pour les producteurs. Par cet entêtement il met également en péril les emplois des filières des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique et risque d’accentuer le retard de la France dans ces activités d’avenir.  Alternatives économiques Anne Bringault Membre du réseau pour la transition énergétique et du réseau action climat  12/04/2018 
L’Etat a démontré son incapacité à faire évoluer EDF

Depuis plus de 10 ans, l’Etat a démontré son incapacité à faire évoluer le groupe EDF. Déjà en 2007, le Grenelle de l’environnement, avec son modèle original de concertation entre collèges d’acteurs, avait permis de sortir du dialogue fermé avec quelques lobbies défendant leur pré carré et de donner un cap vers un futur davantage orienté vers l’intérêt général. Son engagement n° 62 marquait un tournant : « Les programmes de maîtrise de la demande d’énergie et de développement des énergies renouvelables entraîneront une baisse mécanique de la part du nucléaire dans le bouquet énergétique français ». Face au risque de « l’effet falaise », avec la fin de vie en même temps de nombreux réacteurs nucléaires construits à la même époque, la loi sur la transition énergétique a fixé un cap à la baisse du nucléaire avec 50 % de la production d’électricité à l’horizon 2025. Elle a ainsi a donné une nouvelle ambition pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.

Une faillite annoncée

Mais EDF ne l’entend pas de cette oreille. En difficultés financières avec une dette qui a quasiment triplé en dix ans, un excédent brut d’exploitation au plus bas depuis 2006 et un mur d’investissements à venir de près de 160 milliards d’euros sur dix ans1, l’entreprise s’entête dans une stratégie suicidaire : prolonger le plus possible les réacteurs nucléaires. Il n’y a pas de débouchés pour cette production d’électricité alors que la consommation décroît en France depuis plusieurs années et que les renouvelables se développent ? EDF invente le mythe des exportations massives vers les pays voisins !

EDF s’entête dans une stratégie suicidaire : prolonger le plus possible les réacteurs nucléaires

Ces pays n’envisagent pas d’importer cette électricité, d’où un risque de surcapacité en France qui entraînerait un effondrement du prix de marché de l’électricité mettant en péril la rentabilité des producteurs d’électricité, en premier lieu EDF2 ? Pas de souci, l’Etat renflouera EDF qu’il ne peut pas laisser s’écrouler. Les contribuables paieront. EDF va même jusqu’à proposer la construction de trois nouveaux EPR, ces réacteurs nouvelle génération qui font régulièrement parler d’eux par des défauts de fabrication et des coûts et délais sans cesse croissants.

Nous n’avons pas besoin d’EPR produisant une électricité deux fois plus chère que celle d’origine renouvelable. L’enjeu n’est pas là, l’objectif est seulement d’avoir des « EPR-témoins » pour tenter d’en exporter vers des pays émergents. L’argent serait mieux investi dans des solutions moins coûteuses et plus rapides à mettre en œuvre comme l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables ? Oui, mais EDF serait alors face à des concurrents qui ont déjà pris de l’avance sur ces marchés et le groupe s’engage à commencer à investir dans le solaire en France… mais seulement en 2020.

Schizophrénie gouvernementale

Que répond le gouvernement ? Tiraillé entre son rôle de pilote de la transition vers un modèle énergétique d’avenir et celui d’actionnaire majoritaire d’EDF, il semble incapable de parler d’une voix forte et unique et propose, comme ses prédécesseurs, de reporter à plus tard les décisions. Emmanuel Macron se fait pourtant l’avocat de la modernité en déclarant : « Ne pas freiner le changement car il est en marche (…) mais essayer d’être à l’avant-garde de ce changement (…). Le changement peut détruire des emplois à très court terme, mais en créer parallèlement de nouveaux dans d’autres secteurs. » Beau discours… malheureusement contredit dans les faits.

Le ministère de la transition écologique et solidaire a déjà fait son choix sur le nucléaire

Le ministère de la Transition écologique et solidaire a ainsi déjà fait son choix sur le nucléaire, sans même avoir précisé ses orientations en matière d’évolution de la consommation d’énergie ou de développement des énergies renouvelables : dans le dossier qu’il a remis au débat public sur la Programmation pluriannuelle de l’énergie, il précise que le gouvernement sera à l’écoute des retours du public sur les variantes des scénarios de RTE appelés « Volt » et « Ampère », ceux qui prévoient le moins de fermetures de réacteurs nucléaires (seulement 9 ou 16 réacteurs fermés sur les 58 actuels d’ici 2035) et des exportations massives d’électricité équivalentes à la production de 20 réacteurs nucléaires.

Les Français préfèrent les renouvelables au nucléaire

Les Français sont pourtant clairs. Selon un récent sondage BVA, ils sont très majoritairement favorables à des sources d’électricité renouvelables (à 90 % au solaire et à 84 % à l’éolien par exemple), mais en revanche défavorables au nucléaire à 57 %. Prolonger des réacteurs nucléaires, avec les risques et déchets associés, uniquement pour exporter hypothétiquement de l’électricité vers des pays voisins n’est donc pas une option acceptable. D’autant que les difficultés à exporter notre surplus d’électricité nous amèneraient à freiner le développement des énergies renouvelables et les économies d’énergie, investissement pourtant les plus utiles et sans regret.

Le gouvernement ne peut pas laisser EDF ramener la France en arrière

Alors que le débat public sur la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) est en cours, le gouvernement ne peut pas rester sourd aux attentes des Français et laisser EDF ramener la France une décennie en arrière. La baisse de la puissance nucléaire installée est inéluctable pour laisser la place aux alternatives plus durables et plus compétitives comme les énergies renouvelables.

Elle devra être actée dans la PPE dès 2023 avec une trajectoire chiffrée pour éviter des investissements inutiles dans la prolongation de réacteurs amenés à être fermés prochainement. Elle devra aussi préciser les moyens d’engager cette baisse du nucléaire comme une fiscalité sur le combustible nucléaire, ce qui permettra par ailleurs de dégager des moyens financiers pour accompagner les salariés et les territoires concernés par les fermetures de réacteurs vers des activités d’avenir. Alors que la Chine et l’Inde prennent le leadership dans les énergies renouvelables, la France d’Emmanuel Macron va-t-elle aggraver son retard en regardant sans cesse avec nostalgie vers son passé ?

 

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10 avril 2018 2 10 /04 /avril /2018 07:57

"Déloger une centaine de personnes" est l'objectif du gouvernement qui a donné l'ordre d'expulser ce lundi les habitants de la "zone à défendre" (ZAD) restés sur le site d’aéroport de Notre Dame des Landes après l'abandon du projet. Ces derniers ont lancé une pétition pour défendre leurs habitations et le dévelopement de projets écologiques et agricoles nécessaires pour assurer un avenir plus durable. 

Il y a quelques mois, grâce à une mobilisation citoyenne sans appel, le gouvernement renonçait au projet d’aéroport : une victoire pour les milliers de personnes qui avaient signé une pétition contre ce projet sur Change.org et les activistes qui faisaient campagne depuis des années. Aujourd'hui, la mobilisation continue pour les militants qui souhaitent préserver leur environnement.
 

Pour empêcher la destruction de ces lieux de vies plus soucieux de l'écologie, plusieurs architectes, urbanistes, et penseurs ont déjà signé leur pétition. Et vous, allez-vous rejoindre le mouvement ?

Cliquez ici pour signer la pétition.

Adressée à Edouard Philippe Comme à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, défendons d'autres manières d’habiter

Le 17 janvier 2018, l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes marque le succès d’une des plus longues luttes de France et résonne comme un espoir conséquent pour tous ceux qui luttent pour l'écologie.

Pourtant le gouvernement menace toujours d’expulser la zone. C’est pourquoi des architectes, urbanistes, penseurs, citoyens… se sont mobilisés pour écrire cette tribune et défendre cette expérience d’avenir.

La victoire contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes est celle d'une mobilisation large et diverse . Dans la multiplicité des moyens de lutte qui y ont contribué, la résistance par l'occupation pérenne de la zone à défendre (ZAD) a une place primordiale. En continuant à faire vivre ce territoire, les anciens et les nouveaux habitants ont permis pendant plus de dix ans d’empêcher la destruction des terres naturelles et agricoles. Ils ont pris soin de ces espaces en élaborant de nouvelles formes d’organisations collectives et en développant des activités : menuiserie, boulangeries, cultures collectives de légumes et de céréales, bûcheronnage, bibliothèque, vergers, brasserie, fromagerie, conserverie, forge, tannerie, herboristerie, musique, sérigraphie… Ils ont ainsi démontré qu’il était possible de vivre autrement, loin des scénarios étatiques d’une agriculture industrielle et standardisée, tant à travers des modes de construction autres que des façons d’imaginer un avenir viable et durable pour les territoires ruraux et agricoles.

Un territoire en commun

Dans ce bocage se sont inventées et tissées des formes de vies diverses, aspirant à une meilleure harmonie avec le territoire qu’elles occupent. Dans les interactions entre habitants "historiques", paysans, squatteurs, voisins, animaux sauvages ou d’élevage, herbes, insectes et arbres, mais aussi avec toutes celles et ceux qui passent par là, amis, étudiants, militants, voyageurs, artisans, s’est construit un territoire commun, au-delà de la propriété, des habitudes et des appartenances. Cette expérimentation grandeur nature et à long terme amène chacun à évoluer dans ses représentations et ses pratiques, bien au-delà de ce bocage. En cela, l'horizon joyeux qu'ouvre la ZAD ailleurs que dans les métropoles nous concerne tous.

Habiter et bâtir autrement

La ZAD, c'est aussi l'aventure de ses constructions. Ce sont des corps de ferme rénovés lors de grands chantiers collectifs, de nouveaux hangars agricoles aux charpentes impressionnantes ; c’est aussi la force poétique des nombreuses cabanes dans les arbres, au milieu d’un lac, au coin d'une friche, ou d'un champ ; c’est aussi la présence d’habitats légers ou nomades, camions, caravanes, yourtes qui complètent ce paysage habité.

Hors-norme, multiples, divers, poétiques, adaptés, bidouillés, légers, sobres, précaires, faits de matériaux locaux ou de réemploi, en terre, en bois, en paille ou en récup, ces constructions répondent à leur échelle aux enjeux écologiques et énergétiques, à rebours du monde que l’industrie du béton et de l’acier est en train de construire partout sur la planète. Elles sont aussi le résultat d’une inventivité architecturale, manuelle, bricoleuse et créative, favorisée par la stimulation collective de la ZAD, poussant les gens, habitués ou débutants, à se réapproprier l’acte de construire. La multiplicité des formes construites montre des possibilités d’habiter et de bâtir hors des logiques foncières et immobilières basées essentiellement sur la spéculation qui laissent peu de latitude aux habitants et aux architectes pour proposer des solutions alternatives.

Qui a traversé ce territoire, qui a participé à ses chantiers, sait la valeur des forces qui ont pu rénover ces fermes et construire ces cabanes. Car bien loin de l'image autarcique véhiculée à son encontre, la ZAD est un espace de passage, d'échange, un lieu qui fait école ; école de la vie, mais aussi école de l’habiter et du bâtir.

Ce qui s’y joue, c'est l'invention d'un vernaculaire contemporain fait d'enjeux mondiaux et de matériaux locaux. Ce qui s’y joue, c’est aussi la défense d’un patrimoine vivant issu d’une lutte solidaire qui ouvre nos imaginaires.

Contre la destruction de la ZAD

Nous sommes conscients que rendre nos sources d’énergie plus propres, nos bâtiments plus écologiques et nos villes plus vertes ne suffira pas à assurer un avenir soutenable. L'importance de trouver des formes de vies plus sobres en énergie et en ressources dans lesquelles s'engager pleinement, nous amène donc ici à défendre la ZAD, ses habitants, et leurs lieux de vie. 

Au vu de la complexité de la situation, le débat autour de la légalité ne saurait aboutir à une résolution par la précipitation, la force et la destruction. C’est pourquoi un gel des terres et l’ouverture du dialogue réclamé par le mouvement anti-aéroport est la seule proposition qui fait sens.

Nous nous opposons donc à l'expulsion des habitants de la ZAD ainsi qu’à la destruction des formes d’organisation collective et des constructions atypiques qui s’y sont développées et s’y développent encore. Nous nous engageons à défendre ce qui s’y vit et affirmons que ces nouvelles manières de construire et d'habiter sont aujourd’hui légitimes et nécessaires au regard des enjeux auxquels font face nos sociétés.

 
 
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